Malte-Brun - la France illustrée/0/5/1/7

Nature du sol, productions végétales et animales. — Le sol de la France se divise, d’après sa nature, en pays de montagnes, 4,268,750 hectares ; pays de bruyères ou de landes, 5,676,089 ; sol de riche terreau, 7,276,368 ; sol de craie ou calcaire, 9,788,197 ; sol de gravier, 3,417,893 ; sol pierreux, 6,612,348 ; sol sablonneux, 5,921,377 ; sol argileux, 2,232,885 ; sol limoneux ou marécageux, 284,454 hectares, etc., etc., etc.

La flore de la France est celle de toutes les régions tempérées ; elle compte plus de 6,000 espèces de 830 genres.

Ces espèces, ces genres sont assujettis au climat et à la latitude ; l’olivier, le maïs et la vigne peuvent servir à déterminer les limites de quatre régions naturelles qui divisent cette contrée ; nous avons figuré sur notre carte de la France physique ces limites par des lignes droites et parallèles ; tandis que, toujours sinueuses, elles suivent les pentes et les contours que produisent les aspérités du sol, et coupent obliquement les degrés de latitude. La région des oliviers occupe, depuis les bords de la Méditerranée, les pentes orientales de la chaîne des Pyrénées, les pentes méridionales des Cévennes et les pentes occidentales des Basses-Alpes. Elle est limitée, au nord, par une ligne qui, partant de Bagnères-de-Luchon, se prolonge directement jusqu’à Die dans le département de la Drôme, et descend à Embrun dans celui des Hautes-Alpes. La région du maïs ne s’étend guère au delà d’une seconde ligne qui commence à l’embouchure de la Gironde, passe au nord de Nevers, et remonte jusqu’à l’extrémité septentrionale de l’Alsace. La vigne, qui occupe ces deux régions, s’étend au delà de celle du maïs, mais ne dépasse pas la ligne que l’on tracerait à quelques lieues au nord de l’embouchure de la Loire, prolongée vers le nord-est, en passant au sud des sources de l’Eure, en suivant les contours des plateaux qui bordent la rive gauche de l’Oise, en s’étendant au nord de l’Aisne et de Verdun, et vers le nord-ouest jusqu’au Rhin. Au delà de cette ligne, la vigne est remplacée par le pommier. Cependant ces limites ne sont pas rigoureusement exactes : ainsi le maïs pourrait être cultivé dans le bassin de Metz, puisqu’il y réussit dans les jardins ; on en récolte une assez grande quantité en Bretagne, sur le versant méridional des montagnes d’Arrée et dans quelques parties de la Flandre française.

Il y a de grands rapports entre la nature géologique du sol et les productions que l’on en peut exiger ; les terres qui contiennent des carbonates de chaux et de magnésie sont éminemment propres à contenir des froments et des légumineuses, et elles ajoutent à l’intensité des principes colorants des plantes tinctoriales. Les terres salifères ne conviennent pas aux céréales, mais bien aux plantes potagères que l’on cultive pour leurs tiges et pour leurs feuilles ; les terres siliceuses conviennent aux plantes dont la végétation a lieu en hiver, comme les seigles et les raves. Les forêts, ainsi que la plupart des arbres fruitiers, se plaisent sur les terres silico-argileuses ; et la vigne, dans les terres silico-marneuses ; les arbres verts, enfin, et les résineux réussissent à merveille dans les terrains sablonneux. Les céréales abondent dans toutes les parties de la France ; la Beauce, la Limagne et la plaine de Toulouse en produisent des quantités considérables. Les menus grains, les légumes secs et les pommes de terre sont aussi fort répandus aujourd’hui. Dans les départements du nord, on cultive le colza, la betterave et le houblon. Les plantes tinctoriales réussissent dans le midi. Le tabac est cultivé dans les départements du nord et dans le bassin de la Garonne. Le Maine, le Limousin, le Lyonnais ont de grandes châtaigneraies, et le fruit de cet arbre est une ressource précieuse pour les départements montagneux du centre de la France. La vigne, qui offre plus de 1,400 variétés, et que l’on cultive sur près de 2 millions d’hectares, produit en moyenne annuelle pour 60 millions 1/2 d’hectolitres de vin. Le noyer acquiert une grande importance dans la basse Auvergne. Les seuls arbres fruitiers importants qui soient réellement indigènes de la France sont : le figuier, le pommier, le poirier, le prunier et le néflier. La culture a naturalisé en France le cerisier, qui vient de l’Asie ; la vigne, apportée par les Phéniciens et l’empereur Probus ; l’olivier, originaire du mont Taurus ; le framboisier, qui vient du mont Ida ; le maïs, de Turquie ; le persil, de Sardaigne ; le grenadier, de l’Afrique ; le radis, l’oranger, le citronnier, le murier blanc, l’igname nous viennent de la Chine ; l’abricotier, de l’Arménie ; l’amandier et le noyer, la laitue et les melons sont encore originaires de l’Asie. Que de conquêtes lointaines n’a pas faites l’horticulture, qui s’enrichit chaque jour d’un nouveau genre, d’une nouvelle espèce !

