Victor Retaux (p. 153-171).

VII

A TRAVERS LES OCÉANS


De raconter les origines de notre Mission et même le voyage des premiers Missionnaires, ce ne sera pas un hors-d’œuvre dans la vie de Mgr Verjus, l’apôtre de ces païens, le civilisateur de ces barbares.

I

Le Vicariat de la Mélanésie est situé au nord de l’Australie, et va du 128e degré de longitude au 160e, et de l’Équateur au 12e degré de latitude sud.

Le Vicariat de la Micronésie s’étend du 160e degré de longitude au 175e environ, et du 4e degré de latitude sud au 12e degré de latitude nord.

Le premier a 550 lieues de long sur 300 de large. Le second mesure 400 lieues de long sur 375 lieues de large.

Dans leur ensemble, ils donnent une étendue de plus de 900 lieues de long sur plus de 300 de large, c’est-à-dire plusieurs fois la grandeur de la France.

L’île principale est la Nouvelle-Guinée ou Papouasie. Sa longueur totale dépasse 2 500 kilomètres. Jusqu’à l’arrivée des Missionnaires du Sacré-Cœur, elle n’avait été explorée que sur une partie de ses côtes ; l’intérieur était à peu près inconnu. Jamais la croix n’y avait été plantée ; jamais prêtre catholique n’avait eu le bonheur d’y célébrer le saint sacrifice de la messe. Seul, y régnait le démon.

Les autres îles importantes, également et absolument païennes, étaient la Nouvelle-Bretagne, appelée aujourd’hui Nouvelle-Poméranie, la Nouvelle-Irlande, les îles Salomon, l’Amirauté, le Nouvel-Hanovre, la Louisiane, Bougainville, Choiseul, Isabelle, Guadakonar, Christoval, et d’autres encore.

Il est difficile d’évaluer au juste le chiffre de la population. Disons seulement qu’il est de plusieurs millions.

Des îles de la Micronésie, nous ne parlerons pas, Mgr Verjus n’ayant en rien contribué à leur évangélisation. Elles sont entre les mains de l’un de ses frères, le R. P. Edouard Bontemps, Missionnaire du Sacré-Cœur, et ces mains, toutes pleines des bénédictions du Cœur de Jésus, y font merveille[1].

En 1844, le pape Grégoire XVI confia ces pays infidèles à la Société de Marie, et nomma pour premier vicaire apostolique de la Mélanésie Mgr Jean-Baptiste Épalle, évêque titulaire de Sion. En 1845, le 18 décembre, ce vaillant, à peine débarqué à l’île Isabelle, dans l’archipel Salomon, fut tué à coup de casse-tête. Le 20 avril 1847, les insulaires de San-Christoval, dans le même archipel, perçaient de leurs lances, puis dévoraient, dans un horrible festin, le P. Marie Paget et le frère Joseph-Hyacinthe Chatelet, de la même famille religieuse. Le 16 juillet 1848, dans l’île d’York, à sept lieues de la Nouvelle-Guinée, Mgr Jean-Georges Colomb, évêque d’Antiphelles, successeur de Mgr Epalle comme vicaire apostolique de la Mélanésie, mourait de la fièvre dès le commencement de son rude apostolat. En septembre 1855, le P. Jean Mazzuconi, du Séminaire des Missions-Étrangères de Milan, venu sur ces rivages inhospitaliers à l’appel de Pie IX, tombait sous la hache des sauvages de Woodlark.

Peu de temps avant sa mort, le doux Missionnaire, qui avait semé dans son île une graine d’oranger, rythmait dans sa langue natale des strophes vraiment exquises. En voici la traduction :

« J’ai, plein d’espérance, jeté une humble graine sur cette terre sauvage et inculte ; la voilà devenue arbuste chargé de feuilles et de fleurs.

« Oui, sa fraîcheur me recrée, son éclat me réjouit, sa vue me promet déjà une abondante moisson de fruits ;

« Mais, Seigneur, cette autre semence bien autrement précieuse de la divine parole que j’ai déposée ici dans le cœur de l’homme, quand, oh ! quand donc poussera-t-elle une feuille, donnera-t-elle une fleur, portera-t-elle un fruit ?

« Pitié, mon Dieu, pitié pour vos enfants ! Envoyez cette rosée céleste qui féconde tout ! Accordez-moi de voir poindre dans ces âmes un brin d’espérance, et votre serviteur, mourra en paix[2]. »

La céleste rosée qui devait féconder la terre inculte fut le sang du Missionnaire. Il coula, disions-nous, en septembre 1855. Le même mois de la même année, le cardinal Du Pont, archevêque de Bourges, approuvait la petite société naissante des Missionnaires du Sacré-Cœur.

Il y avait un quart de siècle que les Vicariats de Mélanésie et de Micronésie étaient abandonnés. Chaque jour, le Souverain Pontife priait pour qu’enfin Dieu fit miséricorde à ces pauvres sauvages.

