Maisons héréditaires.
Huitième maison.
Le vicomte de Wei, (prince de) Song

CHAPITRE XXXVIII

Huitième maison héréditaire

Le vicomte de Wei (101) , (prince de) Song (102)


p.214 K’ai (103), vicomte de Wei, était le premier fils de l’empereur I, (de la dynastie) Yn, et le frère aîné de Tcheou, mais de naissance inférieure (104). Quand Tcheou eut pris le pouvoir, il ne comprit pas (quel était son devoir) ; il se montra débauché et désordonné dans son gouvernement. Le vicomte de Wei blâma Tcheou à plusieurs reprises, mais ne fut pas écouté. Puis Tsou-i (105), voyant que le Chef de l’ouest, (de la maison) des Tcheou, pratiquait p.215 la vertu et avait vaincu K’i (106), craignit que le malheur n’atteignît (les Yn) et en avertit Tcheou. Tcheou dit :

— Ma vie n’a-t-elle pas un mandat qui dépend du Ciel (107) ? ainsi, que pourrait-on faire (contre moi) ?

Alors le vicomte de Wei estima que Tcheou ne pourrait jamais être réprimandé ; il désira trouver la mort en le réprimandant (108), puis (il désira) quitter le pays ; il ne pouvait encore se décider (109) ; il interrogea donc le grand et le second Précepteurs (110) et leur dit :

— [ (111) Les Yn n’ont pas un bon gouvernement ; ils ne gouvernent pas bien les quatre régions de l’espace. Quoique notre aïeul (112) ait déployé (sa vertu) dans les générations antérieures, Tcheou s’est plongé dans le vin ; c’est une femme dont il suit les avis (113) ; il a troublé et détruit dans ces derniers temps la vertu de T’ang. Aussi, dans (le peuple des) Yn, grands et petits se plaisent à agir grossièrement, à voler, à p.216 brigander au dehors et au dedans. Les hauts dignitaires et les officiers prennent modèle les uns sur les autres pour violer toute loi ; tous sont coupables, et il n’y en a aucun qui se conduise suivant la règle et observe (son devoir). Il y a donc un soulèvement général des gens du peuple qui deviennent ennemis les uns des autres. Maintenant les Yn, leurs principes de gouvernement étant ruinés, sont comme un homme qui voudrait traverser une rivière où il n’y a ni gué ni berge. La perte des Yn va se produire en ce moment, maintenant.

Il dit (encore) :

— O premier et second Précepteurs, je vais me mettre en route, sortir du royaume et m’en aller ; ma famille sera (ainsi) préservée de la ruine. — Maintenant vous, dites-moi, sans avoir de raison (pour me dissimuler la vérité), si je tombe (dans l’erreur) ; qu’en pensez-vous ?

Le premier Précepteur parla à peu près ainsi :

— Fils de roi, le Ciel aggrave les calamités qu’il fait descendre (sur nous) et (il veut) perdre le royaume des Yn. On ne craint plus ce qui doit être craint ; on ne suit pas les avis des vieillards et des aînés ; maintenant le peuple des Yn méprise et trouble les sacrifices aux dieux du ciel et aux dieux de la terre. Maintenant, si effectivement vous pouviez bien gouverner le royaume, votre mort ne serait pas à regretter puisque le royaume serait bien gouverné. Mais, si vous mourez, jamais vous ne pourrez gouverner ; il vaut mieux partir.]

Alors il s’en alla.

Le vicomte de Ki était un parent de Tcheou. Lorsque Tcheou se fit faire pour la première fois des bâtonnets en ivoire (114), le vicomte de Ki dit en soupirant :

— Il fait des bâtonnets en ivoire ; il fera sans doute une p.217 coupe en jade ; ensuite il songera sans doute aux objets précieux et extraordinaires des pays éloignés et il se les fera apporter en char. A partir de ce moment, il commencera (à désirer) en nombre de plus en plus grand des équipages et des chevaux, des palais et des maisons, et il n’y aura pas moyen de l’en tirer.

Tcheou s’étant livré à la débauche et au désordre, le vicomte de Ki l’en blâma, mais ne fut pas écouté ; quelqu’un lui dit :

— Vous pourriez vous en aller.

Le vicomte de Ki répondit :

— Quand un sujet a adressé des remontrances (à son prince) et n’a pas été écouté, s’il s’en va, il manifeste d’une manière éclatante la perversité de son prince pour se rendre personnellement agréable au peuple. Je ne me permettrais pas (d’agir ainsi).

Alors il laissa ses cheveux épars, feignit la folie et devint esclave ; en cachette cependant il jouait du luth pour exprimer sa tristesse et c’est pourquoi on nous a transmis (l’air qu’il jouait) sous le nom de « la résolution du vicomte de Ki » (115).

Le fils de roi, Pi-kan, était aussi un parent de Tcheou. Voyant que le vicomte de Ki, après que ses remontrances n’avaient pas été écoutées, s’était fait esclave, il dit :

— Si le prince est en faute et qu’on ne lui résiste pas jusqu’à la mort, quelle faute peut-on alors imputer au peuple (116) ?

Il réprimanda donc Tcheou avec franchise ; Tcheou, irrité, dit :

— J’ai entendu dire que le cœur d’un homme saint avait sept ouvertures ; en est-il réellement p.218 ainsi ?

Alors il tua le fils de roi, Pi-kan, et il lui ouvrit le corps pour voir son cœur.

Le vicomte de Wei dit :

— Un père et ses fils sont les os et la chair les uns des autres ; mais les sujets et leur souverain sont reliés entre eux par la justice. C’est pourquoi, lorsque le père est en faute, si ses fils l’ont repris trois fois sans être écoutés, ils se plient aux circonstances et gémissent. Si les sujets ont adressé trois fois des réprimandes (à leur prince) sans être écoutés, alors, selon la justice, il leur est permis de s’en aller.

Après cela, le premier et le second Précepteurs exhortèrent le vicomte de Wei à partir ; il se mit donc en route.

Quand le roi Ou, de (la dynastie) Tcheou, eut vaincu Tcheou et triomphé des Yn, le vicomte de Wei prit avec lui ses ustensiles de sacrifice et alla à la porte du camp ; son buste était mis à nu ; ses mains étaient liées derrière le dos : de la gauche il tirait un mouton ; dans la droite il tenait des herbes mao (117) ; en marchant sur ses genoux il vint en présence (du roi Ou) pour lui parler ; alors le roi Ou mit en liberté le vicomte de Wei et lui rendit les dignités qu’il avait auparavant.

Le roi Ou conféra un fief à Ou-keng Lou-fou, fils de Tcheou, pour qu’il continuât les sacrifices des Yn ; il chargea le puîné (prince de) Koan et le puîné (prince de) Ts’ai d’être ses précepteurs et ses conseillers. Quand le roi Ou eut triomphé des Yn, [(118) il alla consulter le vicomte de Ki ; le roi Ou dit :

— Ah ! le Ciel, par son action secrète, détermine (la vie du) peuple ici-bas et l’aide à vivre en harmonie dans la condition où il se trouve. Je ne sais pas dans quel ordre (doivent se développer) p.219 la nature normale et les relations sociales (des hommes).

Le vicomte de Ki répondit :

— Dans l’antiquité, Koen (119) obstrua le cours des eaux débordées et troubla l’ordre des cinq éléments (120). L’Empereur (céleste) alors se mit en colère ; il ne lui communiqua pas les neuf sections du Grand Plan (121) et c’est pourquoi la nature normale et les relations sociales (des hommes) furent ruinées. Koen fut donc envoyé en exil et y mourut ; alors Yi prit sa succession ; le Ciel lui donna les neuf sections du Grand Plan, et c’est ainsi que la nature normale et les relations spéciales (des hommes) furent mises en ordre.

La première section est appelée les cinq éléments ; la seconde, les cinq actes ; la troisième, les huit parties du gouvernement ; la quatrième, les cinq régulateurs ; la cinquième, la plus haute perfection du souverain ; la sixième, les trois vertus ; la septième, l’examen des choses douteuses ; la huitième, les diverses indications ; la neuvième, l’application encourageante des cinq bonheurs et l’application effrayante des cinq calamités (122).

(I) Des cinq éléments, le premier est appelé l’eau ; le second, le feu ; le troisième, le bois ; le quatrième, le métal ; le cinquième, la terre (123). (La nature de) l’eau est p.220 d’humecter et de descendre ; celle du feu, de flamber et de monter ; celle du bois, d’être susceptible d’être courbé ou redressé ; celle du métal, d’être obéissant et de changer de forme ; celle de la terre, d’être semée et moissonnée. Ce qui humecte et descend produit la saveur salée ; ce qui flambe et monte produit la saveur âcre ; ce qui se courbe et se redresse produit la saveur acide ; ce qui obéit et change de forme produit la saveur amère ; ce qui est semé et moissonné produit la saveur douce (124).

