Ma peine me contente, et prens en patiance

Ma peine me contente, et prens en patiance
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 334).

XLVI

Ma peine me contente, et prens en patiance
La douleur que je sens, puis qu’il vous plaist ainsi,
Et que daignez avoir souci de mon souci,
Et prendre par mon mal du vostre experiance.
Je nourriray mon feu d’une douce esperance,
Puis que vostre desdain vers moy s’est adouci.
Pour resister au mal mon cœur s’est endurci,
Tant la force d’amour me donne d’asseurance.
Aussi quand je voudrais, je ne pourrais celer
Le feu, dont voz beaux yeux me forcent de brasler.
Je suis soulfre et salpestre, et vous n’estes que glace.
De parole et d’escrit je monstre ma langueur :
La passion du cœur m’apparaist sur la face.
La face ne ment point : c’est le mirouër du cœur.