Quand les violons sont partis
Librairie Léon Vanier, éditeur (p. 19).
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Madrigal

MADRIGAL

Ne vous souvient-il pas d’une existence exquise,
Au temps joli qui vit fleurir la Pompadour ?
Lors, on vous saluait en soupirant : « Marquise ! »
On m’honorait comme un très digne abbé de cour.

Vous me laissiez parfois, quand languissait le jour,
Vous prêcher, tout confit en l’onction requise,
Quelque homélie assez incandescente pour
Mettre la mer à sec et fondre la banquise.

Quand la Mort nous plongea dans le Royaume noir,
Nous reprîmes si bien nos jeux que, pour ce monde,
Pluton scandalisé nous fit repasser l’onde !

Désormais votre abbé, Marquise, attend le soir
Où, brûlant des beaux feux de naguère, il vous dise
Un madrigal au vieux parfum de mignardise.