(II) Des cinq actes, le premier est la contenance ; le second, la parole ; le troisième, la vision ; le quatrième, l’audition ; le cinquième, la pensée. La contenance doit être respectueuse ; la parole conforme (à la raison) (125) ; la vision, claire ; l’audition, nette ; la pensée, perspicace. Le respect produit la dignité ; la conformité (à la raison) produit l’ordre ; la clarté produit la prudence ; la netteté produit la bonne délibération ; la perspicacité produit la sagesse.

(III) Des huit parties du gouvernement, la première est l’alimentation (126) ; la seconde, les marchandises (127) ; la p.221 troisième, les sacrifices ; la quatrième, le département des travaux publics ; la cinquième, le département de l’instruction ; la sixième, le département de la justice ; la septième, (les devoirs de) l’hospitalité ; la huitième, l’armée.

(IV) # Des cinq régulateurs, le premier est appelé l’année ; le second, le mois ; le troisième, le jour ; le quatrième, les planètes et les constellations ; le cinquième, les nombres du calendrier.

(V) La plus haute perfection du souverain : quand le souverain a bien établi la perfection suprême réalisée en lui, il recueille ces (128) cinq bonheurs et il s’applique à les répandre pour les donner à la multitude de son peuple (129). Alors cette multitude du peuple, se trouvant participer à votre perfection suprême, vous conservera cette perfection. Toute cette multitude du peuple ne formera pas d’associations illicites et les officiers ne feront pas de conspirations ; cela sera dû à ce que le souverain a réalisé la perfection suprême.

Dans cette multitude du peuple, ceux qui sont de bon conseil, qui sont actifs, qui observent le devoir, pensez à eux (130). Ceux qui ne s’accordent pas avec la perfection suprême, mais qui cependant ne tombent pas dans le mal, que le souverain les accueille ; s’il en est qui, paisibles et contents, disent : « Ce que nous aimons, c’est la vertu, vous alors donnez-leur des faveurs ; ces p.222 hommes n’auront plus alors d’autre souci que la perfection suprême du souverain. Ne traitez pas avec mépris ceux ou celles qui sont délaissés (131) et ne craignez pas ceux qui sont élevés en dignité et illustres.

Si des hommes ont des capacités et de l’activité, faites qu’ils améliorent leur conduite et l’État en sera plus prospère. Tous les hommes qui sont droits, s’ils sont dans l’aisance, seront vertueux ; si vous ne pouvez pas faire qu’ils trouvent leur avantage dans l’État (132), ces gens se rendront coupables de crimes. Quant à ceux qui ne sont pas bons, quand bien même vous leur donneriez des faveurs, leur conduite ne fera que vous (donner la réputation d’)avoir mal agi (133).

Sans rien d’oblique, sans rien d’inégal (134), p.223

Suivez la justice des (anciens) rois ;

Sans avoir d’affection égoïste,

Suivez la voie des (anciens) rois ;

Sans avoir de haines égoïstes,

Suivez le chemin des (anciens) rois ;

Sans rien d’oblique, sans rien de partial,

La voie des (anciens) rois est large et vaste ;

Sans rien de partial, sans rien d’oblique,

La voie des (anciens) rois est unie et facile ;

Sans revenir en arrière ni dévier,

La voie des (anciens) rois est régulière et droite.

Associez-vous à cette perfection suprême ;

Accourez vers cette perfection suprême.


(Le vicomte de Ki) dit :

— Que le roi réalise la perfection (135) et qu’on en répande l’enseignement ; telle est la règle constante, telle est la doctrine (qui produira dans le monde) la conformité avec l’Empereur (136). Que toute cette multitude du peuple réalise la perfection et p.224 qu’on en répande l’enseignement ; telle est la conformité, telle est l’action (qui fera que le peuple) s’associera à la gloire du Fils du Ciel ; ainsi le Fils du Ciel sera le père et la mère du peuple et deviendra le refuge de tout l’empire (137).

(VI). Des trois vertus, la première est la rectitude et la droiture (138) ; la seconde est la faculté d’être sévère ; la troisième est la faculté d’être doux. Dans la paix et le calme, (on applique) la rectitude et la droiture ; envers ceux qui sont violents et insoumis, (on exerce) la faculté d’être sévère ; envers ceux qui sont accommodants et soumis, (on exerce) la faculté d’être doux (139). A l’égard de celui qui agit d’une manière cachée et qui accumule graduellement (les mauvaises actions), il y a la faculté p.225 d’être sévère ; à l’égard de celui qui est élevé et intelligent, il y a la faculté d’être doux (140).

Que le prince (141) seul dispense les faveurs ; que le prince seul soit redoutable (142) ; que le prince seul ait la nourriture précieuse (143). Qu’aucun sujet ne dispense les faveurs, ne soit redoutable et n’ait la nourriture précieuse. Si des sujets dispensent les faveurs, sont redoutables et ont la nourriture précieuse, cela est nuisible pour les familles (des grands officiers) (144), et funeste pour l’État ; les fonctionnaires deviennent partiaux et injustes, le peuple enfreint la règle et la transgresse.

(VII). Pour ce qui est de l’examen des doutes, on choisit ceux qu’il faut nommer (145) et on leur donne l’office de p.226 tirer les sorts par la tortue et par le mille-feuilles ; puis on les charge de tirer les sorts par la tortue et par le mille-feuilles (146). (Les formes qu’ils prennent en considération (147)) sont appelées : la pluie, l’éclaircie, la clarté (148), le brouillard, la victoire, le tcheng et le hoei (149) ; (elles p.227 sont ainsi) sept en tout ; la consultation des sorts par la tortue comprend la pratique de cinq de ces présages ; les deux autres sont les combinaisons et les changements (des hexagrammes). Quand on a institué ces hommes pour qu’ils tirent les sorts par la tortue et par le mille-feuilles, trois hommes consultent les sorts et on suit l’avis de deux d’entre eux (150).

Si vous avez des doutes sur quelque affaire d’importance, consultez votre propre cœur, consultez vos hauts dignitaires et vos officiers, consultez la multitude du peuple, consultez la tortue et le mille-feuilles. Si vous êtes favorable, si la tortue est favorable, si le p.228 mille-feuilles est favorable, si les hauts dignitaires et les officiers sont favorables, si la multitude est favorable, c’est ce qu’on appelle le grand accord ; votre personne sera prospère et puissante, vos descendants auront une grande félicité. Si vous, la tortue et le mille-feuilles êtes favorables, et si les hauts dignitaires et les officiers ainsi que la multitude du peuple sont contraires, l’augure est heureux. Si les hauts dignitaires et les officiers, la tortue et le mille-feuilles sont favorables, et si vous et la multitude du peuple êtes contraires, l’augure est heureux. Si la multitude du peuple, la tortue et le mille-feuilles sont favorables, et si vous et les hauts dignitaires et les officiers êtes contraires, l’augure est heureux. Si vous et la tortue êtes favorables et si le mille-feuilles, les hauts dignitaires et les officiers, et la multitude du peuple sont contraires, l’augure sera heureux pour les entreprises à l’intérieur du royaume, funeste pour les entreprises à l’extérieur. Si la tortue et le mille-feuilles sont opposés ensemble à (l’opinion des) hommes, il sera bon d’observer le calme et funeste d’agir.

(VIII). Les diverses indications (151) sont : la pluie, le soleil éclairant, le chaud, le froid, le vent.

(Le vicomte de Ki) dit :

— Quand ces (152) cinq (phénomènes) viennent au p.229 complet et chacun à son rang, les diverses plantes sont abondantes et prospères. Quand l’un d’eux est par trop complet, c’est funeste ; quand l’un d’eux fait par trop défaut, c’est funeste.

Il y a les indications heureuses qui sont les suivantes : le respect est symbolisé par la pluie venant en son temps ; le bon gouvernement est symbolisé par le soleil éclairant en son temps ; la sagesse est symbolisée par la chaleur venant en son temps ; la bonne délibération est symbolisée par le froid venant en son temps ; la sainteté est symbolisée par le vent venant en son temps.

Il y a les indications néfastes qui sont les suivantes : la déraison est symbolisée par la pluie constante ; l’erreur est symbolisée par le soleil éclairant constamment ; la négligence est symbolisée par la chaleur constante ; la précipitation est symbolisée par le froid constant ; l’aveuglement est symbolisé par le vent constant.

Ce qui fait l’objet de l’administration du roi est comme l’année (153) ; pour les hauts dignitaires et les officiers, c’est comme les mois ; pour les fonctionnaires inférieurs, c’est comme les jours. Si l’année, les mois et les jours se conforment invariablement aux époques voulues, par là les cent céréales viennent à maturité et le gouvernement est sage ; par là les gens de valeur sont mis en lumière et l’État est paisible et heureux. Si les jours, les mois et les années sont en désaccord avec les époques voulues, par là les cent céréales ne viennent pas à maturité et le gouvernement est obscur et sans sagesse ; par p.230 là les hommes de valeur sont peu considérés et l’État n’est pas tranquille.

