Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette/Tome 1/3


MÉMOIRES

DE

MADAME CAMPAN.

CHAPITRE I.

Cour de Louis XV. — Goût du roi pour la chasse. — Son caractère. — Il vend des propriétés sous le seul nom de Louis de Bourbon. — Le débotter du roi. — Singuliers noms d’amitié qu’il donnait à ses filles. — Leur éducation tout-à-fait négligée. — Prières auprès d’un moribond. — Menuet couleur de rose. — Caractère de Mesdames. — Orgueil tempéré par la peur de l’orage. — Retraite de madame Louise aux Carmélites de Saint-Denis. — Madame Campan trouve la princesse faisant la lessive. — Paroles qu’on lui prête à sa mort. — Grave décision sur le maigre. — Abbé qui se permet d’officier comme un prélat. — Chagrins que cause aux filles de Louis XV son attachement pour madame Du Barry. — Elle assiste au Conseil-d’État. — Elle jette au feu tout un paquet de lettres cachetées. — La cour divisée entre le parti du duc de Choiseul et celui du duc d’Aiguillon. — Les filles de Louis XV peu disposées en faveur du mariage du dauphin avec une archiduchesse.


J’avais quinze ans lorsque je fus nommée lectrice de Mesdames. Je dirai d’abord ce qu’était la cour à cette époque.

Marie Leckzinska venait de mourir ; la mort du dauphin avait précédé la sienne de trois ans ; les jésuites étaient détruits, et la piété ne se trouvait plus guère à la cour que dans l’intérieur de Mesdames ; le duc de Choiseul régnait.

Le roi ne pensait qu’au plaisir de la chasse ; on aurait pu croire que les courtisans se permettaient une épigramme, quand on leur entendait dire sérieusement, les jours où Louis XV ne chassait pas, le roi ne fait rien aujourd’hui.

Les petits voyages étaient aussi une affaire très-importante pour le roi. Le premier jour de l’an il marquait sur son almanach les jours de départ pour Compiègne, pour Fontainebleau, pour Choisy, etc. Les plus grandes affaires, les événemens les plus importans ne dérangeaient jamais cette distribution de son temps.

L’étiquette existait encore à la cour avec toutes les formes qu’elle avait reçues sous Louis XIV ; il n’y manquait que la dignité : quant à la gaieté, il n’en était plus question ; de lieu de réunion où l’on vit se déployer l’esprit et la grâce des Français, il n’en fallait point chercher à Versailles. Le foyer de l’esprit et des lumières était à Paris.

Depuis la mort de la marquise de Pompadour, le roi n’avait pas de maîtresse en titre ; il se contentait des plaisirs que lui offrait son petit sérail du Parc-aux-Cerfs. Séparer Louis de Bourbon du roi de France, était, comme on le sait, ce que le monarque trouvait de plus piquant dans sa royale existence[1]. Ils l’ont voulu ainsi ; ils ont pensé que c’était pour le mieux. C’était sa façon de parler quand les opérations des ministres n’avaient pas de succès. Le roi aimait à traiter lui-même la honteuse partie de ses dépenses privées. Il vendit un jour à un premier commis de la guerre une maison où il avait logé une de ses maîtresses ; le contrat fut passé au nom de Louis de Bourbon ; l’acquéreur porta lui-même au roi, dans son cabinet particulier, un sac contenant en or le prix de la maison.

Louis XV voyait très-peu sa famille ; il descendait, tous les matins, par un escalier dérobé, dans l’appartement de madame Adélaïde[2]. Souvent il y apportait et y prenait du café qu’il avait fait lui-même. Madame Adélaïde tirait un cordon de sonnette qui avertissait madame Victoire de la visite du roi ; madame Victoire en se levant pour aller chez sa sœur, sonnait madame Sophie, qui, à son tour, sonnait madame Louise. Les appartemens des princesses étaient très vastes. Madame Louise logeait dans l’appartement le plus reculé. Cette dernière fille du roi était contrefaite et fort petite ; pour se rendre à la réunion quotidienne, la pauvre princesse traversait, en courant à toutes jambes, un grand nombre de chambres, et, malgré son empressement, elle n’avait souvent que le temps d’embrasser son père qui partait de-là pour la chasse.

