Calmann Lévy (p. 268-285).
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LI


17 septembre.

Pendant l’heure de la sieste arrive l’ordre brusque de partir demain pour la Chine, pour Tchéfou (un lieu affreux situé dans le golfe de Pékin). C’est Yves qui vient me réveiller dans ma chambre de bord, pour me l’apprendre.

— Il faut absolument que je me débrouille pour aller à terre ce soir, dit-il, pendant que j’achève de secouer mon sommeil, — d’abord, quand ce ne serait que pour vous aider à faire votre déménagement là-haut…

Et il regarde par mon sabord, levant la tête vers les cimes vertes, dans la direction de Diou-djen-dji et de notre vieille maisonnette sonore, qu’un repli de montagne nous cache.

C’est très gentil de sa part, ce désir de m’aider dans mon déménagement là-haut ; mais je crois aussi qu’il tient à faire ses adieux à ses petites amies japonaises, et vraiment je ne puis lui en vouloir.


Il se débrouille en effet et obtient, sans que je m’en mêle, la permission pour ce soir cinq heures, après l’exercice et la manœuvre.

Quant à moi, je pars tout de suite, dans un sampan de louage.

Au grand soleil de midi, au bruit tremblant des cigales, je monte à Diou-djen-dji.


Les sentiers sont solitaires ; les plantes, accablées de chaleur.

Cependant voici madame Jonquille, qui se promène, à cette heure lumineuse des sauterelles, abritant sa délicate personne et son fin minois sous un immense parasol en papier, tout rond, à nervures très rapprochées et à grands bariolages fantasques.

Elle me reconnaît de loin et, rieuse comme toujours, accourt au-devant de moi.

Je lui annonce notre départ, — et une grosse moue contracte sa figure enfantine… Allons, est-ce qu’elle en a du chagrin, vraiment ?… Est-ce qu’elle va pleurer ?… — Non ! non ; cela tourne en un accès de rire, un peu nerveux sans doute, mais inattendu, déconcertant, — sec et cristallin, dans le silence de ces sentiers chauds, comme une dégringolade de petites perles fausses.

Ah ! bien, par exemple, voilà un mariage qui sera rompu sans douleur ! — Elle m’impatiente, cette linotte, avec son rire, et je lui tourne le dos pour continuer ma route.


Là-haut, Chrysanthème dort, étendue sur le plancher ; la maison est complètement ouverte et une tiède brise de montagne passe au travers.

Précisément nous devions donner un thé ce soir, et, d’après mes indications, il y a déjà des fleurs partout. Encore des lotus dans nos vases, de beaux lotus roses ; les derniers de la saison, cette fois, je pense. — On a dû les commander chez ces fleuristes spéciaux qui demeurent là-bas, dans les quartiers du Grand Temple, et ils vont me coûter très cher.

À petits coups légers d’éventail, je réveille cette mousmé surprise, et je lui annonce que je m’en vais, curieux de l’impression que je vais produire.

— Elle se redresse, frotte, avec le revers de ses petites mains, ses paupières alourdies, puis me regarde et baisse la tête : quelque chose comme un sentiment de tristesse passe dans ses yeux.

C’est pour Yves, sans doute, ce petit serrement de cœur.


La nouvelle court la maison.

Mademoiselle Oyouki monte quatre à quatre, ayant une demi-larme de bébé dans chaque œil ; elle m’embrasse avec ses grosses lèvres rouges, qui font toujours un rond mouillé sur ma joue ; — puis, vite, tire de sa grande manche un carré de papier de soie, essuie ces pleurs furtifs, mouche son petit nez, roule la feuille en boulette, — et la lance dans la rue sur le parasol d’un passant.

