Martin l’enfant trouvé ou les mémoires d’un valet de chambre/I/9

Chapitre X  ►
IX


CHAPITRE IX.


bruyère.


— Bon, — dit la Robin en voyant s’éloigner les pratiques de Bruyère, — la procession continue ; maintenant c’est les gens du Val, vous verrez que l’on viendra jusque de la Beauce pour qu’elle conseille…

— Preuve de plus qu’elle est charmée[1], cette petite.

— Oui, oui, à coup sûr, faut qu’elle soit charmée, — reprit la Robin, — pour rester si mignonne.

— Et ses cheveux luisants comme une écorce !

— Et sa couronne et ses bouquets !

— Et ses drôles de ceintures !

— Et puis ses bottines en jonc !

— Et ses grands yeux verts… c’est eux, qui, on peut le dire,… est des yeux charmés.

— Et puis, qu’elle devine le temps, le sec, la grêle, la pluie ou la brumaille.

— Je crois bien ! Pour ça, un marinier de Loire, c’est rien du tout auprès d’elle !

— C’est ce qui fait qu’on vient de partout pour qu’elle conseille…

— Et qu’elle connaît la terre ! Elle n’a qu’à dire des paroles à ceux qui lui en demandent, et les plus mauvaises terres deviennent bonnes ; avec elle, il n’y a point de raides de sable[2] ! Mais faut l’écouter.

— Témoin la métairie d’ici, maître Chervin l’a écoutée ; l’an passé, ça a été une récolte superbe.

— Oui, ça lui a servi à grand’chose, à maître Chervin, son bail finissait ; le régisseur à M. le comte a vu cette belle récolte, et il a augmenté le bail d’un tiers et d’un pot de vin. Maître Chervin a signé, tout y a passé ; et, cette année, comme il ne peut pas payer… on le met dehors.

— C’est toujours pas la faute aux paroles de Bruyère.

— Oh ! non ! jamais elle ne se trompe !… Et qu’elle connaît les herbes ;… car, un temps, les herbures qu’elle faisait pour le père Jacques, l’ont soulagé… mais le mal finit par être le plus fort ; c’est si ostiné… le mal.

— Oui, — reprit la Robin, — mais il y en a bien d’autres qu’elle a guéris.

— Il n’y a que les fièvres, sur quoi ses paroles ne mordent pas.

— Elle dit que c’est les marais et les tourbières qui les donnent… les fièvres.

— Ah ! ah ! les marais qui donnent les fièvres ! — s’écria un des charretiers en riant d’un gros rire. — Pour ça, elle bêtise…

— Moi, puisqu’elle le dit, — reprit la Robin, — je la crois ; si elle est charmée pour une chose, elle l’est pour une autre.

— Dam ! — fil le charretier indécis, — c’est peut-être vrai.

— Il n’y a qu’à voir, — reprit la Robin, — quand on a perdu quelque chose, on n’a qu’à lui dire dans quels environs ça peut être ; elle part dare-dare, avec ses dindes… et elle les force à retrouver la chose, comme c’est arrivé pour la tabatière d’argent du régisseur.

— Et pour la poire à poudre, en cuivre, du garde-champêtre[3].

— Et la petite Bruyère ne serait pas charmée ?

— Pardi !

— Sans compter qu’après elle, pour le bon cœur, il n’y a pas meilleure.

— À preuve que, quand Bête-puante, le braconnier, était traqué comme un loup, c’est elle qui veillait sur lui, et l’avertissait toujours.

— Aussi, voyant qu’on ne pouvait pas le pincer, on l’a laissé tranquille.

— Brave homme, tout de même, que Bête-puante ; on dit que, s’il braconne,… c’est pour donner une pièce de bon gibier ou de poisson frais à un pauvre diable malade, qu’un peu de bonne nourriture réconforterait.

— On dit ça, c’est bien possible… la petite Bruyère ne l’aimerait pas tant, si ça n’était pas un bon homme.

— On les voit souvent ensemble, depuis quelque temps.

— Elle aura, bien sûr, aussi charmé le braconnier, la charmeuse qu’elle est.