Tous les soirs à six heures, Mesdames interrompaient la lecture que je leur faisais, pour se rendre avec les princes chez Louis XV : cette visite s’appelait le débotter du roi, et était accompagnée d’une sorte d’étiquette. Les princesses passaient un énorme panier qui soutenait une jupe chamarrée d’or ou de broderie ; elles attachaient autour de leur taille une longue queue, et cachaient le négligé du reste de leur habillement, par un grand mantelet de taffetas noir qui les enveloppait jusque sous le menton. Les chevaliers d’honneur, les dames, les pages, les écuyers, les huissiers portant de gros flambeaux, les accompagnaient chez le roi. En un instant tout le palais, habituellement solitaire, se trouvait en mouvement ; le roi baisait chaque princesse au front, et la visite était si courte, que la lecture, interrompue par cette visite, recommençait souvent au bout d’un quart-d’heure : Mesdames rentraient chez elles, dénouaient les cordons de leur jupe et de leur queue, reprenaient leur tapisserie, et moi mon livre

Pendant l’été, le roi venait quelquefois chez les princesses avant l’heure de son débotter : un jour il me trouva seule dans le cabinet de madame Victoire, et me demanda où était Coche : et comme j’ouvrais de grands yeux, il renouvela sa question, mais sans que je le comprisse davantage. Quand le roi fut sorti, je demandai à Madame de qui il avait voulu parler. Elle me dit que c’était d’elle, et m’expliqua d’un grand sang-froid qu’étant la plus grasse de ses filles, le roi lui avait donné le nom d’amitié de Coche ; qu’il appelait madame Adélaïde Loque, madame Sophie Graille, madame Louise Chiffe. Le piquant des contrastes pouvait seul faire trouver au roi quelque gaieté dans l’emploi de mots semblables. Les gens de son intérieur avaient remarqué qu’il en savait un grand nombre, et on pensait qu’il les apprenait avec ses maîtresses ; peut-être aussi s’était-il amusé à les chercher dans les dictionnaires. Si ces façons de parler triviales trahissaient ainsi les habitudes et les goûts du roi, ses manières ne s’en ressentaient nullement ; sa démarche était aisée et noble ; il portait sa tête avec beaucoup de dignité ; son regard, sans être sévère, était imposant ; il joignait à une attitude vraiment royale une grande politesse, et saluait avec grâce la moindre bourgeoise que la curiosité attirait sur son passage.

Il était fort adroit à faire certaines petites choses futiles sur lesquelles l’attention ne s’arrête que faute de mieux ; par exemple, il faisait très-bien sauter le haut de la coque d’un œuf d’un seul coup de revers de sa fourchette : aussi en mangeait-il toujours à son grand couvert, et les badauds qui venaient le dimanche y assister, retournaient chez eux, moins enchantés de la belle figure du roi, que de l’adresse avec laquelle il ouvrait ses œufs.

Dans les sociétés de Versailles, on citait avec plaisir quelques réponses de Louis XV qui prouvaient la finesse de son esprit et l’élévation de ses sentimens. Elles ont été placées dans des recueils d’anecdotes, et sont généralement connues.

Ce prince était encore aimé ; on eût désiré qu’un genre de vie, convenable à son âge et à sa dignité, vînt enfin jeter un voile sur les égaremens du passé, et justifier l’amour que les Français avaient eu pour sa jeunesse. Il en coûtait de le condamner sévèrement. S’il avait établi à la cour des maîtresses en titre, on en accusait l’excessive dévotion de la reine. On reprochait à Mesdames de ne point chercher à prévenir le danger de voir le roi se composer une société intime chez quelque nouvelle favorite. On regrettait madame Henriette, sœur jumelle de la duchesse de Parme ; cette princesse avait eu de l’influence sur l’esprit du roi ; on disait que, si elle eût vécu, elle se serait occupée de lui procurer des amusemens au sein de sa famille ; qu’elle aurait suivi le roi dans ses petits voyages, et aurait fait les honneurs des petits soupers qu’il aimait à donner dans ses appartemens intérieurs.

Mesdames avaient trop négligé les moyens de plaire au roi, mais on pouvait en trouver la cause dans le peu de soins qu’il avait accordés à leur jeunesse.

Pour consoler le peuple de ses souffrances et fermer les yeux sur les véritables déprédations du Trésor, les ministres faisaient de temps en temps peser, sur la maison du roi et même sur les dépenses personnelles, les réformes les plus exagérées.

Le cardinal de Fleury, qui, à la vérité, eut le mérite de rétablir les finances, poussa ce système d’économie au point d’obtenir du roi de supprimer la maison et l’éducation des quatre dernières princesses. Elles avaient été élevées, comme simples pensionnaires, dans un couvent, à quatre-vingts lieues de la cour. La maison de Saint-Cyr eût été plus convenable pour recevoir les filles du roi ; le cardinal partageait probablement quelques-unes de ces préventions qui s’attachent toujours aux plus utiles institutions, et qui, depuis la mort de Louis XIV, s’étaient élevées contre le bel établissement de madame de Maintenon. Il aima mieux confier l’éducation de Mesdames à des religieuses de province. Madame Louise m’a souvent répété qu’à douze ans elle n’avait point encore parcouru la totalité de son alphabet, et n’avait appris à lire couramment que depuis son retour à Versailles.

