Mon oncle Benjamin/8
VIII
Comment mon oncle embrassa un marquis
Le samedi suivant, mon oncle alla coucher à Corvol.
On partit le lendemain au lever du soleil. M. Minxit était accompagné de tous ses gens et de plusieurs amis, dont le confrère Fata faisait partie. C’était par un de ces jours splendides que le sombre hiver, semblable à un geôlier qui sourit, donne de temps en temps à la terre : février semblait avoir emprunté au mois d’avril son soleil ; le ciel était limpide, et le vent du midi emplissait l’atmosphère d’une molle tiédeur ; la rivière fumait au loin entre les saules ; la gelée blanche du matin pendait en gouttelettes aux branches des buissons ; les petits pâtres chantaient pour la première fois de l’année dans les prés, et les ruisselets qui descendent de la montagne du Flez, réveillés par la chaleur du soleil, gazouillaient au pied des haies.
— Monsieur Fata, dit mon oncle, voilà une belle journée. Est-ce que nous passerons entre les rameaux mouillés des bois ?
— Ce n’est pas mon avis, confrère, répondit celui-ci. Si vous voulez venir chez moi, je vous montrerai un enfant à quatre têtes que j’ai serré dans un bocal. M. Minxit m’en offre trois cents francs.
— Vous feriez bien de lui céder, dit mon oncle, et de mettre du cassis à la place.
Cependant, comme il avait de bonnes jambes et qu’il n’y avait que deux petites lieues de là à Varzy, il se décida à suivre le confrère. Ils quittèrent donc, Fata et lui, le gros des chasseurs, et s’enfoncèrent dans un chemin de traverse qui s’égarait dans la prairie. Bientôt ils se trouvèrent vis-à-vis Saint-Pierre du Mont. Or, Saint-Pierre du Mont est un gros monticule situé sur la route de Clamecy à Varzy. Il est à sa base revêtu de prairies et tout ruisselant de sources, mais ras et nu à son sommet. Vous diriez une grande motte de terre soulevée dans la plaine par une taupe gigantesque. Sur son crâne pelé et teigneux était alors un reste de château féodal, aujourd’hui remplacé par une élégante maison de campagne, qu’habite un engraisseur de bestiaux ; car c’est ainsi, que, par un travail insensible, les œuvres de l’homme comme de la nature se décomposent et se recomposent.
Les murs du castel étaient démantelés, ses créneaux édentés en maints endroits ; les tours semblaient avoir été cassées par le milieu, et elles étaient réduites à l’état de tronçons ; ses fossés, taris à moitié, étaient encombrés par de grandes herbes et par une forêt de roseaux, et son pont-levis avait fait place à un pont de pierre ; l’ombre sinistre de ce vieux débris de la féodalité attristait tous les environs ; les chaumières avaient reculé devant lui ; les unes étaient allées sur le coteau voisin former le village de Flez, les autres étaient descendues dans la vallée, et s’étaient groupées en hameau le long de la route.
Le maître de cette vieille gentilhommière était alors un certain marquis de Cambyse. M. de Cambyse était grand, épais, fortement charpenté, et avait la force d’un géant. Vous eussiez dit une ancienne armure faite de chair. Il était d’un caractère violent, emporté, susceptible jusqu’à l’excès, ne pouvant supporter aucune contradiction, et d’un orgueil qui allait jusqu’à la sottise ; il était d’ailleurs entiché de sa noblesse et s’imaginait que les Cambyse étaient une œuvre hors ligne dans la création.