La multitude du peuple est comme les étoiles ; parmi les étoiles, il en est qui aiment le vent, il en est qui aiment la pluie ; le soleil et la lune en suivant leur cours produisent l’hiver et l’été ; mais si la lune se conforme aux étoiles, alors il y a vent et pluie (154).

(IX). Des cinq bonheurs (155), le premier est une longue vie ; le second, la richesse ; le troisième, la tranquillité ; le quatrième, c’est d’aimer la vertu ; le cinquième est de ne mourir qu’après avoir terminé sa destinée. Des six calamités, la première est de mourir avant la seconde dentition, ou avant d’avoir pris le bonnet viril, ou avant de s’être marié ; la seconde est la maladie ; la troisième est le chagrin ; la quatrième est la pauvreté ; la cinquième est la méchanceté ; la sixième est l’impuissance].

Le roi Ou donna alors en fief au vicomte de Ki (le pays de) Tch’ao-sien (156) et ne le traita pas en sujet. Dans la suite, le vicomte de Ki, venant rendre hommage aux Tcheou, passa par l’ancienne capitale des Yn (157) ; il fut ému de voir que les palais et les demeures étaient en ruines et qu’il y poussait des céréales et du millet ; le vicomte p.231 de Ki en fut affligé ; il aurait voulu se lamenter, mais c’était impossible ; il aurait voulu pleurer, mais il pensa qu’il serait semblable à une femme ; alors il composa la poésie du blé en fleurs pour exprimer par un chant (ses sentiments) ; cette poésie était ainsi conçue :

Le blé en fleurs est tout humecté (de sève) ; — les céréales et le millet sont tout luisants (de prospérité) ;

Ce garçon trompeur (158) — n’a pas été bon pour moi.

Celui qu’il appelait « ce garçon trompeur », c’était Tcheou. Le peuple des Yn entendit (cette poésie) et tous versèrent des larmes.

Le roi Ou mourut. Le roi Tch’eng était jeune ; Tan, duc de Tcheou, exerça le gouvernement à sa place et se chargea du royaume. (Les princes de) Koan et de Ts’ai le soupçonnèrent et, avec Ou-keng, ils se révoltèrent ; ils voulaient attaquer par surprise le roi Tch’eng et le duc de Tcheou. Le duc de Tcheou, après avoir reçu le mandat du roi Tch’eng, extermina Ou-keng et les siens, tua le puîné (prince de) Koan et exila le puîné (prince de) Ts’ai ; puis il ordonna à Kai, vicomte de Wei, de prendre la place du descendant des Yn et de s’acquitter des sacrifices à ses ancêtres ; il composa « l’ordre donné au vicomte de Wei » (159) afin de lui exposer (sa volonté) ; il lui donna, pour que ce fût son royaume, le pays de Song. Le vicomte de Wei savait depuis longtemps être bon et sage ; quand il eut remplacé Ou-keng, ce qui restait du peuple des Yn lui fut fort reconnaissant et l’aima.

p.232 K’ai, vicomte de Wei, mourut ; on donna le pouvoir à son frère cadet, Yen, qui fut Wei-tchong (160). A la mort de Wei-tchong, son fils, Ki, duc de Song, prit le pouvoir. A la mort de Ki, duc de Song, son fils, Chen, duc Ting, prit le pouvoir. A la mort de Chen, duc Ting, son fils, Kong, duc Min, prit le pouvoir. A la mort de Kong, duc Min, son frère cadet, Hi, duc Yang, prit le pouvoir. Quand le duc Yang fut monté sur le trône, Fou-se, fils du duc Min, l’assassina et s’arrogea le pouvoir en disant :

— C’est moi qui dois être sur le trône.

Ce fut le duc Li (161). A la mort du duc Li, son fils, Kiu, qui fut le duc Hi, prit le pouvoir.

La dix-septième année (842) du duc Hi, le roi Li, de la dynastie Tcheou sortit (de sa capitale) et s’enfuit à Tche. La vingt-huitième année (831), le duc Hi mourut. Son fils, Hien, qui fut le duc Hoei, prit le pouvoir. — La quatrième année (827) du duc Hoei, le roi Siuen, de (la dynastie) Tcheou, prit le pouvoir. La trentième année (801), le duc Hoei mourut. Son fils, le duc Ngai, prit le pouvoir. — Le duc Ngai mourut dans la première année de son règne (800) (162). Son fils, le duc Tai, prit le pouvoir. — La vingt-neuvième année (771) du duc Tai, le roi Yeou, de (la dynastie) Tcheou, fut tué par les p.233 K’iuen-jong ; Ts’in fut pour la première fois mis au rang des seigneurs. La trente-quatrième année (766), le duc Tai mourut. Son fils, Se-k’ong, qui fut le duc Ou, prit le pouvoir (163). Le duc Ou engendra une fille qui devint la femme du duc Hoei, de Lou, et qui enfanta le duc Hoan, de Lou. La dix-huitième année (748) le duc Ou mourut. Son fils, Li, qui fut le duc Siuen, prit le pouvoir. — # Le duc Siuen avait un fils héritier présomptif nommé Yu-i. La dix-neuxième année (729), le duc Siuen tomba malade et céda son trône à son frère cadet Ho, en disant :

— Quand le père est mort, que le fils lui succède ; quand le frère aîné est mort, que le frère cadet le continue, ce sont choses admises comme justes dans tout l’empire ; je donne donc le pouvoir à Ho.

Ho, de son côté, déclina cette offre par trois fois, puis il l’accepta. A la mort du duc Siuen, son frère cadet, Ho, prit le pouvoir ; ce fut le duc Mou.

Dans la neuvième année (720) de son règne, le duc Mou tomba malade ; il manda le ta-se-ma Kong-fou (Kia) (164) et lui parla en ces termes :

— Le prince mon prédécesseur, le duc Siuen, a mis à l’écart l’héritier présomptif Yu-i et m’a donné le pouvoir ; je ne saurais l’oublier ; à ma mort, ayez soin de donner le pouvoir à Yu-i.

K’ong-fou (Kia) dit :

— Tous vos ministres désirent mettre sur le trône votre fils P’ing.

— Ne donnez pas le trône à P’ing, répondit le duc Mou ; je ne saurais faire tort au duc Siuen.

Après cela, le duc Mou fit sortir P’ing (du p.234 royaume) et l’établit dans (le pays de) Tcheng. Le huitième mois, au jour keng-tch’en, le duc Mou mourut. Yu-i, fils de son frère aîné, le duc Siuen, prit le pouvoir ; ce fut le duc Chang. Les sages, apprenant ce qui s’était passé, dirent :

— On peut dire du duc Siuen, de Song, qu’il se connaissait en hommes. Il a donné le pouvoir à son frère cadet à cause de sa parfaite justice ; et cependant, en définitive, c’est son fils qui de nouveau jouit (du trône).

La première année (719) du duc Chang, Tcheou-hiu, kong-tse de Wei, assassina son prince, Hoan, et s’arrogea le pouvoir ; voulant se concilier les seigneurs, il envoya dire (au duc de) Song :

— P’ing est dans (le pays de) Tcheng et suscitera certainement des troubles ; vous pourriez vous joindre à moi pour l’attaquer.

(Le duc de) Song y consentit et, avec lui, attaqua Tcheng ; il arriva à la porte orientale (de sa capitale), puis se retira. La deuxième année (718), Tcheng attaqua Song, afin de se venger de l’expédition militaire qui avait été faite contre sa porte orientale. Dans la suite, les seigneurs vinrent à plusieurs reprises nous envahir. — La neuvième année (711), (se passèrent les événements suivants) : la femme du ta-se-ma K’ong-fou Kia (165) était belle ; étant sortie, elle rencontra sur la route le premier ministre Hoa Tou (166) qui la trouva à son goût et la regarda fixement. (Hoa) Tou, pour s’approprier la femme de K’ong-fou (Kia), envoya des gens répandre dans le royaume ces paroles :

— Voici dix ans que le duc Chang a pris le pouvoir et il a combattu onze fois ; le peuple souffre au-delà de ce qu’il peut supporter ; tout cela est l’œuvre de K’ong-fou (Kia) ; je vais le tuer pour rendre le calme p.235 au peuple.

— Cette année-là, (les gens de) Lou assassinèrent leur prince, le duc Yn. — La dixième année (710), Hoa Tou attaqua et tua Kong-fou (Kia) et prit sa femme. Le duc Chang s’en étant irrité, il l’assassina ; puis il alla chercher P’ing, fils du duc Mou, dans (le pays de) Tcheng et le mit sur le trône ; ce fut le duc Tchoang.

