Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris/11

◄  JUILLET

CHAPITRE XI.

Altérations causées aux légumes par les insectes et par les maladies.

Parler des insectes et des maladies des légumes en termes scientifiques est une chose impossible pour aucun maraîcher, et de longtemps la langue des entomologistes et des nosologistes ne sera familière dans nos marais. Nous avons cependant senti la nécessité de parler des insectes et des maladies dans un ouvrage de la nature de celui-ci, quoique nous ne puissions les désigner que par des noms triviaux, compris, il est vrai, par tous les maraîchers de Paris, mais fort peu intelligibles pour des hommes habitués à la langue scientifique.

Afin d’abréger ce chapitre, qui n’offre aucun attrait, nous nommons successivement tous les légumes, comme titres d’articles, et, au-dessous, nous récapitulons, en deux colonnes en regard, les insectes et les maladies auxquels ces légumes sont sujets : quant aux moyens de les en préserver, nous en indiquons fort peu, car on n’est pas plus habile en cette partie dans la culture maraîchère que dans la grande culture.

ASPERGE.
Insectes. Maladies.
Quand les tiges de l’asperge montent en graine, elles sont souvent attaquées par le criocère, insecte rouge qui mange l’écorce des tiges et qui est quelquefois si nombreux, qu’elles en sont toutes couvertes. Le ver blanc et la courtilière tourmentent aussi les griffes en terre.
Dans les terrains gras et humides, les griffes d’asperge sont sujettes à fondre ou à pourrir.
AUBERGINE.
L’aubergine est sujette aux pucerons, aux kermès ; on détruit les uns et les autres en brossant la plante avec de l’eau.
Cette plante n’a pas de maladie particulière.
CARDON.
Le plus grand ennemi des cardons est une mouche noire qui s’attache à ses feuilles en immense quantité. Nous ne savons si cette mouche pompe les sucs ou si elle intercepte la transpiration ; mais nous savons bien qu’elle ralentit et arrête la végétation et que la plante dépérit. Tant que le cardon est jeune et petit, la courtilière lui coupe aussi quelquefois la racine et le tue.
 
CAROTTE.
Un ennemi très-redoutable dans les terrains secs, pour le semis de carotte, est une petite araignée qui coupe les jeunes plants à mesure qu’ils lèvent : on la détruit en arrosant fréquemment le jeune plant.
Nous ne connaissons pas de maladie à la carotte, excepté la fonte, qui peut l’atteindre un peu dans les terrains qui ne lui conviennent pas.
CÉLERI.
Les feuilles et les côtes du céleri sont assez sujettes à être attaquées de la rouille dans ses différentes phases de culture.
CERFEUIL.
On ne connaît pas d’insecte au cerfeuil.
Le cerfeuil n’est pas sujet aux maladies ; seulement, dans l’été, la jaunisse peut le prendre s’il fait très-chaud, et, dans les terrains qui ne lui conviennent pas, la fonte peut le détruire en partie.

CHICORÉE FRISÉE.
Outre les insectes qui nuisent aux romaines et aux laitues, la chicorée frisée a encore pour ennemi le ver gris, appelé aussi chenille de terre, grosse chenille grise : elle coupe la chicorée rez terre.
La chicorée frisée est exposée aux mêmes maladies que les romaines et les laitues.
CHICORÉE SAUVAGE.
Nous ne connaissons d’autre ennemi à la chicorée sauvage, semée sur couche et sous châssis, que la courtilière, qui, en faisant ses galeries en tout sens, reverse les graines en germination et les fait périr.
La petite chicorée sauvage n’est sujette, étant cultivée sur couche et sous châssis, qu’à une seule maladie, c’est la fonte. Son nom indique son effet ; le plant qui en est attaqué fond par place, et le mal gagne par contagion. Nous attribuons cette maladie à trois causes :
1o À un vice dans le terreau ;
2o À trop d’humidité ;
3o Au manque de soleil.
On ne peut ni semer, ni planter dans l’endroit où la fonte vient de faire son ravage ; tout y périt.

