Mister Flow/Chapitre 05

Librairie Baudinière (p. 107-119).

V

Je sais ! Je sais ! Cambrioler dans ces conditions-là, ce n’est pas voler ! Oh ! elle me l’a assez dit ! C’est même le contraire d’un vol !… Pensez, je rapporte à sa propriétaire une fortune dont elle a légalement le droit de disposer. Simple question de déplacement. Je déplace des bijoux pour éviter à une noble dame de se déranger. Simple politesse. Évidemment, je ne mérite pas un prix Montyon, mais je ne risque tout de même pas les galères !… Helena ne comprend pas mon hésitation et elle a des arguments d’une solidité à toute épreuve, je ne le conteste pas.

Mais enfin, il y a des gestes auxquels je ne me ferai jamais ! Enfoncer une porte ! faire sauter une serrure ! Enfin, je ne me vois pas la pince-monseigneur en main !

Darling, m’a-t-elle dit, vous réfléchirez. Je vous jure que cela en vaut la peine !

Cela aussi, je le sais !… Et voilà justement toute la raison de ma fièvre…

Cette nuit, j’étais revenu seul dans ma chambre et je n’avais même pas le courage de me déshabiller. Dans un fauteuil, devant la fenêtre ouverte, je rêvais tout éveillé. Tantôt, je me voyais galopant dans la pampa, vêtu d’un magnifique costume de cow-boy, les jambes gainées de « chaparals » en peau de mouton, comme on en voit au cinéma ; tout m’appartenait jusqu’à l’horizon, les terres, les troupeaux innombrables, les baizaudas (c’est bien ainsi que l’on dit, du côté de Rio-Negro, je crois), un peuple d’esclaves était à moi ! Helena galopait à mes côtés, élégamment bottée de cuir fauve, un feutre sur l’oreille, plus belle et plus désirable que jamais. Le soir, une hacienda aux fraîches galeries, aux piliers fleuris, nous accueillait avec tout le confort moderne, cependant que les intendants saluaient jusqu’à terre…

Mais tantôt, je me retrouvais dans un couloir d’hôtel, guettant le moment propice d’utiliser certains ustensiles spéciaux que je dissimulais autant que possible dans les poches intérieures de mon pardessus… Soudain, l’alarme était donnée… De nombreux domestiques se précipitaient et l’on me ramenait à Paris entre deux gendarmes. Je passais en cour d’assises, à côté de Mister Flow, que Moro-Giafferri faisait acquitter avec félicitations du jury, tandis que je prenais le chemin de l’Ile de Ré (je pense beaucoup à cette île depuis quelque temps)… Des bêtises, des niaiseries ! Helena a raison. Je ne suis pas encore un homme. J’ai de vagues désirs, de vagues colères, de vagues indignations. Ma misère fait de moi un bolcheviste à la mie de pain et quand, par un hasard inespéré et cependant logique à mon âge (le hasard de l’amour !) la fortune vient me forcer la main, j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou !

Fuis !… Et d’abord, le peux-tu ? Mieux que Durin, Helena te tient, maintenant ! Rappelle-toi son regard quand elle t’a dit : « Vous réfléchirez, darling ! » Crois-tu donc qu’elle va te laisser partir avec son plus aimable good bye après qu’elle a joué devant toi son va-tout ? Car elle est brave, elle ! Elle s’est livrée tout entière. Ce n’est pas seulement son corps qu’elle t’a donné, c’est sa vie ! Tu peux la dénoncer à Archibald : preuve qu’elle t’aime !… Et elle a trahi Durin pour toi ! Tu connais, maintenant, son secret. Oui, très cher, tu peux réfléchir !… Vous êtes bien accrochés tous les deux !… T’en plaindras-tu ? N’était-ce pas ce que tu voulais ? Et qu’est-ce qu’elle te demande en échange de la fortune qu’elle t’apporte ? Que tu veuilles bien te déranger pour la prendre… Et c’est cela qui te chiffonne !…