La première année (710) du duc Tchoang, Hoa Tou devint conseiller. La neuvième année (702), (le duc de Song) se saisit de Tchai Tchong, (du pays) de Tcheng, et exigea de lui qu’il nommât Tou prince de Tcheng. Tchai Tchong y consentit, et, en définitive, donna le trône à Tou (167). La dix-neuvième année (692), le duc Tchoang mourut. Son fils, Tsie, qui fut le duc Min, prit le pouvoir.

La septième année (685) du duc Min, le duc Hoan, de Ts’i, monta sur le trône. La neuvième année (683), Song souffrit d’inondations ; (le prince de) Lou chargea Tsang Wen-tchong (168) d’aller apporter ses condoléances au duc Min au sujet des inondations ; le duc Min s’accusa lui-même, disant :

— C’est parce que je n’ai pas su servir les mânes et les dieux, et parce que mon gouvernement n’a pas été réformé, qu’il y a eu des inondations.

Tsang Wen-tchong jugea excellente cette parole ; cette parole, c’était le kong-tse Tse-yu (169) qui l’avait apprise au duc Min. — La dixième année (682), en été, Song attaqua Lou ; une bataille fut livrée à Cheng-k’ieou (170) ; (les soldats de) Lou p.236 prirent vivant Nan-kong Wan, du pays de Song ; les gens de Song le réclamèrent et (Nan-kong) Wan revint (dans le pays de) Song. La onzième année (171), en automne, le duc Min et Nan-kong Wan, pendant une partie de chasse qu’ils faisaient ensemble, jouèrent aux tablettes ; ils se disputèrent sur un coup ; le duc Min irrité insulta son partenaire en lui disant :

— Au début, je vous respectais ; mais maintenant vous n’êtes qu’un prisonnier de Lou.

(Nan-kong) Wan était vigoureux ; blessé de ce propos, il se servit de l’échiquier pour tuer le duc Min à Mong-tsé (172). Le grand officier K’ieou-mou, apprenant ce qui s’était passé, se rendit en armes à la porte du palais ; (Nan-kong) Wan l’empoigna (avec une telle violence que) les dents de (K’ieou-)mou vinrent frapper contre le battant de la porte et qu’il mourut ; ensuite, (Nan-kong) Wan tua le premier ministre Hoa Tou et nomma prince le kong-tse Yeou ; tous les autres kong-tse s’enfuirent à Siao (173) ; (seul), le kong-tse Yu-yue s’enfuit à Po (174). Nan-kong Nieou, frère cadet de (Nan-kong) Wan, à la tête d’une armée, assiégea Po. En hiver, (les gens de) Siao et tous les kong-tse de Song attaquèrent ensemble et tuèrent Nan-kong Nieou ; ils assassinèrent le nouveau prince de Song, Yeou, et mirent sur le trône Yu-yue, p.237 frère cadet du duc Min ; ce fut le duc Hoan. (Nan-kong) Wan, (du pays) de Song, s’enfuit (dans le pays de) Tch’en ; les gens de Song le réclamèrent en faisant des présents à Tch’en ; les gens de Tch’en chargèrent une femme de (l’enivrer) en lui faisant boire du vin pur, puis ils l’enfermèrent dans une peau (175) et le renvoyèrent (dans le pays) de Song ; les gens de Song réduisirent (Nan-kong) Wan en saumure de viande hachée.

La deuxième année (680) du duc Hoan, les seigneurs attaquèrent Song ; ils arrivèrent jusqu’à la banlieue (de la capitale), puis se retirèrent. — La troisième année (679), le duc Hoan, de Ts’i, pour la première fois eut l’hégémonie. — La vingt-troisième année (659), (le prince de Song) alla chercher Hoei, kong-tse de Wei, dans (le pays de) Ts’i, et le mit sur le trône ; ce fut le duc Wen, de Wei. La sœur cadette du duc Wen, (de Wei, ) devint la femme du duc Hoan (de Song). — Le duc Mou, de Ts’in, monta sur le trône. — La trentième année (632), le duc Hoan tomba malade ; l’héritier présomptif Tse-fou, (voulut) céder la succession (de son père) à son frère aîné, de naissance secondaire, Mou-i. Le duc Hoan loua la justice de l’intention de l’héritier présomptif, mais en définitive, il ne suivit pas (son avis). — La trente et unième année (631), au printemps, le duc Hoan mourut ; l’héritier présomptif Tso-lou prit le pouvoir, ce fut le duc Siang. Il prit pour conseiller son frère aîné, de naissance inférieure, Mou-i.

Avant que les funérailles (du duc Hoan) eussent été faites, le duc Hoan, de Ts’i, réunit les seigneurs à p.238 K’oei-k’ieou ; le duc Siang alla à la réunion. — La septième année (644) du duc Siang, sur le territoire de Song, il plut comme une pluie d’étoiles qui tombaient avec de la pluie ; six hérons volèrent à rebours ; le vent souffla avec violence. — La huitième année (643), le duc Hoan, de Ts’i, mourut. (Le prince de) Song voulut tenir une réunion (des seigneurs) pour faire une convention jurée. — La douzième année (639), au printemps, le duc Siang, de Song, fit à Lou-chang (176) une convention jurée par laquelle il demandait à Tch’ou (de lui céder le droit de convoquer les) seigneurs ; les gens de Tch’ou y consentirent. Le kong-tse Mou-i blâma (le prince de Song), disant :

— Quand un petit royaume prétend présider aux conventions jurées entre seigneurs, il attire sur lui les calamités.

Il ne fut pas écouté. En hiver, les seigneurs eurent une réunion avec le duc de Song à Yu (177). Mou-i dit :

— Le malheur va-t-il arriver à cette occasion ? L’ambition du duc est excessive ; comment pourrait-il soutenir ses prétentions ?

Alors Tch’ou se saisit du duc Siang, de Song, et attaqua Song. En hiver, il y eut à Po (178) une réunion des seigneurs dans laquelle on rendit la liberté au duc de Song. Tse-yu dit :

— Le malheur n’est point encore arrivé.

— La treizième année (638), en été, Song attaqua Tcheng. Tse-yu dit :

— Le malheur arrivera à cette occasion !

En automne, Tch’ou attaqua Song pour secourir Tcheng ; le duc Siang se disposa à p.239 livrer bataille ; Tse-yu l’en blâma, disant :

— Le Ciel a rejeté les Chang (179) depuis longtemps ; il ne faut pas (combattre).

En hiver, au onzième mois, le duc Siang livra bataille au roi Tch’eng, de Tch’ou, près de (la rivière) Hong (180) ; avant que les gens de Tch’ou eussent achevé de traverser (la rivière Hong), Mou-i dit :

— Ils sont nombreux et nous sommes peu ; puisqu’ils n’ont pas encore entièrement opéré leur passage, attaquons-les.

Le duc ne suivit pas cet avis. Quand (les gens de Tch’ou) eurent traversé, mais ne furent pas encore rangés en bataille, (Mou-i) dit :

— Il faut les attaquer.

Le duc répondit :

— Attendons qu’ils se soient rangés en bataille.

Quand ils eurent achevé de se ranger en bataille, les gens de Song les attaquèrent ; les troupes de Song furent entièrement défaites ; le duc Siang fut blessé à la cuisse. Les gens du royaume étaient tous furieux contre le duc ; le duc dit :

— Le sage n’accable pas des hommes en détresse ; il ne bat pas le tambour (181) quand les rangs ne sont pas formés.

Tse-yu dit :

— A la guerre, c’est la victoire qui est méritoire ; qu’est-il besoin d’autres discours (182) ? Certainement, si on parle comme le duc, c’est une morale d’esclave ; alors à quoi bon combattre ?

— Après que le roi Tch’eng, de Tch’ou, eut secouru Tcheng, (le prince de) Tcheng lui offrit un grand banquet ; en s’en allant, (le roi Tch’eng) prit les deux filles (183) (du p.240 prince) de Tcheng et les emmena avec lui. Chou-tchan dit :

— Le roi Tch’eng méconnaît les rites ; il ne mourra pas de mort naturelle ! On a observé les rites (à son égard) et il a fini par ne faire aucune distinction (entre ce qui est permis et défendu) ; il y a là un fait qui permet de savoir qu’il n’atteindra pas à l’hégémonie (184).

— Cette année-là (638) (185), Tch’ong-eul, kong-tse de Tsin, traversa (le pays de) Song ; le duc Siang, à cause de la blessure qu’il avait reçue de Tch’ou, désirait obtenir que Tsin lui donnât (son appui) ; il traita Tch’ong-eul avec la plus grande civilité et lui fit présent de vingt quadriges. — La quatorzième année (637), en été, le duc Siang tomba malade de la blessure qu’il avait reçue (sur les bords de la rivière) Hong et finit par mourir. Son fils, Wang-tch’en, qui fut le duc Tch’eng, prit le pouvoir.