Madame Prune apparaît ensuite, agitée, défaite, prenant successivement toutes les poses de la consternation croissante. Qu’est-ce donc qu’elle a, cette vieille dame, et pourquoi s’approche-t-elle de moi ainsi, jusqu’à gêner mes mouvements quand je me retourne ??…

C’est inouï ce qu’il me reste à faire, ce dernier jour, de courses en djin chez des marchands de bibelots, des fournisseurs, des emballeurs.

Pourtant, avant qu’on dérange mon appartement, je veux prendre le temps de le dessiner… comme jadis, à Stamboul… Il semble vraiment que tout ce que je fais ici soit l’amère dérision de ce que j’avais fait là-bas…

Mais cette fois, ce n’est pas que j’y tienne, à ce logis ; c’est seulement parce qu’il est gentil et étrange ; le dessin en sera curieux à conserver.

Donc, je cherche une feuille d’album et je commence tout de suite, assis par terre, appuyé sur mon pupitre à sauterelles en relief, — tandis que, derrière moi, les trois femmes, bien près, bien près, suivent les mouvements de mon crayon avec une attention étonnée. Jamais elles n’avaient vu dessiner d’après nature, l’art japonais étant tout de convention, et ma manière les ravit. Peut-être n’ai-je pas la sûreté ni la prestesse manuelle de M. Sucre lorsqu’il groupe ses charmantes cigognes, mais je possède quelques notions de perspective qui lui manquent ; et puis on m’a enseigné à rendre les choses comme je les vois, sans leur donner des attitudes ingénieusement outrées et grimaçantes ; alors ces trois Japonaises sont émerveillées de l’air réel de mon croquis.

En poussant des petits cris admiratifs, elles se montrent du doigt les objets, à mesure que leur forme et leur ombre s’ébauchent en noir sur mon papier. Chrysanthème me regarde avec une nuance nouvelle d’intérêt :

Anata itchiban ! dit-elle. (Littéralement : « Toi premier ! » ce qui signifie : « Tu es tout à fait un personnage de premier brin ! »)

Mademoiselle Oyouki surenchérit encore sur

cette appréciation et s’écrie dans un élan d’enthousiasme :

Anata bakari ! (« Toi seul ! » c’est-à-dire : « Il n’y a que toi au monde ; tous les autres, auprès de toi, ne sont que négligeable fretin. »)

Madame Prune ne dit rien, elle, mais je vois bien qu’elle n’en pense pas moins ; ses poses alanguies, sa main qui à tout instant frôle la mienne, me confirment même dans cette idée, que son air consterné de tout à l’heure m’avait fait concevoir : évidemment l’ensemble de ma personne parle à son imagination, restée romanesque après l’âge ! — je m’en irai avec le regret de l’avoir compris trop tard !!…

Si elles sont satisfaites de mon dessin, ces dames, moi je ne le suis guère. J’ai mis tout à sa place, bien exactement, mais l’ensemble a je ne sais quoi d’ordinaire, de quelconque, de français, qui ne va pas. Le sentiment n’est pas rendu, et je me demande si je n’aurais pas mieux réussi en faussant la perspective, à la japonaise, et en exagérant jusqu’à l’impossible les lignes déjà bizarres des choses. Et puis il manque à ce logis dessiné son air frêle et sa sonorité de violon sec. Dans les traits de crayon qui représentent les boiseries, il n’y a pas la précision minutieuse avec laquelle elles sont ouvragées, ni leur antiquité extrême, ni leur propreté parfaite, ni les vibrations de cigales qu’elles semblent avoir emmagasinées pendant des centaines d’étés dans leurs fibres desséchées. Il n’y a pas non plus l’impression qu’on éprouve ici, d’être dans un faubourg bien lointain, perché à une grande hauteur parmi les arbres, au-dessus de la plus drôle de toutes les villes. Non, tout cela ne se dessine pas, ne s’exprime pas, demeure intraduisible et insaisissable.

