Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Du cheval en liberté

Du cheval en liberté.


Il n’est personne qui n’ait vu un cheval courant en liberté dans la prairie. Quelle souplesse, qu’elle légèreté dans tous ses mouvements ! Prenez ce cheval, mettez-lui une selle, une bride et cherchez à l’astreindre à votre volonté, quelle métamorphose ! Ce cheval qui, en état de liberté, planait au-dessus du sol, se traîne péniblement, et s’arrête entre vos jambes. Pourquoi ? Le cheval libre, maître absolu de ses forces, dispose son poids comme il l’entend, pour exécuter ces mouvements si gracieux que nous admirons. Dès qu’il est monté par l’homme, il se sent gêné, paralysé dans sa liberté ; il est forcé d’abdiquer sa volonté, et il n’est pas encore capable de comprendre celle du cavalier. Il existe alors entre ces deux volontés un état transitoire d’incertitude qui explique de la part du cheval ces résistances qui dégénèrent en défense sous son cavalier inexpérimenté. Comment détruire ces résistances avantcoureurs de la défense, si le cavalier ignore que la cause de toutes les résistances réside dans le mauvais équilibre du cheval, par suite du désaccord qui existe entre l’avant et l’arrière-main ? Les translations de poids ne sont faciles qu’autant que le cheval demeure droit, c’est-à-dire que les jambes de derrière soient sur la même ligne que celle de devant. Avec le cheval ainsi disposé, la force motrice peut agir avec égalité et simultanéité de contraction et de détente. L’effet sera transmis de l’arrière-main à l’avant-main sans décomposition de force, et le cheval prendra facilement la position utile au mouvement demandé. Supposez, au contraire, le cheval ayant la croupe en dehors de la ligne des épaules, aussitôt cesse la juste répartition du poids, parce que telle partie est trop surchargée, telle autre trop allégée ; les contractions musculaires ne sont plus justes, l’instrument n’est plus d’accord, et, au moindre changement de direction, la croupe vient faire arc-boutant aux épaules, et le cheval résiste. Si le cavalier ne se hâte de détruire la cause de ses résistances en mettant son cheval droit, il n’arrivera jamais à la légèreté parfaite et constante.