Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 88-105).

LETTRE VI

Ma chère Nelly,

Au cours de mon dernier voyage en Italie et en Allemagne, je me suis amusée à noter pour mes prochaines lettres, tous les incidents qui me revenaient à la mémoire, comme susceptibles de vous intéresser, et maintenant que me voici encore une fois de retour, je m’amuserai pendant les longues et tristes soirées, à vous écrire une autre série de lettres. Et je commence de suite.

Quand je quittai l’école, mes tuteurs me confièrent aux soins de Mlle Fosse, et nous fûmes bientôt installées dans une de mes maisons, située dans la banlieue ouest de Londres. Demeuraient avec nous deux, Jane, l’ancienne servante de mon grand-père, qui nous servait de femme de chambre, une cuisinière appelée Margaret et deux bonnes, Mary et Polly ; un jeune frère de Jane appelé Charlie, remplissait l’office de groom.

Mes tuteurs jugèrent que jusqu’à ma majorité, je pouvais me dispenser de cocher et de valet de pied, n’ayant qu’à louer, pour faire mes visites, mes emplettes ou aller au théâtre, une voiture chaque fois que j’en aurais besoin. On m’accorda mille livres par an, dont je déduisis libéralement deux cents livres pour Mlle Fosse, et jamais je ne lui diminuai cette allocation élevée, car elle fut toujours pour moi une charmante compagne, se mettant en quatre pour favoriser mes amusements et me préserver des dangers possibles.

Ma chambre à coucher et celle de Mademoiselle communiquaient ensemble, de sorte que nous pouvions, la nuit comme le jour, jouir de notre tête à tête si cela nous faisait plaisir. La cuisinière et Mary occupaient une chambre en haut de la maison, le page avait un petit cabinet sur le même palier que nos chambres. Jane et Polly, que nous appelions ainsi pour les distinguer de l’autre Mary, occupaient une chambre également au même étage, où se trouvaient d’autres pièces libres pour nos invitées éventuelles. Il y avait en haut des salles inoccupées, dont une très spacieuse. Après m’être consultée avec Mademoiselle, je décidai de l’organiser en salle de punition, car j’avais résolu de maintenir sous une discipline sévère tout mon personnel. On y fixa des poulies au plafond, on la meubla d’échelles, de blocs, de crochets, d’un poste à fouetter, et aussi d’une sorte de pilori, permettant de fixer la pénitente en exposant seulement ses jambes et ses fesses et en l’empêchant de voir par qui elle était fouettée.

Mademoiselle et moi, prenions grand plaisir à nos « soirées lubriques », comme elle avait baptisé nos séances de flagellation. De temps à autre, pour les corser, nous faisions venir Jane et nous la fessions dans nos chambres, ou bien elle aidait l’une de nous à fouetter l’autre, car je m’étais tout à fait adonnée aux plaisirs du fouet, et j’éprouvais, de son application, un bonheur tout spécial. Néanmoins, ces petites débauches n’avaient pas la même saveur que lorsque la victime ignore l’emploi de la verge et en tâte pour la première fois. Aussi, désirions-nous ardemment trouver quelque coupable remplissant ces conditions et que nous puissions sacrifier à notre ardent désir.

Notre jardinier, M. White était un homme de confiance qui avait dépassé la quarantaine. Sa femme était une fort accorte gaillarde d’environ trente ans. Ils avaient deux jolies petites filles de neuf et dix ans. Ils logeaient dans un cottage situé à l’extrémité de notre jardin, qui était très vaste.

Mme White aimait un peu trop la toilette, et les gages de son mari n’étant pas suffisants pour lui permettre de se passer ses fantaisies, elle trouva tout naturel de se procurer l’argent nécessaire en vendant pour son propre compte, à des voisins, moins bien pourvus que nous, les fruits et les légumes dont ils pouvaient avoir besoin, et qui, pensait-elle, eussent été perdus sans cela. Son mari n’y vit pas grand mal, car, ainsi qu’il nous le dit plus tard, Miss Coote était très bonne et très généreuse et ne se préoccupait jamais de ce qu’ils prenaient pour eux-mêmes.

