Œuvres complètes de François CoppéeLibrairie L. HébertPoésies, tome II (p. 28-29).


à emmanuel des essarts

Marquise, vous souvenez-vous
Du menuet que nous dansâmes ?
Il était discret, noble et doux,
Comme l’accord de nos deux âmes.

Aux bocages le chalumeau
À ces notes pures et lentes ;
C’était un air du grand Rameau,
Un vieil air des Indes galantes.


Triomphante, vous surpreniez
Tous les cœurs et tous les hommages,
Dans votre robe à grands paniers,
Dans votre robe à grands ramages.

Vous leviez, de vos doigts gantés
Et selon la cadence douce,
Votre jupe des deux côtés
Prise entre l’index et le pouce.

Plus d’une belle, à Trianon,
Enviait, parmi vos émules,
Le manège exquis et mignon
De vos deux petits pieds à mules ;

Et, distraite par le bonheur
De leur causer cette souffrance,
À la reprise en la mineur,
Vous manquâtes la révérence.