La première année (636) du duc Tch’eng, le duc Wen, de Tsin, monta sur le trône. — La troisième année (634), (le duc Tch’eng) rompit le serment qui l’attachait à Tch’ou et lia amitié avec Tsin en profitant des bienfaits qu’il avait rendus au duc Wen (186). — La quatrième année (633), le roi Tch’eng, de Tch’ou, attaqua Song ; Song déclara à Tsin le danger dans lequel il se trouvait. — La cinquième année, (632), le duc Wen, de Tsin, vint au secours de Song ; les soldats de Tch’ou se retirèrent. — La neuvième année (628), le duc Wen, de Tsin, mourut. — La onzième année (626), Chang-tch’en, héritier présomptif de Tch’ou, p.241 assassina son père, le roi Tch’eng, et prit le pouvoir à sa place. — La seizième année (621), le duc Mou, de Ts’in, mourut. — La dix-septième année (620), le duc Tch’eng mourut. Yu, frère cadet du duc Tch’eng, tua l’héritier présomptif ainsi que le ta-se-ma kong-suen Kou (187) et se donna le titre de prince. Les gens de Song s’unirent pour tuer le prince Yu et ils donnèrent le pouvoir à Tch’ou-kieou, jeune fils du duc Tch’eng ; ce fut le duc Tchao.

La quatrième année (616) du duc Tchao, Song battit à Tch’ang-k’ieou le Ti géant Yuen-se (188). — La septième année (613), le roi Tchoang, de Tch’ou, monta sur le trône. — La neuvième année (611), (survinrent les événements suivants) : le duc Tchao agissait contrairement à la raison ; les gens du royaume ne lui étaient pas attachés. Pao-ko (189), frère cadet du duc Tchao, était un sage et se montrait humble avec les gens de valeur. La femme du défunt duc Siang (190) avait désiré entretenir un commerce secret avec le kong-tse Pao(-ko) ; elle n’y parvint pas (191), mais elle l’aida à répandre ses p.242 bienfaits sur le royaume et c’est grâce à lui que le grand officier Hoa Yuen (192) fut nommé précepteur de droite. Le duc Tchao sortit pour chasser ; la fou jen Wang-Ki (193) chargea Wei Po d’attaquer et de tuer Tch’ou-kieou, duc Tchao ; son frère cadet Pao-ko prit le pouvoir ; ce fut le duc Wen.

La première année (610) du duc Wen, (le duc de) Tsin se mit à la tête des seigneurs pour attaquer (le duc de) Song en lui reprochant d’avoir assassiné son prince ; (mais, ) apprenant que le duc Wen jouissait d’un pouvoir bien établi, il se retira. — La deuxième année (609), le fils du duc Tchao, avec la complicité de Siu, frère cadet de la mère du duc Wen, et avec l’appui des descendants des (ducs défunts) Ou, Mou, Tai, Tchoang et Hoan, se révolta ; le duc Wen les extermina tous et expulsa toute la parenté (des ducs défunts) Ou et Mou. — La quatrième année (607), au printemps, Tcheng reçut de Tch’ou l’ordre d’attaquer Song ; (le duc de) Song chargea Hoa Yuen de commander ses troupes. Tcheng vainquit Song et fit prisonnier Hoa Yuen. Lorsque Hoa Yuen allait livrer bataille, il avait tué des moutons pour nourrir ses soldats ; son cocher Yang Keng n’avait pas eu part à la distribution (194) ; il en fut irrité et lança son attelage au galop p.243 au  milieu de l’armée de Tcheng ; c’est pourquoi les soldats de Song furent battus et Hoa Yuen put être fait prisonnier. Song donna cent chars de guerre et quatre cents chevaux pie pour racheter Hoa Yuen ; avant que (cette rançon) eût été entièrement livrée, Hoa Yuen  s’échappa et revint (dans le pays de) Song. — La quatorzième année (597), le roi Tchoang, de Tch’ou, assiégea (la capitale de) Tcheng ; le comte de Tcheng se soumit à Tch’ou, qui lui rendit sa liberté. — La seizième année (595), un envoyé de Tch’ou traversa (le pays de) Song ; (le prince de) Song, qui avait un ancien ressentiment contre Tch’ou, retint prisonnier son envoyé. Le neuvième mois, le roi Tchoang, de Tch’ou, assiégea (la capitale de) Song. La dix-septième année (594), comme Tch’ou assiégeait Song et qu’au cinquième mois il n’avait pas relâché (l’investissement), à l’intérieur de la capitale de Song on se trouva dans une situation critique et on n’eut rien à manger ; alors Hoa Yuen alla de nuit secrètement voir le général de Tch’ou, Tse-fan, qui en avertit le roi Tchoang ; le roi Tchoang demanda quelle était la situation à l’intérieur de la ville ; (Hoa Yuen) répondit :

— On fend les os (humains) pour faire cuire les aliments ; on échange les enfants pour les manger.

Le roi Tchoang dit :

— C’est en toute sincérité que vous avez parlé. Mon armée, de son côté, n’a plus que pour trois jours de vivres.

A cause de la bonne foi (de Hoa Yuen), il leva le camp et se retira. — La vingt-deuxième année (589), le duc Wen mourut. Son fils, Hia, qui fut le duc Kong, prit le pouvoir. Pour la première fois on fit des funérailles fastueuses ; les sages blâmèrent Hoa Yuen en disant qu’il ne se conduisait pas comme un ministre aurait dû se conduire (195).

p.244 La neuvième année (580) du duc Kong, Hoa Yuen, qui était en excellents termes avec Tse-tch’ong, général de Tchou, et aussi avec Loan Chou, général de Tsin, fit alliance des deux côtés avec Tsin et avec Tch’ou. — La treizième année (576), le duc Kong mourut. Hoa Yuen était le précepteur de droite ; Yu Che était le précepteur de gauche ; le se-ma T’ang Chan attaqua et tua l’héritier présomptif Fei ; il voulait tuer Hoa Yuen, qui (tenta de) s’enfuir (dans le pays de) Tsin ; mais Yu Che l’arrêta, et, arrivé au (Hoang-)ho, il dut revenir sur ses pas ; (Hoa Yuen) fit périr T’ang Chan et les siens, puis il mit sur le trône Tch’eng, fils cadet du duc Kong ; ce fut le duc P’ing.

La troisième année (573) du duc P’ing, le roi Kong, de Tch’ou, enleva à Song (la ville de) P’ong-tch’eng (196) et la donna en fief à Yu Che (197), précepteur de gauche (du prince de) Song. — La quatrième année (572), les seigneurs s’unirent pour exterminer Yu Che et les siens ; ils rendirent P’ong-tch’eng au (prince de) Song. — La trente-cinquième année (541), Wei, kong-tse de Tch’ou, assassina son prince et s’arrogea le pouvoir ; ce fut le roi Ling. — La quarante-quatrième année (532), le duc P’ing mourut. Son fils, Tso, qui fut le duc Yuen, prit le pouvoir.

La troisième année (529) du duc Yuen, K’i-tsi, kong-tse de Tch’ou, assassina le roi Ling et s’arrogea le pouvoir ; ce fut le roi P’ing. — La huitième année (524), (le pays de) Song souffrit d’incendies. — La dixième année (522), le duc Yuen, qui manquait de bonne foi, tua, après les avoir attirés par tromperie, tous les kong-tse ; les p.245 grands officiers des familles Hoa et Hiang se révoltèrent. Kien, héritier présomptif du roi P’ing, de Tch’ou, étant venu (dans le pays de Song) en fugitif, vit que les membres de la famille Hoa s’entrecombattaient et faisaient des troubles ; Kien s’en alla et se rendit (dans le pays de) Tcheng. — La quinzième année (517), le duc Yuen (voulut) aider à rentrer dans (le pays de) Lou le duc Tchao, de Lou, qui se trouvait demeurer à l’étranger pour éviter Ki (P’ing-tse) (198) ; (le duc Yuen) mourut en chemin. Son fils, T’eou-man, qui fut le duc King, prit le pouvoir.

La seizième année (501) du duc King, Yang Hou vint se réfugier (dans le pays de Song) ; ensuite il repartit. — La vingt-cinquième année (492), K’ong-tse passa par (le pays de) Song. Hoan T’oei (199), se-ma de Song, le prit en haine et voulut le tuer ; K’ong-tse s’en alla sous un déguisement. — La trentième année (487), (le prince de) Ts’ao se révolta contre Song et aussi contre Tsin ; Song attaqua Ts’ao, et Tsin ne vint pas à son secours ; (ainsi, Song) anéantit Ts’ao et s’empara de son territoire. — La trente-sixième année (481), T’ien Tch’ang, (du pays) de Ts’i, assassina le duc Kien. — La trente-septième année (480), le roi Hoei, de Tch’ou, anéantit Tch’en. — (La planète) Yong-ho (Mars) se tint dans (la mansion) Sin (200) ; Sin est la région du ciel qui correspond au pays de Song ; le duc King en fut affligé ; l’astronome Tse-wei lui dit :

— On peut faire passer (la calamité) sur vos conseillers.

