Georges Thone (p. 76-77).

SCÈNE IV.


(Devant le rideau, le dieu Temps et la fée Espace.)

LE DIEU TEMPS.

Dinant. En face, Bouvignes ; Montorgueil devant Crèvecœur, témoins de pierre de la rivalité des deux villes que sépare le fleuve et que dressèrent longtemps, face à face, des princes étrangers.

Dinant et Bouvignes, toutes deux batailleuses et braves, si proches et si lointaines.

Dinant, vouée aux incendies par ses maîtres d’un jour mais resplendissant sans cesse à nouveau, au soleil de la liberté, comme un bijou de cuivre ciselé.

Bouvignes qu’illustra à jamais la légende des dames de Crèvecœur.

LA FÉE ESPACE.

Évoquons-la simplement, dieu Temps, comme le fit, en vers naïfs, sous forme de complainte dans une de ses wallonnades, Grandgagnage, un des bons fils de ce pays.

LE DIEU TEMPS.

Il avait pris la forme d’un bourgeois de l’époque romantique, baptisé par lui Alfred Nicolas, qui s’en allait, par le royaume, cueillant, en ses voyages, tout farcis d’aventures, les souvenirs et les histoires, les charmants souvenirs et les bonnes histoires.

LA FÉE ESPACE.

Avec son secrétaire, le fidèle Gaspard, notre Namurois est à Bouvignes. Ils se disposent à monter aux ruines de Crèvecœur lorsque, nous conte-t-il, ils rencontrent un pauvre aveugle, qui, le chapeau à la main, chantonne une complainte.

C’est La légende des dames de Crèvecœur.