Modorf-les-bains/31

Maladies de l’appareil respiratoire, Catarrhe chronique de la gorge. Surdité. Ozène.

La pharyngite chronique est une affection fort commune dans nos climats humides. Elle s’y montre à tous les degrés et avec toutes ses complications désagréables, depuis la toux sèche, la simple raucité de la voix, jusqu’à l’extinction de la parole, aux altérations de l’ouïe et à l’ozène. Cette dernière, la mauvaise haleine, constitue notamment une des infirmités les plus repoussantes, qu’on puisse se figurer. La pharyngite est essentiellement une maladie de pays et de race ; car la cause réside évidemment dans le grand nombre de rhumes de cerveau, d’angines, que les habitants du Nord de la France, des Pays-Bas, de la Grande-Bretagne etc., doivent subir en vertu de leur climat maritime. Quel est le chiffre des rhumes qu’on gagne avant d’arriver à l’âge adulte ? Et comment se ferait-il que cette répétition constante d’irritations de la muqueuse du nez, de la gorge et du larynx (toutes ces parties sont plus ou moins solidaires au point de vue pathologique), reste sans suites, et ne crée à la fin du compte un état maladif permanent. Finalement il doit donc en résulter une disposition héréditaire, inhérente à la race. Comparez p. ex. le langage d’un français du Nord avec celui d’un Marseillais, celui du Berlinois nasillard avec les accents harmonieux d’une fille des bords du Danube bleu ou des montagnes du Tyrol ! Quelle différence ! Il est certain que l’abus du tabac, des boissons alcooliques concentrées, y est aussi pour quelque chose ; mais en somme c’est une question de climat.

Dans les degrés ordinaires, le catarrhe pharyngien se traduit tout bonnement par un timbre rauque de la voix, par une petite toux sèche qui exprime les efforts que font les muscles de la gorge pour débarrasser celle-ci de la sécrétion visqueuse qui s’y est amassée durant le sommeil. Ces glaires, fortement collantes au gosier, sont de consistance gélatineuse, grisâtres, le plus souvent colorées par la poussière, ou par le charbon des lampes, des wagons de chemin de fer, etc. Il n’y a guère que les personnes timorées qui s’émotionnent de ces symptômes, surtout quand les efforts opiniâtres, désordonnés de cette toux, appelée souvent nerveuse, produit l’apparition d’un filet de sang.

Chez bien des personnes, l’irritation de la gorge se complique tôt ou tard de surdité, et c’est précisément le catarrhe chronique de l’oreille moyenne, résultant de l’état que je viens de décrire, qui amène le plus de patients dans le cabinet du spécialiste. Qu’ils sont à plaindre, et les premiers et le dernier ! A celui-ci on demande des miracles qui sont impossibles, tandis que lui il réclame de ses patients un traitement ennuyeux de longue haleine, qui est rarement bien compris, et tout aussi rarement bien fait. On se quitte 99 fois sur 100 en maugréant et sans obtenir le moindre résultat. Aux eaux c’est différent ; il y a moyen d’y instituer un traitement rationnel ; mais on peut surtout initier le patient aux pratiques nécessaires et le surveiller dans leur emploi. J’ai obtenu par les douches nasales d’eau minérale, par les inhalations, de fort bons résultats, et cela même dans le cas de suppuration de l’oreille, qui certes est mal notée par tous les praticiens. Il est fort souvent déjà louable de pouvoir arrêter la surdité progressive et d’éviter les degrés extrêmes de cette infirmité, la plus désolante de toutes.

L’ozène provient généralement d’un catarrhe suppurant des fosses nasales et de l’arrière gorge, dont les produits exhalent une odeur nauséabonde. Beaucoup de ces patients ignorent jusqu’aux simples moyens de nettoyer le cavité nasale par des injections appropriées et deviennent un objet de répulsion pour leur entourage. Comme le mal se développe communément sur une base lymphatique, la cure de Mondorf est indiquée ici d’une manière absolue, de même que l’emploi d’un traitement local énergique.

Il en est autant des affections des yeux qui se développent très souvent en vertu de la dyscrasie lymphatique, et les conjonctivités chroniques, les kératites ulcéreuses (taies de la cornée) subissent une modification heureuse sous l’influence de nos eaux.