Ah ! si lady Helena avait bien voulu se déranger elle-même ! Mais le programme ne le comporte pas. Et comme elle est pleine de pitié pour toi, elle te l’a prouvé tout de suite, en t’expliquant comment l’affaire se présente :

Faisant suite à l’appartement d’Helena, il y a une chambre qu’on a louée en même temps et qui, le verrou tiré, communique avec cet appartement. C’est là que dort Fathi, près du trésor enfermé dans un petit coffre-fort comme on en voit souvent dans les palaces et qui est scellé, au fond d’un placard, dans le mur. Contre ce placard, l’Hindou, qui ne dort jamais dans un lit, a établi sa couche : un tapis, un coussin. La porte communiquant avec l’appartement reste ouverte toute la nuit. Au moindre appel, Fathi doit accourir. Mary couche dans les chambres de domestiques.

Helena appellera. Elle sera malade, très malade. Fathi accourra et elle ne le lâchera plus. Elle en fait son affaire. Pendant ce temps-là, moi, j’opère. Avec, comme port de refuge et d’observation, le lavabo dans le corridor, en face de la chambre de Fathi.

Pour le reste, Helena s’en charge. Tout sera réglé la nuit même, l’affaire ayant été traitée à l’avance avec un certain courtier en bijoux qui travaille beaucoup au palace et dont la chambre est dans l’aile de l’hôtel habité par Helena. Qu’est-ce qu’il risque ? Il recevra les bijoux de la main même de la propriétaire. Il donnera les chèques. Affaire correcte, avec reçu. Et le coffret aura quitté l’hôtel avant le jour.

Comme tout cela est d’un simple !… Eh bien, non !… Moi, je trouve que tout cela est effroyablement compliqué ! Peut-être que si j’étais « de la partie », je trouverais que c’est l’enfance de l’art et qu’il n’est point de coup plus classique… Mais je ne suis point de la partie ! Je n’ose pas dire que je le regrette, car enfin, n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’un vol ! mais ça en a trop l’air, vraiment, ça en a trop l’air !

Seigneur Dieu, que ces nuits d’août sont chaudes !… Ma fenêtre est grande ouverte et pas un souffle ne vient de la mer. Des nuages bas nous ont mis toute la journée sur la tête une calotte de plomb. J’ai la gorge en feu. Je n’ai pas encore quitté mon smoking, ni ma figure d’apparat. Il faut qu’elle soit solide, ma figure, pour ne pas couler par cette température. Décidément, la fourniture de Victor est de premier choix !… Un coup de brosse sur les cheveux, le pinceau sur ma cicatrice… et je sors. Il faut que je marche. Il faut que je réfléchisse… Non ! il faut que je boive !… Le casino, une fournaise : le jeu aux enfers. Et des femmes. des femmes qui ont remplacé les robes par les bijoux… des femmes nues, les mains pleines d’or !… Et moi, « pas un jeton de vingt francs ! » Quelle situation dans un milieu pareil, quatre jours avant le Grand Prix. C’est insupportable ! C’est injuste ! Helena a raison !

J’ai encore quelque monnaie dans ma poche. Je fuis vers le bar où Harry m’accroche naturellement… Et nous buvons !…

Invasion des I. B. F. Très excités, ces chers Blue-Bottle-Flies. On joue des tournées au poker dice… Toutes les soucoupes pour moi : Damn it all ! Comme dit Harry : « Après les gin-fizz et un certain cocktail au rhum blanc qui vous embrase la gorge, on éprouve le besoin de se rafraîchir avec du champagne à dix louis la bouteille. »

Je compte sur un petit avantage de la fortune pour me débarrasser d’un coup de mes encombrantes soucoupes. Mais j’ai devant moi des piles à construire un temple, le temple de l’I. B. F., et je continue à en faire tous les frais. Sortez donc de votre hôtel pour prendre une citronnade ! Goodness Goshness, Mrs Agnes ! comme dit le nègre du jazz ! Un billet de mille ne suffirait pas à régler mon addition !