Madame Victoire attribuait des crises de terreur panique qu’elle n’avait jamais pu vaincre, aux violentes frayeurs qu’elle éprouvait à l’abbaye de Fontevrault, toutes les fois qu’on l’envoyait par pénitence prier seule dans le caveau où l’on enterrait les religieuses. Aucune prévoyance salutaire n’avait préservé ces princesses des impressions funestes que la mère la moins instruite sait éloigner de ses enfans.

Un jardinier de l’abbaye mourut enragé ; sa demeure extérieure était voisine d’une chapelle de l’abbaye où l’on conduisit les princesses réciter les prières des agonisans. Les cris du moribond interrompirent plus d’une fois ces prières.

Les gâteries les plus ridicules se mêlaient à ces pratiques barbares. Madame Adélaïde, l’aînée des princesses, était impérieuse et emportée ; les bonnes religieuses ne cessaient de céder à ses ridicules fantaisies. Le maître de danse, seul professeur de talent d’agrément qui eût suivi Mesdames à Fontevrault, leur faisait apprendre une danse alors fort en vogue, qui s’appelait le menuet couleur de rose. Madame voulut qu’il se nommât le menuet bleu. Le maître résista à sa volonté, il prétendit qu’on se moquerait de lui à la cour, quand Madame parlerait d’un menuet bleu. La princesse refusa de prendre sa leçon, frappait du pied, et répétait bleu, bleu ; rose, rose, disait le maître. La communauté s’assembla pour décider de ce cas si grave ; les religieuses crièrent bleu comme Madame ; le menuet fut débaptisé, et la princesse dansa. Parmi des femmes si peu dignes des fonctions d’institutrices, il s’était cependant trouvé une religieuse qui, par sa tendresse éclairée, et par les utiles preuves qu’elle en donnait à Mesdames, mérita leur attachement et obtint leur reconnaissance : c’était Madame de Soulanges qu’elles firent depuis nommer abbesse de Royal-Lieu[3]. Elles s’occupèrent aussi de l’avancement des neveux de cette dame ; ceux de la mère Mac-Carthy qui les avait lâchement gâtées, portèrent long-temps le mousqueton de garde-du-roi à la porte de Mesdames, sans qu’elles songeassent à leur fortune.

Quand Mesdames, encore fort jeunes, furent revenues à la cour, elles jouirent de l’amitié de monseigneur le dauphin, et profitèrent de ses conseils. Elles se livrèrent avec ardeur à l’étude, et y consacrèrent presque tout leur temps ; elles parvinrent à écrire correctement le français et à savoir très-bien l’histoire. Madame Adélaïde, surtout, eut un désir immodéré d’apprendre ; elle apprit à jouer de tous les instrumens de musique, depuis le cor (me croira-t-on ?) jusqu’à la guimbarde. L’italien, l’anglais, les hautes mathématiques, le tour, l’horlogerie, occupèrent successivement les loisirs de ces princesses. Madame Adélaïde avait eu un moment une figure charmante ; mais jamais beauté n’a si promptement disparu que la sienne. Madame Victoire était belle et très-gracieuse ; son accueil, son regard, son sourire étaient parfaitement d’accord avec la bonté de son ame. Madame Sophie était d’une rare laideur ; je n’ai jamais vu personne avoir l’air si effarouché ; elle marchait d’une vitesse extrême, et pour reconnaître, sans les regarder, les gens qui se rangeaient sur son passage, elle avait pris l’habitude de voir de côté, à la manière des lièvres. Cette princesse était d’une si grande timidité, qu’il était possible de la voir tous les jours, pendant des années, sans l’entendre prononcer un seul mot. On assurait cependant qu’elle montrait de l’esprit et même de l’amabilité dans la société de quelques dames préférées ; elle s’instruisait beaucoup, mais elle lisait seule ; la présence d’une lectrice l’eût infiniment gênée. Il y avait pourtant des occasions où cette princesse, si sauvage, devenait tout-à-coup affable, gracieuse et montrait la bonté la plus communicative ; c’était lorsqu’il faisait de l’orage : elle en avait peur, et tel était son effroi, qu’alors elle s’approchait des personnes les moins considérables ; elle leur faisait mille questions obligeantes ; voyait-elle un éclair, elle leur serrait la main ; pour un coup de tonnerre elle les eût embrassées ; mais le beau temps revenu, la princesse reprenait sa roideur, son silence, son air farouche, passait devant tout le monde sans faire attention à personne, jusqu’à ce qu’un nouvel orage vînt lui ramener sa peur et son affabilité.

Mesdames avaient trouvé dans un frère chéri, dont les hautes vertus sont connues de tous les Français, un guide pour tout ce qu’exigeait une éducation trop négligée dans leur enfance. Elles eurent dans leur auguste mère, Marie Leckzinska, le plus noble modèle de toutes les vertus pieuses et sociales ; par ses éminentes qualités, par sa modeste dignité, cette princesse voilait les torts que trop malheureusement on était autorisé à reprocher au roi ; et tant qu’elle vécut elle conserva, à la cour de Louis XV, cet aspect digne et imposant qui seul entretient le respect dû à la puissance. Les princesses ses filles furent dignes d’elle, et, si quelques êtres vils essayèrent de lancer contre elles les traits de la calomnie, ils tombèrent aussitôt repoussés par la haute idée qu’on avait de l’élévation de leurs sentimens et de la pureté de leur conduite.

