Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 140-156).

LETTRE IX

Ma chère amie,

Les novices ne montraient pas beaucoup d’empressement à poser leur candidature au Lady Rodney’Club. Pourtant, trois semaines après la séance décrite dans ma dernière lettre, Lucrétia vint me voir, très affairée, pour m’annoncer que Maria Aubrey, la sœur de son amant désirait se joindre à nous ; elle me demanda de fixer le jour de son admission.

Comme la postulante n’était pas de mince importance, qu’elle appartenait à une très aristocratique famille, je ne fis pas d’objections ; j’exprimai ma satisfaction de cette recrue pour notre confrérie, et fixai huitaine le jour de son admission.

Quand je fis part de la chose à Lady Clara, lui demandant si elle connaissait la jeune personne, elle me répondit que non, car celle-ci avait été pendant plusieurs années dans une pension en Allemagne et venait seulement de rentrer dans sa famille.

Je ne vis pas Lucrétia jusqu’au jour fixé ; elle arriva exactement à sept heures avec sa protégée ; celle-ci était un peu plus grande qu’elle, assez mince ; elle avait de beaux yeux bleus ; pour la circonstance, elle était habillée tout de blanc. C’était, dans l’ensemble, une jolie fille, à l’aspect tranquille, si ce n’est l’expression singulièrement mobile de ses yeux qui regardaient partout et semblaient s’intéresser à tout.

Nous étions toutes présentes. J’occupais, comme d’habitude, mon siège de présidente, entourée des autres dames. Lady Lucrétia, présentant aussitôt la novice, la prit par la main, la conduisit devant moi, et, après que toutes deux se furent inclinées, elle dit : « Permettez-moi, chère Miss Coote, et vous, mesdames, de vous présenter Miss Maria Aubrey, une de mes bonnes amies, qui désire faire partie de notre société. »

J’ouvris la séance et voici comment se passa la cérémonie :

La Présidente. — Miss Maria Aubrey, consentez-vous à vous soumettre à nos formalités d’initiation et jurez-vous de vous conformer au règlement institué par l’unanimité de nos membres.

Maria. — Oui, je désire vivement être admise. On reçoit tellement la verge en Allemagne que je suis devenue fanatique de son emploi.

La Présidente. — Nous enregistrons votre adhésion et maintenant, il faut vous déshabiller et prendre l’uniforme de rigueur que nous vous avons préparé.

La novice rougit et semble ne plus savoir que dire. Lucrétia paraît jouir énormément de son embarras. Elle murmure quelque chose à l’oreille de Clara qui le transmet à Mlle Fosse, qui m’en fait part : Notre novice n’est pas Maria Aubrey, mais bien son frère Franck, l’amant de Lucretia, à qui elle a conseillé de se faire passer pour sa sœur, mais sans lui dire ce qui allait arriver, de sorte que celui-ci était stupéfait d’avoir à se déshabiller devant nous.

J’avoue que je fus furieuse en apprenant cette invention de Lucrétia, mais sur le conseil que me glissa à voix basse Mlle Fosse, je continuai comme si de rien n’était. Venez, sœur Maria, lui fis-je, commencez à vous déshabiller. Jane et Mary, assistez mademoiselle.

Maria. — Oh ! non ! non ! je ne veux pas que l’on me déshabille, j’ignorais que cela fût obligatoire ; donnez-moi les vêtements si vous voulez, je me retirerai dans une autre pièce pour les mettre, mais pas devant vous, je ne veux pas.

Et, rougissant de plus en plus, elle repousse les deux servantes qui s’avançaient vers elle.

La Présidente. — Vous violez déjà le règlement ! Déshabillez-vous de suite, ou vous allez recevoir la verge sans miséricorde, et nous verrons si vous l’aimez tant que cela.

Maria. — Ah ! excusez-moi ! mais… mais… vous comprendrez facilement que je n’ose pas me déshabiller devant tant de monde.

Je prends alors une formidable verge, formée d’une bonne poignée de brins longs et souples, solidement réunis par d’élégants rubans bleus et rouges. Je fais un signe. Jane et Mary, assistées par quatre ou cinq dames foncent sur la victime, la poussent vers l’échelle, et, en dépit de ses secousses désespérées, lui lient chevilles et poignets avec des cordes qui sont fixées à l’échelle. Miss Maria se trouve ainsi complètement à notre merci, avant même qu’elle se soit rendu compte de ce qui lui arrive.