Les deux fillettes, Minnie et Lucy étaient chargées par leurs parents de porter ces fruits et ces légumes à la porte du fond du jardin. Mais, un beau jour, de grand matin, Jane les aperçut et vint tout aussitôt me faire son rapport.

J’avais, depuis longtemps, un désir irrésistible de fesser les deux mignonnes, mais ne pouvais le faire sans motif ; aussi, la découverte de Jane me causa-t-elle la plus vive satisfaction.

Le lendemain matin, en compagnie de mademoiselle, je fus, par une allée extérieure, me poster à la sortie du jardin et nous nous plaçâmes de façon à voir tout ce qui se passerait. Nous fûmes bientôt dédommagées de notre dérangement, en voyant les petites filles apporter plusieurs paniers de fruits dans la maisonnette de leur mère.

Ayant bien et dûment constaté le délit, je retournai à la maison et fis porter au jardinier l’ordre de comparaître devant moi avec sa femme et ses filles.

En compagnie de Mademoiselle, je les reçus dans le salon. White et sa femme tenant chacun une fillette par la main, s’enquirent respectueusement du motif pour lequel je les faisais venir.

— Ne vous en doutez-vous pas un peu, malgré votre air innocent ? leur dis-je, pourquoi donc vos enfants vont-ils tous les matins cueillir des paniers de fruits dans le jardin ?

White rougit très fort et répondit d’un air embarrassé : « Elles en apportent quelques-uns pour notre dessert, miss.

— Allons, vous ne faites qu’aggraver le vol par le mensonge ; est-ce avec vos gages que votre femme se paye tous les colifichets qu’elle achète ? ripostai-je d’un ton sévère.

— Oh ! Sally ! fit-il à sa femme, réponds, je ne comprends pas ce que Mademoiselle veut dire.

Rouge de honte, Mme White fondit en larmes : « Oh ! fit-elle, c’est ma faute ! William n’a jamais su que je vendais vos fruits, et les pauvres petites sont innocentes. Ah ! je vous en prie, pardonnez-moi, Miss Coote !

— Vous me croyez donc bien naïve ? répondis-je durement, votre mari n’ignore rien de vos agissements, et quant à vos fillettes, vous les dressez au vol.

À ces mots, White, sa femme et les deux petites tombèrent à genoux, me suppliant de leur pardonner et m’affirmant qu’ils n’avaient rien vendu.

— Allons donc ! répartis-je, vous valez encore moins que je ne le pensais, car je sais, moi, qu’il y a déjà longtemps que dure ce manège. Et maintenant, choisissez : ou que je vous punisse sévèrement, moi-même, ou que je vous dénonce à la justice, auquel cas votre affaire est claire.

Tout en demandant grâce, White et sa femme me disent qu’ils préfèrent être punis par moi comme je le jugerai convenable, mais me supplient d’épargner les fillettes qui n’ont fait que ce qu’ils leur ordonnaient.

— Vous prenez le parti le plus sage, leur dis-je alors, car, si je puis avoir quelque indulgence, la justice n’en aurait pas pour des gueux comme vous. Vous, White, comme vous êtes un homme, je ne sais comment vous punir, aussi je vous tiens quitte, et j’espère que vous serez honnête dans l’avenir. Mais votre femme et vos filles seront fouettées comme elles le méritent. Qu’elles m’attendent dans ce salon, ce soir, à sept heures, et qu’elles mettent leurs vêtements des dimanches ; c’est compris ? Je les guérirai à tout jamais de l’envie de voler ou je ne m’appelle pas Rosa Coote.

Le pauvre White et sa femme se retirent, l’oreille bien basse. Lorsqu’ils sont partis, nous nous félicitons joyeusement, Mademoiselle et moi, d’avoir pu nous procurer de pareilles victimes.

Le soir même, je suis, à l’heure fixée, dans la salle de punitions, attendant l’arrivée des coupables. Elles font leur entrée, l’air piteux, quoique coquettement habillées à la dernière mode villageoise, un bouquet à leur ceinture.

Pour la clarté du récit, je me désignerai par mon nom, comme les autres acteurs de cette scène piquante, et ainsi que je l’ai déjà fait dans mes lettres précédentes.

