Mercure galant/Juillet 1702

Mercure galant
Mercure galant, juillet 1702juillet 1702 (p. 1-45).


MERCURE
GALANT
DÉDIÉ À MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN
JUILLET, 1702.
À PARIS,
Chez Michel Brunet, Grande Salle du
Palais, au Mercure galant.



COmme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir le Mercure, ce qui en augmente consirablement les frais, on ne peut se dispenser d’en augmenter le prix. Ainsi les volumes qui seront reliez en veau se vendront doresnavant trente-huit sols, quant aux volumes qui seront reliez en parchemin, on n’en payera que trente-cinq. Les Relations se vendront autant que les Mercures.

Chez Michel Brunet, grande Salle du Palais, au Mercure Galant.

M. DCCII.
Avec privilege du Roy.

AU LECTEUR.

IL y a lieu de croire qu’on ne lit plus l’Avis qui a esté mis depuis tant d’années au commencement de chaque Volume du Mercure, puis que malgré les prieres réiterèes qu’on a faites d’écrire en caracteres lisibles les Noms propres qui se trouvent dans les Mémoires qu’on envoye pour estre employez, on neglige de le faire, ce qui est cause qu’il y en a quantité de defigurez, estant impossible de deviner le nom d’une Terre, ou d’une Famille, s’il n’est bien écrit. On prie de nouveau ceux qui en envoyent d’y prendre garde, s’ils veulent que les noms propres soient corrects. On avertit encore qu’on ne prend aucun argent pour ces Mémoires, & que l’on employera tous les bons Ouvrages à leur tour, pourvu qu’ils ne desobligent personne, & que ceux qui les envoyeront en affranchissent le port.


MERCURE
GALANT
JUILLET, 1702.



LEs grandes & surprenantes actions du Roy donnent toujours une juste occupation aux Muses. Ce monarque est le premier qu’on ait appelé le Héros de toutes les saisons. Lui pouvait on refuser ce titre, aprés qu’on luy a veu soumettre en huit jours une Province toute entiere pendant les plus fortes rigueurs de l’Hiver ? On peut ajouter à cet Eloge qu’il sera le Heros de tous les Siecles, puisqu’il est tres-vraysemblable que les Siecles à venir ne produiront aucun Souverain assez accomply. Je ne dis pas pour aller au de là de ce que l’amour de la Gloire a fait entreprendre à ce Monarque, mais mesme pour l’égaler dans ce qu’il a fait d’extraordinaire. Et jusqu’où n’auroit il pas pû porter ses projets, s’il n’avoit esté toujours également moderé & genereux. Vous trouverez l’idée de cette glorieuse verité dans le Sonnet que vous allez lire.

AU ROY.


HEros dont la grandeur est le suport des Rois.
Monarque que distingue un merite sublime ;
Azile où la vertu regne & detruit le crime.
Conquerant sans égal dont on aime les Lois.

*
La jalousie en vain se dispute des droits

Qu’autorise le Ciel d’un aveu légitime !
Tes envieux seront à jamais la Victime
De ce bras qui les a dissipez tant de fois :

*
Sous tes ordres, Grand Roy, l’on verra ta Milice
Vaincre tous les efforts, l’audace & l’injustice
Du Belge, du Germain, de l’Isle d’Albion ;

*
Ils ont beau se liguer pour obscurcir ta gloire,
Rien ne peut faire obstacle au cours de ta Victoire,
Que peut seul arrester ta moderation.


Ce Sonnet est de Mr  Daubicourt. Vous ne serez pas fâchée d’en voir d’autres à la gloire de Sa Majesté. Voicy ce que Mrs de l’Academie des Lanternistes de Toulouse ont fait publier touchant celuy qui a remporté le prix cette année.

Le public aura sans doute du plaisir de voir avec quel succés on remplit nos Bouts Rimez, & combien on se perfectionne dans cette agreable exercice. On en pourra juger par le Sonnet qui a remporté le prix. Cet ouvrage est de la composition de Mr de Nolet Cadhillac, qui est né, pour ainsi dire, dans le sein des Muses. Son illustre Famille a toujours cultevées, & c’est là particulierement qu’elles aiment à faire entendre leurs charmants Concerts. Voicy le Sonnet victorieux ; Nous y en avons ajouté plusieurs autres, où la beauté des pensées & le feu de Poësie se font également sentir. On laisse aux Connoisseurs à en décider, & c’est devant leur Tribunal équitable que nous renvoyons certains Auteurs mècontens, qui tâchent à nous décrier, parce que leurs ouvrages n’ont pas eu le bonheur de réussir.

