Monologues en prose/Duo téléphonique
DUO TÉLÉPHONIQUE
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À Donald Mac-Nab.
Monsieur Dupont, horloger, désire entretenir son ami Bernard, banquier, à propos d’une affaire de bourse.
Tous les deux entament par téléphone la conversation suivante :
Oui, Mademoiselle ! |
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Allô ! allô ! |
Voilà, voilà ! ah ! c’est vous Dupont !
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Plus haut, s’il vous plaît ! |
C’est pour le souper, le fameux souper ! ah ! ah !
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Avez-vous encore des Panama ? |
Non, je n’emmène pas Nana, qu’est-ce que vous voulez en faire ?
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Moi aussi, j’ai à vous proposer une affaire, vos Panama sont-ils vendus ? |
Je n’entends pas. Parlez plus fort !
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Je n’entends pas, parlez moins fort. |
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Allô ! allô ! |
Allô ! allô !
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J’y suis, j’entends. |
J’y suis, j’entends.
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Vos Panama sont-ils vendus ? |
Non, je n’ai pas besoin de pendules !
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Combien voulez-vous de pendules ? |
Mais non je ne veux pas de pendules !
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Ah ! ils ne sont pas vendus, eh bien, achetez-moi du Foncier 75. |
Du Champagne Mercier 75, très bien !
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Et de la Ville de Paris ! |
Oui, à n’importe quel prix.
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Tout ce que vous aurez de Ville de Paris. |
Dans des vieilles barriques ? Je n’y suis pas. Ça ne se vend qu’en bouteilles.
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Non, non, pas de moulins de Corbeil ; ils sont trop bas. |
Je parle trop bas ! Mais non, je crie comme un sourd.
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Vous avez raison, c’est un four ! |
Comme un enragé !
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Si vous êtes engagé, alors c’est inutile ! |
C’est inutile.
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Bien, c’est inutile ! |
Bien, c’est inutile !
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Je n’entends pas. |
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Bien ! |
La communication est dérangée ?
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Ce n’est pas la peine de vous déranger.
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Oui, Mademoiselle ! |
Non, mademoiselle !
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Allô ! allô ! |
Voilà.
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Vous m’entendez ? |
Vous m’entendez ?
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Parlez moins fort. |
Ni moi non plus !
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Nous en reparlerons. |
Parlez plus fort !
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Attendez la baisse. |
Oui, je préviendrai à la caisse.
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Alors c’est entendu ? |
C’est entendu !
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N’est-ce pas que le téléphone est une merveilleuse invention ?…