Il avait été quelque temps officier de mousquetaires, je ne sais de quelle couleur ; mais il était mal à son aise à la cour ; sa volonté s’y trouvait comprimée, sa violence ne pouvait y faire explosion, et il était d’ailleurs étouffé au milieu de cette poussière de hobereaux qui chatoyaient et tourbillonnaient autour du trône. Il était revenu dans ses terres et y vivait en petit monarque. Le temps avait emporté un à un les vieux privilèges de la noblesse ; mais lui, il les avait gardés de fait et il les exerçait dans toute leur plénitude. Il était encore maître absolu non seulement de ses domaines, mais encore dans tout le pays des environs. C’était, à la rondache près, un véritable seigneur féodal. Il rossait les paysans, il leur prenait leurs femmes quand elles étaient gentilles, il envahissait leurs terres avec ses meutes, foulait leurs récoltes aux pieds de ses valets et faisait mille avanies aux bourgeois qui se laissaient rencontrer par lui autour de sa montagne.
Il faisait du despotisme et de la violence par caprice, par divertissement et surtout par amour-propre. Afin d’être le personnage le plus éminent du pays, il avait voulu en être le plus méchant. Il ne savait pas de meilleures manières de démontrer sa supériorité aux gens que de les opprimer. Pour être célèbre, il s’était fait méchant. C’était, au volume près, la puce qui ne peut vous faire apercevoir de sa présence entre vos draps qu’en vous piquant. Quoique riche, il avait des créanciers. Mais il se faisait un point d’honneur de ne pas les payer. Telle était la terreur de son nom que vous n’eussiez pas trouvé dans le pays un huissier pour l’assigner. Un seul, le père Ballivet, avait osé lui remettre une cédule en main propre et parlant à sa personne, mais il y avait risqué sa vie. Honneur donc au généreux père Ballivet, huissier royal, qui exploitait par tout le monde et deux lieues au-delà, ainsi que le disaient les mauvais plaisants du pays, pour ternir la gloire de ce grand huissier.
Voici du reste comment il s’y était pris. Il avait empaqueté sa cédule dans une demi-douzaine d’enveloppes perfidement cachetées et l’avait présentée à M. de Cambyse comme un paquet venant du château de Vilaine. Tandis que le marquis démaillotait l’exploit, il s’était esquivé sans bruit, avait gagné la grande porte et avait enfourché son cheval qu’il avait attaché à un arbre à quelque distance du château. Quand le marquis eut connaissance de ce que contenait le paquet, furieux d’avoir été la dupe d’un huissier, il ordonna à ses domestiques de courir sur ses traces ; mais le père Ballivet était hors de leur portée et se moquait d’eux par un geste que je ne puis reproduire ici.
Du reste, M. de Cambyse ne se faisait guère plus de scrupule de décharger son fusil sur un paysan que sur un renard. Il en avait déjà détérioré deux ou trois qu’on appelait dans le pays les estropiés de M. de Cambyse, et plusieurs habitants quasi notables de Clamecy avaient été victimes de ses très mauvaises plaisanteries. Quoiqu’il ne fût pas encore bien vieux, il y avait déjà dans la vie de cet honorable seigneur assez de sanglantes espiègleries pour faire deux forçats à perpétuité ; mais sa famille était bien à la cour : la protection de ses nobles cousins le mettait à l’abri de toute poursuite. Et au fait, chacun prend son plaisir où il le trouve : Le bon roi Louis XV, tandis qu’il prenait à Versailles de si doux et de si joyeux ébats, tandis qu’il donnait des fêtes aux gentilshommes de sa cour, ne voulait pas que ses gentilshommes de province s’ennuyassent dans leurs terres, et il eût été très contrarié que les paysans à faire crier sous le bâton, ou les bourgeois à désoler leur eussent fait faute. Louis, dit le Bien-Aimé, tenait à mériter l’amour que lui avaient décerné ses sujets. Ainsi donc, il est bien entendu que le marquis de Cambyse était inviolable comme un roi constitutionnel, et qu’il n’y avait pour lui ni justice ni maréchaussée.
Benjamin aimait à déclamer contre M. de Cambyse ; il l’appelait le Gessler des environs, et il manifestait souvent le désir de se trouver en la présence de cet homme. Ses souhaits ne furent que trop tôt accomplis, comme vous allez le voir.
Mon oncle, en sa qualité de philosophe, se mit en contemplation devant les vieux créneaux noirs et ébréchés qui déchiraient l’azur du ciel.