On a averti plusieurs fois que les Sonnets à Rime composée ne seroient point reçeus. Cependant on n’a pû se dispenser de faire imprimer le septiéme, à cause de ses grandes beautez.
AU ROY.
Premier Sonnet qui a remporté le Prix.



QUel spectacle terrible à mes yeux se         déploye !
J’entens de toutes de toutes parts de
foudroyans                                                           concerts ;
Bellone est en courroux, Mars trouble nos          deserts,
Et d’une Paix charmante il interrompt la             joye.

*

On vit moins de Guerriers s’assembler contre    Troye.
Pour qui prepares-tu, Fortune, tes                       revers ?
C’est pour nos Ennemis, qui de honte                 couverts,
Bien-tost du grand Louis vont devenir la             proye.

*
Ainsi par ses hauts faits deux siecles                  embellis
Feront briller toûjours la splendeur de nos           Lis,
Aux plus loingrains climats leur gloire                  répanduë.

*
Que pourra des jaloux l’inutile                             fureur ?
Ta puissance, Grand Prince, en tous lieux           étenduë,
Dans les cœurs les plus fiers va porter la            terreur.


PRIERE POUR LE ROY.

Conservez nostre Auguste Maistre,
Ce Heros que nous vous devons
Seigneur, vous pouvez seul connoistre,
Le besoin que nous en avons.

II. SONNET.


MUSES, qu’en ce beau jour tout votre art se   déploye ;
Que d’objets éclatans s’offrent à vos             concerts !
Louis comble nos vœux, & dans nos champs        deserts
Rétablit, entretient l’abondance & la                        joye.

*
Tel, & plus sage encor que le Vainqueur de              Troye,
Du fort capricieux il prévient les                               revers ;

Ses augustes vertus, & ses desseins                       couvers
Forcent l’Aigle orguëilleuse à luy rendre sa              proye.

*
Par toy les bords du Tage, en tous lieux                  embellis,
Brillent moins de leur or que de l’éclat des              Lis,
De l’Aurore au Couchant sa gloire est                     répanduë.

*
D’une Ligue nouvelle il dompte la                            fureur,
Sur cent Peuples divers sa puissance                      étenduë
Le rend du monde entier l’amour & la                     terreur.


PRIERE POUR LE ROY.

Seigneur, du grand Louis benissez les travaux :

Que tout suive ses loix, qu’on aime son Empire,
Qu’il regne sur nos cœurs, qu’il dompte ses Rivaux,
Qu’il vive longtemps, c’est tout dire.

III. SONNET.


EN vain de Mars en feu l’Etendard se                 déploye,
Rien ne trouble en ces lieux nos jeux & nos     concerts ;
Tranquilles comme au fonds des plus vastes            deserts,
Nous ne sommes sujets qu’à des transports de        joye.

*
Cremone alloit subir l’affreux destin de                    Troye :
Mais le Germain chassé par un juste                         revers,

De gloire & de son sang nous a laissez                      couvers,
Et de Louis vainqueur est devenu la                         proye.

*
D’éternels monumens de ces faits                             embellis,
Vont redoubler l’éclat du Monarque des                     Lis,
Sa victoire incroyable est par tout                              répanduë.

*
Ce Heros met aux fers l’Envie et la                            Fureur,
Sur la terre & les flots sa puissance                           étenduë
Le rend de l’Univers entier l’amour & la                     terreur.


PRIERE POUR LE ROY.

Dieu des combats, appuy du sacré Diadême.

Daignez rendre Louis toûjours victoriex,
En faisant triompher un Heros si pieux,
Seigneur, vous triomphez vous-même.

IV. SONNET.
Le Berger du Bord du Lignon,
AU ROY.


LAigle en vain en ce jour son Etendart              déploye ;
Que rien ne trouble icy nos jeux & nos             concerts !
Malgré Mars en courroux, nos paisibles                     deserts
Conserveront toûjours & la paix & la                          joye.