— Les conseillers, répliqua le duc King, sont mes jambes et mes bras.

(Tse-wei) dit :

— On peut faire passer la (calamité) sur le peuple.

— Le prince, répondit le duc King, p.246 doit avoir soin du peuple.

(Tse-wei) dit :

— On peut faire passer (la calamité) sur la récolte.

— S’il y a une disette, répondit le duc King, le peuple sera réduit à la dernière extrémité ; de qui (alors) serai-je prince ?

Tse-wei dit :

— Le Ciel est élevé, mais il entend (ce qui se dit) en bas ; Votre Altesse a prononcé trois paroles dignes d’un sage ; il faudra que (la planète) Yong-ho remue.

Alors on observa (la planète), qui se déplaça en effet de trois degrés. — La soixante-quatrième année (201), le duc King mourut ; T’o, kong-tse de Song, combattit l’héritier présomptif et s’arrogea le pouvoir (202) ; ce fut le duc Tchao.

Le duc Tchao était l’arrière-petit-fils, de naissance secondaire, du duc Yuen (203) ; le père du duc Tchao était le kong-suen Kieou ; le père de Kieou était le kong-tse Toan-ts’in ; Toan-ts’in était un fils cadet du duc Yuen. Le duc King avait tué Kieou, père de (celui qui devait être le) duc Tchao ; c’est pourquoi le duc Tchao, qui avait conservé du ressentiment, tua l’héritier présomptif et s’arrogea le pouvoir. Le duc Tchao mourut dans la quarante-septième année de son règne (404). Son fils, Keou-yeou, qui fut le duc Tao, prit le pouvoir.

Le duc Tao mourut dans la huitième année de son règne (396). Son fils, T’ien, qui fut le duc Hieou, prit le pouvoir.

Le duc Hieou mourut dans la vingt-troisième année de son règne (373). Son fils, Pi-ping, qui fut le duc Pi, prit le pouvoir.

p.247 Le duc Pi mourut dans la troisième année de son règne (370). Son fils, Ti-tch’eng, prit le pouvoir.

Dans la quarante et unième année (329) du règne de Ti-tch’eng, son frère cadet, Yen, l’attaqua par surprise ; Ti-tch’eng fut battu et s’enfuit dans (le pays de) Ts’i ; Yen prit le titre de prince de Song.

La onzième année (318) de son règne, le prince Yen prit le titre de roi (204). A l’est il vainquit Ts’i et lui prit cinq villes ; au sud il vainquit Tch’ou et lui prit trois cents li de territoire ; à l’ouest, il battit l’armée de Wei ; alors son royaume devint le rival de Ts’i et de Wei ; il remplit de sang une outre de cuir, la suspendit et tira des flèches contre elle ; il disait qu’il tirait contre le Ciel (205) ; il se livra à la débauche du vin et des femmes ; ceux de ses sujets qui le blâmaient, il les perçait aussitôt de flèches. Alors les seigneurs dirent tous :

— C’est Kie Song (206) ; Song recommence à faire ce qu’a fait Tcheou (207), il est impossible de ne pas le faire périr.

Ils dirent à Ts’i d’attaquer Song. Dans la quarante-septième année (282) du règne de Yen, roi, le roi Min, de Ts’i, avec le concours de Wei et Tch’ou, attaqua Song ; il tua Yen, roi. Alors (les trois alliés) anéantirent Song et partagèrent en trois son territoire.

Le duc grand astrologue dit : K’ong-tse a prononcé cette parole (208) : « Le vicomte de Wei s’en alla ; le vicomte de Ki devint esclave ; Pi-kan fit des remontrances et p.248 mourut. Les Yn possédèrent (ces) trois hommes excellents. » — Le Tch’oen ts’ieou blâme les troubles de Song ; à partir du moment où le duc Siuen (747-729) eut dégradé l’héritier présomptif pour donner le pouvoir à son propre frère cadet, le royaume à cause de cela ne fut pas tranquille pendant dix générations. — Lorsque vint le duc Siang (650-637), il mit en honneur la bonté et pratiqua la justice ; il désira présider les conventions avec serment faites entre seigneurs. Son grand officier Tcheng K’ao-fou l’en loua et c’est pourquoi, remontant dans l’antiquité, il raconta ce qui avait fait réussir Sie, T’ang, Kao-tsong et les Yn, et composa les odes sacrificatoires des Chang (209). Quand le duc Siang eut été battu à Hong, il se trouva des sages pour estimer fort sa conduite, pour s’affliger de ce que le royaume du Milieu eût manqué aux rites et à la justice et pour lui décerner des éloges ; (le duc) Siang, de Song, eut cette déférence envers les autres qui est prescrite par les rites (210).

Notes

(101. ) La principauté de Wei se trouvait dans le domaine impérial des Yn ; elle correspond à la sous-préfecture actuelle de Lou-tch’eng, préfecture de Lou-ngan, province de Chan-si.

(102. ) La capitale de Song correspond à la sous-préfecture de Chang-k’ieou, préfecture de Koei-, province de Ho-nan.

(103. ) K’ai est ici substitué à K’i. Cf. tome I, n. 04.270.

(104. ) Cf. tome I, p. 198-199 et n. 03.200. Mencius (VI, a, 6) fait de K’i (K’ai) l’oncle de Tcheou, mais les érudits chinois lui donnent tort.

(105. ) Cf. tome I, p. 203-204.

(106. ) Cette principauté de K’i [a] est celle qui est appelée Ki [b] dans les Annales principales des Tcheou (cf. tome I, n. 03.219). — Après le mot [a], on lit les mots [ac] « la principauté de K’i » ; c’est une glose d’un commentateur qui a été incorporée par erreur dans le texte de Se-ma Ts’ien.

(107. ) C’est-à-dire : le Ciel m’a fait naître pour régner et c’est le Ciel seul qui me donne le mandat souverain ; comment un homme pourrait-il me l’ôter ? Cette phrase est tirée du chapitre Si po k’an Li du Chou king.

(108. ) [] = mourir de cela, c’est-à-dire être mis à mort pour avoir adressé à l’empereur des remontrances.

(109. ) Il ne savait quel parti prendre, ou adresser des remontrances à Tcheou et être mis à mort, ou s’exiler.

(110. ) Le vicomte de Ki et le prince Pi-kan, disent les commentateurs ; cette opinion est cependant en contradiction avec le texte de Se-ma Ts’ien qui parle plus loin du second précepteur après la mort de Pi-kan ; cf. tome I, n. 03.228.

(111. ) Citation du Chou king, chap. Wei tse.

(112. ) T’ang le victorieux.

(113. ) Allusion à Ta-Ki ; cf. tome I, n. 03.201.

(114. ) Cf. tome III, n. 14.105.

(115. ) Dans l’air qu’il jouait sur le luth, le vicomte de Ki exprimait sa ferme résolution de continuer à observer les rites et la justice malgré l’adversité.

(116. ) Quand personne ne reproche ses fautes au souverain, on ne sera pas en droit de blâmer le peuple, si, à l’exemple du prince, il se conduit mal.

(117. ) Les herbes mao servaient à envelopper la victime.

(118. ) Citation du Chou king, chap. Wei tse.

(119. ) Cf. tome I, p. 51 et 67-68.

(120. ) Au lieu d’ouvrir un chemin aux eaux, Koen chercha à les arrêter en leur bouchant le passage ; il agit ainsi d’une manière contraire à la nature de l’élément eau et jeta, par suite, le désordre dans l’ensemble des cinq éléments. — Sur le sens du mot [], cf. Tso tchoan, 25e année du duc Siang (Legge, C. C., vol. V, p. 515) « les puits avaient été obstrués ».

(121. ) Ces neuf sections seront énumérées plus loin.

(122. ) Le Ciel envoie aux hommes les cinq bonheurs pour les encourager par des preuves de sa bonté ; il leur envoie les cinq malheurs pour leur faire craindre sa puissance.

(123. ) L’ordre dans lequel les cinq éléments sont ici énumérés est assez singulier ; les commentateurs chinois cherchent à en rendre compte au moyen d’une théorie qui combine les dix premiers nombres avec les principes yn et yang ; cette explication est peu vraisemblable et il est plus simple d’admettre une faute de texte ; si, en effet, on intervertit les rangs respectifs du bois et du métal, les éléments se trouveront énumérés dans l’ordre où ils triomphent les uns des autres : l’eau triomphe du feu, qui triomphe du métal, qui triomphe du bois, qui triomphe de la terre, laquelle à son tour triomphe de l’eau. Comme nous savons que cet ordre est celui dans lequel sont faites les plus anciennes énumérations des cinq éléments (cf. tome I, Introduction, p. CXCI-CXCII), il est tout naturel qu’il se retrouve dans le Grand Plan. [css : cf. M. Granet, La pensée chinoise, n. 274.]