Si Mesdames ne s’étaient pas imposé un grand nombre d’occupations, elles eussent été très à plaindre. Elles aimaient la promenade et ne pouvaient jouir que des jardins publics de Versailles : elles auraient eu du goût pour la culture des fleurs, et n’en pouvaient avoir que sur leurs fenêtres.

La marquise de Durfort, depuis duchesse de Civrac[4], avait procuré à madame Victoire les douceurs d’une société aimable. La princesse passait presque toutes ses soirées chez cette dame, et avait fini par s’y croire en famille.

Madame de Narbonne s’était de même empressée de rendre sa société intime agréable à madame Adélaïde.

Depuis plusieurs années, madame Louise vivait très-retirée ; je lui faisais la lecture cinq heures par jour ; souvent ma voix se ressentait des fatigues de ma poitrine ; la princesse me préparait de l’eau sucrée, la plaçait auprès de moi, et s’excusait de me faire lire si long-temps sur la nécessité d’achever un cours de lecture qu’elle s’était prescrit.

Un soir, pendant que je lisais, on vint lui dire que M. Bertin, ministre des parties casuelles, demandait à lui parler ; elle sortit précipitamment, revint, reprit ses soies, sa broderie, me fit reprendre mon livre, et, quand je me retirai, elle m’ordonna d’être, le lendemain à onze heures du matin, dans son cabinet. Quand j’arrivai, la princesse était partie ; j’appris que le matin à sept heures elle s’était rendue au couvent des Carmélites de Saint-Denis où elle voulait prendre le voile ; je me rendis chez madame Victoire. Là j’appris que le roi seul avait connu le projet de madame Louise, qu’il en avait fidèlement gardé le secret, et qu’après s’être long-temps opposé à son désir, il lui avait envoyé la veille seulement son consentement ; qu’elle était entrée seule dans le couvent où elle était attendue ; que quelques instans après elle avait reparu à la grille, pour montrer à la princesse de Guistel, qui l’avait accompagnée, et à son écuyer, l’ordre du roi de la laisser dans le monastère.

À la nouvelle du départ de sa sœur, madame Adélaïde avait eu de violens emportemens ; elle avait adressé au roi des reproches fort durs sur le secret qu’il avait cru devoir en garder.

Madame Victoire perdait la société de la sœur qu’elle préférait ; elle se contenta de verser en silence des larmes sur son abandon. La première fois que je revis cette excellente princesse, je me jetai à ses pieds, je baisai une de ses mains, et je lui demandai, avec la confiance de la jeunesse, si elle nous quitterait comme avait fait madame Louise ? Elle me releva, m’embrassa et me dit, en me montrant la bergère à ressort dans laquelle elle était étendue : Rassurez-vous, mon enfant, je n’aurai jamais le courage qu’a eu Louise, j’aime trop les commodités de la vie ; voici un fauteuil qui me perd. Aussitôt que j’en eus obtenu la permission, je fus à Saint-Denis voir mon auguste et sainte maîtresse ; elle voulut bien me recevoir à visage découvert dans son parloir particulier ; elle me dit qu’elle venait de quitter la buanderie, qu’elle était chargée ce jour-là de couler la lessive. « J’ai beaucoup abusé de vos jeunes poumons, deux ans avant d’exécuter mon projet, ajouta-t-elle ; je savais que je ne pourrais plus lire ici que des livres destinés à notre salut, et je voulais repasser tous les historiens qui m’avaient intéressée. »

Elle me raconta qu’on lui avait apporté l’agrément du roi pour se rendre à Saint-Denis pendant que je lui faisais la lecture ; elle se flattait avec raison d’être rentrée dans son cabinet sans la moindre marque d’agitation, quoiqu’elle en éprouvât une si vive, me dit-elle, qu’elle avait de la peine à se rendre jusqu’à son fauteuil. Elle ajouta que les moralistes avaient raison lorsqu’ils disaient que le bonheur n’habite point dans les palais ; qu’elle en avait acquis la certitude ; que, si je voulais être heureuse, elle me conseillait de venir jouir d’une retraite où l’activité des idées pouvait se satisfaire en s’élevant vers un monde meilleur. Je n’avais point à faire à Dieu le sacrifice d’un palais et des grandeurs de la terre, mais celui de l’intérieur d’une famille bien unie ; et c’est là que les moralistes qu’elle me citait ont justement placé le vrai bonheur. Je lui répondis que dans la vie privée l’absence d’une fille aimée, chérie, se faisait trop cruellement sentir à sa famille. La princesse n’ajouta rien à ce qu’elle m’avait dit[5].