Miss Coote. — Je suis heureuse pour vous, madame White, que vous m’ayez laissé le soin de vous punir, car j’espère qu’après cela vous apprécierez les avantages de l’honnêteté. Mademoiselle Fosse, aidez Jane, je vous prie, à préparer Minnie pour la verge. Attendez ! attachez d’abord Mme White à l’échelle, sans quoi ses sentiments maternels la pousseraient à intervenir. Vous préparerez également Lucy. Si elles ne portent pas de pantalons, il faut en trouver un pour chacune.

Mme White, les larmes aux yeux. — Oh ! Miss Coote, ma bonne demoiselle ! Ne soyez pas trop sévère pour ces pauvres petites. J’aime mieux être trois fois plus maltraitée moi-même.

Elle est bientôt fixée par les poignets à l’échelle, mais sans que l’on ait touché à ses vêtements. Mes deux aides déshabillent alors Minnie et Lucy et exposent à nos regards leurs formes rondelettes. Mademoiselle prend Lucy, je me charge de la plus jeune, Minnie. Les pauvres petites sont pourpres de honte, surtout quand nous les étendons le derrière en l’air sur nos genoux ; elles n’ont évidemment pas l’habitude d’être examinées ainsi.

Miss Coote, à Minnie. — Comme vous rougissez, ma petite ! Est-ce de peur ou de honte ? Ah ! dame ! vous allez être bien fessée ! Quel joli petit cul ! Est-ce que votre maman le fouette souvent ?

Je lui donne quelques bonnes claques qui amènent le rouge sur les blanches rondeurs, et font gigotter de façon comique la pauvre petite, qui n’apprécie nullement ce préambule : « Oh ! oh ! assez, je vous en prie, vous me faites trop mal, Miss Coote ! Je ne puis pas endurer cela ! crie-t-elle, en commençant à pleurer.

Mademoiselle. — Ainsi, petites polissonnes, vous alliez vendre le fruit pour votre mère ? Répondez, Lucy.

Lucy. — C’est papa qui nous le donnait pour le porter chez nous.

Mademoiselle. — La vieille histoire d’Adam et Ève ; l’un a tenté l’autre. Alors, c’est votre papa le coupable ? Votre mère, tout à fait innocente, hein ?

Miss Coote. — Je crois qu’il ne me sera pas difficile de faire raconter à Minnie une autre histoire, Mademoiselle Fosse, ce sont de petites menteuses aussi bien que de petites voleuses. Essayez ma méthode, Mademoiselle.

De la main ouverte, j’applique une forte claque, bientôt suivie de plusieurs autres, sur les fesses de Minnie, qui braille et gigotte éperdument. Mademoiselle traite Lucy de la même manière et bientôt, les fesses claquées sont roses comme des pêches. Les deux fillettes pleurent et crient à qui mieux mieux, rejetant les torts d’abord sur leur père, puis sur leur mère, lorsqu’elles voient qu’il ne sert à rien de mentir.

Je dis alors à Jane de nous apporter à chacune une verge légère. Puis, je lui ordonne d’attacher au poteau de punition les deux petites victimes et de leur passer un pantalon pour abriter leurs petites fesses rouges.

Jane exécute l’ordre et les attache côte à côte par les poignets, les bras tendus au dessus de leur tête, la pointe de leurs pieds atteignant juste le parquet. Elle étale ensuite deux petits pantalons de très fine batiste, presque aussi transparente que de la mousseline, de sorte que la chair rose est visible au travers. Ces pantalons avaient été choisis par elle, un peu trop petits ; ils plaquent sur les formes d’autant mieux que les juvéniles postérieurs sont très développés pour leur âge. La fente laisse, par derrière, un espace vide de six pouces de large qui démasque un exquis morceau de chair rouge des deux côtés de la raie des fesses. Comme préliminaires des plaisirs que la fessée va me procurer, je me délecte du manège de Jane qui, pour les préparer à la séance, dispose la chemise dans le pantalon, leur fait lever les jambes l’une après l’autre, leur fait prendre des postures variées, et prend consciencieusement son temps pour faire durer le plus possible cette délicieuse opération.