*
Unit-on contre nous tous les Heros de                       Troye,
Pendant que Louisregne il n’est point de                  revers :
Nos ennemis vaincus & de honte                               couvers,
Verront bien-tôst leur Camp devenir nostre                proye.

*
Ainsi par tes hauts faits, nos fastes                            embellis,
Grand Roy, font que tout cede à la splendeur des   Lis,
Dont l’odeur en tous lieux est par tout                       répanduë.

*
De cent Peuples unis que pourra la                            fureur ?
Aux plus loingtains climats ta puissance                    étenduë,

Va porter loin de nous la guerre & la                          terreur.

PRIERE.

Seigneur conservez le Heros,
A qui l’on doit le doux repos
Que goûtent de Lignon les paisibles rivages,
Il porte loin de nous la guerre & les ravages,
Portez ses jours filez de soye & d’or
Aussi loin que ceux de Nestor.

Ce quatriéme Sonnet est encore de Mr  de Nolet Cadhillac.

V. SONNET.


HEros, pour qui le Ciel ses richesses                  déploye ;

Que tes augustes soins animent nos                    concerts,
Bellone veut en vain rendre nos champs                  deserts :
Ta sagesse y répand l’abondance & la                      joye,

*
Plus heureux, plus prudent que le Vainqueur de       Troye,
Tes progés glorieux n’ont jamais de                          revers,
Mille & mille ennemis declarez ou                             couvers
A ta fiere valeur se sont livrez en                             proye.

*
Cent climats fortunez par ta main                            embellis
Ressentent les douceurs de l’Empire des                 Lis ;
Sur la terre & les flots ta gloire est                           répanduë.


*
Paisible tu combas la Discorde en                            fureur,
De ton vaste pouvoir tout connoist                          étenduê
Le seul bruit de ton nom exprime la                         terreur.

PRIERE.

Seigneur, dont la main adorable
Du Monarque des Lis a formé le grand cœur,
Fais qu’il vive longtemps, craint, aimé, redoutable,
Il regne pour ta gloire & pour nôtre bonheur.

VI. SONNET.


QVe la Ligue, Grand Roy, de nouveau se          déploye,

Que troublant de la Paix les plus sacrez               concerts,
Elle veüille changer nos Villes en                             deserts,
Ses efforts ne sçauroient suspendre nostre            joye,

*
Plus sage, plus vaillant que les Heros de                Troye,
Tu maistrises le fort, tu braves ses                         revers,
Déja tes fiers Rivaux de honte sont                        couvers
D’une rage inutile ils deviennent la                         proye.

*
De tes rares vertus tes Neveux                             embellis.
Sur le Rhin, sur le Pô, font respecter les                 Lis,
Et montrent en tous lieux ta gloire                         répanduë.

Mais si de leur courroux approuvant la                  fureur,
Tu donnes à leur fougue une libre                          étenduë,
De l’Vnivers entier ils seront la                               terreur.

VII. SONNET.


TAndis que de Louis l’étendart se                déploye,
De mille sons guerriers on entend les          concerts,
Les champs des fiers Germains seront bientost   deserts
On poussera les cris celebres de Mont-                 joye.

*
Ce glorieux Heros issu du sang de                        Troye

Leur fera du Destin éprouver les                           revers,
Il ne marchera point par des chemins                   couvers,
Et l’Aigle audacieux sera sa riche                          proye.

*
De ses faits éclatans nos fastes                           embellis
Parfument l’Vnivers de l’odeur de                        Lis,
Sa gloire à bon droit en tous lieux                        répanduë.

*
Son grand cœur de son bras surmontant la         fureur.
Fera de son pouvoir ressentir l’                            étenduë
En inspirant l’amour ainsi que la                           terreur.


Et dominabitur à mari usque ad mare, & à flumine usque ad terminos orbis terrarum. Ps. 71. v. 15.

Sa domination un jour sera si belle
Qu’elle ira s’étendant de l’une à l’autre Mer,
Et sous un Empire si cher
Sera la Terre universelle.