On attribua la vocation de madame Louise à différens motifs : on eut l’injustice d’en supposer un dans le déplaisir d’être, pour le rang, la dernière des princesses. Je crois avoir pénétré la véritable cause.

Son ame était élevée, elle aimait les grandes choses ; il lui était souvent arrivé d’interrompre ma lecture pour s’écrier : Voilà qui est beau ! voilà qui est noble ! Elle ne pouvait faire qu’une seule action d’éclat ; quitter un palais pour une cellule, de riches vêtemens pour une robe de bure. Elle l’a faite.

Je vis encore madame Louise deux ou trois fois à sa grille. Ce fut Louis XVI qui m’apprit sa mort. « Ma tante Louise, me dit-il, votre ancienne maîtresse, vient de mourir à Saint-Denis, j’en reçois à l’instant la nouvelle ; sa piété, sa résignation ont été admirables, cependant le délire de ma bonne tante lui avait rappelé qu’elle était princesse, car ses dernières paroles ont été : Au paradis, vite, vite, au grand-galop. » Sans doute qu’elle croyait encore donner des ordres à son écuyer[6].

Madame Victoire, bonne, douce, affable, vivait avec la plus aimable simplicité dans une société qui la chérissait : elle était adorée de sa maison. Sans quitter Versailles, sans faire le sacrifice de sa moelleuse bergère, elle remplissait avec exactitude les devoirs de la religion, donnait aux pauvres tout ce qu’elle possédait, observait rigoureusement les jeûnes et le carême. Il est vrai qu’on reprochait à la table de Mesdames d’avoir acquis pour le maigre une renommée que portaient au loin les parasites assidus à la table de leur maître-d’hôtel. Madame Victoire n’était point insensible à la bonne chère, mais elle avait les scrupules les plus religieux sur les plats qu’elle pouvait manger au temps de pénitence. Je la vis un jour très-tourmentée de ses doutes sur un oiseau d’eau qu’on lui servait souvent pendant le carême. Il s’agissait de décider irrévocablement si cet oiseau était maigre ou gras. Elle consulta un évêque qui se trouvait à son dîner : le prélat prit aussitôt le son de voix positif, l’attitude grave d’un juge en dernier ressort. Il répondit à la princesse qu’il avait été décidé, qu’en un semblable doute, après avoir fait cuire l’oiseau, il fallait le piquer sur un plat d’argent très-froid ; que si le jus de l’animal se figeait dans l’espace d’un quart d’heure, l’animal était réputé gras ; que si le jus restait en huile, on pouvait le manger en tout temps sans inquiétude. Madame Victoire fit aussitôt faire l’épreuve, le jus ne figea point ; ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier. Le maigre qui occupait tant madame Victoire l’incommodait, aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi-saint ; on lui servait aussitôt une bonne volaille au riz, et plusieurs autres mets succulens. Elle avouait avec une si aimable franchise son goût pour la bonne chère et pour les commodités de la vie, qu’il aurait fallu être aussi sévère en principes, qu’insensible aux excellentes qualités de cette princesse, pour lui en faire un crime.

Madame Adélaïde avait plus d’esprit que madame Victoire ; mais elle manquait absolument de cette bonté qui, seule, fait aimer les grands : des manières brusques, une voix dure, une prononciation brève, la rendaient plus qu’imposante. Elle portait très-loin l’idée des prérogatives du rang. Un de ses chapelains eut le malheur de dire Dominus vobiscum d’un air trop aisé : la princesse l’apostropha rudement après la messe pour lui dire de se souvenir qu’il n’était pas évêque, et de ne plus s’aviser d’officier en prélat.

Mesdames vivaient entièrement séparées du roi. Depuis la mort de madame de Pompadour, le roi vivait seul. Les ennemis du duc de Choiseul ne savaient donc dans quel salon, ni par quelle voie ils pourraient préparer et amener la chute de l’homme qui les importunait. Le roi n’avait de relations qu’avec des femmes d’une classe si vile, qu’on ne pouvait s’en servir pour une intrigue de longue suite ; d’ailleurs, le Parc-aux-Cerfs était un sérail dont les beautés se renouvelaient souvent[7] : on voulut donner au roi une maîtresse qui pût avoir un cercle, et dans le salon de qui on pût triompher, par la puissance des insinuations journalières, de l’ancien attachement du roi pour le duc de Choiseul. Il est vrai qu’on choisit madame Du Barry dans une classe bien vile. Son origine, son éducation, ses habitudes, tout portait en elle un caractère vulgaire et honteux ; mais on la fit épouser à un homme qui datait de quatorze cent, et on crut sauver le scandale. Ce fut le vainqueur de Mahon qui conduisit une aussi sale intrigue[8]. Cette maîtresse avait été très-habilement choisie pour égayer les dernières années d’un homme importuné des grandeurs, ennuyé des plaisirs, rassasié de volupté. L’esprit, les talens, les grâces de la marquise de Pompadour, sa beauté régulière, et jusqu’à son amour pour le roi, n’auraient plus eu d’empire sur cet être usé.