Or, en ce temps-là, nous l’avons raconté, un homme entreprend de fonder une colonie en ces régions, non loin du Port-Carteret ou Nouvelle-Irlande. Plusieurs bateaux sont même partis, chargés de Français, de Belges, d’Italiens. D’après le « Journal de la colonie libre de Port-Breton », la Nouvelle-France, qui se publiait à Marseille, tout allait merveilleusement. Cette entreprise attire les regards du Vicaire de Jésus-Christ. De son côté, le marquis de Rays sollicite de Léon XIII quelques prêtres pour les besoins spirituels de la colonie dont il est le fondateur. Le chef de l’Église pensa que le moment était venu de donner à nouveau à une congrégation ces lointains Vicariats. Comment, en son nom, le Cardinal-Préfet de la Propagande écrivit au T. R. P. Chevalier, fondateur et supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur, on ne l’a pas oublié. Le marquis de Rays offrait au P. Durin et à ses confrères, à bord de son navire la Barcelona, une place gratuite et quelques autres avantages. Comme la ville où se ravitaillait la colonie de Port-Breton était Manille, dans les Philippines, les Missionnaires devaient se rendre dans cette capitale et par conséquent prendre le bateau à Barcelone. Nous avons assisté à leur départ. Racontons maintenant leur voyage ; nous pourrions dire leur tragique odyssée.

II

Les aventures commencèrent dès le premier soir. Pensant que le consul français de Barcelone mettait des obstacles au départ des Missionnaires, — ce qui ne devait pas être, puisqu’ils étaient envoyés par le Souverain Pontife, non pas seulement pour Port-Breton, mais pour deux immenses Vicariats, — les agents du marquis de Rays prirent eux-mêmes les billets et firent inscrire les cinq passagers sous des noms espagnols, de faux noms par conséquent : Don Pascal, Don Simon Rodriguez, etc. Quand les Missionnaires s’en aperçurent, ils ne cachèrent point leur mécontentement ; mais il était trop tard.

La traversée de Barcelone à Manille fut de trente jours. Pour avoir un instant touché à Singapour où sévissait le choléra, on leur fit subir une quarantaine de trois jours.

À peine débarqués, les Missionnaires cherchent la Nouvelle-Bretagne. C’était le navire qui devait les transporter dans leur Mission ; mais il n’était pas encore revenu de Port-Breton. Ils durent attendre quinze jours. Souvent, dans la journée, ils s’en allaient sur la plage et ils scrutaient l’horizon longuement.

Cependant les journaux s’occupaient fort de la colonie et plus encore peut-être des Missionnaires. De mauvais bruits circulaient. On mettait en suspicion l’honnêteté de l’entreprise et l’on traitait crûment les cinq passagers qui cachaient leurs noms et qui, sans doute, disait-on, n’étaient pas prêtres, de vagabonds, d’aventuriers. Le prieur des Augustins de Manille avait accueilli les Missionnaires comme des frères. Durant deux mois, non seulement il leur prodigua, avec une hospitalité généreuse, les conseils les plus intelligents, mais encore il les défendit contre les attaques les plus injustes et les plus passionnées.

Le 17 octobre, arrivait la Nouvelle-Bretagne.

Le commandant du navire était en même temps le gouverneur de la colonie. Il amenait avec lui quelques officiers espagnols que le marquis de Rays avait engagés et que ses représentants avaient évincés. Naturellement ces hommes étaient mécontents et peu enclins à dire du bien de la colonie. De son côté, le gouverneur faisait charger des provisions pour Port-Breton. Craignant que la quantité qu’on lui avait allouée ne fût insuffisante, il l’augmenta considérablement : le marquis de Rays, pensait-il, ratifierait ce surcroît de dépense. Mais des rumeurs de dissolution prochaine étaient parvenues en Espagne et en France. Les récits des officiers espagnols n’étaient pas pour les effacer.

C’est dans ce moment et dans ce milieu qu’arrivaient nos Pères.

Le jour du départ était fixé au lundi 30 novembre. Tous les passagers, venus de Barcelone, et qui se rendaient dans la colonie, avaient déjà pris place à bord de la Nouvelle-Bretagne. Le samedi 28, les Missionnaires résolurent de s’embarquer aussi, afin de dire la messe pour les émigrants.

Toutefois, les Pères Augustins cherchaient à les dissuader de monter si tôt sur le navire. « Attendez à lundi. Rien ne presse, disaient-ils. — Mais, tous les passagers sont à bord ; notre place est au milieu d’eux. — Qui sait, reprenaient les Augustins, si le bateau partira lundi ? » Tenus au secret, ils n’en pouvaient dire davantage. Rien ne put détourner les Missionnaires de leur résolution. Ils firent aux bons Pères Augustins leurs adieux.