— Monsieur Rathery, lui dit le confrère, le tirant par la manche, il ne fait pas bon autour de ce château, je vous en préviens.
— Comment, Monsieur Fata, vous aussi vous avez peur d’un marquis ?
— Mais, Monsieur Rathery, c’est que je suis un médecin à perruque.
— Voilà comme ils sont tous, s’écria mon oncle, donnant un libre cours à son indignation ; ils sont trois cents roturiers contre un gentilhomme et ils souffrent qu’un gentilhomme leur passe sur le ventre ; encore s’aplatissent-ils le plus qu’ils peuvent, de peur que ce noble personnage ne trébuche !
— Que voulez-vous, Monsieur Rathery, contre la force…
— Mais c’est vous qui l’avez, la force, malheureux ! Vous ressemblez au bœuf qui se laisse conduire par un enfant, de sa verte prairie à l’abattoir. Oh ! le peuple est lâche, il est lâche ! je le dis avec amertume, comme une mère dit que son enfant a mauvais cœur. Toujours il abandonne au bourreau ceux qui se sont sacrifiés pour lui, et s’il manque une corde pour les pendre il se charge de la fournir. Deux mille ans ont passé sur la cendre des Gracques et dix-sept cent cinquante ans sur le gibet de Jésus-Christ, et c’est toujours le même peuple. Il a quelquefois des lubies de courage ; il jette le feu par la bouche et les naseaux ; mais la servitude est son état normal et il y revient toujours, comme un serin apprivoisé revient toujours à sa cage. Vous voyez passer le torrent gonflé par un soudain orage et vous le prenez pour un fleuve. Vous repassez le lendemain et vous ne retrouvez plus qu’un honteux filet d’eau qui se cache sous les herbes de ses rives, et qui n’a laissé de son passage que quelques pailles aux branches des arbustes. Il est fort quand il veut l’être ; mais prenez-y garde, sa force ne dure qu’un instant : ceux qui s’appuient sur lui bâtissent leur maison sur la surface glacée d’un lac.
En ce moment, un homme en riche costume de chasse traversait la route, suivi de chiens aboyants et d’une longue traînée de valets. Fata pâlit.
— M. de Cambyse ! dit-il à mon oncle ; et il salua profondément ; mais Benjamin resta droit et couvert comme un grand d’Espagne.
Or, rien n’était plus propre à choquer le terrible marquis que l’outrecuidance de ce vilain qui lui refusait un banal hommage sur la lisière de ses domaines et en présence de son château. C’était d’ailleurs d’un très mauvais exemple et qui pouvait devenir contagieux.
— Manant, dit-il à mon oncle avec son air de gentilhomme, pourquoi ne me salues-tu pas ?
— Toi-même, répondit mon oncle en le toisant du haut en bas de son œil gris, pourquoi ne m’as-tu pas salué ?
— Ne sais-tu pas que je suis le marquis de Cambyse, seigneur de tout ce pays ?
— Et toi, ignores-tu que je suis Benjamin Rathery, docteur en médecine de Clamecy ?
— Vraiment, dit le marquis, tu es un carabin ? je t’en fais mon compliment, voilà un beau titre que tu as là.
— C’est un titre qui vaut bien le tien ! pour l’acquérir, il m’a fallu subir de longues et sérieuses études. Mais toi, ce de que tu mets devant ton nom, t’a-t-il coûté ? Le roi peut faire vingt marquis par jour, mais je le défie avec sa toute-puissance de faire un médecin ; un médecin a son utilité, tu le reconnaîtras peut-être plus tard, mais un marquis, à quoi cela sert-il ?
M. le marquis de Cambyse avait bien déjeuné ce jour-là, il était de bonne humeur.
— Voilà, dit-il à son intendant, un plaisant original : j’aime mieux l’avoir rencontré qu’un chevreuil. Et celui-là, ajouta-t-il en montrant Fata du doigt, quel est-il ?