… Nos invitations étant faites, nous donnerons ce soir notre thé quand même. Un thé d’adieu, alors, pour lequel nous déploierons le plus de pompe possible. Cela rentre dans ma manière, du reste, de clore mes existences exotiques par une fête ; dans des pays divers, j’ai déjà fait ainsi.

Nous aurons nos habituées, plus ma belle-mère, mes parentes, et enfin tous les mousmés du quartier. Mais, par un raffinement de japonerie, nous n’admettrons cette fois aucun ami européen, — pas même celui d’une inconcevable hauteur. — Yves seulement, et encore on le dissimulera dans un coin, derrière des fleurs et des objets d’art.


Au dernier crépuscule, aux premières étoiles, ces dames arrivent, avec des révérences adorables. Et bientôt notre maisonnette est pleine de petites femmes accroupies, dont les yeux bridés sourient vaguement ; on voit luire comme de l’ébène poli tous les beaux chignons aux coques soignées ; les corps frêles se perdent dans les plis des vêtements trop larges, qui bâillent tous, comme prêts à tomber, sur les petits dos fuyants, et découvrent des nuques exquises.

Chrysanthème un peu mélancolique, ma belle-mère Renoncule avec mille grâces, s’empressent au milieu de ces groupes, où les pipes en miniature s’allument. On entend bientôt un murmure de rires discrets, qui n’expriment rien, mais qui ont un timbre exotique très gentil, et puis commence un pan ! pan ! pan ! d’ensemble, sec et rapide, contre les rebords finement laqués des boîtes à fumer. À la ronde, sur des plateaux dont les formes sont spirituellement variées, circulent des fruits confits aux épices. Ensuite paraissent des tasses en porcelaine transparente, grandes comme des moitiés d’œuf, et l’on offre aux dames quelques gouttes d’un thé sans sucre, contenu dans des bouillottes de poupée ; — ou bien un doigt de saki (alcool de riz qu’il est d’usage de servir chaud, dans d’élégantes burettes à long col de héron).

Différentes mousmés exécutent, à tour de rôle, des improvisations sur le chamécen. D’autres chantent, en des modes suraigus, avec un sautillement continuel, comme des cigales en délire.

Madame Prune, ne pouvant plus faire mystère des sentiments trop longtemps refoulés qui l’agitent, m’entoure de tendres soins et me prie d’accepter quantité de gracieux souvenirs : une image, un petit vase, une petite déesse de la Lune en porcelaine de Satsouma, un irrésistible magot d’ivoire ; — je la suis en frémissant dans des recoins obscurs, où elle m’attire pour me faire en tête à tête ces cadeaux…


Vers neuf heures arrivent, avec un froufrou soyeux, les trois guéchas en vogue de Nagasaki, mesdemoiselles Pureté, Orange et Printemps, que j’ai louées quatre piastres par tête, — un prix excessif en ce pays.

Ces trois guéchas sont bien les mêmes petites créatures que j’avais entendues chanter, le jour pluvieux de mon arrivée, à travers les cloisons frêles du Jardin des Fleurs. Mais comme je me suis beaucoup japonisé depuis cette époque, elles me semblent aujourd’hui très diminuées, bien moins étranges, plus du tout mystérieuses. Je les traite un peu en baladines à mes ordres, et l’idée qui m’était venue d’épouser l’une d’elles me fait hausser les épaules à présent, — comme jadis à M. Kangourou.

La chaleur excessive causée par les mousmés qui respirent et par les lampes qui brûlent, développe le parfum des lotus ; il remplit l’air devenu très lourd, et on sent aussi l’huile de camélias que les dames mettent à profusion pour faire luire leur chevelure.

Mademoiselle Orange, la guécha enfant, la toute petite et la toute mignonne, dont le rebord des lèvres est doré au pinceau, exécute des pas délicieux, avec des perruques et de faux visages très extraordinaires en bois ou en carton. Elle a des masques de vieille dame noble qui sont des objets de prix, signés par des artistes connus. Elle a de longues robes somptueuses, taillées à la mode ancienne ; les traînes en sont garnies par le bas d’un bourrelet rigide, afin de donner aux mouvements du costume ce je ne sais quoi d’apprêté et de pas naturel qui convient.

Maintenant des souffles de brise tiède passent d’une véranda à l’autre, à travers le logis, agitant la flamme des lampes. Ils effeuillent les lotus, épuisés de chaleur artificielle, qui tombent en morceaux, de tous les vases, et sèment sur les invitées leur pollen, leurs larges pétales roses pareils à des cassons de globes d’opale…

La pièce à effet réservée pour la fin est un trio de chamécen, long et monotone, que les guéchas exécutent en pizzicato rapide, sur les cordes les plus hautes, pincées très court. On dirait la quintessence même, — puis la paraphrase, l’exaspération, si l’on peut dire, — de cet éternel chant d’insectes qui sort des arbres, des plantes, des vieux toits, des vieux murs, de tout, et qui est la base même des bruits japonais…


Dix heures et demie. Le programme est rempli et la réception terminée. Un dernier pan ! pan ! pan ! général et les petites pipes rentrent dans leurs étuis guillochés, se rattachent aux ceintures ; les mousmés s’agitent pour partir.

On allume, au bout de bâtonnets, une quantité de lanternes rouges, grises ou bleues, et, après des révérences sans fin, les invitées se dispersent dans l’obscurité des sentiers et des arbres.

Nous descendons nous-mêmes en ville, Yves, Chrysanthème, Oyouki et moi, pour reconduire ma belle-mère, mes belles-sœurs et ma jeune tante, madame Nénufar.

C’est que nous désirons aussi faire une dernière promenade ensemble dans les lieux de plaisir qui nous sont familiers, boire des sorbets à la maison de thé des Papillons Indescriptibles, acheter encore une lanterne chez madame Très-Propre, et manger quelques gaufres d’adieu chez madame L’Heure.

Je cherche à m’impressionner, à m’émotionner sur ce départ, et j’y réussis mal. À ce Japon, comme aux petits bonshommes et bonnes femmes qui l’habitent, il manque décidément je ne sais quoi d’essentiel : on s’en amuse en passant, mais on ne s’y attache pas.

Au retour, quand je suis là, avec Yves et ces deux mousmés, remontant une fois encore ce chemin de Diou-djen-dji que je ne reverrai sans doute jamais, un peu de mélancolie se glisse peut-être dans cette dernière promenade.

Mais c’est la mélancolie inséparable des choses qui vont finir sans retour possible.

D’ailleurs, il y a cet été calme et splendide qui finit lui aussi pour nous, — puisque demain nous courrons au-devant de l’automne, dans le nord chinois. Et je commence à les compter, hélas, les étés de jeunesse que je puis espérer encore ; je me sens devenir plus sombre, chaque fois que l’un d’eux s’enfuit, s’en va retrouver les autres, les disparus, dans l’abîme noir et sans fond où s’entassent les choses passées…


À minuit, nous sommes rentrés au logis, et mon déménagement commence, tandis que, à bord, l’ami d’une légendaire hauteur a la bonté de faire le quart à ma place.

Un déménagement nocturne, rapide, furtif, — « à la manière des dorobo » (des voleurs), fait observer Yves qui a pris, au frottement des mousmés, quelque teinture de langue nipponne.

Messieurs les emballeurs, sur ma prière, ont envoyé dans la soirée plusieurs petites caisses ravissantes, à compartiments, à doubles fonds, et plusieurs sacs en papier (en indéchirable papier japonais) qui se ferment d’eux-mêmes et s’attachent au moyen de liens, également en papier, disposés à l’avance d’une manière ingénieuse ; tout ce qu’il y a de plus spirituel et de plus commode dans le genre : pour les petites choses pratiques ce peuple est sans rival.

C’est plaisir que d’emballer là dedans ; et tout le monde s’y met, Yves, Chrysanthème, madame Prune, sa fille et M. Sucre. À la lueur des lampes de la réception qui brûlent encore, chacun travaille à empaqueter, rouler, ficeler, — très vite, car il est déjà tard.

Oyouki, bien qu’elle ait le cœur gros, ne peut s’empêcher de mêler à sa besogne quelques éclats de son rire enfantin.

Madame Prune, éplorée, renonce à se contenir : pauvre dame, je regrette vraiment beaucoup…

Chrysanthème est distraite et silencieuse…


Mais quel effrayant bagage ! Dix-huit caisses ou paquets, de bouddhas, de chimères, de vases, — sans compter les derniers lotus que j’emporte aussi, liés en gerbe rose.

Tout cela s’entasse dans des voitures de djins, louées depuis le coucher du soleil, qui attendent à la porte, les coureurs endormis sur l’herbe.

Nuit étoilée, exquise. — Nous nous mettons en route aux lanternes, suivis des trois dames contristées qui nous reconduisent ; par des pentes extrêmes, dangereuses dans cette obscurité, nous descendons vers la mer…

Les djins contretiennent de toutes leurs forces, en raidissant leurs jambes musculeuses : ces petites voitures chargées descendraient bien toutes seules, beaucoup trop vite, si on les laissait faire, et se lanceraient dans le vide avec mes bibelots les plus précieux. Chrysanthème marche à côté de moi et m’exprime, d’une manière douce et gentille, son regret que l’ami si fabuleusement haut n’ait pas offert de me remplacer pour le service jusqu’au matin, ce qui m’aurait permis de passer cette dernière nuit sous notre toit :

— Écoute, dit-elle, reviens demain dans le jour, avant l’appareillage, me dire adieu ; je ne retournerai chez ma mère que le soir ; tu me trouveras encore là-haut.

Et je le lui promets.


Elles s’arrêtent à certain tournant d’où l’on découvre à vol d’oiseau toute la rade : les eaux noires, endormies, reflétant d’innombrables feux lointains ; et les navires — petites choses immobiles qui ont forme de poisson, vues d’où nous sommes, et qui semblent dormir aussi, — petites choses qui servent à aller ailleurs, à aller très loin et à oublier.

Elles vont rebrousser chemin, ces trois dames, car la nuit est déjà avancée, et plus bas, les quartiers cosmopolites des quais ne sont pas sûrs, à cette heure indue.

Le moment est donc venu pour Yves — qui, lui, ne remettra plus les pieds à terre, — de faire ses grands adieux aux mousmés ses amies.

Or, je suis très curieux de cette séparation d’Yves et de Chrysanthème ; j’écoute de toutes mes oreilles, je regarde de tous mes yeux : — cela se passe de la manière la plus simple et la plus tranquille ; rien de ce déchirement qui sera inévitable entre madame Prune et moi ; chez ma mousmé, je remarque même un détachement, une désinvolture qui me confondent ; vraiment, je ne comprends plus.

Et je songe en moi-même, tout en continuant de descendre vers la mer : « Ce semblant de tristesse chez elle, ce n’était donc pas pour Yves… Pour qui, alors ?… » Puis cette petite phrase me repasse en tête :

« Reviens demain avant l’appareillage me dire adieu ; je ne retournerai chez ma mère que le soir ; tu me trouveras encore là-haut… »

Ce Japon est bien délicieux, cette nuit, bien frais, bien suave, et cette Chrysanthème était très mignonne tout à l’heure, me reconduisant en silence dans ce chemin…


Il est deux heures environ quand nous arrivons à la Triomphante, dans un sampan de louage que j’ai rempli de mes caisses, à couler bas. L’ami très haut me remet le service que je dois garder jusqu’à quatre heures, et les matelots de quart, mal éveillés, font la chaîne, dans l’obscurité, pour monter à bord tout ce fragile bagage…