Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Préface

PRÉFACE


L’homme a reçu du Créateur une intelligence supérieure à celle des animaux, non pour les asservir à ses caprices et leur infliger des mauvais traitements, mais pour en recevoir tous les services qu’il est en droit de leur demander. Le cheval, ce noble animal, est peut-être celui dont l’homme a le plus abusé, et les moyens dont on s’est servi pour le soumettre trahissent l’ignorance autant que la brutalité. Dès ma jeunesse j’aimai le cheval, et, frappé de l’incertitude des principes énoncés par tous les auteurs qui ont écrit sur l’équitation, je cherchai à ouvrir une voie nouvelle et sûre à tous ceux qui s’occupent de l’éducation du cheval. En 1830 je fis paraître le Dictionnaire raisonné d’équitation. La faveur du public me récompensa de mes laborieuses recherches, et m’encouragea à persévérer dans mes efforts. Quelques années plus tard parut ma nouvelle Méthode, qui souleva dans le monde équestre, d’une part un grand enthousiasme, de la part de quelques-uns une critique passionnée trop passionnée pour être impartiale. Treize éditions se succédèrent en vingt-cinq ans, mes ouvrages furent traduits dans plusieurs langues, et partout les amateurs et les officiers intelligents adoptèrent mes principes. J’ai déjà dit les causes qui avaient empêché ma méthode d’être introduite dans la cavalerie française, malgré l’avis presque unanime de MM. les officiers consultés.

Que ma plume se taise sur ce triste passé !

Ma Méthode permettait de donner à tous les chevaux l’équilibre du deuxième genre, et les vingt-six chevaux que j’ai montés en public en ont été la preuve incontestable. Avec mes dernières innovations, je donne non-seulement une plus grande facilité pour obtenir sur tous les chevaux cet équilibre du deuxième genre, je donne encore les moyens infaillibles d’obtenir chez tous les chevaux une légèreté constante, signe d’un équilibre parfait. C’est cet équilibre que j’appelle équilibre du premier genre.

Le premier équilibre suffit à tous les besoins de la cavalerie et de l’équitation ordinaire.

L’équilibre parfait, ou équilibre du premier genre, ne pourra être donné au cheval que par l’élite des cavaliers. Ce sera l’equitation transcendantale. En poésie, dans les arts, dans les sciences, il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe !