Maison de détention de Brauweiler

PRUSSE RHENANE.Maison de détention de Brauweiler. « — De nombreux débris des institutions plus ou moins modifiées de l’empire français attestent encore, chez les peuples du continent, le pouvoir et l’influence que la France exerça pendant le cours de ses prospérités. La maison de détention de Brauweiler est au nombre de ces souvenirs qui consacrent des créations anéanties. Elle fit partie d’abord de ces dépôts de mendicité qu’un décret de 1808 organisa dans tous les départemens de l’empire, et où tous les mendians valides devaient être enfermés au moins pendant un an, pour y apprendre un métier qui les mît à même, par la suite, de gagner leur vie. Par un autre décret particulier de 1809, les bâtimens de l’ancienne abbaye de Brauweiler furent affectés au dépôt de mendicité du département de la Roër. Ce ne fut que deux ans après, cependant, que cette disposition reçut son exécution, et que le dépôt renferma 640 détenus. Mais en 1814, l’invasion étrangère dut nécessairement influer sur l’organisation de la maison qui, sous la surveillance des autorités prussiennes, prit le nom de Maison de travail, et subit des changemens importans dans ses réglemens intérieurs. Elle contient aujourd’hui environ 800 individus des deux sexes, mendians, vagabonds, ou condamnés à la réclusion, et spécialement des condamnés au-dessous de 16 ans. Elle reçoit aussi des enfans abandonnés, des épileptiques et des fous. Ces détenus proviennent des régences de Cologne, Dusseldorf, Aix-la-Chapelle et Coblentz.

Tous les détenus y sont occupés à un travail quelconque, et ceux qui ne savent aucun métier sont forcés d’en apprendre un. Une portion du prix de leur travail est retenue, pour être remise à leur sortie aux autorités du lieu où ils vont résider. La partie qui leur est abandonnée comme salaire journalier est payée en une monnaie de convention qui n’a cours que dans la maison, où toute autre monnaie est sévèrement interdite.

Les jeunes prisonniers sont entièrement séparés des autres. On prend un soin paternel de leur éducation, et on leur enseigne l’écriture, le calcul, l’histoire, la grammaire, le dessin et le chant. Organisés en compagnie, on les exerce en outre aux manœuvres de l’infanterie, sous le commandement d’un ancien sergent et de sous-officiers pris parmi eux. Cette organisation, offrant les plus heureux résultats, donne des habitudes d’ordre et de discipline que des réglemens civils chercheraient vainement à faire naître au même degré. On a observé qu’il est à peu près sans exemple que des détenus aient été repris de justice après leur sortie de cet établissement ; ils se font au contraire remarquer par la régularité de leur conduite et par toutes les qualités qui constituent le bon citoyen.

Il est aisé de voir, d’après le léger aperçu que nous venons de tracer, que la maison de détention de Brauweiler peut être présentée comme un excellent modèle, pour l’administration de tous les établissemens publics de répression et de bienfaisance.

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