— Oh ! oui, qu’elle est charmeuse et charmée ; car enfin, — dit naïvement la pauvre et repoussante Robin, — il n’y a qu’à la regarder à côté de moi… avec ses pieds mignons, ses jambes mignonnes, ses mains mignonnes, sa taille mignonne, quoiqu’elle ait seize ans ; à côté de moi, elle n’a l’air de rien du tout… bien sûr donc qu’elle est charmée.

— Et si elle ne l’était pas, pourquoi, qu’au lieu de coucher avec nous pêle-mêle dans l’étable, elle a voulu, même toute petite, percher seule dans le perchoir avec ses dindes ?

— C’est ce qui te chiffonne, mon gars ; t’aurais voulu aussi bêtiser avec elle, toi ! dit la Robin en riant bruyamment et allongeant à son voisin de droite un vigoureux coup de poing dans les côtes ; celui-ci, pour ne pas avoir le dernier, se pencha derrière la Robin, et bourra rudement le dos de l’autre charretier qui sommeillait ; lequel charretier, au fait du jeu, riposta en donnant un grand coup de pied au petit vacher : l’enfant, toujours frissonnant, tâcha de sourire, et ne rendit le coup de pied à personne.

— Et c’est pas toi, la Robin, qui aurais fait comme la petite Bruyère, — reprit le charretier toujours riant ; — toi pas si bête de quitter notre étable la nuit.

Et Simon embrassa bruyamment la repoussante créature, en répétant :

— Toi, pas si bête que de quitter l’étable la nuit.

— Non, elle, pas si bête, — ajouta le voisin de gauche, en embrassant à son tour et non moins familièrement, non moins plantureusement la Robin sans paraître nullement exciter la jalousie de Simon, pendant que le petit vacher restait indifférent aux grossières plaisanteries qu’il entendait ; car nous n’entreprendrons pas de rapporter la conversation naïvement cynique, dont les baisers retentissants, donnés à la fille de ferme par les deux charretiers, furent le signal, conversation qui se prolongea jusqu’à ce que la nuit fût à-peu-près venue.

Alors ce qui restait de caillé et de blé noir dans la terrine, fut placé par le petit vacher en dehors de l’étable, sur une auge qu’il recouvrit d’un seau : c’était le souper de Bruyère, dont le retard à paraître étonnait un peu, mais n’inquiétait pas les gens de la ferme. Comment s’inquiéter d’une créature charmée ?

Les portes délabrées de l’étable fermées, les deux charretiers, la fille de ferme et le petit vacher se couchèrent pêle-mêle sur la même litière, vêtus comme ils l’étaient, se pressant les uns contre les autres pour avoir chaud, celui-ci se couvrant avec un lambeau de couverture, celui-là avec une mauvaise roulière ; car lits, draps et couvertures sont choses généralement inconnues aux races agricoles.

Quant aux incidents obscènes que couvrent souvent de leur ombre ces longues nuits d’hiver ainsi passées dans une métairie solitaire, ou les chaudes nuits d’été, alors qu’au temps de la moisson les granges regorgent de moissonneurs et de moissonneuses, gîtant pêle-mêle, femmes, hommes, filles, enfants, sur la même paille, pourquoi s’en étonner, ou plutôt,… de quel droit s’en étonner ?

Voici des créatures abandonnées, élevées sans plus de souci, sans plus de sollicitude que les animaux des champs, parquées entre elles sans distinction d’âge ou de sexe, comme des bêtes au retour du labour ou du pâturage, de quel droit leur demander d’autres mœurs que celles des bêtes ? de quel droit exiger l’inassouvissement de leurs ardeurs brutales, le respect de l’enfance et la dignité de soi ?

Aussi, combien de ces malheureux, livrés à eux-mêmes et aux funestes traditions de cette existence de misère et d’abrutissement, déshérités de tout ce qui cultive l’esprit, épure le cœur et agrandit l’âme, vivent comme ils le peuvent, et forcément dans la fange où on les laisse croupir.

