Littératurenouvelle série n° 1 (p. 18).

Mae Murray


On voit déjà en quoi les jeunes gens dans dix ans nous reprocheront de nous être laissé épater par le cinéma. Le dernier refuge de la sentimentalité. Les femmes et les voyages, quels prétextes ! Les stupéfiants se passent de justification. Le miracle inouï, ce sont ces femmes qui ne parlent pas. Tous, au moins une fois, nous serons leur victime.

Les drames de la coquetterie. Son petit rire qu’on ne gouvernera jamais, ses derniers mensonges, ses prochains mensonges, ses robes, ses enfantillages exaspérants, ses ultimatums à propos d’un gant ou d’une promenade, tout ce que l’on ne sait pas, la terreur et le désir d’une inévitable rupture, sa tendresse au moment où on ne l’espère plus, son incorrigible gaieté, et le souvenir de ce long corps trop agile, d’une récompense extravagante, d’un vice, je suis amoureux de Mae Murray.

Jacques Rigaut