Monuments funéraires choisis dans les cimetières de Paris/20

Planche 20


Dans son Atlas des Monumens de la France, publié par Desray en 1825, M. Lenoir dit de cette chapelle :

« La chapelle sépulcrale d’Héloïse et d’Abeilard, que nous avons fait construire avec les débris du cloître du Paraclet, peut donner une idée du premier style de l’architecture dite gothique, telle qu’elle fut pratiquée aux premières époques de son introduction en France. On peut remarquer que la forme ogive des coûtes est plus aplatie et dessine moins l’œuf que sous le règne de saint Louis, époque où ce genre d’architecture fut perfectionné.

Dans le milieu de cette chapelle on voit le tombeau d’Abeilard, qu’avait fait élever à son ami, dans l’église de Saint-Marcel, près de Châlons-sur-Saône, Pierre-le-Vénérable, abbé de Cluny. Abeilard y est sculpté couché, la tête faiblement inclinés sur un oreiller que soutiennent deux petits anges. Il a les mains jointes, il est vêtu en religieux ; à ses pieds est un chien. La statue, aussi couchée, d’Héloïse vêtue de l’habit de veuve qu’on portait alors dans les cloîtres, est placée à côté de celle d’Abeilard. Les bas-reliefs du sarcophage représentent les pères de l’Eglise et une cérémonie religieuse. »

Le même auteur, dans sa Description historique et chronologique des Monumens de sculpture réunis au Musée des Petits-Augustins, nous apprend que la statue d’Héloïse est une figure de femme sculptée dans le siècle où vivait l’héroïne, que le masque des têtes des deux amans sont dus au ciseau de M. Deseine, qui a eu en main, pour se guider dans le caractère à leur donner, des plâtres pris sur leurs ossemens même, au moment de l’arrivée à Paris, le 3 floréal an VIII, des deux cercueils qui les renfermaient.

Depuis la suppression du Musée des Petits-Augustins, vers 1816, ce monument précieux a été transporté au Cimetière de l’Est, où il a été très-bien restauré par les soins et sous la direction de M. Godde, architecte.