Mœurs, institutions et cérémonies des peuples de l’Inde/Extrait de l’avertissement qui précédé la traduction anglaise imprimée à Londres en 1816

EXTRAIT
DE l’AVERTISSEMENT QUI PRÉCÈDE LA TRADUCTION ANGLAISE
IMPRIMÉE À LONDRES EN 1816.





Texte en français

Le manuscrit français dont on offre ici la traduction, a été conçu et compose au milieu même du peuple qui est décrit. L’eloignement absolu où l’auteur, pendant une longue suite d’années, s’est trouve de toute société européenne, l’a mis dans une position favorable pour scruter les replis obscurs et jusqu’alors inconnus du caractère indien ; mais il l’a aussi dérobé lui-même à la curiosité de ses lecteurs. Tout ce qu’on sait de lui, dans ce pays, se réduit à ce qu’a pu en apprendre la dépêche suivante, écrite par le gouverneur en son conseil au fort Saint-George, du 24 décembre 1807, à l’honorable cour des directeurs de la compagnie des Indes-Orientales, et qu’elle a bien voulu permettre au traducteur de rendre publique :

Nous appelons votre attention sur les pièces notées en marge, relatives à un ouvrage nouvellement composé par l’abbé Dubois, homme de mœurs irréprochables, qui, ayant échappé aux massacres de la révolution française, se réfugia dans l’Inde, où, depuis cette époque, il s’est livré avec zèle aux pieuses fonctions de missionnaire, et s’y est acquis, tant de la part des Européens que de celle des naturels du pays, un degré d’estime auquel, selon nous, sont parvenues peu de personnes de sa profession. C’est néanmoins au milieu des indigènes que ce missionnaire a principalement vécu, et il a mis à profit la longue durée de ses communications avec eux, pour écrire une relation détaillée des coutumes et mœurs indiennes. Afin de vous donner une idée particulière du mérite de son ouvrage, nous insérons l’extrait suivant d’une lettre que le major Wilks, qui remplissait dernièrement les fonctions de résident dans le Meissour, contrée que l’abbé Dubois a le plus long-temps habitée, écrivit au secrétaire de notre ci-devant président.

Le manuscrit de l’abbé Dubois, dit-il, me fut remis par lui-même au commencement de l’année 1806. Autant que mes connaissances acquises avant cette époque et les recherches auxquelles je me suis livré depuis me permettent d’en juger, ce manuscrit renferme, sur les coutumes et les mœurs des Indiens, les notions les plus exactes et les plus complètes qui existent dans aucune langue de l’Europe ; d’où je conclus qu’on ne peut élever le moindre doute sur l’utilité générale d’un ouvrage de ce genre. Tous les Anglais qui résident dans l’Inde ont intérêt à acquérir, concernant les usages particuliers aux castes indiennes, des connaissances qui les mettent en état d’entretenir avec les naturels des rapports journaliers d’affaires ou de politesse, en évitant de blesser leurs préjugés. Les Européens ne connaissent guère ces préjugés que comme des faits isolés ; et un ouvrage qui nous fournirait les moyens de généraliser les idées que nous en avons, en indiquant les sources d’où ces préjugés dérivent, serait, sur-tout entre les mains des jeunes employés de la compagnie, un manuel dont les avantages pour l’intérêt public n’ont pas besoin d’être développés. Désirant obtenir, sur le mérite de cet ouvrage, un témoignage de plus grand poids que le mien, je le soumis à l’examen d’une personne distinguée par ses hautes connaissances littéraires, qui me le renvoya accompagné d’un éloge qui justifiait et au-delà la bonne opinion que j’en avais conçue d’avance ; mais (et c’était là le principal objet de ma communication) je ne pus obtenir d’elle la permission de faire publiquement usage de son nom. »

Ce manuscrit fut remis à lord William Bentinck avant son départ (de Madras), et M. Petrie (son successeur), après avoir, dans une note particulière, exposé les raisons qui avaient empêché qu’on ne s’en occupât plus tôt, ajoute :

L’abbé Dubois n’ayant pas les moyens de faire imprimer son ouvrage à ses frais, et l’intérêt public exigeant qu’un travail si utile ne demeurât pas inconnu, on jugea nécessaire d’aviser au parti le plus convenable à prendre pour en effectuer la publication.

Après une mure délibération, il fut décidé que


English text

The french manuscript of which a translation is here offered to the public, was meditated and composed in the midst of the people whom it describes. The absolute retirement of the anthor from european society, for a series of years, well qualified him for penetrating into the dark and unexplored recesses of the indian character; but it has also veiled himself in an equal degree from the curiosity of his readers. The little that is known of him in this country may be collected from the follwing dispatch of the governor in council at fort Saint-George, of the 24.th december 1807, to the honorable the court of directors of the East India company, which they have been pleased to allow the translator to publish:

« We request your reference to the minutes noted in the margin relative to a work which bas been latefy compiled by the abbé Dubois, a gentleman of irreprochable character, who, haying escaped from the massacres of the french revolution, sought a refuge in India, and has since been engaged in the zealous and pious duty of a missionary, in the performance of which he has acquired a degree of respect among both the european and native inhabitants, that we believe to have been rarely equalled in persons of his sphere. It is among natives, however, that the time of this missionary has been chiefly passed, and he has availed himself of the long intercourse to compile a distinct account of the hindoo customs and manners. In order that you may he particulariy informed of the character of the work, we have inserted the following extract of a letter from major Wilks, late acting resident at Mysore, in which country the abbé Dubois has chiefly resided, addressed to the military secretary of onr late président.

The manuscript of the abbé Dubois on indian casts (says major Wilks), was put into my hands by the author early in the year 1806, and, so far as my previous information and subsequent inquiry have enabled me to judge, it contains the most correct, comprehensive and minute account extant in any enropean language, of the customs and manners of the Hindoos. Of the general utility of a work of this nature I conclude that no doubt can be entertained. Every Englishman residing in India is interested in the knowledge of those peculiarities in the indian casts, which may enable him to conduct with the natives the ordinary intercourse of civility or business, without offending theirs prejudices. These préjudices are chiefly known to Europeans as insulated facts ; and a work which should enable us to generalise our knowledge, by unfolding the sources from which those préjudices are derived, would, as a manual for the younger servants of the company in particular, be productive of public advantages on which it seems to be quite superfluous to enlarge. Being desirons of obtaining for the work the advantage of a testimony to its merits of greater weight than any which I could presume to offer, I submitted it to the perusal of a gentleman of high literary eminence, who returned it to me with an eulogism which more than justified the opinion I had previously formed ; but without the permission (which had heen the chief object of my communication) to make a public use of his name.

The manuscript was communicated to lord William Bentinck previously to his lordship’s departure, and M.r Petrie has explained in a separate minute the reasons which prevented the subject from being earlier noticed.

The abbé Dubois (adds M.r Petrie) having no means of editing the work at his own charge, and it being obviousiy of public importance that so useful a compilation should not be withhold, it became necessary to decide on the most proper mode of effecting the publication of it.