Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique/App-B

Paul Müller-Simonis

Du Caucase au Golfe Persique

Université catholique d’Amérique, 1892 (p. B-585).

APPENDICE B

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LES MISSIONS DE PERSE

Statistique de la mission catholique. Statistique de la mission presbytérienne. Calculs relatifs à son budget ; le budget des Lazaristes. Le « Board » des missions américaines.

Voici d’après les renseignements que me fournit le supérieur de la mission d’Ourmiah (décembre 1890) le chiffre approximatif des catholiques répandus sur le territoire de la mission.

1o District de Shahar-Tchaï.			Report		1 297
Ourmiah* (ville)	346
Eriava (ou Riava)	70		2o District des Bérendous-Tchaï.
Tcharagütchi	48		Ardischaï*	340
Karasanlü	30		Babarout*	131
Baridjoukh*	44		Kiossabad*	138
Guiey-tapé	82		Dezza-Takia	29
Sainte-Marie	48		Takia	90
Diguiala	41		Sardarout	52
Termani	18		Chamchadzian*	125
Tasmalü	43		Kourtapé	23
Saridjoukh*	50			928	928
Dezza (Dizza ?)	72
Tchâr-Bakch	43
Senguiar-khan	33		3o District du Nazlou-Tchaï.
Alvatch	63		Nazi	38
Senguiar-bek	60		Armout-agatch	83
Samsalü*	66		Zoumellam	50
Gülpatchan	140		Chirabat	150
À reporter	1 297	1 297	À reporter	1 321	2 225

Report	2 321	2 225	Report	558	3 508
Khanikhan*	72		Hikki	22
Soupourghan	71		Divers disséminés en d’autres localités de la mission	107
Jachmaraly	18
Tchamakhi*	75
Kiossi	15			687	687
Jorghanlü	55		Mission de Khosrâva (Salmas).
Karadjalü	32
Abadjalü	58
Abdoulla-klant	47		Khosrâva*	1 740
Jenguidje	53		Guiavîlen*	210
Ada	130		Dzivadjükh	70
Kara-keus	15		Khanaguiah	24
	962	962	Tchärra	51
			Saoura (arméniens)	22
4o District du Raouza-Tchaï.			Patavour*	595
			Djamalâbâd	32
Annhar	170		Gulizan*	52
Karagueùs	63		Oula	124
Kiahala	12		Siagout (en Russie)	272
Balaou	40		Malazan (arméniens)	158
Pakabeilü	23			3 350	3 350
Guierdabad	13
	321	321	Mission de Téhéran.
5o District Tergüavar-Baradost.			Téhéran (de nationalités diverses)	230
Mawana*	358
Balouïlan	18		Ispahan (arméniens)	220
Chibani	16		Sina	300
Guiänguiätchine*	150		Kirmanshah	52
Enguirvan*	16			802	802
À reporter	558	3 508	Total		8 347

Presque tous ces villages ont une population mixte, mélange de Catholiques, de Nestoriens, de Protestants et souvent de Musulmans. Patavour seul est entièrement catholique.

L’élément catholique représente la majorité dans les villages marqués d’un astérisque.

Voici, d’autre part, la statistique de la mission américaine presbytérienne, extraite de « 53^rd annual Report of the board of Foreign missions of the Presbyterian Church in the U.S.A. 1890. Persia ».

	Ourmiah.	Kurdistan.	Tebriz.	Salmas.	Total.
Ordained missionaries	4	1	2	2	9
OrdainedMedical missionaries»	1	1	1	—	3
OrdainedLay missionaries»	1	—	—	—	1
Female missionary physicians	1	—	—	—	1
Wives of missionaries	6	—	2	2	10
Single female missionaries	5	—	3	3	11
Ordained natives	34	3	2	1	40
Licentiatenatives»	29	5	5	5	44
Native Teachers (female)	21	—	4	1	26
Native Teachers (male)	104	12	9	4	129
Bible-women	1	—	2	1	4
Organized churches	20	2	1	1	24
Other congregations with communicants.	28	4	2	2	36
Present communicants	1 941	100	58	28	2 127
Added to the churches during the year	103	15	7	1	126
Number of schools	114	12	9	6	141
Pupils in boy’s boarding schools	100	—	20	—	120
Pupils in girl’s boarding» schools»	76	—	25	10	111
Boys in day-schools	1 432	170	83	112	1 797
Girls in day-schools	413	30	44	90	577
Total number of pupils	2 021	210	172	212	2 615
Students for the ministry	12	—	4	1	17
Pupils in sabbath schools	4 086	300	238	200	4 824
Contributions so far as reported. Dollars.	1 389	150	185	72	1 796

