Mirages (Renée de Brimont)/Refloraisons

MiragesEmile-Paul Frères (p. 116).

REFLORAISONS

Écoutez-moi. Dans l’heure qui s’apaise
votre âme aussi doit apaiser ses fièvres
et consentir. Des mots sont sur mes lèvres
que vous devez entendre, je le veux.
— Où sont, hélas ! nos fragiles aveux ?…
Mais j’ai cessé la querelle mauvaise ;
je n’ai pour vous nul fade et vain pardon,
nulle rancune ardente ou résignée.
Rassurez-vous — je viens, d’ombre baignée,
et pâle, et calme, et grave, avec des yeux
plus indulgents et plus mystérieux
d’avoir scruté les ombres de nos âmes.
Vous qui, jadis, ne vouliez point entendre,
écoutez-moi — c’est remuer la cendre
et n’aspirer qu’un reflet de parfum ;
l’heure n’est plus du long émoi défunt,
mais sachez-le : mes larmes répandues,
amère pluie, ont en moi fécondé
d’autres moissons. — Ah ! tendresses perdues,
cristal brisé comme une destinée,
roses d’hier !… Mais des roses fanées
voici qu’en moi d’autres roses sont nées.