La Présidente, s’avançant, verge en main vers la victime : « Ah ! ah ! vous êtes, je le vois, une obstinée ! Allons, mesdames, dépouillez-la de suite de son costume, enlevez-lui ses jupons ; plus vite nous commencerons à l’initier, mieux cela vaudra. »

Tout le monde se met à l’ouvrage. Écarlate de honte, la victime crie : « Ah ! oh ! je vous en prie, ne me déshabillez pas ! J’ai été trompé ! Je ne suis pas du tout une demoiselle ! ne me mettez pas nu ! » Et des larmes de mortification coulent le long de ses joues.

La Présidente, d’un ton impératif : « Arrêtez ! qu’est-ce que vous êtes, alors ? un homme ou une hermaphrodite ?

Un éclat de rire général accueille cette question. Voyant que l’interpellé reste muet de confusion, tout le monde s’écarte. « Allez, Miss Coote, allez ! donnez à cet impudent gaillard un avant-goût de votre verge. Il faut qu’il avoue tout et jure de garder le secret ou on le fouettera jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le Prisonnier. — Mon Dieu ! dans quel guêpier suis-je tombé ! Ces monstres de femmes vont m’assassiner ! Ah ! lâchez-moi et je jure de ne jamais rien raconter !

La Présidente. — Nous avons le temps de causer de cela. Ne croyez pas vous tirer à si bon compte de votre impudent complot avec Lady Lucrétia ! Chacun de vous va être bien fouetté sous les yeux de l’autre. Vous ne serez point choqués de voir réciproquement vos fesses ; nous savons que ce n’est pas la première fois que vous vous les montrerez. Jane, préparez sœur Lucrétia pour la punition. Il verra ainsi ce qui l’attend lui-même.

Lucrétia. — Ah ! non ! j’ai voulu seulement lui faire une petite plaisanterie. Vous savez que j’avais très envie de le fouetter et je n’avais pas d’autre moyen de m’y prendre !

La Présidente. — C’est possible, Miss ! Nous aurons égard à cela, et peut-être vous permettra-t-on de donner vous-même le coup de grâce à ses fesses. En attendant, Jane, mettez le derrière de miss Lucrétia dans le pilori à traverses.

Abandonnant le jeune homme étroitement ligotté à l’échelle, les dames se saisissent de son amante qui juge toute résistance inutile. Quelques instants après, Franck a le plaisir de contempler son derrière rose et joufflu et ses cuisses nerveuses émergeant des deux traverses de bois dans lesquelles elle est fixée de telle sorte que seule la partie inférieure de sa personne est visible.

La Présidente. — Mademoiselle Fosse, veuillez administrer à notre collègue le châtiment qu’elle a mérité pour l’offense grave faite au club en y introduisant un homme.

Mlle Fosse (armée d’une forte verge fraîchement cueillie) : Je ne crois pas que cette impudente pécore ait été assez fessée lors de son admission, sans quoi l’endolorissement de son derrière lui aurait donné à réfléchir.

Alors, vzz ! vzz ! vzz ! vzz ! quatre coups lentement et énergiquement appliqués ponctuent ces paroles, et Mlle Fosse poursuit : « Comment trouvez-vous cela ? Mon bras est-il plus ou moins vigoureux que celui de Miss Coote ? »

Comme les coups continuent à lui marbrer les fesses avec une vigueur et une précision remarquables, Lucrétia saute sur une jambe et sur l’autre et pousse des cris perçants : « Oh ! oh ! arrêtez ! je demande pardon ! dit-elle, je croyais réellement qu’un jeune homme serait une précieuse recrue pour le Club. Oh ! ah ! pas si fort ! vous m’écorchez vive ! c’est atroce !

Ces plaintes n’ont rien d’excessif, car de longues marques rouges sillonnent les fesses meurtries.

Mlle Fosse. — Il faut que je me dépêche, car cela prendra un certain temps pour punir maître Frank. Je pense qu’il se délecte du tableau de votre châtiment. Est-ce que c’est aussi bon que la dernière fois ? Vous nous ferez savoir quand vous ressentirez ces sensations voluptueuses que vous avez éprouvées ce jour-là.

Tout en parlant, elle cingle sans trêve Lucrétia sur toute la surface des fesses étalées ; elle fait pénétrer la pointe des verges en dedans des cuisses écartées et sur le minet à découvert. Et pendant ce temps, Franck dévore des yeux le postérieur de sa maîtresse ; chaque coup qui vient marbrer les fesses semble se communiquer à lui et le fait frissonner, il n’a jamais éprouvé pareille sensation ; c’est un délicieux régal pour sa sensualité.