Messire François Armand de Rohan, connu sous le nom de Mr  le Prince de Montbason, Fils de Charles de Rohan, Duc de Montbason, Prince de Guemené, Pair de France, reçeut le 5 du mois passé l’agrément du Roy pour estre Colonel du Regiment de Picardie. Sa Majesté fit connoistre pour lors l’estime qu’elle a toujours euë pour cette illustre Maison alliée depuis bien des Siecles à presque tous les souverains de l’Europe : Mr  le Prince de Guemené parla long temps en particulier au Roy qui luy donna de grandes marques d’estime, en disant qu’il ne doutoit pas que Mr  le Prince de Montbason ne se distinguast, à quoy Sa Majesté ajouta en propres termes que son Regiment le suivroit par tout. C’est à l’occasion de ces paroles qu’on a fait cette Epigramme.


A M. LE PRINCE
DE MONTBASON,
Colonel du Regiment
de Picardie.


PArtez, Prince, joignez vos genereux Soldats,
Ils attendent pour vaincre à marcher sur vos pas ;
Ils vous suivront par tout.
C’est l’auguste presage.
Qu’a formé devant vous l’invincible Louis.

pour esperer de vous des exploits inouïs ?
Digne sang des Rohans, en faut il davantage ?


Comme ce Regiment est un des plus considerables de toute l’armée du Roy, apres celuy des gardes de Sa Majesté, je ne crois pas qu’il soit inutile de dire ce qui le compose.

Il a trois bataillon, dont chacun est de treize Compagnies commandées par autant de Capitaines, excepté la premiere qui n’en a que douze. Voicy l’ordre & les noms des Officiers.

REGIMENT DE
PICARDIE.
Premier Bataillon.
Capitaines,

Mr de Verbois. Gen.
Mr de Selve, Lieutenant Colonel.
De Château Bourg.
De Saint Pé.
De Cretot.
Du Four.
De Faulieu.
De Lanespede.
De Bastide.
Brochet.
De la Pommeraye.
Puget.

Lieutenans,

Mrs de Rouviere.
De Selve.
De la Gardette.
De la Barthe.
Du la Bourdonniere.
De Bequin.
de Gairin.
De Cassan.
De Lovanne.
Vincent.
Bouquetro.
De la Boissiere.

Lieutenans reformez qui doivent remplir les premieres Lieutenances qui viendont à vacquer.

Mrs de Talmont.
De Gaucourt Ensegne.
Duparc.
De Monier.
De Saint Cyr.
Barthelemy.
Du Plez
De Solignac
Barbier.
de Verbois.
De Pignan.
Second Bataillon.
Capitaines.

Mrs de Bagneaux gen.
De Grand-Maison.
Du Quesnoy.
De Maynac.
De Montchoisy.
De la Dueze.
De Beaulieu.
Du Parc.
De Chambray.
Dubuisson.
De Boismarsal.
De Villers.
De Pognan.

Lieutenans.

Mrs d’Alberaye.
Du Chenay.
Dantriere.
De la Forest.
Quelmon.
Du Buvier.
De Belleroche.
De la Barthe.
De Condat.
De Busqueur.
De Mericourt.
Des Landes.
De Guergrous.

Lieutenans Reformez.

Mrs Charin.
Des Noyers de Brussi.
De Vitesse.
De Cressonniere.
De Morfontaine.
De Saint Martin.
Dolly.
Dubal.
De Clinchamps.
D’Estival.
D’Orgemont.
De Brulard.
De la Moselle.
Troisiéme Bataillon.
Lieutenans.

Mrs de Chavaille gen.
De Ricourt.
D’Ornaison.
De Chailly.
Du Tronchet.
De Maupas.
De Juranve.
De Jouillard.
De Boullais.
Pepin.
De Rouville.
De la Coste.
De Chavaille.

Lieutenans,

Mrs de Villebrun.
De Bernard.
De Beauchamp.
De Bord.
Saint-Hilaire.
Des Varestre.
De Pronville.
De Serviere.
De Carre.
De Verdun.
De la Haute Maison.
De l’Espine.
Ducin.

Lieutenans Reformez.