Il lui fallait une Roxelane d’une gaieté familière, sans respect pour la dignité du souverain. Madame Du Barry porta l’oubli des convenances jusqu’à vouloir un jour assister au conseil-d’État : le roi eut la faiblesse d’y consentir ; elle y resta ridiculement perchée sur le bras de son fauteuil, et y fit toutes les petites singeries enfantines qui doivent plaire aux vieux sultans[9].

Une autre fois elle saisit dans les mains du roi tout un paquet de lettres encore cachetées, parmi lesquelles elle en avait reconnu une du comte de Broglie ; elle dit au roi qu’elle savait que ce vilain Broglie lui disait du mal d’elle, et qu’au moins elle s’assurerait que cette fois il ne lirait rien d’écrit sur son compte. Le roi voulut se saisir du paquet, elle résista, lui fit faire deux ou trois fois le tour de la table qui était au milieu de la salle du conseil, puis en passant devant la cheminée elle y jeta les lettres qui furent consumées. Le roi devint furieux ; il saisit son audacieuse maîtresse par le bras et la mit à la porte sans lui parler. Madame Du Barry se crut disgraciée ; elle rentra chez elle et resta seule pendant deux heures livrée à la plus grande inquiétude. Le roi vint la trouver ; la comtesse, en larmes, se précipita à ses pieds, et il lui pardonna.

La maréchale de Beauvau, la duchesse de Choiseul et la duchesse de Grammont avaient renoncé à l’honneur de la société intime du roi, plutôt que de s’y trouver avec madame Du Barry. Mais quelques années après la mort de Louis XV, la maréchale étant seule au Val avec mademoiselle de Dillon, vit la calèche de la comtesse s’abriter dans la forêt de Saint-Germain pendant un violent orage. Elle lui fit offrir d’entrer, et ce fut la comtesse qui raconta ces détails que je tiens de la maréchale de Beauvau[10].

Le comte Du Barry, surnommé le roué, et mademoiselle Du Barry conseillaient ou plutôt sifflaient madame Du Barry, d’après les plans du parti du maréchal de Richelieu et du duc d’Aiguillon. Quelquefois même ils la faisaient agir dans un sens utile à de grands mouvemens politiques. Sous prétexte que le page qui accompagna Charles Ier dans la fuite de ce monarque, était un Du Barry ou Barrymore, on fit acheter, à Londres, à la comtesse Du Barry, le beau portrait que nous avons à présent dans le Muséum. Elle fit placer le tableau dans son salon, et quand elle voyait le roi incertain sur la mesure violente qu’il avait à prendre pour casser son parlement, et former celui qu’on appela le parlement Maupeou, elle lui disait de regarder le portrait d’un roi qui avait fléchi devant son parlement.

Les ambitieux qui travaillaient à renverser le duc de Choiseul se fortifièrent par leur réunion chez la favorite, et vinrent à bout de leur projet. Les dévots qui ne pardonnaient pas à ce ministre la destruction des jésuites, et qui avaient toujours été opposés au traité d’alliance avec l’Autriche, influençaient l’esprit de Mesdames. Le duc de La Vauguyon, gouverneur du jeune dauphin, lui inspirait les mêmes préventions.

Telle était la disposition des esprits, lorsque la jeune archiduchesse Marie-Antoinette arriva dans la cour de Versailles, au moment où le parti qui l’y amenait était près d’être renversé[11].

Madame Adélaïde avouait hautement son éloignement pour une princesse de la maison d’Autriche ; et lorsque M. Campan fut prendre ses ordres, au moment de partir avec la maison de la dauphine, pour aller la recevoir aux frontières, elle lui dit : Qu’elle désapprouvait le mariage de son neveu avec une archiduchesse, et que, si elle avait des ordres à donner, ce ne serait pas pour envoyer chercher une Autrichienne.


  1. Tout ce que madame Campan dit ici de Louis XV s’accorde parfaitement avec le portrait que la Biographie universelle a tracé de ce prince :