CHOU-FLEUR.
Les choux-fleurs, ainsi que les autres choux, ont de nombreux ennemis ; quand on les sème au printemps, ils sont exposés à être dévorés par l’altise, que nous appelons alirette et pou de terre, dès que les cotylédons sortent de terre. On arrête le dégât en arrosant trois ou quatre fois par jour ou en ombrant le semis. Quand les choux-fleurs sont quittes de ce danger, arrivent les chenilles de plusieurs espèces, les chenilles jaunes engendrées par des papillons blancs ; les grosses chenilles grises et vertes, engendrées par des papillons de différentes couleurs. La chenille du papillon blanc ne mange que les feuilles, mais elle dévore vite ; il faut la surveiller et la détruire souvent, ainsi que les pontes d’œufs que les papillons déposent sur les feuilles.
Les maladies du chou-fleur et des autres choux ne sont pas nombreuses. Quand le plant est encore très-jeune, il est sujet au meunier, et, quand le chou-fleur est près de donner sa pomme, il peut encore en être attaqué. Le chancre, le pourri peuvent aussi se manifester dans le tronc, dans les côtes, dans la moelle du chou et le conduire à la mort.

Les grosses chenilles vertes ou grises attaquent la pomme même du chou-fleur dès qu’elle commence à paraître, et la dévoreraient si on ne visitait pas les choux-fleurs tous les quatre ou cinq jours pour tuer tous ces insectes. Plus tard, quand les choux-fleurs montent en graine, ce sont les pucerons verts qui assiègent les rameaux par millions, et qui, quelquefois, rendent la récolte des graines nulle.
Si à présent nous passons au collet, aux racines du chou-fleur, nous trouvons d’abord le ver gris, qui cause des exostoses au pied du chou, se loge dans son intérieur, le creuse et le fait souffrir ; le taon à tête rouge, le guillol ou petit ver blanc, qui en mangent les racines et le trognon.
 