« Mais, — diront les optimistes et les repus, la pire espèce d’égoïstes, — cette race abrutie accepte son misérable sort, sans se plaindre ; souvent même elle se roule dans sa fange avec une joie, avec une sensualité grossière ; voyez ces prolétaires des campagnes : ils se contentent d’une insalubre et détestable nourriture, tandis que, chaque jour, ils récoltent, ils élèvent, ils engraissent, ils préparent sans envie les éléments de l’alimentation la plus saine, la plus succulente, la plus recherchée ? À quoi bon éveiller chez ces malheureux-là des besoins, des appétits qu’ils n’ont pas ? Voyez-les : à peine rassasiés, hommes, femmes et enfants se jettent pêle-mêle sur la même litière. Qu’importent les faits de promiscuité sauvage qui se passent souvent dans ces tanières ! la nuit est complaisante, ses ténèbres cachent tout ce qui doit être caché ; cette race vit ainsi depuis des siècles ; elle est patiente, elle est accoutumée au servage, elle ne demande rien, elle se résigne, elle travaille, elle souffre en paix ; ne soyez donc pas plus de son parti qu’elle n’en est elle-même. Ces gens-là, tout malheureux que vous les dites, rient, chantent, font l’amour à leur manière. N’espérez donc pas apitoyer sur leur sort. »

Et nous répondons :

C’est justement parce que ces races déshéritées n’ont souvent pas conscience de ce qu’il y a de grossier, de sauvage, d’abrutissant dans la vie animale où elles sont obligées de vivre, qu’au nom de la dignité, de la fraternité humaine nous demandons pour elles une éducation qui leur donne la conscience et l’horreur de cette déplorable existence.

Une éducation qui, leur donnant aussi la mesure de leur force, la connaissance de leurs droits, la religion de leurs devoirs, permette à ces classes déshéritées de réclamer et d’obtenir une part légitime des biens, des produits qu’elles concourent à mettre en valeur, part qui doit être équitablement proportionnée à la fatigue, au labeur, à l’intelligence du travailleur.

— « Mais, — diront encore les optimistes et les repus qui, las des plaisirs de l’hiver, choisissent en gens sensés le printemps et l’été pour leurs pérégrinations champêtres, — que vient-on nous parler de tanières humides et insalubres, de landes solitaires et incultes, de marais pestilentiels ? Voici la métairie du Grand-Genevrier, par exemple… Eh bien ! c’est tout bonnement… ravissant… Cabat ou Dupré feraient de cela un délicieux tableau. »

Et, en effet, au printemps les bruyères incultes se couvrent de fleurs roses, au bord fangeux des marais se développent en gerbes les feuilles lancéolées des iris aux fleurs d’or, ou les tiges des grands roseaux à aigrettes brunes ; la mousse renaissante couvre de son velours et de ses reflets d’émeraude les tuiles et le chaume des toitures à demi effondrées ; les crevasses des masures en ruine disparaissent sous les plantes pariétaires, parmi lesquelles serpente le thyrse gracieux du liseron aux clochettes blanches et bleues. Enfin, les quelques grands chênes qui au nord abritent la métairie, sont d’une verdure luxuriante.

Alors, à la vue de ces masures réfléchies par l’eau stagnante du marais et enfouies au milieu des bruyères roses, des iris fleuris et des grands arbres verdoyants, l’optimiste crie au paysage ! à la fabrique… au pittoresque,… et il hausse les épaules de pitié, si on lui parle de l’horrible condition des gens condamnés à vivre dans un lieu qui, selon l’optimiste, ferait un si délicieux tableau.

Seulement, si l’optimiste amateur de couleur et de paysage prolongeait quelque peu son séjour dans ce site d’un effet si pittoresque, il s’apercevrait bientôt que l’ardeur du soleil faisant fermenter les masses de fumier humide qui encombrent la cour, il s’en exhale une odeur putride qui infecte l’habitation déjà privée d’air, pendant que la fange du marais, attiédie par les feux de la canicule, répand des miasmes délétères non moins funestes que les épais brouillards dont il est couvert durant l’automne et l’hiver.