En vérité, les « petites mouches bleues » ne se seront jamais tant amusées. Harry me décoche une tape formidable dans le dos. Je vais toucher la barre du menton : Membors bumping their chins on the bar rail… sont suspendus pour dix jouis, il me faut encore racheter cette pénalité par deux autres bouteilles. Au point où j’en suis ! Mais je réplique à Harry que les claques dans le dos « doivent être données avec une certaine douceur, passé six verres » suivant le règlement. On me donne raison. Deux bouteilles pour Harry. Cheery oh !

Le poker dice roule et Harry me passe encore ces bouteilles-là… Hell !

Tous me quittent après une solennelle et très solide distribution de poignées de main et avec une encourageante promesse de me proposer pour le comité, à la prochaine vacance. On va peut-être me nommer tsé-tsé fly ! Quel honneur ! Je remercie en déclarant que tout s’est passé de façon à me donner la plus entière satisfaction…

Je vais au fond de mes poches… Il me reste en tout et pour tout trois francs soixante-quinze…

— Cela arrive ici ! me dit le barman… Que Monsieur ne se préoccupe pas ! (Il a dû me voir avec lady Helena). Je prends la petite chose à mon compte !

Je file après un geste de condescendance. Moi aussi, j’ai des dettes, maintenant. Je dois dans les quatre-vingts louis à un garçon de café. Si Helena n’est pas satisfaite de son élève !

Je me trouve devant sa porte sans que je puisse dire exactement comment cela m’est arrivé. Elle m’ouvre tout de suite. Elle non plus ne dormait pas. « Je vous attendais, dit-elle, je vous ai entendu ressortir ! » Elle n’a pas besoin de me demander d’où je viens ! La brique cuite de Mr. Prim a dû passer au rouge flammé des poteries de Valoris. J’éprouve quelques difficultés à former mes mots.

Elle me regarde et se met à rire : « Well, petit chéri darling, voilà tout à fait comme je vous désire pour parler d’affaires sérieuses… Vous êtes maintenant « le cran supérieur » !

Je l’assieds : « Helena, je voudrais savoir… vous permettez que je vous demande… je voudrais savoir ce qui… arriverait si Fathi revenait dans… dans sa chambre… quand… quand je serai en train de faire… de faire la chose, yes !… »

— Mais, petit chéri, il vous « entrerait dedans » ! Mais moi j’accourrais tout de suite et je demanderais grâce pour cet excellent Mr. Prim en lui expliquant que vous avez fait cela sur mes ordres. Et j’ajouterais, très certainement : « Assez, Fathi ! no scandale ! »

— Vous ajouteriez : « Pas de scandale !… » C’est, en effet, assez… logique, en somme !…

— Très logique… Fathi, qui aurait les bijoux, ne ferait aucun scandale, assurément !…

— Assurément !…

— Seulement, il avertirait sir Archibald et, de ce jour, Mr. Prim cesserait d’être l’ami de sir Archibald !

— Ceci aussi est assez… logique…

— N’est-ce pas, en vérité…

— En vérité ! maintenant, chère Helena, je voulais encore savoir… ce qui arriverait si j’étais surpris… autour de la serrure… dans le corridor…

— Là, il y aurait scandale, mais on l’étoufferait très facilement, n’est-ce pas ? Je veille derrière ma porte, j’ouvre… et je raconte tout : « Vous êtes un ami très dévoué qui a eu pitié de moi parce que mon mari me laisse pennyless, sans argent et que vous avez obéi à moi pour que je puisse disposer de mes bijoux qui sont à moi et non à Fathi, je pense ! Aussitôt, l’affaire est arrangée avec le directeur, qui est très gentil… et qui ne tient pas non plus au scandale… Comment trouvez-vous cela ?…

— Je trouve cela assez logique, encore !…

— Et n’oubliez pas, petit chéri darling, que s’il y a un petit ennui, ce n’est pas vous qui en souffrirez… mais ce pauvre Mr. Prim !… Poor, poor Mr. Prim !