CHOU-POMME.
Les choux-pommes et les choux verts ont pour ennemis les mêmes insectes que les choux-fleurs.
Ce qui vient d’être dit pour le chou-fleur peut s’appliquer à tous les autres choux.
CONCOMBRE.
Les mêmes qu’aux melons.
Les mêmes qu’aux melons.
CRESSON ALÉNOIS.
Insectes. Maladies.
Cette plante est sujette à la fonte, surtout si elle est semée épais. Nous rappelons ici qu’il arrive souvent que les plantes fondent parce qu’elles sont semées trop dru.
ÉPINARD.
Le puceron vert attaque l’épinard, mais assez rarement. La grosse chenille verte le mange aussi quelquefois ; son plus grand ennemi est la courtilière, quand elle se met à faire ses galeries dans une planche d’épinard qui commence à lever ; elle culbute et évente les racines du jeune plant et en fait périr une grande partie.
L’épinard n’aimant pas la grande chaleur, celui que l’on sème en été est sujet à la jaunisse ; on arrête ou diminue cette maladie en arrosant beaucoup. Dans les automnes très-humides, l’épinard peut attraper le meunier ; dans les terrains gras et humides, il est sujet à la fonte.
ESTRAGON.
Nous ne connaissons à l’estragon qu’une sorte de maladie, qui est une espèce de chancre sous l’apparence d’une tache jaunâtre au pied de la plante et qui fait mourir les tiges : cette maladie se montre dans les printemps incléments.
HARICOT.
En culture forcée et en culture naturelle, le haricot est sujet fréquemment à la grise.
Les loches, les limaces mangent ses feuilles dans les temps humides.
On ne connaît guère d’autre maladie au haricot cultivé sous châssis que la rouille occasionnée par la grise.
LAITUE.
Les insectes qui nuisent aux romaines, les uns par les feuilles, les autres par les racines, sont les mêmes qui nuisent aux laitues et de la même manière.
Les laitues sont sujettes aux mêmes maladies que les romaines ; la rouille surtout leur est très-préjudiciable, elle se manifeste par des taches couleur café d’abord, ensuite noirâtre : cette maladie entraîne la perte de la plante.
MÂCHE.
La mâche n’a guère d’autre ennemi que la courtilière, qui fait ses nombreuses galeries dans un semis qui lève ; dans toutes ses courses souterraines, elle soulève et coupe les jeunes plants, surtout après des arrosements ; c’est la nuit particulièrement qu’elle fait des dégâts.
La fonte et quelquefois le meunier sont les maladies de la mâche, quand elle est semée dans un terrain humide, ou que la saison est très-pluvieuse ; on la voit aussi atteinte de la rouille, mais très-rarement.
MELON.
Le plus grand ennemi des melons, en fait d’insectes, est la grise, petite araignée à peine perceptible à l’œil, qui s’établit à la page inférieure des feuilles, y forme une petite toile, pique l’épiderme, suce le parenchyme, altère ou détruit les fonctions des feuilles et nuit tellement à la végétation, que les melons qui en sont attaqués languissent, et que leurs fruits ne sont jamais parfaits, si, toutefois, ils peuvent arriver à maturité.
Nous nous opposons à la multiplication de la grise en détachant les feuilles qui en sont attaquées ; mais l’animal est si petit, qu’on ne le reconnaît que par ses dégâts, de sorte qu’il est difficile de s’en purger entièrement, et sa multiplication est si rapide, qu’en cinq ou six jours un carré de melons, sous châssis surtout, en est empoisonné. Cet insecte n’aime pas l’eau, et des arrosages le détruiraient ; mais comment l’atteindre avec l’eau, puisqu’il est toujours sous les feuilles ? On a conseillé de le détruire par des fumigations de tabac ; mais ce moyen, déjà employé avec succès, n’est pas encore admis dans la culture maraîchère.
Les melons ont encore à craindre la grosse alirette, qui pique le dessous des feuilles ; mais cet insecte est beaucoup moins dangereux ; les arrosements le détruisent ou l’éloignent.
Nous appelons chancre ou ulcère une maladie trop fréquente qui se déclare le plus souvent dans l’enfourchement des bras du melon, quelquefois sur les branches, quelquefois sur le fruit même. Quand ce chancre se déclare sur une branche ou sur un fruit, on supprime ou la branche ou le fruit avec le mal, et tout est dit ; mais, quand il a son siège au pied de la plante, comme cela a lieu le plus souvent, alors il est très-dangereux. Il se manifeste d’abord par une petite tache livide à la surface de l’écorce ; cette tache est un commencement de pourriture qui s’étend rapidement, gagne et pourrit toute l’écorce autour du pied. Si on pouvait apercevoir cette maladie quand elle commence, quand elle n’a encore que 2 ou 3 millimètres de diamètre, on pourrait, sans doute, la guérir, en grattant ce qui est pourri et en cautérisant la plaie avec des cendres ou du plâtre en poudre ; mais, lorsqu’on l’aperçoit, il est presque toujours trop tard ; la cautérisation n’est plus qu’un palliatif, qui prolonge plus ou moins la vie de la plante, sans pouvoir rendre au fruit la qualité que la maladie lui a fait perdre.
OIGNON.
Nous ne connaissons d’autre ennemi à l’oignon que le guillot ou petit ver blanc, le même qui mange la racine des choux : il s’introduit dans le plateau de l’oignon et l’empêche de croître.
Dans les terrains gras et frais, dans les années humides, l’oignon est sujet à la fonte, que nous appelons aussi nuile. Cette maladie se manifeste par une tache jaunâtre à l’endroit où l’oignon se forme ; elle grandit, les feuilles jaunissent et toute la plante tombe en pourriture.
OSEILLE.
L’oseille a pour ennemis deux insectes qui font beaucoup de tort : l’un est la grosse alirette, qui mange les feuilles jusqu’à la côte et qui se laisse tomber à terre dès qu’on en approche ; l’autre est une chenille qui dévore également les feuilles, et qui ne disparaît que par le temps froid.
La rouille se manifeste par des taches roussâtres sur les feuilles de l’oseille : elles s’élargissent peu à peu, se multiplient et finissent par perdre la feuille.
PERSIL.
Le persil n’a pas d’insecte.
Le persil n’est sujet qu’aux maladies du cerfeuil ; mais les fortes gelées le font périr du collet.
PIMPRENELLE.
Pas d’insecte.
La fonte attaque quelquefois cette garniture de salade dans certain terrain.
POIREAU.
Le poireau a le même ennemi que l’oignon, plus la courtilière, qui le coupe entre deux terres, lorsqu’il est nouvellement planté, jusqu’à ce qu’il soit à moitié venu.
Le poireau est sujet à la même maladie que l’oignon, s’il se trouve dans les mêmes circonstances.
POIRÉE.
Les ennemis de la poirée et de la carde-poirée sont les chenilles, qui mangent les feuilles, et le petit taon à tête rouge, qui en coupe le pied dans la terre.
Le temps contraire aux saisons engendre la rouille sur les feuilles des poirées, et toute la plante est sujette à la fonte dans les temps humides.
POURPIER.
Pas d’insecte.
Le pourpier, semé en terre lourde, glaiseuse, est sujet à la fonte, ce qui lui arrive aussi ailleurs quand il est semé trop dru.
POTIRON.
Les potirons, giraumonts turbans, etc., pourraient être exposés aux mêmes maladies que les melons ; mais leur vigoureuse végétation les met à l’abri de leurs attaques ou les rend incapables de leur nuire.
RAVES, RADIS.
Les jeunes semis de raves et radis au printemps, ainsi que ceux des autres crucifères, sont horriblement tourmentés par les altises ou alirettes, qui les dévorent : les courtilières les détruisent aussi par les racines.
Les maladies des raves et radis sont la fonte quand on les sème sur couche, et le meunier quand on les sème sur terre.
ROMAINE.
Puceron vert. — Quand ce puceron s’introduit dans le cœur de la romaine, elle est perdue ; car il se multiplie si rapidement, qu’il n’y a pas moyen de l’en débarrasser sans la sacrifier.
Puceron noir. — Celui-ci est aussi nuisible que le précédent, mais les grands orages le détruisent.
Puceron blanc. — Il s’attache à la racine de la plante et la fait languir : on parvient quelquefois à le détruire à force d’arrosements.
Taon à tête rouge. — Larve du petit hanneton, qui mange et coupe la racine de la romaine et la fait périr. Quand on voit une romaine qui se fane, on fouille au pied, on trouve le taon et on le tue : on appelle aussi ce taon ver à tête rouge.
Le meunier. — Il se manifeste par des taches blanches sur le dessous des feuilles ; ces taches se multiplient très-rapidement et font languir la plante : les temps humides, les grands brouillards occasionnent cette maladie.
Le collet rouge. — Celle-ci est une conséquence de la précédente, quand elle se déclare sur les romaines qui, après avoir poussé vigoureusement, sont arrêtées par un froid subit.
La fonte. — Elle se manifeste par une tache noire au collet de la plante ; elle est mortelle et il n’y a aucun remède.
La rouille. — Son nom indique sa couleur ; elle s’attache aux feuilles, particulièrement en dessous, et les rend crochues, empêche la sève de circuler ; elle n’est pas incurable, quelquefois le beau temps la fait disparaître quand le mauvais temps l’a produite.
Courtilière. — Tout le monde connaît cet insecte malfaisant qui coupe entre deux terres les racines et les plantes qu’il rencontre en faisant ses galeries ; on connaît plusieurs moyens de le détruire, soit en lui donnant un tas de fumier pour repaire et où on l’écrase, soit en remplissant d’eau son trou et en versant quelques gouttes d’huile sur l’eau ; quand l’huile touche la courtilière, elle sort du trou et meurt de suite.
La moucheture. — C’est une maladie qui s’observe particulièrement sur la romaine ; elle se manifeste par des taches grises ou roussâtres sur les feuilles intérieures ; ces taches tournent bientôt en pourriture et perdent la plante. La moucheture se manifeste dans des romaines que l’on arrose plusieurs fois quand elles sont parvenues aux trois quarts de leur grosseur, et que le soleil luit ardemment pendant l’arrosage.
SCAROLE.
La scarole a pour ennemis les mêmes insectes que ceux mentionnés à la laitue.
Cette plante, ayant la même texture et les mêmes sucs que la chicorée frisée, est sujette aux mêmes maladies.
TOMATE.
La tomate n’a pas d’insecte.
Quelquefois, mais rarement, le chancre se manifeste au pied de la tomate dans les temps très-humides.


Après avoir dit ce que nous savons des insectes et des maladies qui altèrent ou détruisent les légumes, nous croyons devoir terminer ce chapitre par l’exposé de l’opinion, qui se transmet par tradition dans la classe des maraîchers de Paris, concernant trois phénomènes atmosphériques. Des personnes sensées nous conseillaient de n’en pas parler dans cet ouvrage, parce qu’elles pensaient qu’il y a dans l’opinion en question des erreurs ou des préjugés : malgré notre déférence pou leurs avis, nous n’avons pu nous y rendre ; car, puisque nous écrivons l’histoire de la culture maraîchère de Paris en 1844, que nous exposons ses perfectionnements, l’intégrité veut que nous fassions connaître aussi les croyances susceptibles d’être considérées comme des erreurs ou des préjugés ; par la suite, on pourra les détruire ou en expliquer la raison si elles ont quelque fondement : voici ces trois phénomènes.

Arc-en-ciel. — La tradition entretient l’idée, chez plusieurs maraîchers, que, quand il paraît un arc-en-ciel, son influence peut tuer les champignons qui sont à l’état de graine dans les meules faites sur terre, quoique recouvertes de leur chemise. Nous ne croyons pas tous à cet effet de l’arc-en-ciel : plusieurs d’entre nous sont disposés à attribuer la perte du grain de champignon, dans cette circonstance, à un abaissement subit de température ; mais nous ne l’avons pas vérifié, et laissons la question à l’état où nous l’avons trouvée.

Tonnerre. — La perte du grain de champignon par l’effet du tonnerre, et même des champignons déjà gros comme des noisettes, est bien plus avérée que celle occasionnée par l’arc-en-ciel ; il n’y a aucun de nous qui n’en ait éprouvé la fâcheuse expérience dans ses meules sur terre. Ceux qui font leurs meules dans des caves, dans les carrières de Paris ou des environs, ne s’en sont jamais plaints ; son influence ne s’étend sans doute pas jusque-là. Quoi qu’il en soit, il est de fait qu’un tonnerre violent tue le grain de champignon des meules sur terre revêtues de leurs chemises. Est-ce le bruit, est-ce l’électricité, est-ce un refroidissement subit de l’atmosphère, sont-ce les éclairs qui produisent ce fâcheux effet ? Aucun maraîcher ne peut répondre à ces questions ; mais tous peuvent assurer que le fait a lieu.

Trombe de vent. — C’est ainsi qu’on appelle ces tourbillons de vent et de poussière qui arrachent ou brisent les arbres et découvrent les maisons par où ils passent. Il n’y a guère de maraîchers qui n’en aient pas vu au moins un passer dans leur marais, et qui ne sachent qu’un tel tourbillon peut enlever le fumier, les cloches, les châssis, et faire un dégât épouvantable : nous avons vu, dans un ancien établissement sur lequel un tourbillon passait, le maître, les filles, les garçons courir, crier, agiter en l’air tout ce qu’ils pouvaient saisir, comme bêche, fourche, râteau, dans le but de rompre la colonne d’air qui tourbillonnait ; mais tout ce bruit, tout ce mouvement n’a produit aucun effet, et le tourbillon a continué sa marche. Un autre procédé, dont nous-mêmes avons une fois éprouvé l’efficacité, consiste à lancer de l’eau contre le tourbillon ; c’est ainsi qu’un jour nous avons sauvé le dernier quart d’une ligne de châssis qu’un tourbillon enlevait, en lui lançant de l’eau par la pomme d’un arrosoir. Nous ne chercherons pas à expliquer ce fait ; un jour, quelque physicien pourra expliquer ce que nous venons de dire de l’arc-en-ciel, du tonnerre et des trombes de vent.

Séparateur