— M. Fata de Varzy, monsieur, dit le médecin, faisant une seconde génuflexion.
— Fata, dit mon oncle, vous êtes un polisson, je m’en doutais ; mais vous me rendrez compte de ce procédé.
— Ah çà ! dit le marquis à Fata, est-ce que tu connais cet homme ?
— Très peu, monsieur le marquis, je vous le jure ; je ne le connaissais que pour avoir dîné avec lui chez M. Minxit ; mais du moment qu’il manque aux égards qu’il doit à la noblesse, je ne le connais plus.
— Et moi, dit mon oncle, je commence à te connaître.
— Comment ! monsieur Fata de Varzy, poursuivit le marquis, est-ce que vous dînez chez ce drôle de Minxit ?
— Oh ! par hasard, monseigneur, un jour que je passais par Corvol ! je sais bien que ce Minxit n’est pas un homme à voir, c’est une tête brûlée, un homme entiché de sa fortune et qui se croit autant qu’un gentilhomme.
» Haïe ! haïe ! qui m’a frappé de son pied par derrière ?
— Moi, dit Benjamin, de la part de monsieur Minxit.
— Maintenant, dit le marquis, vous n’avez plus rien à faire ici, monsieur Fata, laissez-moi avec votre compagnon de voyage. Ainsi donc, ajouta-t-il, s’adressant à mon oncle, tu persistes, toi, à ne pas me saluer ?
— Si tu me salues le premier, je te saluerai le second, dit Benjamin.
— Et c’est là ton dernier mot.
— Oui.
— Tu as bien réfléchi à ce que tu fais ?
— Écoute, dit mon oncle ; je veux avoir de la déférence pour ton titre et te prouver combien je suis coulant en tout ce qui concerne l’étiquette.
Alors, il tira un gros sou de sa poche, et, le faisant tourner en l’air :
— Demande pile ou face, dit-il au marquis, gentilhomme ou médecin, celui que le sort désignera saluera le premier, il n’y aura pas à y revenir.
— Insolent ! dit le gros intendant joufflu, ne voyez-vous pas que vous manquez de respect à monseigneur de la manière la plus scandaleuse ? Si j’étais à sa place, il y a longtemps que je vous aurais bâtonné.
— Mon ami, répondit Benjamin, mêlez-vous de vos chiffres. Votre seigneur vous paie pour le voler et non pour lui donner des conseils.
En ce moment un garde-chasse passa derrière mon oncle, et d’un revers de main lui enleva son tricorne, qui tomba dans la boue. Benjamin était d’une force musculaire peu commune ; il se retourne, le garde avait encore aux lèvres le gros sourire qu’y avait fait épanouir son espièglerie. Mon oncle, d’un coup de son poing de fer, envoie l’homme à banderolle moitié dans le fossé, moitié dans la haie qui bordait la route. Les camarades de celui-ci voulaient le tirer de la position amphibie dans laquelle il se trouvait engagé, mais M. de Cambyse s’y opposa. – Il faut, dit-il, que le drôle apprenne que le droit d’insolence n’appartient pas aux vilains.