— Je vous promets de ne pas l’oublier. J’y penserai tout le temps !…

— Y a-t-il vraiment quelque chose de plus « mou » que cette affaire, je vous le demande ?

— Je me le demande !…

Je me le demande avec attendrissement… et c’est encore les larmes aux yeux que je dis à Helena : « Chère Helena, je crois que demain les choses iront bien ainsi… »

— J’en suis sûre ! réplique-t-elle…

Sur quoi, elle me prie, très gentiment, d’aller dormir chez moi, pour la décence…

J’obéis. Je veux toujours lui obéir. Cette femme est pleine d’idées. Que ferais-je au monde si je n’avais pas rencontré cette femme-là ? Elle pense à tout !… On peut la questionner, elle a réponse à tout !… Chère Helena !…

Je suis tombé sur mon lit, tout habillé. Je me suis réveillé à midi. Alors je me suis vraiment déshabillé pour connaître la fraîcheur des draps. Et j’ai dormi jusqu’à cinq heures !… C’est avec un violent mal de tête que je me retrouvai sur pied, mais, une heure après, la douche aidant, je me retrouvai en forme et dans un état d’esprit résolu à ne pas trop m’embarrasser des contingences. Le souvenir des quatre-vingts louis que je devais au barman fut loin de m’être désagréable. C’est tout juste s’il ne me remplit point d’admiration pour moi-même. Ma foi, je puis bien le dire : j’étais fier de moi !

Parti d’un si beau pas, ce fut, pour la première fois, sans trop d’effroi que j’entrevis au bout de ma route la caverne dont cette chère Helena se préparait à me faire les honneurs. Et je suis sûr que l’on me pardonnera ma pusillanimité passée en considérant les sacrifices moraux auxquels, pour rester à la hauteur des événements, je devais consentir. Ce qui se préparait n’était qu’une comédie, mais combien d’autres, si décidés qu’ils fussent à sortir de leur médiocrité, se fussent enfuis devant les accessoires !… J’en reviens toujours à cette pince-monseigneur ! Eh ! mon Dieu oui !… Il y a comme cela certains préjugés, dont on a, je vous assure, le plus grand mal à se défaire, pour peu que l’on ait été élevé en province, par une mère pratiquante, par un père marguillier et qu’on ait passé son bachot sous les auspices d’un bien honorable ecclésiastique, professeur d’une philosophie à la mode du temps de M. Janet…

Vraiment, pour secouer tout cela avec la poussière de ses escarpins (c’était un jeudi et mon bracelet-montre acheté à Rouen marquait 7 h. 25), il ne fallait pas, comme on dit, « manquer de caractère », enfin d’une certaine force d’âme. Lady Helena m’avait révélé à moi-même ! Il avait suffi pour cela qu’elle me donnât sur ma situation les éclaircissements que je lui demandais et qui m’avaient, autant qu’il m’était possible de me le rappeler, séduit par leur logique.

Je ne vous décrirai point la robe dans laquelle je la trouvais, bien qu’elle fût d’une fraîcheur et d’un luxe éblouissant. Nous touchons à des événements trop graves pour que je m’attarde maintenant à de pareils détails. Helena avait été aux courses où un book lui avait fait l’aumône de l’inscrire pour un pari de cinq cents louis qu’elle avait perdu et elle revenait du polo. Elle me dit : « Allez enlever votre tuxedo et revenez me trouver. Je vous donne dix minutes ! »

Et comme je la regardais, sans comprendre : « Vous dormez encore peut-être, darling ! Allez donc ! Go on ! » et elle appela Mary pour qu’elle la débarrassât de sa toilette. Je la retrouvai en tailleur, la tête enfouie dans une toque jusqu’au menton. Elle sourit à mon ahurissement. « Rudy, vous êtes tout à fait droit, maintenant, très cher ? Vous n’êtes plus jingled ?

— Tout à fait droit, Helena, tout à fait droit !

