Malte-Brun - la France illustrée/1/1/7

Jules Rouff (1p. 6-7).

Industrie agricole, manufacturière et commerciale. — Le département de l’Ain est surtout un département agricole ; l’agriculture y est variée et bien entendue ; la culture se fait avec des bœufs ou avec des mulets, et, ainsi que nous l’avons déjà dit, les récoltes en céréales suffisent au delà des besoins de la consommation locale. Il exporte les trois cinquièmes de ses produits en vins, évalués à plus de 500,000 hectolitres. Ceux de Seyssel, de Machurat, de Groslée, bons vins d’ordinaire, sont les plus estimés. En 1871, la récolte des vins était de 646,705 hectolitres, estimés à 15,287,748 francs ; en 1874, de 545,991 hectolitres, valant 15,287,748 francs ; en 1875, on récoltait 773,183 hectolitres, et en 1877, une quantité de 655,521 hectolitres. La culture du chanvre et du lin y donne des résultats avantageux, et déjà, depuis une trentaine d’années, il a trouvé dans l’élève des vers à soie et dans la plantation des mûriers une nouvelle branche d’industrie très productive. La superficie du département se partage en : superficie bâtie et voies de communication, 61,461 hectares, et territoire agricole, 518,436 hectares. Ce dernier est lui-même subdivisé en : céréales, 174,414 hectares ; farineux, 22,000 ; cultures potagères et maraîchères, 2,513 ; cultures industrielles, 10,767 ; prairies artificielles, 32,044 ; fourrages annuels, 2,410 ; autres cultures et jachères, 22,541 ; vignes, 15,520 ; prairies naturelles et vergers, 66,402 ; pâturages et pacages, 30,000 hectares. On évalue les terres incultes à 9,417 hectares. L’élève et l’engrais de la race bovine occupent un grand nombre de cultivateurs, qui alimentent les abattoirs et les boucheries de Lyon, ou fabriquent avec le lait qu’ils obtiennent des vaches d’excellents fromages. On connaît la réputation méritée des volailles de la Bresse ; les porcs gras sont aussi l’objet d’un commerce important. Le département possède à Naz, près de Gex, un magnifique établissement pour l’élève des bêtes à laine de race mérinos. C’est chose curieuse à voir, que le parti que l’on tire des étangs ; on les pêche tous les deux ans, et tous les trois ans on laisse échapper les eaux pour les ensemencer en blé ou en avoine ; de telle sorte que du même emplacement on obtient tous les trois ans deux produits entièrement étrangers l’un à l’autre, du grain et du poisson.

L’industrie manufacturière est moins développée que l’industrie agricole, mais elle tend chaque jour à s’accroître ; on trouve dans l’arrondissement de Bourg des fabriques de toile de chanvre, des filatures de laine, des tuileries, des draperies. Dans l’arrondissement de Belley il y a des papeteries, des filatures, des scieries hydrauliques qui débitent les sapins en planches et en solives, que l’on expédie à Lyon par l’Ain et le Rhône ; des fabriques de soieries. La fabrique de chapeaux de paille de Lagnieu donne des produits qui peuvent rivaliser avec ceux d’Italie. Dans l’arrondissement de Nantua on trouve des filatures de coton et de laine, des papeteries, des fabriques de futailles et de boissellerie, de peignes de corne et d’ouvrages faits au tour. Dans celui de Gex on fabrique dans la montagne des fromages façon Gruyère, Sassenage et Roquefort, et dans les vallées de l’horlogerie et de la verrerie. Montluel et Ambérieu ont des fabriques de draps pour les troupes ; Saint-Rambert est renommé par son linge de table ; Saint-Laurent possède une fonderie de fer ; Nantua fabrique de belles soieries et de la tabletterie très estimée ; Seyssel et Le Parc exploitent de l’asphalte ; enfin la mégisserie est une industrie commune à tout le département. On compte 6 fabriques de faïence, 8 papeteries ou cartonneries, 9 filatures de laine, 181 tissages de lin et de chanvre et 14 fileries et moulineries de soie. Dans beaucoup de maisons il existe, en outre, des métiers isolés à tisser la soie.

Ces produits des différentes industries du département de l’Ain alimentent son commerce. Ce commerce est surtout le transit, parce que sa position géographique le place entre Marseille et Strasbourg, entre Lyon et la Suisse. Les principaux articles d’exportation sont les grains, les vins, les bestiaux, les volailles, les poissons, les truffes, les planches, les fromages, l’asphalte et les pierres lithographiques. Le département compte 453 foires, qui se tiennent dans 113 communes et durent pendant 464 jours. Les plus importantes sont celles de Bourg, Montmerle, Belley, Nantua, Trévoux, Pont-de-Vaux et Gex.