Je regrette de n’avoir pas de statistique aussi complète pour la mission catholique. En se reportant aux détails que j’ai donnés, chapitre x, on voit que le nombre des élèves internes est — au moins pour les garçons — à peu près le même dans les deux missions. Là où la différence entre celles-ci est le plus considérable, c’est dans le rapport entre le nombre total des fidèles (« communicants ») et celui des écoles et de leurs élèves. Pour 8 900 catholiques, les Lazaristes ne peuvent entretenir qu’une cinquantaine d’écoles (j’ignore le nombre total des élèves qui les fréquentent). Les Presbytériens pour 2 127 fidèles ont 141 écoles fréquentées par 1 797 garçons et 577 filles, sans compter 231 internes à Ourmiah. Ils ont donc une école pour 18 enfants en moyenne : autrement dit, ils ont réussi à multiplier les écoles dans les dernières limites du possible. Je ne sais exactement à quoi correspondent leurs Sabbath-schools.

Aussi bien, l’école est-elle leur force, et est-ce là le point sur lequel les Lazaristes souffrent le plus de la maigreur de leur budget.

Quant au budget de la mission américaine, il ne m’a pas été possible de recueillir de renseignements détaillés. Je sais seulement que d’après son rapport officiel de 1889^[1] le board of foreign missions a distribué 847 492 dollars entre 189 ministres américains et 151 ministres natifs des pays de mission.

En me basant sur ces données officielles, je vais essayer, faute de mieux, de calculer par moyennes : ce procédé est évidemment sujet à critique, puisqu’il suppose que les besoins de chaque missionnaire sont les mêmes : mais les inexactitudes qui en résultent se balancent dans bien des cas et ne tirent pas à conséquence dans un calcul d’approximation.

En prenant matériellement la moyenne de ces chiffres, nous avons 2 492,6 dollars par missionnaire. Mais comme les 151 ministres indigènes sont en sous-ordre et reçoivent un traitement bien inférieur à celui des américains, on peut largement porter à 3 000 dollars (15 000 francs env.) la moyenne par tête des sommes réparties entre les missionnaires américains, ce qui ramènerait provisoirement à 1 857 dollars la moyenne par tête pour les missionnaires indigènes.

J’ignore quelle est la moyenne du traitement des Américains. En admettant comme exact le chiffre de 6 à 800 tomans qui m’a été cité comme représentant le traitement d’un missionnaire d’Ourmiah (prenons 700 tomans à 7 fr. 75, soit 5 425 francs), sur la moyenne de 15 000 francs versée par le Board, chaque missionnaire prélèverait 5 425 francs pour lui et disposerait de 9 575 francs pour les besoins de la mission.

Appliquons ces chiffres à la mission de la Perse occidentale, dans laquelle je ne compte que les 9 Américains ordained missionaries, faisant abstraction des 4 autres missionnaires, médecins ou laïques et des 10 femmes, qui tous font partie du personnel actif de la mission, afin d’être sûr de rester en dessous de la vérité.

Ces 9 missionnaires recevraient 135 000 francs dont 48 825 représenteraient leur traitement et le surplus avec 86 175 francs, les ressources nettes de la mission.

Comme je viens de le dire, je n’ai pas compté les 14 autres membres de la mission dont 4 au moins doivent à mon sens figurer parmi ceux auxquels s’applique sans diminution la moyenne de répartition de 15 000 francs.

Je ne tiens pas non plus compte des 40 ordained natives, ne sachant pas combien parmi eux sont assimilés aux missionnaires : or il est certain que les 1 857 dollars (environ 9 285 francs) qui dans mon calcul représentent la moyenne par tête pour les missionnaires indigènes, sont fort au-dessus de la réalité, et que, par conséquent, une très forte somme doit de ce chef être reportée à l’actif du budget de la mission^[2].

