Monsieur le Marquis de Pontanges/Ch. 64
XXXII.
CONCLUSION.
On suivit pour M. de Marny le conseil qu’il avait donné pour M. de Pontanges : on l’enferma dans une maison de santé. Comme sa démence était accompagnée de fureur, on lui mit la camisole de force… On eut tous ces petits soins-là pour lui…
Peu de personnes connurent la véritable cause de sa folie.
— Il adorait sa femme ! disait-on dans le monde ; il a été si malheureux de sa mort, qu’il en est devenu fou.
Madame la princesse de Loïsberg fut longtemps avant de se rétablir. — Elle était, disait-on, très-liée avec madame de Marny : sa mort lui a fait tant de chagrin qu’elle est tombée malade en l’apprenant.
Madame d’Auray seule savait à quoi s’en tenir.
Après deux mois de souffrances, Laurence se décida à sortir.
Lorsqu’elle rentra, elle était plus pâle et plus souffrante que la veille.
— Vous êtes sortie ce matin… lui dit son mari ; où êtes-vous allée ?
— Je suis allée chez Esquirol.
— Vous avez vu M. de Marny ?… comment va-t-il à présent ?
— Il ne m’a pas reconnue ! répondit-elle.
Et deux grosses larmes coulèrent de ses yeux.
Quand on parle de madame de Loïsberg, on dit : — Elle est spirituelle, mais elle a l’air de s’ennuyer partout.
— Elle est insupportable ! ajoute une autre personne ; je n’irai jamais nulle part avec elle. Croiriez-vous que l’autre soir elle nous a laissés au Gymnase, où nous étions venus avec elle… On donnait un spectacle charmant, Salvoisy, où ce nouvel acteur joue à merveille le rôle du fou. Eh bien, au premier acte, elle a dit qu’elle s’ennuyait ; et son mari, qui ne voit que par ses yeux, l’a bien vite emmenée…
À cela M. Dulac répond :
— Ah ! vous ne savez pas son histoire ! C’est un prodige que cette femme :
et bientôt, grâce à moi,