Mlle Fosse continue à s’en donner à cœur joie et applique si fort la verge que le sang commence bientôt à pointer sur les fesses et les cuisses de Lucrétia. La pauvre fille se plaint douloureusement et pousse des cris nerveux : « Oh ! oh ! je m’évanouis ! je succombe ! » etc. Ses cuisses et ses fesses se contorsionnent en même temps de la plus bizarre façon.

Alors la Présidente intervient, verge en mains et dit « Je suppose que maître Frank a hâte de goûter à son tour aux délices de la verge. Épinglez-lui sa chemise aussi décemment que possible, je désire seulement découvrir son derrière et je ne tiens pas à ce que le devant soit exposé à notre vue.

Frank était si absorbé à contempler l’intéressant tableau de Lucrétia fouettée qu’il ne s’aperçut pas qu’on épinglait sa chemise à ses épaules. Un formidable coup de verge sur les fesses le rappela soudain au sentiment de sa propre situation. Il sursauta et se mordit les lèvres. Les larmes lui montèrent aux yeux et son visage devint brusquement écarlate. Vigoureusement maniée, la verge retomba successivement dix fois ; les coups résonnèrent sur sa chair, mais aucun cri ne trahit sa souffrance et la rougeur de sa figure témoigna seulement de l’intense humiliation qu’il éprouvait.

La Présidente. — Je vous ferai bien demander pardon, monsieur. Oserez-vous nous insulter encore en vous glissant parmi nous déguisé en femme ?

Un formidable coup, qui amène le sang aux fesses accompagne cette question.

Frank, qui aurait honte de crier devant cette assistance féminine, s’efforce de supporter courageusement l’épreuve ; il serre les fesses et se mord les lèvres jusqu’au sang.

La Présidente. — Vous êtes têtu ! tant mieux ! Cela n’en sera que plus drôle pour nous, mon garçon. Voulez-vous demander pardon et jurer de ne jamais raconter cette équipée à personne ?

La verge s’abat en même temps à toute volée, lacérant la chair.

Frank. — Ah ! ah ! au secours ! c’est horrible ! Ah ! mesdames, ne m’assassinez pas ! ahh !

La Présidente, sans lui laisser un instant de répit et frappant d’un bras inlassable : Reviendrez-vous encore, mauvais garnement ? Allez-vous nous jurer le secret ?

Les cris de Frank, les sanglots de Lucretia, la vue de ces deux paires de fesses piteusement accommodées, excitent les assistantes au-delà de toute expression. Chacune s’empare d’une verge, et la Présidente et Mademoiselle s’étant retirées, elles apaisent à tour de rôle leur excitation sur le fessier des deux victimes.

Elles s’aperçoivent bientôt que Lucrétia défaille et paraît insensible à la souffrance, en proie à une sorte de stupeur léthargique. Elles la délivrent de ses liens, la réconfortent et la raniment peu à peu.

Quant à Frank, qui, depuis plusieurs minutes, a imploré son pardon et demande à grands cris de prêter le serment exigé, on reçoit bien son serment, mais les conjurées éclatent d’un rire sardonique quand il demande piteusement qu’on le délivre et qu’on lui permette de s’en aller : « Ha ! ha ! » lui fait-on de toutes parts ! Il pensait en être déjà quitte ! Il devrait pourtant être content de passer par les mains de Lucrétia, aussitôt qu’elle sera remise !

Frank. — Tout ce qui arrive est de sa faute. Je ne serais jamais venu, si elle ne m’avait assuré d’une chaleureuse réception.

La Présidente. — Précisément ! Vous ne pouvez pas dire que vous n’en avez pas eu une ! Mais elle sera encore plus chaude avant que vous ne vous en alliez !

Après avoir avalé un cordial énergique, Lucrétia, les yeux brillants, déclare qu’elle est prête à exécuter ce qu’on attend d’elle. On lui tend une belle verge et elle se met en position pour fouetter son amant, selon la méthode de Louisa Van Tromp. Elle fait siffler la verge au-dessus de la tête de Frank et lui crie d’un air indigné : « Alors, vous osez insinuer que c’est moi qui vous ai engagé à venir ici ? »

Frank. — Oh ! Lucrétia ! Aurez-vous le cœur de prolonger mes tortures, maintenant que j’ai juré tout ce qu’on a voulu ?

Lucrétia baisse son bras levé, et la verge s’abat avec force sur le derrière de Frank qui se tortille de façon comique. « Vous maintenez cette insinuation ! crie-t-elle, alors, tenez ! tenez ! tenez ! »

Les coups se succèdent avec une violence croissante. Lucrétia s’excite à frapper ; il semble que le sang bouillonne dans ses veines : « Direz-vous aussi, continue-t-elle que ce n’est pas vous qui m’avez séduite ? Toutes ces dames sont fixées sur votre infâme conduite envers moi !

Frank. — Oh ! oh ! Cela ne finira donc pas ! Ah ! que je sois pendu si j’avoue cela ! Voyons, vous savez pourtant bien que c’est vous qui avez pris dans votre main mon… ma…

Lucrétia. — Ne nommez pas cet objet répugnant ! Et surveillez votre langue de vipère ; si vous m’échauffez la bile, tant pis pour vous !

La verge va des épaules aux fesses que Lucrétia examine après chaque coup pour voir les nouveaux ravages qu’elle a causés.

Le pauvre Frank, qui a perdu sa perruque en se démenant trop fort, a l’air un peu plus viril, c’est un très joli garçon, bien membré, mais son derrière n’est naturellement pas aussi rebondi que celui d’une femme de sa corpulence.

Excitée, échauffée par la flagellation qu’elle a eu elle-même à subir, Lucrétia frappe comme une furie : « Voyez ! voyez ! crie-t-elle, cette horrible chose que je ne veux pas nommer est toute raide et fait une énorme bosse sous sa chemise, devant son ventre ; c’est impossible de cacher cette saleté.

Au lieu de la cacher, il semble que Lucrétia cherche à la faire voir, car, en frappant sans merci, elle s’arrange pour déranger la chemise et la retrousser si bien que l’assistance aperçoit à tout instant le formidable engin long de six à sept pouces, qui se dresse au bas du ventre, émergeant d’une touffe de poils noirs et bouclés. Saisi d’une sorte de frénésie érotique, le jeune homme roule des yeux blancs, et, à chaque coup, tortille les fesses et pousse le ventre en avant ; évidemment la honte et la souffrance s’effacent sous l’acuité de ses sensations voluptueuses. La fouetteuse n’est pas moins troublée que lui. La vue des fesses écorchées se trémoussant de façon lubrique, accroît son ardeur : « Ah ! crie-t-elle, non seulement il essaie de me rendre plus inconvenante que lui, mais voyez de quelle façon cynique il s’expose à nous ! »

Pour mieux ponctuer sa remarque, elle cingle d’un coup vif le membre indécemment dressé et elle recommence à plusieurs reprises sans lui faire perdre de sa rigidité ; mais sous cette cinglade affreusement piquante, le malheureux Frank rugit : « Oh ! mon Dieu ! mon membre va éclater, c’est effroyable et cela me procure une délicieuse sensation. Ah ! ahh ! ahh !! c’est trop ! » Et il reste les yeux levés au ciel, les lèvres tremblantes, saisi d’on ne sait quelle troublante émotion.

Lucrétia a suspendu quelques instants la correction ; mais soudain, elle rappelle son amant à la question par deux ou trois terribles cinglées sur ses fesses à vif : « Ne vous endormez pas, monsieur et causons, s’il vous plaît ! Je pense que vous allez retirer vos honteuses insinuations contre moi ! Avez-vous, oui ou non, profité de mon trouble quand je vous ai vu étalant votre membre dans le jardin ? Mais répondez donc ! Une demi-douzaine de coups de verge suit cette question ; le sang commence à couler des fesses sur les cuisses du malheureux.

Revenu à lui, celui-ci, tout confus de savoir que l’assistance a vu son membre viril en pleine érection, se tord sous les coups et répond d’une voix entrecoupée de larmes : « Ah ! démon ! abominable créature ! Elle m’a prodigué les plus voluptueuses caresses, elle m’a juré un éternel amour et aujourd’hui, elle se délecte à me martyriser. Ah ! Miss Coote ! mesdames ! délivrez-moi de ses griffes ! Ayez pitié de moi !

Lucrétia. — Pas encore ! Infâme suborneur ! retirez vos honteuses allégations sur mon compte, ou je vous enlève la peau du derrière !