Je dis alors à Mademoiselle de m’aider à leur donner le fouet tandis que je leur ferai la morale.

La mère est si terrifiée de voir ses deux filles attachées pour la fessée, qu’elle veut se jeter à genoux, bien que ses poignets fixés au-dessus de sa tête le lui interdisent. « Oh ! oh ! Miss Coote ! Pitié pour mes pauvres petites !! crie-t-elle alors. Et dire que c’est moi qui leur vaut cela ! » Et la malheureuse essaye de joindre les deux mains comme elle a voulu se jeter à genoux.

Miss Coote. — Faites-nous grâce de vos pleurnicheries, vilaine femme ! Nous ne faisons que commencer. Qu’est-ce que vous dites de ça, Minnie, et vous, Lucy ? Recommencerez-vous à me voler mon fruit, petites coquines ? Réchauffez-leur bien les fesses, Mademoiselle, chassez-moi l’instinct du vol de leur derrière.

Les verges accomplissent leur piquante besogne et cinglent les jolies rondeurs, dessinant sur la peau de fines marques rouges. Les victimes poussent des cris aigus ; leurs faces sont pourpres ; les larmes ruissellent sur leurs joues ; elles supplient qu’on leur pardonne, promettant de ne plus jamais recommencer, etc., etc.

Mon amie et moi, nous sommes dans le ravissement. La scène nous électrise, le sang bout dans nos veines ; nos instincts sensuels s’exaspèrent ; les cris de douleur sont pour nos oreilles une musique délicieuse ; nous cinglons sans ménagement les pauvres petits culs jusqu’à ce que le sang perle sur les chairs boursouflées. La vue de la pauvre mère éplorée est un autre régal pour nous, car, bien qu’elle ne soit encore que spectatrice, elle tressaille à chaque coup de verge comme si elle le recevait elle-même ; elle crie et sanglote à fendre l’âme.

Mademoiselle. — Voyez un peu cette grosse sotte ! Tenez, madame White, c’est maintenant que vous allez pouvoir pleurer !

Ce qui reste des minces pantalons est déchiré et arraché, et nous nous ruons de nouveau à coups de verges sur les petites victimes pantelantes et nous ne nous serions pas arrêtées, si Jane ne nous avait fait remarquer que Minnie était évanouie et que Lucy ne valait guère mieux.

On les détache, on leur bassine les fesses et la figure avec de l’eau fraîche, on leur fait respirer des sels et on les ranime. Puis on leur fait boire, ainsi qu’à leur mère, du champagne additionné d’un énergique cordial.

Mme White, qui a été aussi délivrée, berce ses filles sur ses genoux ; elle les couvre de caresses et de baisers, se lamente et pleure nerveusement à la vue de leurs petits culs écorchés : « Pauvres trésors ! crie-t-elle. Ah ! Miss Coote ! comme vous avez été barbare avec ces pauvres innocentes !

Miss Coote. — Je vous conseille de les appeler innocentes, quand c’est vous-même qui leur avez appris à voler ! Attendez un peu, ça va bientôt être votre tour de vous confesser.

Mme White, d’une voix tremblante. — Excusez-moi, je ne sais pas ce que je dis, mon cœur de mère saigne de voir leurs pauvres derrières.

Miss Coote. — Lâchez-les ! Mary va les panser et elle reviendra nous aider à ranimer leur maman qui m’a l’air terriblement déprimée.

Un éclat de rire accompagne cette ironique remarque. Jane revient bientôt et se met en devoir de disposer Mme White pour la correction qui l’attend.

Miss Coote. — Écartelez-la bien sur l’échelle ; c’est la plus coupable de la bande, elle a entraîné son mari et elle a obligé ses enfants à participer au vol.

Mme White. — Mais je ne pensais pas que vous vouliez garder le trop plein du jardin, il aurait été perdu !

Miss Coote. — Alors pourquoi votre mari ne m’a-t-il pas demandé ce qu’il fallait en faire ? N’avez-vous pas employé cet argent à vous acheter des rubans et des parures ?