Le lendemain, dimanche, le bruit courut parmi les passagers que la justice allait mettre l’embargo sur le navire. Consternés, les Missionnaires comprirent alors l’insistance des religieux Augustins pour les retenir. Le lundi 30, c’était la Saint-André, fête patronale de Manille. De nombreuses barques sillonnaient joyeusement la baie. La plupart s’approchaient de ce navire qui était sous l’œil de la police, et, d’une barque à l’autre, des quolibets se croisaient à l’adresse de la colonie, du capitaine et des passagers. Des Chinois eux-mêmes insultèrent les prêtres. La police ne vint pas ce jour-là.

Le mardi, sur tous les navires de la rade, les vergues étaient en berne et les drapeaux descendus à mi-mât. L’amiral, commandant la place, était mort. Jour de grand deuil pour toute la ville. Cette fois encore la police ne vint pas.

Le mercredi, les Missionnaires descendent du bateau, dans l’espoir d’apprendre en ville quelque chose de certain. De la barque qui les conduisait, ils aperçoivent, appuyé sur le bastingage d’un haut navire, un homme habillé de blanc qui leur faisait signe d’approcher. C’était le prieur des Augustins. Il accompagnait la dépouille de l’amiral jusqu’au milieu de la baie. Tout à l’heure, il va rentrer et il prie les Pères d’aller l’attendre au couvent. Là, il leur révèle tout. Le marquis de Rays a refusé de l’argent au commandant de la Nouvelle-Bretagne pour le surcroît des dépenses qu’il a faites. D’autre part, son cosignataire de Marseille, craignant de n’être pas payé des provisions qu’il a déjà fournies, met l’embargo sur le navire.

Que vont devenir les Missionnaires ?

La colonie de Port-Breton peut disparaître, mais la Mission reste. Port-Breton n’est qu’un point dans la vaste étendue des Vicariats que Rome leur a confiés. Si donc ils ne peuvent pénétrer dans leur Mission par le bateau de la colonie, ils doivent tenter d’autres moyens, chercher d’autres routes. Justement, on vient d’apprendre qu’un navire, le Panay, est en partance pour Singapour. Sans doute, il faudra refaire cinq cent cinquante lieues. Mais de là, par les Célèbes et la Malaisie, on pourra, s’il plaît à Dieu, atteindre la Nouvelle-Guinée. C’est un détour de mille cinq cents lieues qu’il faut ajouter aux trois mille cinq cents déjà parcourues ; mais qu’est-ce que cela, quand il s’agit d’obéir à l’Église et de donner un monde à Jésus-Christ ? Ils vont retenir leur place à bord du Panay.

Hélas ! Ils ont compté sans une loi qui oblige tout étranger dont le passage à Manille a duré plus de vingt et un jours, à annoncer son départ dans les feuilles publiques au moins trois jours à l’avance. Ils ignoraient cette loi. Ils n’ont plus le temps. Les billets sont pris. Que faire ? Le P. Durin va solliciter l’appui du consul de France.

Pendant ce temps-là, le P. Navarre et le P. Cramaille retournèrent à bord de la Nouvelle-Bretagne. Ils y furent témoins d’une scène écœurante. Le commandant, auquel le marquis de Rays avait refusé, comme nous l’avons dit, de payer le surcroit des marchandises achetées et chargées, était rentré de la ville, exaspéré. Il réunit tout l’équipage, les passagers, les Missionnaires ; puis il fait contre le marquis une sortie virulente où il mêle des propos malsonnants contre la religion. Les officiers applaudissent. Alors, il prend le portrait de M. de Rays, appendu au salon du bateau, et le piétine. Les officiers en font autant. Ces actes de violence, ce discours haineux apprirent aux Missionnaires à quelle sorte de gens ils eussent eu à faire, s’ils fussent allés dans la colonie. Les pauvres passagers, assez bons catholiques pour la plupart, étaient désolés de se voir aux mains des francs-maçons, — le commandant et plusieurs officiers appartenaient, en effet, à la secte. — Les Missionnaires donnèrent des marques non équivoques de leur désapprobation, puis se retirèrent dans leurs cabines. Ils ne devaient quitter la Nouvelle-Bretagne que le lendemain. Le P. Durin arriva plus tard, avec l’ autorisation de partir sans la publication préalable des noms.

Le lendemain, les Pères disent la messe, une dernière fois, sur le pont. Tout le monde y assistait, même le commandant et son équipage. Le supérieur voulut adresser quelques mots à l’assistance ; les sanglots étouffèrent sa voix. De part et d’autre, les adieux furent émus. Les colons pleuraient à chaudes larmes. Que vont-ils devenir sans prêtres pour les consoler et, au besoin, pour les défendre ? La colonie menace ruine. Arriveront-ils à Port-Breton ? Le Panay approchait. Aimablement le capitaine jette l’ancre un instant tout près de la Nouvelle-Bretagne. Le gouverneur de la colonie et les officiers accompagnent les Missionnaires sur le Panay. La séparation fut aussi pénible pour les Missionnaires qui s’en allaient que pour les colons qui restaient, — les colons, leurs fils spirituels et leurs frères ! De plus, ils s’étaient, en quelque sorte, identifiés avec la Nouvelle-Bretagne. Ils aimaient ce navire comme une partie de leur Mission. C’est en lui qu’ils avaient mis leur espoir. En le perdant, il leur semblait qu’ils perdaient tout.