Oui, car l’on ignore ou l’on oublie que si, grâce à l’inépuisable profusion de la nature, ces pauvres demeures où s’abrite la population agricole, sont, durant une courte saison, ornées au-dehors d’une humble et agreste parure, l’intérieur de ces masures et la condition de ceux qui les habitent, offrent en tout temps l’un des plus douloureux aspects qui puissent contrister le cœur.

Et nous disons que le sort, que la santé, que la vie de milliers de créatures de Dieu ne doit pas dépendre de la bonne ou mauvaise volonté, du bon, du mauvais cœur d’un seul homme, sous le prétexte qu’il est détenteur d’une partie du sol d’un pays.

Ainsi… M. Duriveau ou, après lui, son fils est propriétaire de deux ou de trois lieues de territoire. Par l’incurie, par l’ignorance, par l’égoïsme ou par l’avarice de cet homme, par sa faute enfin, cette partie du sol qu’il possède, et que de nombreuses familles de travailleurs habitent, est abandonnée à l’action homicide des eaux stagnantes qui, écoulées, utilisées par de grands travaux d’assainissement, pourraient fertiliser, féconder ce sol, qu’elles frappent de stérilité et qu’elles rendent mortel à ceux qui le cultivent à si grand’peine. M. Duriveau, non content de perpétuer ces foyers pestilentiels, force ses métayers à vivre dans les horribles demeures qu’il leur construit avec de la boue et du chaume aux endroits les plus malsains de sa terre, sombres et humides tanières où ces misérables prolétaires des champs deviennent forcément fiévreux et perclus, jusqu’à ce qu’une mort prématurée les décime[4].

Est-il une autorité, une loi quelconque qui puisse empêcher cet homme de rendre homicide ce qui devrait être salutaire, stérile ce qui devrait être fécond ? Non, cet homme dispose à sa guise d’une fraction du sol de la France.

Et pourtant, voyez l’anomalie étrange :… Qu’à la ville une maison quelque peu borgne ou boiteuse empiète d’un pied sur une rue large de trente ou quarante pieds, vite la loi s’émeut,… son cœur saigne, elle s’indigne, elle s’apitoie, elle s’exclame, et, au nom de l’utilité publique, elle crie haro sur le propriétaire. De gré ou de force, il est obligé de démolir sa maison. Ne choquait-elle pas la vue ? Ne gênait-elle pas quelque peu, dans un endroit donné, la circulation ? N’y avait-il pas là effrayante urgence ? énorme péril en la demeure ? Ne s’agissait-il pas de la rectitude de l’alignement ? de l’élargissement du trottoir ?

Aussi, de par l’autorité de la voirie, les prétendus droits imprescriptibles de la propriété sont lestement foulés aux pieds, et l’on oblige cet homme à démolir à l’instant sa maison,… maison paternelle peut-être,… maison où peut-être il a vu mourir sa mère.

Cette subordination de l’intérêt privé à l’intérêt de tous, part certes d’un principe admirable en soi, résumé par ces mots : — l’utilité publique (pour tous les bons esprits il y a une sainte révolution sociale dans l’intelligente et large et féconde extension de ce principe d’expropriation) : mais pourquoi limiter, au seul embellissement des villes, les conséquences de ce magnifique principe de fraternité ? Pourquoi la société, si radicalement, si légitimement agressive à la propriété, à l’individualisme, lorsque, en certaines circonstances données, la propriété, l’individualisme nuisent au bien-être commun, pourquoi la société reste-t-elle insouciante, désarmée, à l’endroit de questions tout autrement considérables que celles de l’alignement des rues, lorsqu’il s’agit enfin de la fertilisation, de la richesse du pays, et surtout de la vie… oui, de la vie du plus grand nombre de ses enfants ?

