Mirages (Renée de Brimont)/Soleil sur l’eau

MiragesEmile-Paul Frères (p. 20-21).

SOLEIL SUR L’EAU

Soleil, soleil, vous dispersez
à travers les rameaux blessés
par l’Automne aux rigueurs naissantes,
vous dispersez votre trésor,
l’essaim muet des guêpes d’or
lumineuses et frémissantes.

Soleil, vous dont l’aube a rêvé,
pour vous accueillir, j’ai levé
mes mains en forme de corbeille ;
vous glissez le long de mes doigts…
Sur le sable, à mes pieds, je vois
l’ombre mince qui m’est pareille.

Je vous offre tout ce que j’ai,
Soleil ! Le jardin négligé,
le mur vêtu d’un lierre triste,
la vigne où pend un raisin noir,
et la terrasse, et ce miroir :
l’étang d’opale et d’améthyste.

Parmi les nymphéas déclos,
jouez, Soleil, jouez sur l’eau

que ride une brise, au passage…
Jouez ! Ce miroir est à moi,
et j’irai voir dans son œil froid,
nimbé du vôtre, mon visage !