III

Partis de Manille le 3 décembre, les Missionnaires arrivent à Singapour le 8 au soir. Hélas ! Il est trop tard. Le navire pour Macassar, dans les Gélèbes, est parti de la veille. Il faut attendre un autre départ, soit quinze jours. Les Pères profitent de ces loisirs forcés pour écrire à Mgr Claessens, archevêque de Batavia, et le prévenir qu’ils passeront dans son Vicariat. Croyant que l’île d’Amboine, dans la mer des Indes hollandaises, et relativement proche de la Nouvelle-Guinée, faisait partie de leur Mission, ils ont décidé de commencer là leur apostolat. Mais voici qu’un bateau, arrivé de Chine, tout chargé de Musulmans de Surabaya et des îles environnantes, qui revenaient de leur pèlerinage au tombeau de Mahomet, se dispose à partir pour Macassar où ils en trouveront un autre qui fait chaque mois le service d’Amboine. Ils s’embarquent sans attendre la réponse de l’archevêque. A Macassar, ils apprennent que le bateau pour Amboine était parti depuis deux jours, ils auraient dû attendre durant vingt jours un autre départ ; mais, à peine installés à l’hôtel, le 31 décembre 1882, on leur apporte une lettre de Mgr Claessens. L’archevêque les avertissait qu’ils ne pouvaient passer dans les États hollandais sans la permission du gouverneur des Indes et que, pour exercer leur ministère, ils avaient besoin d’une autorisation du roi des Pays-Bas. Sa Grandeur engageait les Missionnaires à se rendre chez lui, à Batavia. Là, peut-être, trouveront-ils un chemin vers la Mélanésie.

Ce fut comme un coup de foudre. Pour la seconde fois, la Nouvelle-Guinée leur échappait. Ils devaient encore revenir sur leurs pas et sans savoir par où pénétrer dans cette Mission qui leur devenait d’autant plus chère que d’avance elle les faisait plus souffrir.

Pour comble de malheur, le supérieur retombe malade. Déjà, à Manille, il avait dû subir une opération cruelle. Un anthrax sur la poitrine s’était développé en des proportions inquiétantes partout, mais surtout en ces pays chauds. Un instant même, on avait craint la gangrène. Le chirurgien dut pratiquer une incision profonde. Le mal fut conjuré, mais les forces étaient perdues pour longtemps. Or, voici que le Père respire difficilement. Les jambes sont démesurément enflées, La saison humide et chaude où l’on se trouve l’affaiblit à vue d’œil. De plus, les angoisses morales le dévorent... Il sent qu’il ne résisterait pas longtemps à ce climat meurtrier, tandis que, dans les pays tempérés, il pourrait encore fournir, comme on dit, une bonne carrière. Que faire donc ? Faut-il abandonner la Mission ? Elle est, au moins de ce côté et au pied de la lettre, inabordable. Faut-il rentrer en Europe ou répondre à l’appel de Mgr Claessens et se relancer dans l’inconnu ?

Le bateau chinois, qui avait emmené les pauvres Missionnaires, avait déchargé ses marchandises, et il allait s’en retourner à Surabaya. On accompagnera le Père que-là. Il rentrera en France avec l’un des deux Frères coadjuteurs, son propre neveu ; le P. Navarre, le P. Cramaille et le frère Fromm se rendront à Batavia. Faut-il le dire ? La séparation fut douloureuse. « Nous avons souffert ensemble, lisons-nous dans des notes intimes, nos cœurs battaient pour le même objet, et, au moment où nous retombions dans l’incertain, dans l’inconnu, notre chef nous quittait, et nous allions rester dans l’inaction jusqu’à ce que des ordres nous arrivassent de France et qu’un nouveau supérieur nous fût donné. » Pendant les cinq jours qu’ils demeurèrent à Surabaya, les chers abandonnés furent traités par les Pères Jésuites avec une charité toute fraternelle. Le 10 janvier, ils reprennent la mer, et, le 13, ils sont à Batavia.

