Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1835-1837/3

No III.

NOTE EXPLICATIVE DE LA PLANCHE VI,

DE LA CARTE GÉOLOGIQUE

DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE ;

PAR M. TOULMOUCHE,

DOCTEUR-MÉDECIN.

Cette Carte accompagnait un mémoire ayant pour titre : Essai d’une description géologique et minéralogique du départenemt d’Ille-et-Vilaine, que M. le docteur Toulmouche a présenté au congrès scientifique tenu à Caen en 1855, et dont un extrait détaillé a été inséré dans le Compte rendu des travaux de ce congrès. Par conséquent, en publiant cette Carte géologique inédite, on doit maintenant se borner à présenter une simple note explicative sur les diverses formations qui s’y trouvent indiquées.

D’après les observations géologiques de M. Toulmouche, les terrains primaires et de transition constituent entièrement le département d’Ille-et-Vilaine. Le premier occupe sa partie septentrionale, tandis que le second, deux fois plus étendu, forme sa partie méridionale.

Le terrain primaire comprend des granites, des micaschistes, des schistes maclifères, des amphibolites ; et le terrain de transition, des phyllades tendres, argileux, micacés, des schistes rouges, des schistes ardoisés : ces roches alternent avec des couches de quarz grenu.

Le granite de la partie septentrionale du département paraît constituer de grands îlots au milieu du schiste de transition. A Bécherel le granite s’élève à 125 mètres au-dessus du niveau de la mer ; c’est le point culminant du département. Des roches amphiboliques forment dans ce granite d’énormes filons ou des amas (à Combourg et à Hedé). Dans ce dernier endroit le granite contient de la pinite.

Au nord de Fougères, le granite se trouve associé à des gneiss maclifères, à des micaschistes et schistes.

La partie centrale du département est occupée par une vaste bande de phyllade argileux tendre et de grauwacke, dont les couches plongent au nord. Au milieu de cette bande de schiste on remarque deux amas de calcaire noir bituminifère de transition : l’un à Gahard, alternant avec les schistes et contenant des madrépores, des spirifères ; l’autre à Izé, présentant des Térébratules.

Au midi de ce terrain de phyllade argileux se trouve une autre bande de schiste rouge lie de vin qui traverse le département du N.-0. au S.-E. ; elle est coupée par des vallées profondes. Cette formation contient des amas allongés de phyllade micacé et les schistes ampéliteux de Poligné à empreintes de Spirifères et de Graphtolitœ ; ces schistes reparaissent encore au Bourg-des-Comtes et à Martigné-Ferchaut, suivant une direction rectiligne. À Saint-Mervé, au N.-E. de Vitré, il existe un lambeau d’ampélite, lequel fait partie d’une bande parallèle à la première, qui se prolongerait dans le département de la Mayenne.

Enfin la partie la plus méridionale du département est formée de schiste argileux, bleu, tégulaire, micacé, avec Trilobites spirifères, et surtout aux environs de Bain. On observe dans ces schistes des amas subordonnés de quarzite ou grès gris et rouge avec empreintes de spirifères, ainsi que des couches de schiste ardoisé très abondantes dans les environs de Redon. — La direction générale de ces roches est du S.-E. au N.-O.

Des dépôts de fer hydraté se présentent à la surface du terrain de transition, surtout dans la forêt de Paimpont et à Liffré. À Couetquedan une bande de fer oxidé rouge, reposant entre des couches de quarz, pourrait être la prolongation du dépôt de Rougé.

À Romazi, à 7 lieues au N. de Rennes, un quarzite gris schistoïde contient un filon de cuivre pyriteux, sur lequel M. Blavier, ingénieur des mines, vient de faire pousser une galerie. La richesse du minerai paraissait augmenter en approfondissant.

Le terrain tertiaire forme dans ce département cinq petits bassins isolés reposant sur les schistes de transition ou sur le granite.

Le bassin de la Chaussairie s’étend depuis Saint-Jacques jusqu’à la rivière de la Seiche sur une longueur de 7,000 mètres, et sur une largeur moyenne de 2,000 mètres. Ce bassin tertiaire, le plus étendu du département, a été indiqué par M. Desnoyers, en 1829[1] et plus tard en 1832[2], comme présentant deux formations calcaires différentes. La plus considérable, rapportée par lui au calcaire grossier parisien, est formée, d’après les observations de M. Toulmouche, d’alternances répétées de calcaire grossier marin coquillier, et de marne verte, jaune et blanche. Mais en quelques endroits ce calcaire grossier se trouve recouvert par un calcaire compacte fin, blanc, sans fossiles, ayant tous les caractères d’un calcaire d’eau douce.

Puis au-dessus on trouve encore un calcaire très siliceux, parallèle au calcaire sableux (falun), qui se voit à un niveau plus inférieur dans le vallon voisin près de l’entrée de la mine de Pompéan. Ce calcaire sableux de Pompéan ainsi que le petit bassin calcaire de Saint-Grégoire (à 1 lieue au N. de Bennes), riche en dents de Squales, côtes de Lamentins, Madrépores, appartiennent, d’après M. Desnoyers, à l’époque des faluns.

M. Toulmouche indique encore un bassin de calcaire tertiaire près de Gahard remplissant le fond d’une vallée profonde creusée dans le schiste argileux ; un autre plus au nord près Fems, reposant sur le granite ; enfin le cinquième, très petit, également sur le granite, se voit à la limite E. du département dans la forêt du Perte, près Argentré. Ces trois derniers bassins coquilliers appartiennent probablement encore au terrain de faluns, quoique M. Toulmouche ne se prononce pas d’une manière positive sur leur âge.

  1. Ann. des sc. nat., févr. 1829.
  2. Bull. de la Soc. Géo.. : séance du 16 juillet 1832.