(124. ) L’eau produit le sel ; le feu produit la fumée qui est âcre ; le bois a une saveur acide et le métal une saveur amère ; les céréales produites par la terre ont une saveur douce.

(125. ) On peut aussi traduire « digne d’être obéie ».

(126. ) L’agriculture.

(127. ) Le commerce.

(128. ) Il est assez singulier de voir ce démonstratif placé devant le terme « les cinq bonheurs », alors qu’il ne sera question des cinq bonheurs qu’à la fin du Grand Plan.

(129. ) Le souverain parfait est heureux, parce que le bonheur accompagne la vertu comme l’ombre suit le corps et comme l’écho répond à la voix. Il se sert de son bonheur pour y faire participer son peuple.

(130. ) Vous, souverain, pensez à eux pour vous servir d’eux.

(131. ) L’expression [] se retrouve dans le chapitre K’ang kao du Chou king (cf. Legge, C. C, vol. III, p. 383). On peut la traduire « les veufs et les veuves » ; mais le sens est plus général et cette expression désigne les hommes et les femmes qui sont seuls et sans appui dans le monde.

(132. ) En d’autres termes, si le prince ne peut pas donner des émoluments suffisants à ses officiers, et si ceux-ci par conséquent ne trouvent pas leur avantage dans le service de l’État, ils sont exposés à commettre des crimes.

(133. ) La mauvaise conduite de ces fonctionnaires vicieux rejaillira sur la personne même du souverain, à qui le peuple imputera les maux dont il souffre.

(134. ) Le texte de Se-ma Ts’ien donne ici l’ancienne leçon [b] ; le Chou king donne la leçon [c] ; cette correction fut introduite en 744 après J.-C., dans le texte du livre classique sous le prétexte que le mot [b] ne rimait pas avec le mot [a], mais les commentateurs modernes font remarquer que cette correction n’est pas nécessaire, car [a] peut se prononcer ngo et rimer avec [b]. [css : cf. M. Granet, La pensée chinoise, ]

(135. ) … Voici le commentaire de Ma Yong : « le roi » « doit réaliser jusqu’au bout la perfection et la mettre en vigueur » « et faire que ses ministres et ses subordonnés développent et exposent cet enseignement ».

(136. ) C’est-à-dire avec l’Empereur céleste ou la divinité suprême.

(137. ) … Cette définition du terme : « roi » qui désignerait « celui auprès de qui l’empire se réfugie » se retrouve dans le Po hou t’ong et dans le Fong sou t’ong (H. T. K. K., chap. CCCXCIV, p. 33 r°).

(138. ) L’expression [ab] est expliquée dans le Tso tchoan (7e année du duc Siang) de la manière suivante […], ce qui signifierait, d’après les commentateurs, qu’on appelle [a] le fait de rectifier son propre cœur et qu’on appelle [b] le fait de rectifier les obliquités ou les défauts d’autrui.

(139. ) Le prince exerce, suivant les circonstances, l’une ou l’autre de ces trois vertus. D’après une autre explication, le prince choisirait, suivant les circonstances, ceux qui possèdent l’une de ces trois vertus pour en faire ses ministres.

(140. ) Ces deux phrases sont peu claires et les divergences d’opinion des commentateurs montrent bien à quel point est conventionnelle l’explication de certains passages des classiques chinois. Dans la première phrase, l’expression [ab] du Chou king devient dans Se-ma Ts’ien [ac] ; cette dernière leçon paraît être préférable, car elle se retrouve dans la citation que fait le Tso tchoan (5e année du duc Wen) de ce texte du Chou king. Le mot [a] est expliqué comme ayant le sens de « secret, caché » ; quant au mot [c], on le rapproche d’un passage de l’appendice Wen yen du I king (cf. Legge, S. B. E., vol. XVI, p. 420), dans lequel ce mot a le sens de « accumuler graduellement les causes qui finissent par produire un grand crime ».

(141. ) L’expression « le prince » désigne ici non seulement le Fils du Ciel, mais encore tous les seigneurs.

(142. ) Le prince seul doit avoir le pouvoir de récompenser et de punir.

(143. ) « La nourriture précieuse » paraît signifier les redevances que le peuple paye au prince.

(144. ) Le mot [] désigne les maisons ou familles des grands officiers. Il y a ici une gradation qui, pour être tout à fait régulière, devrait être énoncée dans l’ordre suivant : l’État, les grands officiers, les fonctionnaires, le peuple.

(145. ) Tcheng K’ang-tch’eng explique donc les mots [] en disant : « on choisit ceux qu’il faut nommer et on leur donne l’office de... »

(146. ) Consultation des sorts par l’écaille de tortue chauffée au feu ; Consultation des sorts au moyen de la plante [] ; Bretschneider, qui donne une notice étendue sur cette plante (Plants mentioned in classical works, Journal of the China Braneh of the R. A. S., vol. XXV, n° 428), considère toutes les identifications proposées jusqu’ici comme douteuses.

(147. ) Les devins tirent leurs pronostics de sept formes indicatrices ; cinq d’entre elles sont fournies par l’écaille de tortue qui peut prendre, sous l’action du feu, cinq apparences diverses qu’on désigne sous les noms conventionnels de « la pluie, l’éclaircie, la clarté, le brouillard, la victoire » ; deux autres sortes d’indications sont fournies par les hexagrammes du I king qui sont décomposables en deux trigrammes, le trigramme supérieur étant appelé hoei et le trigramme inférieur étant appelé tcheng.

(148. ) Le Chou king actuel donne la leçon [a] ; ce mot était écrit [b] dans le texte moderne du Chou king ; enfin le véritable texte antique de K’ong Ngan-kouo donnait la leçon [c] ; c’est cette leçon qui est devenue par erreur [d] dans les Mémoires historiques (H. T. K. K., chap. CCCXCIV, p. 36 v°) ; nous avons donc ici un exemple qui prouve que Se-ma Ts’ien ne s’en tient pas toujours au texte moderne du Chou king et qu’il adopte parfois des leçons du vrai texte antique (cf. tome I, Introduction, p. CXXV et suiv.).

(149. ) Le mot tcheng désigne le trigramme inférieur, et le mot [] ou [] hoei désigne le trigramme supérieur des hexagrammes du I king ; ce sens des mots tcheng et hoei est déterminé par un texte du Tso tchoan (15e année du duc Hi). Ce qui revient à dire que, dans le 18e hexagramme du I king, le trigramme inférieur symbolise le vent et le trigramme supérieur symbolise les montagnes.

(150. ) Quand il s’agit de tirer les sorts, on s’adresse à trois devins à la fois, et s’il y a divergence d’opinion, on se range à l’avis de la majorité qui est de deux. C’est le sens qu’a cette phrase dans la citation qu’en fait le Tso tchoan, 6e année du duc Tch’eng ; cependant certains commentateurs trouvent cette explication trop simple et pensent que les trois devins dont il s’agit sont chargés de consulter les trois I king, à savoir celui des Hia ou lien chan, celui des Yn ou koei tsang, celui des Tcheou ou Tcheou i (H. T. K. K., chap. CCCXCIV, p. 37 r°) ; on compte aussi trois modes de divination par l’écaille de tortue (H. T. K. K., chap. CCCCXV, p. 57 r°).

(151. ) Les tcheng sont les phénomènes naturels qui attestent les qualités ou les défauts des hommes ; de là le nom de tcheng qui est ici l’équivalent du mot [] et qui signifie attester.

(152. ) Pronom démonstratif ; il faut donc rattacher ce mot à ceux qui suivent. On peut rapprocher cette phrase de celle-ci, qu’on trouve dans le chap. LXXXVII, p. 5 v° du Heou Han chou : […] « ces cinq choses viennent au complet ».

(153. ) « Ce qui fait l’objet de l’administration du roi est comparable à l’année qui embrasse les quatre saisons ».

(154. ) Le soleil et la lune qui, par leur cours régulier produisent les saisons, symbolisent le gouvernement du roi. Si la lune se conforme aux étoiles, c’est-à-dire si le gouvernement, au lieu de suivre la justice, cherche à plaire au peuple, il y a vent et pluie ; en effet, parmi les étoiles, il en est qui aiment le vent, il en est qui aiment la pluie, c’est-à-dire que, parmi le peuple, il est des gens dont les désirs sont mauvais ; si le gouvernement se conforme à leurs désirs, il y aura des troubles.

(155. ) Cf. n. 122.

(156. ) Cf. tome II, n. 06.229. Se-ma Tcheng dit que le pays de Tch’ao-sien avait pris son nom d’une rivière qui y coulait.