O. K. ! Avez-vous pensé à ce poor Mr. Prim ?

— J’ai pensé à ce poor Mr. Prim et je souhaite de tout mon cœur qu’il ne lui arrive pas trop de désagréments !

— Bien, je vous aime ainsi, ma foi ! Rudy ! Vous avez un humour très distingué ! You’r splendid ! Vous devenez un parfait gentleman, je vous assure ?… Maintenant, prenez le sac, derrière mon lit ? Hullo ! Qu’avez-vous ? prenez le sac ! Vous êtes venu avec le sac, personne ne s’étonnera de vous voir l’emporter !… Du reste, rassurez-vous, Rudy, vous le rapporterez !…

Je pris le sac, le damné sac, qui ne m’avait jamais paru si lourd, si encombrant, si… indésirable !… Où allions-nous, avec ce sac ?… Où allions-nous avec ce sac ?… Rien de tout cela n’était dans le programme. La poignée tremblait dans ma main et je suais à grosses gouttes. Helena marchait devant moi. Si elle s’était retournée, je lui aurais fait pitié !…

Dans le vestibule, je fus encore en proie aux valets qui voulaient me prendre le sac. Je le défendais mollement. Helena, impatientée, me jeta :

— Laissez donc porter le sac dans mon auto, mister Prim !

La « conduite intérieure » nous attendait, nous deux et le sac !

— Où allons-nous donc ?

— Nous promener !…

Une angoisse insupportable commençait à me posséder. Je serrais les dents, je me rappelle cette minute comme une des plus mystérieusement inquiétantes et des plus insupportables qu’il m’ait été donné de vivre. Nous avions quitté la route de Villers pour prendre une allée assez obscure, sous de grands arbres, déjà pleins de nuit et de silence. Nous fîmes le tour d’une propriété dont toutes les issues étaient closes. Arrivés derrière un haut mur, Helena arrêta l’auto et, lestement, sauta à terre. Je ne perdais pas un de ses gestes. Ils n’étaient point pour me rassurer.

Elle examinait, d’un coup d’œil rapide, les champs déserts, jusqu’à la haute futaie, se penchait au-dessus d’une haie, regardait le ciel où glissaient de gros nuages noirs, accourus avec le vent d’Ouest qui venait de s’élever. Puis elle revint à l’auto et me dit :

— Vite ! venez ! la lune va se montrer !

Elle avait une voix de commandement à laquelle on ne résiste pas. Je vous jure que ce n’était pas l’envie qui m’en manquait. Je ne tenais nullement à descendre dans cette solitude, moi !… Et, pourquoi faire ?… Pourquoi faire ?… « Eh bien ? gronda-t-elle… et le sac ?… »

Ah ! oui, le sac ! Automatiquement, ma main descendit sur le sac et, une fois de plus, je la suivis.

Elle se dirigea vers une petite porte, la seule par laquelle on pouvait, de ce côté, pénétrer dans la propriété. Elle ne paraissait nullement inquiète. Je l’étais pour elle. Je posai le sac. Je n’en pouvais plus.

Elle sortit d’une poche de son manteau un trousseau de grosses clefs et, tout de suite, trouva celle qui ouvrait la serrure. Je ne bougeais pas. Elle me poussa dans un vaste potager, prit elle-même le sac et, refermant tranquillement la porte, me dit :

— Es-tu bête ! Tu vois bien qu’il n’y a personne !

Je soufflai : « Il y a nous ! » Elle haussa les épaules. Nous étions derrière une vaste villa, dans le style normand, tout ce qui se fait de mieux dans le genre, des toits en pente, des galeries.

Encore une clef dans une serrure. Nous sommes dans la cuisine, une magnifique cuisine, avec toutes ses batteries bien rangées contre les murs. Vision rapide. Porte refermée. Le noir. Et puis, tout à coup, un fuseau de lumière entre les doigts d’Helena. Petite lanterne sourde. Et Helena, de sa voix bien posée :

— Ouvrez le sac, darling !… Nous allons travailler !…