Cette estimation de moyennes, élastique dans les détails, mais basée sur des données premières exactes, peut servir à prouver que les ressources que l’on suppose généralement à la mission américaine n’ont rien d’exagéré. Elle montre aussi clairement l’écart effrayant qui existe entre les ressources de la mission presbytérienne et le budget de la mission lazariste. Alors que pour la première nous arrivons, en faisant les estimations les plus basses possibles, à 135 000 francs, et, l’entretien des missionnaires déduit, à 86 175 francs, les deux missions lazaristes d’Ourmiah et de Khosrâva touchent de la Propagation de la Foi et de l’œuvre des Écoles d’Orient 50 500 francs : l’Autriche fournit pour l’entretien du clergé indigène environ 15 000 francs d’honoraires de messes : la délégation apostolique reçoit 13 000 francs (dont 2 000 sont destinés au poste d’Ispahan, 2 000 aux Mekhitaristes de Salmas, 1 500 à l’entretien du clergé indigène). Ces sommes doivent servir aux frais de la délégation apostolique, à l’entretien des missionnaires et des sœurs et enfin à tous les nombreux besoins de la mission. Total 54 000 francs contre 135 000 !

Ce sont des contrastes de chiffres à peine croyables, bien qu’ils restent sans doute encore au-dessous de la réalité ; mais qui les médite y trouve une des clefs du mystère de la fécondité des missions catholiques.

En même temps, la générosité de ceux qui fournissent si largement aux besoins des missions de nos frères séparés, ne doit-elle pas nous encourager à faire mieux et à concourir de toutes nos forces à l’édification de cette grande Église des âmes, la vraie richesse de l’Église du Christ !

Il me reste maintenant à donner quelques détails sur la direction centrale dont relèvent les missions presbytériennes de Perse.

En 1810 avait été fondé aux États-Unis l’« American board of commissioners for foreign missions ». Ce board dans l’origine était « undenominational » c’est-à-dire qu’il administrait les missions des différentes confessions protestantes sans distinction. Mais on eut beau être aussi éclectique que possible, des frottements ne tardèrent pas à se produire, et les différentes dénominations tendirent à se détacher les unes des autres. Elles se distribuèrent les missions plus ou moins à l’amiable et les administrèrent au moyen de denominational Boards. Le signal fut donné par un groupe presbytérien qui se retira en 1837 et forma le « Board of foreign missions of the Presbyterian Church ». Ce groupe fut connu sous le nom de « Old School ». Le restant des presbytériens ou « New School » restèrent fidèles à l’American Board jusqu’en 1870. À cette date la « nouvelle École » se réunit à l’« ancienne », lui apportant en apanage les missions de Syrie, de Perse, d’Afrique occidentale et des Indiens Seneca (dans l’État de New-York). Ce board composé de la réunion des deux Écoles s’intitule de la « Presbyterian church in the United States of America ». La mission américaine d’Ourmiah possède une imprimerie d’où sont déjà sortis un très grand nombre d’ouvrages : les Lazaristes font imprimer leurs ouvrages en Europe sous la direction du R. P. Bedjan, Lazariste chaldéen.

M^gr Montety, délégué apostolique de Perse.

Je suis heureux, comme confirmation de ce que nous avons dit (chap. xxi), touchant les chrétiens d’Orient, de pouvoir reproduire ici ce passage d’une lettre de M^gr Montéty, le nouveau Délégué Apostolique de Perse^[3] : « Les chrétiens indigènes comprennent très bien que loin de nuire à leur nationalité et à leurs coutumes séculaires, notre but est de travailler à l’union de tous les membres au vicaire de Jésus-Christ, tout en respectant scrupuleusement leurs rites et leurs cérémonies. Ces pauvres gens tiennent à leur nationalité ; or, pour la conserver ils ne possèdent que le culte public, célébré dans leur langue liturgique, avec des cérémonies particulières. Ceci nous explique la ténacité des Orientaux et je ne vois pas pourquoi on désapprouverait chez eux le patriotisme qui chez nous est considéré comme une chose sacrée. »

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1. Appleton’s Annual Encyclopedia.
2. D’après des renseignements de source privée, les maîtres d’école de la mission américaine recevraient de 5 à 30 tomans par mois (465 à 2 790 francs par an) ; les prêtres de 10 à 40 tomans par mois (775 à 3 100 francs par an). Les uns et les autres ont leur logement payé par la mission. Mais le loyer est bien peu de chose, et ainsi de nos 9 283 francs, il reviendrait largement plus des deux tiers à la mission.
3. Les Missions catholiques, 6 nov. 1891.