IV

Au moment de son départ pour la France, le P. Durin avait demandé à ses confrères de ne point quitter Batavia avant d’avoir reçu des ordres nouveaux. L’idée de renoncer à la Mission ne pouvait pénétrer dans ces têtes héroïques. Nous n’aurions point, se disaient-ils les uns aux autres, les mêmes motifs à faire valoir que nos devanciers les Pères Maristes et les Missionnaires de Milan. Nous n’avons eu personne de tué ni de mangé. Nous n’avons même pas été repoussés par les sauvages, puisque nous ne les avons pas encore abordés. Tous les moyens non plus n’ont pas été essayés. Qui sait si nous ne trouverons pas ailleurs, en Australie, par exemple, la route que nous cherchons en vain de ce côté-ci ? Attendons, sans découragement, les lettres de Rome ou d’issoudun. En attendant, ils se mirent, autant qu’ils le purent, au service de Mgr Glaessens ; mais leur ignorance des langues hollandaise et malaise limitait singulièrement leur ministère. Rapportons un épisode de leur vie sacerdotale ; ce sera comme un rayon dans ces pages sombres.

Le P. Navarre était à Buitenzorg, la résidence du gouverneur des Indes. Un dimanche, un homme lui demanda de baptiser à domicile son enfant, sa petite fille qui allait mourir ; puis il disparut. Le père de l’enfant était portier d’une des nombreuses portes du vaste hôpital. Une voiture emporte le Missionnaire. Il arrive. Personne n’est là pour le recevoir. Il se tient debout dans un vestibule. Une petite fille d’environ dix ans traverse la pièce, dit au Père : « Tabi Tuan : Bonjour, monsieur ». Le Père n’a que le temps de répondre : « Tabi : Bonjour », — le seul mot qu’il savait, l’enfant n’est plus là. Presque aussitôt une grande jeune fille qui paraissait être la sœur de la première, passe à son tour, fait la révérence et dit : « Tabi Tuan : Bonjour, monsieur ». Les deux enfants semblaient trouver toute naturelle la présence du Missionnaire. Mais le P. Navarre ne voyait point l’homme qui était venu le chercher. Personne pour lui indiquer la chambre de la malade. Un peu après, une femme malaise, d’une quarantaine d’années, suivant la même voie que les enfants, fit au Père le même salut. Cependant, elle parut étonnée de le voir seul. Elle regarda dehors et dans la voiture. Le Père comprit qu’elle cherchait son mari. Toutefois, craignant que l’enfant n’expirât avant d’avoir reçu le baptême, le Père dit en français à la femme : « Où est donc l’enfant à baptiser ? » Il paraît qu’il fut compris, car aussitôt la femme lui fait signe de le suivre. Il vit alors dans un grand lit, où quatre personnes eussent été à l’aise, une toute petite créature d’un an à deux ans. Les draps étaient d’une blancheur de neige. La malade, perdue dans le pli profond d’un immense oreiller de la même blancheur, semblait plus blanche encore. Elle avait les yeux clos et les mains fermées. Respirait-elle ? Il était difficile de l’affirmer. Elle avait l’air d’une morte. A peine l’eau sainte a-t-elle touché son front que la petite moribonde ouvre les yeux, étend ses bras comme au sortir du sommeil, se tourne du côté du prêtre et lui sourit. Le père de l’enfant entre en ce moment. Il voit ce sourire et rend grâce à Dieu. Le baptême avait guéri son enfant.

Le séjour des Missionnaires du Sacré-Cœur dans l’île de Java ne fut pas entièrement inutile pour leur Mission. Ils vivaient parmi d’anciens Missionnaires aux pays sauvages et ne perdaient rien des conseils qu’on leur donnait. Néanmoins, que le temps leur durait ! La vue des Javanais plongés dans le paganisme, et des Malais corrompus par la religion musulmane, sans qu’il fût possible aux prêtres catholiques de les évangéliser, leur faisait désirer plus vivement encore un libre apostolat parmi les idolâtres de la Papouasie.

Un jour enfin, vers le mois d’avril, une lumière parait à l’horizon. C’est une lettre d’Issoudun qui fait dans leur ciel noir cette éclaircie radieuse. Le T. R. Père général, du fond de son cœur brisé par les douloureuses nouvelles, compatit aux inénarrables misères de ses fils ; mais il les sait vaillants et il leur crie courage. Le R. P. Navarre est nommé supérieur de la Mission. Sitôt que la Propagande lui aura envoyé les pouvoirs nécessaires, il reprendra sa course à travers les océans. En même temps, le T. R. Père lui apprend qu’un prêtre de la colonie tombée, du nom de Lannuzel, s’est réfugié en Nouvelle-Bretagne, et qu’il a été bien accueilli par un chef sauvage, du nom de Tolitoro. Quelle joie après tant d’épreuves ! Il n’y a plus qu’à attendre les lettres de Rome.

Elles arrivèrent le 20 juin. Le nouveau supérieur est agréé par la Propagande. Ses pouvoirs sont signés du cardinal Siméoni. C’est vers la Nouvelle-Bretagne, la Birara des Canaques, qu’il dirigera ses pas. La Nouvelle-Guinée viendra plus tard. Le vicaire de Jésus-Christ bénit la reprise du voyage. Ils ne sont plus que trois pour affronter les repaires de Satan : deux prêtres, un frère ; mais le Pape est avec eux ; avec eux le Cœur de Jésus. Donc, en avant pour la sainte Église et pour le Sacré Cœur !

