Malte-Brun - la France illustrée/0/5/2/1/2

Jules Rouff (1p. xxxv-xxxvi).
DOMINATION ROMAINE. — CHRISTIANISME.

La Gaule demeura cinq siècles sous la domination de Rome, qui la transforma par la puissance de sa civilisation. Auguste la divisa en quatre provinces et soixante cités ; au ive siècle, une disposition nouvelle la partagea en dix-sept provinces et cent vingt cités. Les forêts druidiques tombèrent sous la hache ; les villes s’augmentèrent, s’embellirent, se multiplièrent ; les routes sillonnèrent les parties les plus reculées du pays ; des arcs de triomphe, des temples, des cirques ornèrent les cités les plus considérables, surtout dans le Midi ; des écoles célèbres s’élevèrent à Bordeaux, Lyon, Vienne, Autun ; les Gaulois y brillèrent et donnèrent à la littérature latine un glorieux contingent de poètes et de savants. Le commerce et l’industrie enrichirent le pays jusqu’au jour où les vices du gouvernement impérial amenèrent la misère à la suite de la richesse. Les champs se dépeuplèrent, la culture cessa, les pauvres citoyens de la Gaule, réduits au désespoir par la tyrannie du fisc, se révoltèrent, au ive siècle, sous le nom de Bagaudes, et parcoururent le pays comme plus tard les Jacques. Du côté du Rhin, les barbares entamaient déjà la frontière et les Francs Saliens s’établissaient sur les bords de la Meuse. Enfin, unerévolution religieuse achevait d’ébranler la constitution de l’empire : le christianisme réparateur et consolateur avait tout envahi ; il avait pénétré, dès le iie siècle, dans le midi de la Gaule, et, au iiie, dans les contrées du centre et du nord.

« La Gaule, déjà préparée par les doctrines druidiques, reçut avidement le christianisme ; elle sembla se reconnaitre et trouver son bien. Nulle part il ne compta plus de martyrs. Le Grec d’Asie saint Pothin, disciple du plus mystique des apôtres, fonda la mystique Église de Lyon, métropole religieuse des Gaules. Mais la nouvelle croyance se répandit plus lentement dans les campagnes. Au ive siècle encore, saint Martin trouvait à convertir des peuplades entières et des temples païens à renverser. » (Michelet.)

L’empire romain était sur le déclin quand les barbares arrivèrent. Un torrent traversa la Gaule en la dévastant. Quelques-uns des envahisseurs s’y fixèrent : les Burgondes entre le Rhône et les Alpes ; les Wisigoths dans la Narbonnaise et l’Aquitaine ; les Francs sur les bords de la Somme. Tous ces peuples étaient germaniques. Survinrent les Huns, race étrangère et formidable, également odieuse aux Germains et aux Romains, qui se réunirent contre elle ; ces Asiatiques furent détruits dans la plaine de Châlons, et Attila s’enfuit (452). Depuis ce jour, où la Gaule vit se heurter sur son territoire tous les peuples du monde, on peut dire qu’elle devint le cœur de l’Europe nouvelle.