La pauvre femme, très honteuse, pousse de gros soupirs et n’essaie pas de se défendre. Jane et Mademoiselle lui enlèvent sa belle robe bleue et découvrent une jolie paire d’épaules bien blanches, contrastant avec la rougeur que la scène précédente a semée sur sa figure et sur son cou. C’est une jolie femme aux cheveux brun fauve, aux yeux noirs ; elle a des bras bien ronds et des mains fraîches qui dénotent qu’elle ne se livre pas à la maison à des travaux trop pénibles. Ses vêtements ne sont pas luxueux, mais très propres et coquettement ornés de dentelles à bon marché. On la dépouille de tout et elle reste comme ses filles, sans culotte. Elle rougit jusqu’aux oreilles en voyant ses charmes abondants exposés tout nus à nos regards. Son mont de Vénus, très proéminent, est ombragé d’une large toison bouclée de la teinte de ses cheveux.

Miss Coote. — En vérité, Madame White, comment osez-vous venir vous faire fouetter sans avoir rien pour cacher votre modestie. C’est tout à fait inconvenant, vous blessez notre pudeur. Comment allons-nous faire ?

Mademoiselle. — Je me doutais de la chose. Je me suis amusée, avant le dîner, à lui confectionner un véritable tablier de feuilles de figuier. Voyez comme cela fera bien sur elle et fera ressortir la teinte de sa chair.

La pauvre femme pleure d’humiliation à nos remarques railleuses et à nos plaisanteries sur les deux jolis gigots qu’elle possède et la manière dont nous allons les faire cuire. On lui ajuste adroitement le tablier autour des reins et on m’apporte une superbe verge de longs brins fraîchement coupés, élégamment ornementés de rubans de couleur. On la fait mettre à genoux pour embrasser l’instrument et, répétant les mots que Jane lui souffle à l’oreille, elle balbutie : « Ma chère… Miss Coote… Oh ! ff… fouettez-moi… je vous en prie… bien… bien fort… car j’ai été très… indélicate… oui… oh ! pardon ! pardon ! ne soyez pas trop sévère !

Ces derniers mots, nullement dictés par Jane, lui échappent malgré elle. Terrorisée d’avance, les larmes ruissellent sur ses joues lorsqu’on la relève pour l’étendre sur l’échelle très inclinée ; les bras et les jambes sont écartés autant qu’il est possible, on la ficelle étroitement, si bien qu’elle peut à peine remuer les jambes ou tortiller les fesses.

Miss Coote. — Vous n’avez qu’à moitié avoué votre culpabilité, mais votre cul, bien échauffé, réveillera vos souvenirs.

La verge siffle dans l’air autour de la victime qui frémit dans l’appréhension du coup.

Soudain, vzz ! vzz ! vzz ! Trois fois l’instrument s’abat sur le gros derrière où il marque son passage par des raies rouges entrecroisées, les feuilles vertes volent dans toutes les directions. Rudement touchée, la victime manifeste sa souffrance par des cris aigus : « Holà ! ah ! oh ! ça fait trop mal ! je n’en peux plus ! Épargnez-moi ! » Les muscles de son dos et de ses reins montrent par leur tension la sensation de souffrance qu’aggrave encore sa position écartelée.

Miss Coote. — Quoi ! vous criez déjà ? où donc est votre courage ? Vos filles sont moins douillettes que vous ! Au fait, criez si vous voulez, cela vous empêchera peut-être de sentir mes coups. Je ne fais que commencer et ne suis pas encore bien en train. Allons ! Je continue !

Vzz ! vzz ! vzz ! la verge reprend son office et s’abat lentement et méthodiquement, pendant deux longues minutes.

La Victime. — Ah ! de pareilles souffrances sont-elles possibles ! Si vous devez continuer, j’aime mieux mourir de suite.

Miss Coote. — Taisez-vous, grosse éhontée ! Volerez-vous encore ? Élèverez-vous vos enfants dans l’honnêteté, maintenant ? Que dites-vous de cette distribution de coups de verges ? Je suis sûre que cela vous réchauffera les fesses !

