Mirages (Renée de Brimont)/Devant une eau…

MiragesEmile-Paul Frères (p. 106).

LI

Devant une eau perfide et qui fuit mon étreinte
ou dont l’âme tarit aux soleils de Juillet
mon cœur a pressenti les longs soirs inquiets…
Car en nos voluptés se glisse un peu de crainte.

Aimer… Et puis craindre d’aimer !… Sais-je pourquoi
l’amour nous enferma sous un réseau fragile,
pourquoi brève est la flamme en sa lampe d’argile,
moins sonore l’écho qui répond à ma voix ?

Sais-je pourquoi l’été, déjà, sur mon visage
a disposé les plis de ses voiles flottants,
pourquoi se meurt le jour… pourquoi l’ombre s’étend ?
Or d’ombres et d’échos sont tramés les présages.

Je sais qu’au philtre doux se mêlera demain
sans doute, une saveur étrangement amère…
Et comment ignorer ce qu’elle a d’éphémère,
la rose impériale ouverte dans ma main !