    « Il conservait dans son palais, dit l’article qui lui est consacré, la magnificence de Louis XIV, mais n’y mêlait aucun caractère de grandeur. Il subissait, comme un esclave résigné, l’ennui d’étiquettes qu’il n’avait point inventées, et qui n’étaient de nul usage pour sa politique : l’insupportable ennui qu’il en ressentait irritait son goût pour les plaisirs clandestins. Tout son bonheur était de se réfugier dans ses petits appartemens, et d’échapper furtivement à son rôle de roi. Ce goût devint en lui si vif, ou du moins si habituel, qu’il en vint presque à se considérer comme un particulier dispensé de tout devoir envers l’État. De-là ce trésor particulier qu’il aimait à se former, et qu’il grossissait par des spéculations sur les grains ; de-là ces bizarres distractions qu’il portait jusque dans le conseil ; la déplorable promptitude avec laquelle il abandonnait un avis qu’il avait judicieusement énoncé ; enfin cet égoïsme paresseux qui lui faisait dire beaucoup de mots tels que ceux-ci : « Si j’étais lieutenant de police, je défendrais les cabriolets. » En public, son maintien était froid, son esprit un peu sec. Dans le commerce privé, c’était un homme aimable, un maître obligeant, facile, plein de compassion, un Français habitué à observer envers les femmes les prévenances de la galanterie les plus délicates, et richement doué de l’esprit vif de sa nation. »

    (Note de l’édit.)
  2. Louis XV sembla reporter vers madame Adélaïde la tendresse qu’il avait eue pour la duchesse de Bourgogne, sa mère, qui périt si subitement sous les yeux et presque dans les bras de Louis XIV.

    La naissance de madame Adélaïde, le 23 mars 1732, fut suivie de celle de madame Victoire-Louise-Marie-Thérèse, le 11 mai 1733.

    Louis XV eut encore six filles : mesdames Sophie et Louise, dont il est parlé dans ce chapitre ; les princesses Marie et Félicité, mortes en bas-âge ; madame Henriette, morte à Versailles, en 1752, âgée de 24 ans ; et enfin madame la duchesse de Parme, qui mourut également à la cour. (Vie de Marie Leckzinska, par l’abbé Proyart.)

    (Note de l’édit.)
  3. Cette femme vertueuse mourut victime des fureurs révolutionnaires. Elle et ses nombreuses sœurs furent conduites le même jour à l’échafaud. En partant de la prison, sur la fatale charrette, toutes entonnèrent le Veni creator. Arrivées au lieu du supplice, elles n’interrompirent point leurs chants : une tête tombait, et cessait de mêler sa voix à ce chœur céleste ; mais les chants continuaient. L’abbesse périt la dernière, et sa voix restée seule, toujours plus sonore, fit toujours entendre le pieux verset. Elle cessa tout-à-coup ; c’était le silence de la mort.
    (Note de madame Campan.)
  4. La duchesse de Civrac, grand’mère de deux héros de la Vendée, Lescure et La Roche-Jaquelin, par le mariage de sa fille aînée avec M. d’Onissan ; et de l’infortuné Labédoyère, par le mariage de sa seconde fille avec M. de Chastellux.
    (Note de madame Campan.)
  5. Les Souvenirs de Félicie contiennent aussi le récit d’une visite faite à Saint-Denis, par madame de Genlis. Comme les détails en sont intéressans, on nous saura gré de les citer ici.

    « J’ai passé toute ma matinée à Saint-Denis. Madame la duchesse de Chartres allait aux Carmélites faire une visite à madame Louise ; j’ai désiré la suivre, elle a bien voulu m’y mener. De tout temps, les personnes qui ont assez de force dans le caractère pour renoncer au faste et à la grandeur, ont excité l’admiration et la curiosité de tous les hommes. Il y a dans les abdications une sorte de magnanimité qui frappe et qui console le vulgaire : on aime à voir mépriser le rang où l’on ne peut atteindre. Il n’a fallu souvent que de l’audace et du bonheur pour s’élever au trône ; mais pour en descendre volontairement, pour le quitter avec calme et réflexion, il faut une ame peu commune et une véritable philosophie. Et quelle abdication que celle de la fille d’un souverain, d’un roi de France, quittant, sans retour, le palais de Versailles, pour habiter, jusqu’au tombeau, une cellule !… Mon imagination me présentait tous les détails de ce sacrifice, et je ne pouvais concevoir qu’une personne de trente-cinq ans, élevée dans la pompe et dans la mollesse, pût supporter le genre de vie de ces austères recluses. Ces pensées m’occupaient sur la route de Saint-Denis, et je suis entrée avec émotion dans le parloir des Carmélites. Un instant après, le rideau de la grille a été tiré, et madame Louise a paru. Je ne puis exprimer la surprise que j’ai éprouvée en jetant les yeux sur elle. Madame Louise, qui était si maigre et si pâle, est extrêmement engraissée ; elle a le teint le plus frais, et les couleurs très-vives… Ô paix de l’ame ! doux accord des opinions et des sentimens avec les actions, la conduite et le genre de vie ! C’est vous qui formez le bonheur ; c’est vous qui donnez cette sérénité céleste qui maintient l’équilibre de nos forces, qui conserve le mouvement égal et salutaire des ressorts de notre existence ! Lorsque rien de ce qu’on voit et de ce qu’on entend ne peut blesser et contrarier, que tout ce qui nous entoure est en harmonie avec nous, que nulle discordance, nulle opposition, ne trouble le calme de nos pensées, que tout doit fixer notre imagination et nos regards sur l’objet qui nous touche et sur le but vers lequel nous courons ; lorsqu’enfin l’exemple universel nous soutient dans notre marche, n’est-on pas aussi heureux qu’on peut l’être sur la terre ? Madame Louise permet les questions et y répond brièvement, mais avec bonté. Je désirais savoir quelle est la chose à laquelle, dans son nouvel état, elle a le plus de peine à s’accoutumer. Vous ne le devineriez jamais, a-t-elle répondu en souriant : c’est de descendre seule un petit escalier. Dans les commencemens, a-t-elle ajouté, c’était pour moi le précipice le plus effrayant ; j’étais obligée de m’asseoir sur les marches et de me traîner, dans cette attitude, pour descendre.