Frank. — Comme c’est mal à vous, Lucrétia, de me forcer à dire un mensonge ! Oh ! mon Dieu ! quoi faire ? Ah ! que se passe-t-il en moi ?

Sous l’averse de cinglades dont sa maîtresse lui lacérait le postérieur, le jeune homme retrouvait évidemment le trouble lascif qu’il avait déjà éprouvé.

Lucrétia. — Vos cris sont délicieux ! Je m’en délecte d’autant plus que nous nous adorons l’un et l’autre. Allez-vous… allez-vous… allez-vous… avouer que… vous avez… menti ? ah ! vous me faites passer auprès de ces dames pour un monstre d’indécence ! Êtes-vous donc sourd ? Attendez, je vais vous faire entendre.

Et la verge se dirige juste dans la raie des fesses atteignant les parties les plus sensibles et les plus délicates.

Frank semble sur le point de s’évanouir sous cette nouvelle torture et s’écrie : « Oh ! oh ! mon Dieu ! tuez-moi tout de suite, je souffre trop ! »

Lucrétia. — Tant pis pour vous. Pourquoi vous obstinez-vous à me refuser la satisfaction que vous me devez ? Pourquoi prétendez-vous que je veux vous imposer un mensonge, vilain gredin ? Je vous ferai mourir sous la verge si vous ne rétractez pas vos infâmes calomnies.

Et la verge marche toujours, s’abattant dans les recoins les plus délicats.

Frank. — Ah ! atroce ! que faut-il donc que je dise ? ah ! oui ! toutes ces histoires sur notre compte sont fausses. Nous n’avons jamais rien fait d’inconvenant ni l’un ni l’autre.

Le malheureux a proféré ces paroles sans savoir ce qu’il dit et dans le seul but de mettre un terme à son supplice. Mais Lucrétia n’est pas satisfaite et manifeste son mécontentement par un coup formidable, qui arrache aux fesses de nouvelles gouttes de sang. « Que nous chantez-vous là, monsieur ? s’écrie-t-elle. Qui vous demande d’aller d’un extrême à l’autre ? Avouez simplement que vous avez abusé de mon trouble et de ma frayeur. Vous ne savez donc plus ce que vous dites ? Ma parole, je ne comprends pas qu’après vous avoir si bien attiré le sang aux fesses, il vous monte encore à la tête !

Frank. — Ah ! oui ! ah ! oui ! je me souviens, maintenant ! J’ai fourré mes mains sous vos vêtements alors que vous étiez toute tremblante et que vous ne pouviez me résister ! Voilà la vérité ! Laissez-moi, maintenant ! Vous n’avez pas à craindre que j’aille dévoiler moi-même comme j’ai été maltraité et mortifié ?

Ces derniers mots sont dits d’une voix mourante. Lucrétia jette alors sa verge, qui n’est plus qu’un tronçon ; des larmes de compassion perlent dans le coin de ses grands yeux voluptueux et elle s’écrie : « Mon pauvre chéri, pourquoi avez-vous été aussi obstiné ? »

La Présidente. — Qu’on le détache, qu’il s’agenouille devant moi et nous demande pardon du scandale qu’il a causé en s’introduisant parmi nous, car je vois, mesdames, à l’agitation de vos poitrines, quelle pénible émotion ce spectacle vous a occasionnée.

Mis en liberté, Frank se prosterne humblement, il déplore d’avoir voulu s’immiscer dans nos entretiens intimes et jure de nouveau, de garder le secret. Mais il demande, les larmes aux yeux, que sa terrible initiation lui serve au moins à quelque chose et qu’on lui permette de faire désormais partie de notre confrérie.

L’assemblée se montra favorable à sa requête et je découvris bientôt que Lady Clara était à la tête d’un mouvement ayant pour but l’introduction de messieurs parmi nous.

Je me hâtai de lever la séance et je ne sus jamais combien de temps le postérieur de maître Frank mit pour revenir à son état normal. Mais le lendemain, sur le conseil de Mlle Fosse, je signifiai à toutes mes collègues la dissolution du Club, car il m’était impossible d’autoriser dans ma propre maison des séances de flagellation qui, par l’adjonction de l’élément masculin eussent vite dégénéré en orgies.

Ma prochaine et dernière lettre vous entretiendra de faits qui me sont plus strictement personnels.

Votre affectionnée,

Rosa Belinda Coote.

Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre
Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre