Ma vie (Cardan)/Chapitre XXVIII

Traduction par Jean Dayre.
Texte établi par Jean DayreHonoré Champion (p. 64).

XXVIII

PROCÈS INTERMINABLES

Depuis la mort de mon père jusqu’à ma quarante-sixième année, c’est-à-dire pendant vingt-trois ans, je fus (103) presque continuellement en procès. D’abord ce fut avec Alessandro Castiglione, appelé Gattico, pour certaines forêts, puis avec des parents, enfin avec le comte Barbiani[1] ; plus tard avec le Collège [des médecins] et par la suite avec les héritiers de Domenico de’ Torti qui m’avait tenu sur les fonts baptismaux. Contre tous je gagnai mes procès. Ce qui est étonnant, c’est que je triomphai d’Alessandro Castiglione alors que son oncle était juge, et bien qu’il eût déjà obtenu contre moi un jugement devenu exécutoire (comme disent les juristes) ; il fut contraint de payer tous les frais. J’eus un pareil succès avec les recteurs du Collège : exclu par plusieurs jugements, et le dernier jugement confirmé par un accord aux termes duquel j’étais associé et soumis au Collège sans en être membre, je fus pourtant reçu complétement malgré tant d’adversaires. De même avec les Barbiani, après de longs procès, des menaces et des difficultés, je transigeai et, ayant reçu la somme convenue, je fus tout à fait débarrassé de chicanes.


  1. Voir chap. IV n. 4.