Mort du comte de Ségur

Le comte de Ségur

Louis-Philippe de Ségur, fils du maréchal de Ségur, naquit à Paris le 11 décembre 1753. Tour à tour sous-lieutenant, capitaine, colonel, on ne le vit pas consacrer sa vie à des amusemens frivoles, mais à l’amour de l’étude et de la science. Il alla suivre à Strasbourg un cours de droit public ; puis, à son retour à Paris, il devint disciple assidu du célèbre Le Kain. Jeune encore, il obtint l’amitié de d’Alembert, de l’abbé Raynal, de Boufflers, de Barthélemy, de Delille, etc. ; il fréquenta Laharpe et Marmontel. Sa carrière politique s’ouvrit par une mission, en qualité de ministre plénipotentiaire à la cour de Russie, auprès de laquelle il fut envoyé en 1783, à son retour d’Amérique où il avait participé à la défense des États-Unis contre leur ancienne métropole. Son habileté contribua puissamment à rétablir l’harmonie troublée depuis long-temps entre les deux puissances. Il accompagna l’impératrice Catherine dans son voyage en Tauride : cinq jours avant son départ, il avait signé, le 11 janvier 1787, un traité de commerce favorable à la France. La guerre ayant éclaté, en 1789, entre les Turcs et la Russie, le comte de Ségur fit accepter la médiation de la France et la promesse de signer une quadruple alliance projetée entre la France, l’Espagne, la Prusse et la Russie. La révolution le rappela bientôt dans sa patrie. Nommé maréchal-de-camp en 1790, il fut plus tard envoyé à Berlin pour retarder la guerre : malgré un grand nombre d’obstacles, il y réussit. À l’exemple de son père, il refusa d’émigrer. Cependant, ayant été arrêtés tous les deux en 1792 par le comité de sûreté générale, ils parvinrent à échapper à la mort. Leur fortune ne put survivre au naufrage commun. Ruiné à Saint-Domingue et en France, M. de Ségur sut rencontrer au sein de la philosophie et des lettres les nobles consolations et les ressources du travail. Il fut bientôt arraché à sa retraite par Napoléon qui l’appela dans ses conseils où il prit une part très-active à la discussion des codes. Élu membre de l’Institut en 1803, l’ordonnance royale de 1816 le conserva parmi les membres de la nouvelle Académie française. Néanmoins, à l’époque de la restauration, il fut quelque temps éloigné de la chambre des pairs ou M. Decazes le fit rappeler en 1818. Toujours fidèle depuis à la cause constitutionnelle, il ne rechercha d’autres faveurs que l’estime de ses concitoyens. Il ne survécut pas long-temps au nouveau triomphe de la liberté. La mort vint le frapper dans la 77e année de son âge. M. de Ségur est décédé le 27 août 1830, après une carrière consacrée à la science et à la gloire de son pays.