Les coups se succèdent, les brindilles se brisent au contact des fesses, non sans dégâts pour celles-ci. Mme White hurle sa souffrance aux échos de la salle : « Ahh ! atroce ! atroce ! Ce sont des fers rouges que vous m’enfoncez dans la chair ! oui ! j’avoue ! je l’ai mérité ! assez ! assez ! pitié ! jamais je ne recommencerai.

Impassible, la fouetteuse poursuit son œuvre ; le sang coule de la chair tuméfiée ; la large surface des reins, des fesses, des cuisses, des hanches, pas le plus petit coin n’est resté indemne. S’enroulant autour des hanches, les brindilles atteignent le ventre, arrachant des poils à la sombre toison. Elles visitent l’intérieur des cuisses, et au sommet de celles-ci, la fente mystérieuse n’est pas davantage épargnée, et sur ses lèvres rebondies, pointent de fines gouttes de sang !

Des feuilles de figuier déchiquetées et éparpillées, il ne reste que les fils qui les assemblaient, et qui pendent maintenant sur ses fesses et ses cuisses se collant à la peau à vif. On dirait l’armature d’un feu d’artifice tiré.

Calme au début, Miss Coote semble avoir perdu toute mesure. Elle est en proie à une véritable frénésie et frappe à tort et à travers avec une énergie furibonde. Elle sermonne la victime, lui enjoint d’envoyer régulièrement ses filles à l’église le dimanche, d’observer le septième commandement : « Tu ne déroberas pas le bien de ton prochain ! »

Comme on le pense, Mme White n’entend pas la moitié de ces objurgations. Elle n’a plus la force de crier. Elle balbutie : « Oh ! mon Dieu ! Je m’évanouis ! Que je meure pardonnée ! Tu ne voleras pas ! Tu ne voleras pas ! Mon Dieu ! Comme je suis punie ! Enfin elle s’évanouit et la verge la mutile encore, alors qu’elle ne peut plus sentir les coups !

Jane et Mademoiselle ont suivi la scène d’un bout à l’autre avec un plaisir indescriptible.

La malheureuse est débarrassée de ses liens. Les traces profondes des cordes à ses poignets et à ses chevilles sont un cruel témoignage des tortures que sa position distendue a dû lui causer. Quant à son derrière, à ses reins et à ses cuisses, ce n’est plus qu’un vaste champ de chair à vif, de cloques, de sillons rouges et bleus ; les gouttes de sang ornent d’étoiles rouges la toison qui garnit le bas du ventre et celle qui encadre le réduit d’amour.

Jane, Mary et Polly épongent la pauvre femme et la soulagent de leur mieux. On la ranime par des aspersions d’eau froide ; puis, lorsqu’elle peut se tenir debout, on lui fait boire plusieurs verres de champagne et on la reconduit chez elle.

Le jour suivant, me promenant dans le jardin avec ma chère Mademoiselle, nous demandâmes à White si sa femme s’était longtemps ressentie de la fessée. Peu habitué à manier les périphrases et sans s’inquiéter de savoir s’il ne choquait pas nos chastes oreilles, voici ce qu’il nous répondit :

— Le diable m’emporte, Mademoiselle, si j’avais jamais eu pareille nuit auparavant ! J’étais au lit et dormais quand elle est rentrée avec les enfants. Mais elle était si échauffée qu’elle les a laissées se coucher elles-mêmes et a grimpé sur moi comme vous voyez quelquefois la vache faire au taureau quand elle en a besoin. Elle ne s’est pas inquiétée si j’étais fatigué d’avoir pioché toute la journée. La nuit entière, il a fallu que je lui fasse la bonne chose ; Je ne sais pas pourquoi elle était en chaleur comme ça, car d’habitude, nous réservons cela pour les jours de repos comme le dimanche. Elle prétendait que ça n’avait jamais été aussi bon ! Et c’est vrai qu’elle ne m’avait pas encore fait jouir comme ça. Seulement, je veux être pendu si après avoir été arrosée comme elle l’a été, elle ne me donne pas deux jumeaux et peut-être bien trois ou quatre !

Je termine ma lettre sur ce pittoresque récit et vous prie de me croire

Votre bien affectionnée,

Rosa Belinda Coote.

Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre
Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre