Poèmes de 1811-1824 (extrait)Izd. knigoprodavt︠s︡a (p. 4-5).


MON PORTRAIT.


 Vous me demandez mon portrait,
Mais peint d’après nature :
Mon cher, il sera bientôt fait,
Quoique en miniature.

 Je suis un jeune polisson
Encore dans les classes ;

Point sot, je le dis sans façon
Et sans fades grimaces.

 Oui ! il ne fut de babillard,
Ni docteur de Sorbonne
Plus ennuyeux et plus braillard
Que moi-même en personne.

 Ma taille, à celle des plus longs,
Los n’est point égalée ;
J’ai le teint frais, les cheveux blonds
Et la tête bouclée.

 J’aime et le monde, et son fracas,
Je hais la solitude ;
J’abhorre et noises et débats,
Et tant soit peu l’étude.

 Spectacles, bals me plaisent fort,
Et d’après ma pensée,
Je dirais ce que j’aime encore,
Si je n’étais au lycée.

 Après cela, mon cher ami,
L’on peut me reconnaître :
Oui ! tel que le bon Dieu me fit,
Je veux toujours paraître.

 Vrai démon pour l’espièglerie,
Vrai singe par sa mine,
Beaucoup et trop d’étourderie —
Ma foi — voilà Pouchkine.