Au fait, je ne conçois pas mon oncle, ordinairement si philosophe, de n’avoir point cédé de bonne grâce à la nécessité. Je sais bien que c’est vexant pour un fier citoyen du peuple, qui sent ce qu’il vaut, d’être obligé de saluer un marquis. Mais, quand nous sommes sous le coup de la force, notre libre arbitre est supprimé ; ce n’est plus une action qui se fait, c’est un résultat qui se produit. Nous ne sommes plus qu’une machine qui n’est point responsable de ses actes ; l’homme qui nous fait violence est le seul auquel on puisse reprocher ce qu’il y a de honteux ou de coupable dans notre action. Aussi ai-je toujours regardé comme une obstination peu digne d’être canonisée la résistance invincible des martyrs à leurs persécuteurs. Vous voulez, vous, Antiochus, me jeter dans l’huile bouillante si je refuse de manger de la viande de porc ? Je dois vous faire observer d’abord qu’on ne fait pas frire un homme comme un goujon ; mais, si vous persistez dans vos exigences, je mange votre ragoût, et même je le mange avec plaisir s’il est bien accommodé ; car c’est à vous, à vous seul, Antiochus, que la digestion en sera funeste. Vous, monsieur de Cambyse, vous exigez, votre fusil sur ma poitrine, que je vous salue ? eh bien ! marquis, j’ai l’honneur de vous saluer. Je sais bien qu’après cette formalité vous n’en vaudrez pas plus et que je n’en vaudrai pas moins. Il n’y a qu’un cas où nous devons, quelque chose qu’il arrive, nous roidir contre la force : c’est quand on veut nous forcer de commettre un acte préjudiciable à la nation ; car nous n’avons pas le droit de faire passer notre intérêt personnel avant l’intérêt public.
Mais enfin, telle n’était pas l’opinion de mon oncle ; comme il se tenait ferme dans son refus, M. de Cambyse le fit saisir par ses valets et ordonna qu’on retournât au château. Benjamin, tiré par devant et poussé par derrière, empêtré dans son épée, protestait cependant de toute sa force contre la violence qu’on lui faisait subir, et trouvait encore moyen de distribuer à droite et à gauche quelques bourrades. Il y avait bien dans les champs voisins des paysans qui travaillaient : mon oncle les appela à son secours ; mais ils se gardèrent bien de faire droit à ses interpellations, et même ils rirent de son martyre pour faire leur cour au marquis.
Quand on fut arrivé dans la cour du château, M. de Cambyse ordonna qu’on fermât la porte. Il fit appeler tous ses gens au son de la cloche ; on apporta deux fauteuils, un pour lui et un pour son intendant et il commença avec cet homme un semblant de délibération sur le sort de mon pauvre oncle. Lui, devant cette parodie de justice, se tenait toujours fier, et même il avait conservé son air dédaigneux et goguenard.
Le brave intendant opina à vingt-cinq coups de fouet et quarante-huit heures de cachot dans le vieux donjon ; mais le marquis était de bonne humeur ; il avait même, à ce qu’il paraît, une pointe de sillery dans la tête.
— As-tu quelque chose à alléguer pour ta défense ? dit-il à Benjamin.
— Viens avec moi, répondit celui-ci, avec ton épée, à trente pas de ton château, et je te ferai connaître mes moyens de défense.
Alors le marquis se leva et dit :
— La justice, après en avoir délibéré, condamne l’individu ici présent à embrasser M. le marquis de Cambyse, seigneur de tous ces environs, ex-lieutenant de mousquetaires, capitaine louvetier du bailliage de Clamecy, etc., etc., dans un endroit que mondit seigneur de Cambyse va lui faire connaître. Et en même temps il défaisait son haut-de-chausses. La valetaille comprit son intention ; elle se mit à applaudir de toutes ses forces et à crier : Vive M. le marquis de Cambyse !
Pour mon pauvre oncle, il rugissait de colère ; il dit plus tard qu’il avait craint d’être frappé d’apoplexie. Deux gardes-chasse le tenaient en joue, et ils avaient reçu ordre du marquis de tirer à son premier signal.
— Une fois, deux fois, dit celui-ci.
Benjamin savait le marquis homme à exécuter sa menace, il ne voulut pas courir la chance d’un coup de fusil, et… quelques secondes après, la justice du marquis était satisfaite.
— C’est très bien, dit M. de Cambyse, je suis content de toi, tu peux te vanter maintenant d’avoir embrassé un marquis.
Il le fit conduire par deux gardes-chasse au port d’armes jusqu’à la porte cochère. Benjamin s’enfuit, pareil à un chien auquel un mauvais garnement a attaché un sabot à la queue. Comme il était sur la route de Corvol, il ne se donna pas le temps de changer de direction et alla droit chez M. Minxit.