Le chêne, le bouleau, l’orme, le charme, le frêne et le hêtre de nos forêts, l’aune, qui croît dans

Le tunnel du mont Cenis (Modane).

Le tunnel du mont Cenis (Modane).


les lieux humides, voient maintenant s’élever autour de nos habitations l’acacia, qui vient de la Virginie ; différents chênes d’Amérique ; le marronnier d’Inde, originaire de la Turquie d’Asie. Au sapin qui couvre les régions élevées de nos montagnes, la culture joint ceux de la Norvège et du Canada ; enfin, le platane, le peuplier noir, le tremble et le peuplier blanc, indigènes de la France, s’unissent à ceux de l’Italie et de l’Amérique pour orner nos parcs et border nos prairies. Les départements les plus boisés sont ceux de la Côte-d’Or, de la Corse, de la Haute-Marne, des Vosges, de la Nièvre et de la Meuse.

Le merisier abonde dans les Vosges ; le câprier, le citronnier, le pistachier et l’olivier réussissent dans l’ancienne Provence ; tandis que, dans la vallée de la Garonne, le prunier, et dans toute la Normandie, le pommier et le poirier constituent une source de richesse pour les habitants. Dans les environs de Paris, la pêche de Montreuil, la cerise de Montmorency justifient leur réputation, les fraises et les primeurs de la vallée de Marcoussis. Enfin, les diverses plantes potagères ont acquis sur certains sols une qualité supérieure ; ainsi les asperges d’Argenteuil, les haricots des environs de Soissons, les carottes d’Amiens, les artichauts de Laon, les navets de Freneuse, les potirons de Montlhéry ; et, parmi les plantes acotylédones les truffes des environs d’Angoulême et de Périgueux sont recherchées sur nos tables.

La faune de la France n’est pas aussi multiple que sa flore. Les animaux domestiques sont : le cheval, le mulet, le bœuf, la vache, le mouton, la brebis, la chèvre, le chien, le chat. Nos basses-cours sont riches en porcs, lapins, cygnes, oies, dindons, canards, coqs, poulets et pigeons.

Parmi les animaux sauvages qui peuplent nos montagnes, nos bois et nos guérets, citons l’ours et le lynx, aujourd’hui assez rares et confinés dans les Pyrénées et les Alpes ; le cerf, le sanglier, le daim et le chevreuil, qui composent le gros gibier des chasses ; l’écureuil, dont on remarque plusieurs espèces ; la martre, la marmotte, l’hermine, le hamster, le putois, la fouine, la belette, le renard, le blaireau, le lièvre, le lapin, le hérisson, le rat, le mulot, le loir, la souris, le lérot, la loutre et quelques castors. Les oiseaux sont à peu près les mêmes que dans le reste de l’Europe. On y compte, parmi les oiseaux de proie : le grand aigle, l’aigle commun, le vautour, le milan, l’épervier, le grand-duc, etc. Parmi les gallinacés : le faisan, la gelinotte et les perdrix rouge et grise. Parmi les oiseaux de passage : l’alouette, l’hirondelle, la caille, l’ortolan, le martin-pêcheur, les tourterelles, etc. N’oublions pas le rossignol, dont le chant prête tant de charmes à nos bosquets ; l’hirondelle, qui recherche nos habitations ; le linot, le bouvreuil, le chardonneret, qui sont les ornements de nos volières ; le geai, le sansonnet et l’étourneau, qui, par leur facilité à apprendre à parler, pourraient être appelés nos perroquets indigènes. Parmi les oiseaux aquatiques, presque tous de passage : l’outarde, le cygne, la bécasse, la bécassine, le pluvier, le canard sauvage, etc. La vipère et l’aspic sont les seuls reptiles venimeux. Les couleuvres, les lézards et les batraciens sont communs dans les régions pierreuses. Les rivières de France sont généralement poissonneuses et renferment des spécimens de tous les poissons d’Europe. Les poissons les plus nombreux sur les côtes de l’Océan sont : le hareng, le turbot, la raie, la sole, le merlan, le maquereau, la sardine, le saumon, qui remonte les rivières jusqu’au cœur du pays. Les côtes de la Méditerranée ont des poissons particuliers, tels que le thon et l’anchois. Les homards, les langoustes, les moules et de riches bancs d’excellentes huîtres, parmi lesquelles nous citerons celles de Cancale et de Marennes, se rencontrent sur la côte de l’Océan.