Mrs de Verpré.
De Fericourt.
De Saint Aubin.
Dublesel.
De Broquigny.
De Guirn.
Chastelain.
De la Fin.
De la Filotiere.
De Vidal.
Foucault.
De Cartagnac.
ETAT MAJOR.
Mrs, des Pies. Major.
Du Parc, Aide Major.
Brulard.
De Dampierre.
De Vernon, Marechal des Logis..
Du Garonne, Prevost.
De la rouë Lieutenant
Bonne foy, Greffier
Le Pere Fort, Aumonier.
Le Prince, Chirurgien.


L’article qui suit a esté tiré d’une lettre qu’on a receuë de Guienne. Une partie des Paysans de ce quartier ont pris les armes pour exterminer des bestes qui y paroissent, sans qu’on sçache d’où elles viennent. C’est une espece de loup de la part des Levrier d’attache. On en a veu plusieurs dans la partie d’entre deux mers située entre la garonne, & la Dordogne, à deux & trois lieues de Bordeaux : Elles courent la Campagne & ont attaqué, & blessé un grand nombre de personnes de tous âges. Le Courier de La Rochelle passant dans ce pays là courant seul, un de ces animaux se jetta sur son Cheval qu’il mordit à la croupe & à la cuisse, & attaqua mesme le Courier qui le deffendit avec son sabre. Des Paysans attroupez ont tué deux de ces animaux, dont l’un auroit devoré une Bergere sans le secours qui luy fut donné.

Je vous envoye les observations qui ont esté faites par le Sieur Louis Sauré Chirurgien, en présence de Mr Solinier, docteur en Medecine, sur l’ouverture du Cadavre d’un homme mort subitement. Les morts subites sont toujours terribles, & l’on ne peut prendre des précautions trop fortes pour les éviter s’il est possible, puisqu’ils sont ordinairement plus à redouter pour l’ame que pour le corps.

Le 26. du mois passé à huit heures & demy aprés midy un domestique du College du Plessis, nommé Cocq, natif de Normandie, fut saisi d’une foiblesse qui le fit chanceler quelques pas, & enfin il se laissa tomber. On courut à luy, & aussi-tost on le porta sur son lit. On luy fit une legere saignée, & prendre de l’Emetique, mais le tout inutilement. Il ne vêcut plus qu’une demi heure, pendant laquelle il perdit l’usage de la parolle & devint paralitique de tout le costé gauche du corps.

Le 27. aprés midy on fit l’ouverture du Cadavre. Aprés l’inspection des parties contenuës dans l’abdomen on trouva toutes choses en bon état. On y remarqua seulement une dilatation fort considerable dans toute l’étenduë de l’arc de l’instestin Colum, & un grand retressissement du mesme intestin dans la partie lombaire gauche dans toute l’espace où se forme l’esse romaine, on trouva le pancreas comme schirreux ou rempli de petites duretez. On remarqua aussi une dilatation si considerable depuis la bifurcation de la veine cave ascendante depuis l’hypogastre jusqu’à l’orifice de l’aureillet droite du cœur, que la grosseur de cette veine ne differoit point de celle de l’intestin Jejunum où de l'Ileum.

À l’ouverture de la poitrine on remarqua une adherence du poumon dans toute la capacité & la surface interieure de cette cavité. Cette adherence estoit mesme continuèe dans toute la surface de la partie Musculeuse du Diafragme.

Aprés avoir ouvert le cœur on le trouva entierement vuide de sang dans l’un & l’autre de ses Venticules, sans aucun polype, quoy que ce nommé le Cocq fust d’une constitution assez replete, avec de la graisse en assez bonne quantité. On ouvrit la substance des poumons & on les trouva assez sains à la reserve d’un leger abcés qui paroissoit dans quelques incisions faites en la partie moyenne du lobe gauche. On ouvrit aussi la teste, & on trouva le cerveau assez sain, excepté que dans le Ventricule anterieur superieur du lobe gauche, il y avoit presque gros comme le poing de sang nouvellement épanché qui y estoit coagulé.

Il faut observer que ce malade estoit convalescent d’une maladie de poitrine, qu’on avoit attribuèe à une espece de pleuresie, quoy que dans cette ouverture on n’en ait trouvé aucun vestige en toute l’étenduë de la pleuvre. On trouva seulement dans le lobe gauche du poumon une matiere liquide écumeuse, & qui paroissoit enquelque maniere purulente. Pendant cette maladie, le Malade avoit eu une espece de leger transport au cerveau. Le jour