Au nom de l’humanité outragée, au nom de la divinité outragée, car c’est un sacrilège que d’user si indignement de ce que Dieu a créé pour la satisfaction de tous, certes, la société, aussi sévère envers M. Duriveau, grand propriétaire du sol, qu’envers celui dont la maison formait une impertinente saillie au milieu d’une rue, la société ne devrait-elle pas s’écrier :

— Au nom de l’utilité publique, assainissez vos terres, construisez des habitations humaines, et non des tanières pour les hommes laborieux qui seuls cultivent et mettent en valeur le sol dont vous êtes détenteur, arrachez ces malheureux, après tout, vos frères, vos semblables, à des maladies qui les énervent, qui les tuent ! et dont vous êtes responsable aux yeux de Dieu et des hommes, puisqu’il dépend de vous de détruire la cause de ces mortalités ! sinon la société vous exproprie, ainsi qu’elle le fait lorsqu’un propriétaire refuse de subir l’alignement ou de rebâtir une maison dont la ruine imminente menace la sûreté des passants.

En vain M. Duriveau dirait-il :

— Les fonds me manquent pour défricher ou pour assainir mes terres, pour bâtir des maisons saines et logeables au lieu de tanières de boue et de paille.

La société ne devrait-elle pas lui répondre :

— L’assainissement d’une partie du sol commun, sa mise en valeur, sa fertilisation, et, en outre, la santé, la vie de cinquante familles, ne doivent pas être forcément subordonnés aux fluctuations de votre caisse, à l’insuffisance de vos ressources ou à la dureté de votre cœur. Êtes-vous trop pauvre pour être si riche ? vendez vos terres… La société exigera de l’acquéreur les garanties que vous n’offrez pas. Les acquéreurs feront-ils défaut ? la société achètera ; la terre rend toujours, et certainement, et au double, les avances qu’on lui fait ; mais à la condition que ces produits… on pourra les attendre. Une fois propriétaire, la société assainira, cultivera, défrichera, bâtira dans l’intérêt de tous, et, conséquemment, d’elle-même, car elle appellera les travailleurs agricoles en association, en participation.

Et alors la communion aura remplacé l’égoïste et stérile individualité, et alors ces landes, naguère marécageuses, solitaires, presque stériles, où végétait une population misérable, maladive, se transformeront en un pays riant, fertile et peuplé de gens heureux, jouissant, de par les droits du travail et de l’intelligence, des biens que Dieu a créé pour tous.

Et béni soit Dieu, telle est la force des choses, que ces temps-là approchent… Fassent les hommes qui gouvernent les hommes, que l’émancipation des classes déshéritées s’effectue, ainsi qu’il est possible, sans secousse, sans violence, sans victimes, et à la satisfaction de tous les intérêts…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les gens de la métairie du Grand-Genevrier venaient de fermer la porte de l’étable où ils couchaient, lorsque Bruyère entra dans la cour de la ferme.




  1. Sous l’influence surnaturelle d’un sort.
  2. Veines de terrain absolument aride, où le sapin et le bouleau ne croissent même pas.
  3. Nous avons été deux fois témoins d’un fait pareil, fait singulier dont on nous a donné cette explication plausible ; — À savoir qu’à la vue d’un objet brillant, reluisant et étrange pour eux, les dindons se rassemblent autour du dit objet, et gloussent avec force.
  4. De rares mais bien honorables exceptions confirment la généralité des faits : — feu M. Vincent Gaillard a le premier introduit, dans une partie de la Sologne, le boisement en sapins du nord et en sapins d’Écosse, sur une vaste échelle. Ces plantations ont assaini et fertilisé un sol jusqu’alors stérile et malsain. — Plus tard, M. de Lorges, non content de pratiquer la plus large charité, a exécuté d’immenses défrichements, et rendu de notables services à la même contrée par la généreuse impulsion qu’il a donnée à l’agriculture. M. Ménard, ex-notaire à Baugency, tente aussi les plus intelligentes améliorations agricoles en les appuyant sur les idées fécondes et pleines d’avenir de l’association et du socialisme. Mais ces exemples, si respectables qu’ils soient, ne sont que des exceptions, ne se rattachant à aucun de ces larges systèmes dont l’initiative ne peut être prise que par un état social constitué sur des bases radicalement démocratiques, parce que lui seul pourrait donner une satisfaction entière et légitime aux représentants de ces trois éléments de toute richesse : travail — intelligence — capital.