(157. ) [][] est l’équivalent de l’expression [][] que nous avons rencontrée plus haut (cf. n. 37.103). Elle désigne la ville qui fut appelée Tchao-ko sous les Han (cf. tome II, n. 07.246).

(158. ) La même expression se trouve dans le Che king (Kouo fong, 10e ode de Tcheng).

(159. ) Titre d’un chapitre du Chou king.

(160. ) C’est-à-dire le cadet Wei. D’après Tcheng Hiuen, le fils qui devait hériter du vicomte de Wei étant mort, c’est le frère cadet du vicomte de Wei qui lui succéda ; c’était ce que prescrivaient les rites de la dynastie Yn.

(161. ) D’après le Tso tchoan (7e année du duc Tchao ; Legge, C. C., vol. V, p. 619), le pouvoir aurait dû revenir à Fou-fou Ho, mais celui-ci le céda au duc Li. Fou-fou Ho est l’ancêtre de Confucius qui se trouve ainsi descendre en droite ligne des princes de Song.

(162. ) Les Tableaux chronologiques ne mentionnent pas le duc Ngai et attribuent 31 années de règne au duc Hoei.

(163. ) D’après le Tso tchoan (7e année du duc Tchao), Tcheng K’ao-fou, ancêtre de Confucius, servit successivement les ducs Tai, Ou et Siuen.

(164. ) Kong-fou Kia, fils de Tcheng K’ao-fou ; c’est le premier des ancêtres de Confucius qui ait eu le nom de famille Kong.

(165. ) Cf. n. 164.

(166. ) Hoa Tou, ou Hoa-fou Tou, était petit-fils du duc Tai.

(167. ) Cf. Legge, C. C., vol. V. p. 57. Le Tso tchoan rapporte ces événements à l’an 701 (11e année du duc Hoan).

(168. ) Tsang Wen-tchong est mentionné à deux reprises dans le Luen y u (V, 17 et XV, 13). Confucius parle de lui assez sévèrement.

(169. ) Tse yu était fils du duc Tchoang, et, par conséquent, oncle du duc Min.

(170. ) Le Tch’oen ts’ieou rapporte cette bataille à la dixième année du duc Tchoang (684). Cheng-k’ieou était une localité du pays de Lou qui devait se trouver à l’ouest de la sous-préfecture actuelle de Tse-yang, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(171. ) Le Tso tchoan rapporte ces événements à l’année 682. Les Tableaux chronologiques n’attribuent que dix années de règne au duc Min.

(172. ) Près de la sous-préfecture de Chang-k’ieou, préfecture de Koei-, province de Ho-nan.

(173. ) Ville du pays de Song, à 10 li au nord de la ville préfectorale de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.

(174. ) Le Po septentrional, ou Mong-po, était au nord de la sous-préfecture actuelle de Chang-k’ieou, qui fait partie de la ville préfectorale de Koei-, province de Ho-nan.

(175. ) Une peau de rhinocéros, dit le Tso tchoan. La vigueur de Nan-kong Wan était si grande que, lorsqu’il arriva dans le pays de Song, ses pieds et ses mains avaient réussi à crever le cuir dans lequel il était enfermé.

(176. ) A l’ouest de la sous-préfecture de T’ai-ho, préfecture de Yng-tcheou, province de Ngan-hoei.

(177. ) Ville du pays de Song ; près de la préfecture secondaire de Soei préfecture de Koei-, province de Ho-nan.

(178. ) Aujourd’hui, localité de Po-tch’eng, au nord-ouest de la ville préfectorale de Koei-, province de Ho-nan,

(179. ) Les princes de Song étaient les descendants de l’ancienne dynastie Chang ou Yn.

(180. ) Cette rivière passait à 30 li au nord de la sous-préfecture de Tche-tch’eng, préfecture de Koei-, province de Ho-nan.

(181. ) Il ne donne pas le signal du combat avant que l’ennemi se soit rangé en bataille.

(182. ) = [] « ajouter quelle parole ? ».

(183. ) Les princes de Tcheng appartenaient au clan Ki c’est pourquoi ces deux filles sont ici désignées par l’expression []-Ki.

(184. ) On voit par ce texte qu’il était interdit d’épouser deux sœurs ; il est donc étrange que, dans la haute antiquité, Choen, qui est considéré comme le modèle de toutes les vertus, soit représenté comme ayant eu pour femmes les deux filles de l’empereur Yao.

(185. ) En 637, d’après le Tso tchoan.

(186. ) Lorsque celui-ci n’était encore que le kong-tse Tch’ong-eul ; cf. plus haut.

(187. ) Kong-suen est ici, non pas un nom de famille, mais une indication de parenté ; ce personnage était en effet le « petit-fils du duc » Tchoang.

(188. ) Il y a ici une erreur ; la victoire des troupes de Song sur le Ti géant Yuen-se eut lieu à l’époque du duc Ou (765-748), mais le Tso tchoan, tout en lui assignant cette date, la rappelle à propos d’événements survenus en 616 et c’est ce qui explique l’inadvertance de Se-ma Ts’ien. Dans la Maison héréditaire de Lou, Se-ma Ts’ien suit plus fidèlement le Tso tchoan ; cf. p. 115-116.

(189. ) Le mot ko est peut-être une superfétation ; il n’apparaît pas dans le texte du Tso tchoan.

(190. ) Le duc Siang était le grand-père du duc Tchao et de son frère Pao-ko. Sa femme était la sœur aînée du roi Siang, de la dynastie Tcheou ; elle s’appelait Wang-Ki.

(191. ) Pao-ko s’y refusa, mais la duchesse douairière lui conserva cependant sa faveur et l’aida à se gagner le cœur du peuple.

(192. ) Arrière-petit-fils de Hoa Tou (mort en 682) et descendant à la cinquième génération du duc Tai (799-766).

(193. ) La duchesse douairière, femme du duc Siang ; cf. n. 190.

(194. ) On pourrait aussi traduire : « Son cocher, le bouillon de mouton ne l’avait pas atteint », c’est-à-dire que son cocher n’avait pas eu sa part de bouillon de mouton. La leçon du Tso tchoan est : « Son cocher Yang Tchen n’avait pas eu part (à la distribution).

(195. ) Il aurait dû s’opposer à ce que les funérailles du duc Wen fussent faites avec trop de pompe. Cf. Tso tchoan, 2e année du duc Tch’eng.

(196. ) Cf. tome II, n. 06.289.

(197. ) D’après le Tso tchoan, lorsque Hoa Yuen avait pris en main la direction des affaires dans le pays de Song, Yu Che s’était enfui dans le pays de Tch’ou.

(198. ) Cf. p. 121-123.

(199. ) Cf. Luen yu, VII, 22.

(200. ) Cf. tome III, n. 27.130.

(201. ) Cette indication nous fournirait la date de 453 avant J.-C. ; mais, d’après les Tableaux chronologiques, le duc King mourut en 451 ; d’après le Tso tchoan (26e année du duc Ngai), il mourut en 469.

(202. ) Le récit, du Tso tchoan (26e année du duc Ngai) est entièrement différent.

(203. ) Le duc Yuen avait régné de 531 à 517.

(204. ) Le Tchan kouo ts’é et le Tch’oen ts’ieou de Lu Pou-wei disent que son nom posthume fut « le roi K’ang ».

(205. ) Cf. la légende de l’empereur Ou-i, de la dynastie Yn ; tome I, n. 03.198.

(206. ) C’est-à-dire que le prince de Song est semblable à Kie, le dernier empereur de la dynastie Hia.

(207. ) Le dernier emperenr de la dynastie Yn.

(208. ) Luen yu, XVIII, 1.

(209. ) Ce texte pourrait être très important pour l’histoire du Che king ; il en résulte que, au témoignage de Se-ma Ts’ien, les odes sacrificatoires des Chang auraient été composées vers le milieu du VIIe siècle avant notre ère par Tcheng K’ao-fou qui les écrivit pour louer le duc Siang dans ses ancêtres, les plus illustres représentants de la dynastie Yn ou Chang. Les érudits chinois sont cependant unanimes à repousser cette manière de voir ; ils fondent leur opinion sur deux textes principaux ; en premier lieu, celui du Tso tchoan [Cf. trad. Couvreur, t. III, p. 146] (7e année du duc Tchao), d’après lequel Tcheng K’ao-fou aurait vécu au temps des ducs Tai (799-766), Ou (765-748) et Siuen (747-729), c’est-à-dire un siècle environ avant le duc Siang (650-637) ; en second lieu, un texte du Kouo yu (section Lou yu, 2e partie, 18e discours), qui nous apprend que Tcheng K’ao-fou ne fut pas l’auteur des odes sacrificatoires des Chang, mais qu’il les reçut du maître de musique à la cour des Tcheou.

(210. ) On a vu (p. 238) que le duc Siang se fit battre à Hong pour avoir voulu observer trop fidèlement les rites.