Malte-Brun - la France illustrée/1/1/2

Jules Rouff (1p. 3-4).

Nature du sol, montagnes. — Le département de l’Ain est montagneux dans sa partie orientale ; sa partie occidentale offre de belles plaines au nord et un sol découpé par un grand nombre d’étangs et de marais au sud.

La partie orientale du département est traversée du nord-est au sud-sud-ouest par plusieurs chaînes de montagnes parallèles entre elles qui sont un prolongement des montagnes du Jura. L’extrémité méridionale de la principale de ces chaînes est connue sous le nom de Grand-Credo ; ce dernier a 1,624 mètres. Les autres points culminants du département sont : le crêt de la Neige, 1,724 mètres ; le Reculet de Thoiry, 1,720 mètres, et le Colomby de Gex, 1,691 mètres. On trouve aussi, vers le centre, une chaîne de hautes collines et de coteaux (558 mètres) dont les pentes couvertes de vignes portent le nom de Revermont.

Les vallées comprises entre les montagnes sont fort encaissées, bordées quelquefois de rochers taillés à pic et sillonnées par des torrents extrêmement rapides ; elles abondent en excellents pâturages et fournissent de très bons fromages. Les pentes extérieures des collines les plus favorablement exposées sont plantées de vignes ; des forêts de sapins et de hêtres, de chênes, de bouleaux occupent le centre des chaînes. Vers le sud-est, les montagnes s’abaissent et sont moins pressées ; les vallées s’élargissent ; de charmants paysages, des sources abondantes, de belles rivières, des prairies, de riches vignobles, beaucoup d’arbres et une végétation vigoureuse présentent le plus riant tableau. On voit que l’on n’est plus dans le haut Bugey.

La partie nord-ouest du département présente les belles plaines de la Bresse et les immenses et superbes pâturages des bords de la Saône. C’est, sans contredit, la partie la plus fertile du département, celle dont l’abondance des céréales vient compenser l’insuffisance des récoltes des parties montagneuses ou marécageuses.

La partie sud-ouest forme des vallées à peine marquées dont le sol compact et argileux retient les eaux, en même temps que le moindre travail de l’homme suffit pour les faire stagner ; aussi n’y compte-t-on pas moins de 1,500 étangs. Remarquons, toutefois, que beaucoup de ces étangs ne sont qu’artificiels ; ils sont formés par une digue qui retient dans les vallées les eaux qui descendent des coteaux. L’industrie des habitants a tiré un curieux résultat de cette disposition. Quand les étangs sont en eaux, on y pêche d’excellent poisson, et lorsqu’ils sont à sec, ce qui arrive quand on ouvre les vannes pratiquées dans les digues, on y récolte de l’orge, de l’avoine et du chanvre en abondance. Cette partie du département présente aussi quelques bois en assez mauvais état, peu de terres à froment, mais de nombreux champs d’avoine.

Le sol du département se divise, d’après sa nature, en : pays de montagnes, 230,500 hectares ; sol calcaire, 185,000 hectares ; sol de terreau, 91,000 hectares ; sol pierreux, 90 hectares ; pays de bruyères, 73,350 hectares.