    » En effet, une princesse qui n’avait descendu que le grand escalier de marbre de Versailles, en s’appuyant sur le bras de son chevalier d’honneur… et entourée de ses pages, a dû frémir en se trouvant livrée à elle-même sur le bord d’un escalier bien roide, en colimaçon. Elle connaissait long-temps d’avance toutes les austérités de la vie religieuse ; pendant dix ans elle en avait secrètement pratiqué la plus grande partie dans le château de Versailles, mais elle n’avait jamais pensé aux petits escaliers. Ceci peut fournir le sujet de plus d’une réflexion sur l’éducation ridicule, à tant d’égards, que reçoivent en général les personnes de ce rang, qui, dès leur enfance, toujours suivies, aidées, escortées, sifflées, prévenues, sont ainsi privées de la plus grande partie des facultés que leur a données la nature*. »

    (Note de l’édit.)

    *. Les princes, aujourd’hui, sont mieux élevés, surtout en Angleterre, en Prusse, etc. ; mais l’auteur écrivait ceci en 1773.

    (Note de madame de Genlis.)
  6. Puisque madame Campan rapporte cette anecdote, je ne la révoquerai point en doute ; mais elle paraît s’accorder peu avec les sentimens pieux et les discours toujours réservés de Louis XVI.
    (Note de l’édit.)
  7. On trouvera, dans le volume qui contient les anecdotes et souvenirs, des détails sur le Parc-aux-Cerfs.
    (Note de l’édit.)
  8. Il semblait qu’on eût à cette époque perdu presque tout sentiment de dignité. « Peu de seigneurs de la cour de France, dit un écrivain du temps, se préservèrent de la corruption générale : M. le maréchal de Brissac était un de ces derniers. On le plaisantait sur la rigidité de ses principes d’honneur et de probité ; on trouvait étrange qu’il se fâchât parce qu’on le croyait, comme tant d’autres, exposé aux disgrâces de l’hymen. Louis XV qui était présent, et qui riait de sa colère, lui dit : « Allons, M. de Brissac, ne vous fâchez point, c’est un petit malheur, ayez bon courage. — Sire, répondit M. de Brissac, j’ai toutes les espèces de courage, excepté celui de la honte. »
    (Note de l’édit.)
  9. Pour éviter d’inutiles répétitions, nous renvoyons le lecteur aux Mémoires du général Dumouriez, qui contiennent, tome Ier, p. 142, de curieux détails sur madame Du Barry.
    (Note de l’édit.)
  10. Chamfort raconte, avec des circonstances différentes, la visite de madame Du Barry au Val.

    « Madame Du Barry, dit-il, étant à Vincennes, eut la curiosité de voir le Val, maison de M. de Beauvau. Elle fit demander à celui-ci si cela ne déplairait pas à madame de Beauvau. Madame de Beauvau crut plaisant de s’y trouver et d’en faire les honneurs. On parla de ce qui s’était passé sous Louis XV. Madame Du Barry se plaignit de différentes choses qui semblaient faire voir qu’on haïssait sa personne. Point du tout, dit madame de Beauvau, nous n’en voulions qu’à votre place. Après cet aveu naïf, on demanda à madame Du Barry si Louis XV ne disait pas beaucoup de mal d’elle (madame de Beauvau) et de madame de Grammont : « Oh ! beaucoup. — Eh bien, quel mal de moi, par exemple ? — De vous, Madame ? que vous étiez hautaine, intrigante ; que vous meniez votre mari par le nez. » M. de Beauvau était présent : on se hâta de changer de conversation. »

    (Note de l’édit.)
  11. Voyez dans les Éclaircissemens historiques, sous la lettre (A), un morceau qui fait connaître la force, les moyens, les projets, les espérances de deux partis qui divisaient, à cette époque, la cour de Louis XV.

    Ces Éclaircissemens et Pièces historiques se partagent en deux classes. Ceux que madame Campan avait pris elle-même le soin de recueillir ou de rédiger, seront imprimés dans le caractère des Mémoires dont ils sont inséparables, et désignés par des astérisques. Des lettres capitales indiqueront les documens que l’éditeur a cru devoir rassembler.

    (Note de l’édit.)