Ils avaient attendu, à Batavia, du 13 janvier au 20 juin : cinq longs mois !

Durant trois jours, ils cherchent un navire. Un bateau, faisant le service de Londres à Brisbane, passait par Batavia. C’est celui-là qu’ils désirent. Il les déposerait à Cooktown. Mais, au moment d’embarquer, les journaux de Batavia ont signalé quelques cas de choléra. La Compagnie « British India » craint de jeter l’épouvante parmi les quatre ou cinq cents émigrants qu’emportait son bateau, et elle ne veut pas les prendre.

Ils retourneront à Singapour où on leur fait espérer un passage direct pour l’Australie. Mais, pour la même raison, nulle compagnie, ni anglaise, ni hollandaise, ni française, ne voulut prendre les Missionnaires à leurs bords, dans la crainte d’une quarantaine à Singapour. Les ennuis recommençaient donc, et, de plus, on leur disait que le choléra pouvait durer des mois entiers, six mois peut-être. Enfin, grâce à l’intervention des Pères Jésuites, un armateur hollandais consent à les conduire, à la condition qu’ils subiraient à Singapour la quarantaine que l’on jugerait bon de leur imposer.

Après deux jours de traversée, ils abordent à Singapour pour la troisième fois. Point de quarantaine : Dieu soit béni ! et un bateau, le Meath, est en partance pour l’Australie ! Sans plus tarder, ils vont pour retenir leurs places. Elles sont toutes prises. Cependant, tant leur hâte de partir était grande, ils proposent au capitaine de coucher sur le pont du navire ou sur les bancs du salon. Ils auraient fait bien d’autres sacrifices. Leur proposition est acceptée, et les voici en route pour Cooktown.

V

Sur le Meath se trouvaient, parmi les passagers, trois jeunes gens, deux Français et un Anglais, tous les trois parents, tous les trois protestants. La conversation roulait d’ordinaire sur les sauvages de la Nouvelle-Bretagne. « Pour combien d’années, demandaient les jeunes gens, allez-vous dans ces pays barbares ? — Pour toujours, si nos supérieurs ne nous rappellent pas en France. — Ce n’est pas possible ! Quelle cruauté de vous obliger à vivre dans ces climats mortels ! — Mais personne ne nous y oblige. Nous y allons de nous-mêmes, très volontiers et joyeusement. — Et combien vous paie-t-on pour un travail si pénible ? — On ne nous paie pas. La Propagation de la Foi nous donne juste de quoi ne pas mourir de faim. »

Il parait que, pour ces jeunes protestants, la chose était trop forte et absolument incroyable. Le lendemain, l’un d’entre eux fait répéter aux Missionnaires la conversation de la veille, et il demande aux autres catholiques du bord si les Missionnaires ont dit la vérité. Alors, ce fut une admiration sans pareille. Le capitaine, lui-même, Écossais et protestant, renchérissait sur les autres. Son enthousiasme était tel qu’il préparait déjà un stock de provisions pour les Missionnaires et il se disait prêt à les conduire dans leur Mission, si cela ne le détournait pas trop de sa route.

Ces beaux sentiments s’évanouirent bientôt. Les préjugés huguenots l’emportèrent vite sur le premier mouvement de la libre et bonne nature. « Pourquoi aller ruiner votre santé dans ces pays malsains ? — Mais ce n’est pas payer trop cher l’évangélisation de ces pauvres gens. — Laissez donc ces sauvages tranquilles. Pourquoi les troubler dans leur ignorance ? Ils sont plus heureux comme ils sont. — Mais, capitaine, est-ce que vous ne préférez pas votre condition à la leur ? — Sans doute ; mais ils ne sont pas habitués à notre bien-être. — Justement, c’est pour leur donner, avec la civilisation, un bonheur plus pur et plus élevé que leur condition présente, que nous voulons les instruire. Si des Missionnaires, autrefois, n’avaient évangélisé nos ancêtres, qui étaient, eux aussi, des barbares, vous et moi, capitaine, nous serions, à peu de chose près, comme les primitifs de la Nouvelle-Bretagne… »

Il ne fut plus question de préparer des provisions de riz et de biscuits et pas davantage de conduire à l’île de Birara les trois apôtres.

Le 21 juillet, le Meath s’arrêtait à Cooktown. De Singapour, on venait de parcourir onze cent vingt-cinq lieues. Auparavant, on en avait fait cinq mille cent-vingt-cinq. Il n’en restait plus que dix-huit cents avant de toucher le premier rivage de la Mission. Ce n’était pas encore le terme, mais il approchait.

A Cooktown, ils apprennent du pro-vicaire apostolique, Mgr Fortini, que M. l’abbé Lannuzel n’était plus en Nouvelle-Bretagne, qu’il avait un peu séjourné chez lui et que, ne voyant pas arriver les Missionnaires du Sacré-Cœur, il s’était décidé à retourner en France. On s’était croisé dans la traversée de Batavia à Cooktown, mais à une trop grande distance pour échanger même un salut. L’ancien aumônier de la colonie de Port-Breton avait assuré de nouveau que les Pères pouvaient se rendre à Béridni (Blanche-Baie), que Tolitoro, le chef du village, les attendait, et que, d’autre part, une ferme allemande, établie non loin de là, envoyait son bateau à Cooktown presque tous les mois et que, dans peu de jours, les Missionnaires pourraient partir.

Huit jours s’écoulèrent. Le bateau ne paraissait point. On pense que peut-être il a fait naufrage. Cependant, Mgr Fortini avait écrit à Sydney pour s’informer s’il n’y avait point de bateau en partance pour la Nouvelle-Bretagne. Un télégramme lui annonce, le 4 août, qu’en effet un ancien représentant du marquis de Rays à Sydney allait partir avec le dernier bateau du fondateur de la Nouvelle-France, pour Manille, où il transportait du charbon, et que, précisément, il avait l’intention de s’arrêter à Port-Breton pour y visiter l’emplacement de la colonie. Le capitaine leur offrait à bord une place gratuite.

Le souvenir de Manille, qui leur restait au cœur, ne les portait guère à prendre le Chandernagor. De plus, ils avaient tant souffert d’humiliations par suite de leur contact avec la colonie ! Sa dislocation avait produit en Australie, où s’étaient réfugiés les malheureux qui n’étaient pas morts de la fièvre, un effet si lamentable !

Il est vrai ; mais, c’était un peu à la sollicitation du marquis de Rays que Rome nous avait confié le vicariat de Mélanésie et de Micronésie. Le fondateur de Port-Breton avait voulu conduire les Missionnaires aux frais de la colonie. Les tristes événements de Manille, seuls, les ont arrêtés dans leur course. La colonie a sombré. Les colons ont été dispersés. Les Missionnaires sont errants de vague en vague, à travers les océans, à la recherche de leur Mission. Le Dieu très bon n’a-t-il pas sauvé du naufrage le Chandernagor, pour conduire à Béridni les Missionnaires jetés à la côte par la saisie de la Nouvelle-Bretagne ? Ce qui est certain, — disons-le en passant, — c’est qu’à son tour le Chandernagor sera saisi à Manille et vendu. Dieu avait permis la fondation de Port-Breton en vue de l’évangélisation des sauvages de la Papouasie, abandonnée depuis un quart de siècle. La déplorable administration du gouverneur de la colonie et la mauvaise volonté d’hommes hostiles à la religion ont fait échouer une entreprise qui n’était pas indigne de la France catholique et dont l’Allemagne, à notre défaut, a su profiter ; mais ne peut-on pas dire, en se plaçant au point de vue providentiel, que le marquis de Rays, en conduisant les Missionnaires dans leur Mission, n’a pas manqué son œuvre complètement ?

Le P. Navarre et ses deux compagnons s’embarquent sur un bateau côtier, l’Alexandra : en quatorze jours ils se sont rendu compte de l’état de discrédit où était tombée la colonie. Les Australiens avaient en horreur — c’est le mot juste — tout ce qui, de près ou de loin, touchait à Port-Breton. De toutes parts on tâchait à dissuader les Missionnaires de prendre le Chandernagor. Le consul de France n’était pas le moins ardent à les prêcher. Le secrétaire, qui faisait les fonctions de chancelier, voulait même les contraindre à renoncer à leurs projets de Mission en Océanie : la nouvelle de l’arrestation du marquis de Rays était officielle, et le gouvernement français ne protégerait certainement pas « les aumôniers » de la fameuse colonie. Les Missionnaires répondirent qu’ils étaient envoyés en Mission, non pas par M. de Rays, ni par le gouvernement français, mais par le Pape, et qu’aucune force humaine ne les empêcherait d’obéir au représentant de Dieu.

Le 25 août, en effet, grâce au fraternel concours des Pères Maristes qui pas un instant ne s’est ralenti depuis, tout est prêt pour le dernier voyage. On a des provisions pour six mois. Le P. Navarre écrit au T. R. P. Chevalier : « Bonne nouvelle ! Nous partirons demain. Nous nous recommandons à vos bonnes prières, à celles de toutes notre bien-aimée Société. Nous sentons mieux que jamais la nécessité du secours d’En-Haut pour le succès de cette belle œuvre. Oh ! que nous sommes petits et faibles par nous-mêmes, pour nous mesurer avec les difficultés qui nous attendent ! Mais, si le divin Cœur de Jésus nous accompagne, comme nous en avons la confiance, si les associés de Notre-Dame du Sacré-Cœur et les âmes pieuses prient bien, chacun de nous pourra dire avec l’apôtre : Je puis tout en Celui qui me fortifie. » Le lendemain, 26, le P. Navarre, le P. Cramaille et le frère Fromm, montaient sur le Chandernagor.

