Monuments funéraires choisis dans les cimetières de Paris/50

Planche 50


Ce que nous avons dit à l’occasion du tombeau de Voltaire s’applique naturellement à celui de J.-J. Rousseau, qui offre un autre exemple de cette insouciance impardonnable que montrent les Français pour les cendres de leurs grands hommes. Le philosophe de Ferney, comme le philosophe de Genève, reposent au Panthéon dans des sarcophages en bois et en plâtre. Espérons que notre nouveau gouvernement réparera bientôt l’injustice des précédens, et que cette inscription : Aux grands hommes, la patrie reconnaissante, qu’on lit sur le frontispice du Panthéon, cessera d’être une vaine démonstration. Si, par sa matière, le tombeau de J.-J. Rousseau est indigne du personnage dont il contient les dépouilles mortelles, sous le rapport de l’art, il a un véritable mérite, celui de rappeler sans équivoque l’esprit, les mœurs, le caractère de J.-J. Rousseau. La chaumière sous laquelle il trouva ses plus nobles inspirations, la mère allaitant elle-même ses enfans, la nature dévoilée offerte à tous les regards, ces personnages de tous les sexes, de tous les âges, qui viennent répandre des fleurs sur le simulacre de son tombeau, enfin, cette main armée d’un flambeau qui sort d’une porte entr’ouverte, comme pour éclairer le monde dans les âges futurs, sont des allusions aussi ingénieuses que significatives, dont toutes les personnes qui ont lu les œuvres de J.-J. Rousseau apprécieront la justesse. La composition de ce monument classe son auteur feu M. Thibault, architecte, au rang des poètes si comme nous le croyons, la pensée à la prééminence sur l’exécution dans les arts. Le 13 octobre 1791 est la date de la translation au Panthéon du tombeau de J.-J. Rousseau.