C’était un bon voilier. Le capitaine très habile. Arrivés au sud de la Nouvelle-Irlande, on passe par un étroit canal que forment cette île et la petite île de Lamboum. C’est là que nos Missionnaires aperçurent les premiers sauvages de leur Mission. Ce fut comme un tressaillement d’allégresse. Ils étaient dans leur juridiction. Ils étaient chez eux. Les naturels les guidèrent et leur montrèrent dans le port remplacement des bateaux. En entrant, ils virent devant eux la maison du gouverneur. Le port tourne à gauche et, dans un enfoncement, se trouvait, encore debout, une grande construction appelée « Block-House ». C’est là, paraît-il, qu’était logée dans un entassement peu salubre presque toute la population. Il y avait dans la même maison le corps de garde, la dépense, la cuisine générale. De cet endroit on était comme dans un entonnoir. On ne voyait que montagnes autour de soi et à une courte distance. Les pentes abruptes étaient chargées plutôt que couvertes d’une végétation luxuriante. Il y avait de quoi effrayer les plus intrépides défricheurs. D’autant qu’il eût fallu élever de place en place des gradins, à cause des pluies abondantes de ces parages, lesquelles entraînaient la terre meuble jusque dans le port. Pendant les cinq jours que mirent les Pères à explorer la colonie, la pluie ne cessa guère de tomber, et d’épais brouillards s’élevaient des grands bois. C’était triste. Ajoutez qu’on n’entendait que l’aboiement des bêtes sauvages et la voix d’un oiseau de la grosseur et de la couleur d’une grive, que les naturels appellent de son cri : « cao ». Ce cri dur, entendu seul la nuit par intervalles, était lugubre. Cependant, un ruisseau coulait dans un vallon qui aboutissait au port. Des huttes en paille ou en ramée au milieu d’un jardinet avaient été construites par les colons. Quelques-uns, à en juger par les arbres gigantesques qu’ils avaient abattus, avaient beaucoup travaillé. Mais, le ruisseau débordant la vallée, il était impossible de faire en cet endroit une exploitation agricole sérieuse. Le port, d’un bon ancrage, n’était pas suffisant non plus pour une colonie. A quelques milles au delà, en Blanche-Baie, on aurait trouvé, au milieu des sites les plus beaux, un sol fertile, facile à cultiver, et là, avec moins de monde et moins d’argent, on aurait pu créer une exploitation florissante. La franc-maçonnerie ne l’a pas voulu.

Les Pères avaient dit un De Profundis sur la tombe des colons morts dans la colonie et célébré pour eux le saint sacrifice. Il s’agissait de partir. Le capitaine leur proposa de s’installer dans le bâtiment de la colonie. Ils avaient là, du premier jour, un vaste logement pour s’abriter et des planches pour construire une chapelle. De plus, le capitaine prétendait que le vent et la mer étaient devenus contraires et qu’il ne pouvait tenir sa promesse de les conduire à Béridni. Il devait revenir sur ses pas jusqu’au sud de la Nouvelle-Irlande et longer la côte est… Que s’ils ne voulaient pas se fixer à Port-Breton, il serait contraint de les déposer n’importe où, dans quelque ile sur la route des vagues, ou les emmener jusqu’à Manille. Il lui semblait que la présence des Missionnaires du Sacré-Cœur dans l’ancienne colonie de Port-Breton aurait effacé toutes les ignominies. Devant l’inflexible douceur des Pères, il mit à la voile sur Blanche-Baie. Le 29 septembre 1882, en la fête de Saint-Michel, les premiers apôtres de la Nouvelle-Bretagne abordaient à leur Mission et se redisaient les uns aux autres, en action de grâce, la chère devise de leur petite Société : « Aimé soit partout le Sacré-Cœur de Jésus ! » Ils avaient mis treize mois à ce voyage et fait, depuis Barcelone, huit mille cinquante lieues de navigation, à peu près le tour du globe. Était-ce trop pour sauver des âmes !

La Nouvelle-Bretagne, ce n’est pas la Nouvelle-Guinée. Henry Verjus y abordera le premier et en sera le premier apôtre.



  1. Depuis que ces pages sont écrites, le P. Bontemps est mort à la tâche. Mgr Leray, son premier compagnon d’apostolat, est aujourd’hui vicaire apostolique des Elliée et des Gilbert.
  2. Cité par le P. Jouet dans son livre : la Société des Missionnaires du Sacré-Cœur dans les Vicariats apostoliques de la Mélanésie et de la Micronésie, ch. II. Issoudun, 1887.