Mémoires de John Tanner/Introduction

Traduction par Ernest de Blosseville.
Arthus Bertrand (1p. i-xl).



INTRODUCTION.


John Tanner, dont les Mémoires d’une vie de trente années, parmi les Indiens, dans l’intérieur de l’Amérique du Nord, ont paru à New-York en 1830 (i)[1], n’est point un personnage imaginaire. Le récit très peu romanesque, dont voici la traduction, doit, par la naïveté de la forme et des pensées, ne permettre aucun doute sur l’existence du narrateur ni sur la loyauté de l’éditeur américain; on n’invente certes pas ainsi.

En littérature, comme en politique, l’inexpérience et l’extrême habileté viennent quelquefois échouer contre le même écueil; il n’est pas de romancier, novice ou expert, qui n’eût cherché d’autres ornemens pour les scènes de la vie sauvage que Tanner retrace dans toute leur nudité originelle. La littérature de métier ne sait pas être aussi simple, lors même qu’elle affecte des prétentions à la simplicité.

Une relation analogue à plus d’un titre, et publiée à Philadelphie en 1823 (1)[2], s’est attiré de spirituelles et mordantes critiques de la Revue d’Edimbourg. Les reviewers ont cru surprendre John Dunn Hunter, le chasseur, en flagrant délit de Mémoires supposés : ils l’ont accusé d’une érudition fort étrange chez un homme de la nature; ils ont relevé d’étonnantes allusions aux nouveautés de la librairie, et le pauvre John Hunter a eu le triste droit de les traiter d’anthropophages littéraires, en s’appropriant une amère invective de lord Byron. Mais revenons à John Tanner.

C’est comme John Hunter, le chasseur, un enfant d’origine européenne, enlevé, dès son bas âge, par les Indiens de la frontière. Il passe, comme lui, toute l’adolescence, toute la jeunesse et les premières années de l’âge mûr, dans les misères et dans les délices de cette vie sauvage, dont tant d’exemples démontrent combien il est difficile de rompre les habitudes pour revenir à la vie civilisée.

Chacun d’eux est enlevé à sa famille pour satisfaire l’égarement d’esprit d’une pauvre Indienne privée de son fils préféré. Hunter, pris par les Kickapoos ou Kansas, ne tarde pas à être adopté par les Osages ; Tanner, fait prisonnier par les Shawneeses, passe bientôt dans la nation des Ottawwaws. Une grande conformité d’événemens unit les deux relations, et comment pourrait-il en être autrement ? Quel que soit l’indicible attrait qui s’attache à la vie du désert, n’est-ce pas, même dans ses plus admirables peintures, une suite nécessairement uniforme de faits, à peu près identiques, offrant tour à tour de l’abondance imprévoyante et des privations courageusement supportées, des exploits de chasse et les hauts faits d’une guerre de partisans, avec de poétiques croyances et de bizarres traditions ? Le voisinage de la race européenne est venu ajouter à ces mœurs séculaires quelques vices de plus, quelques scènes d’un autre genre de drame. Nous parlerons plus tard du progrès dans les déserts de l’Amérique. Il suffit de bien établir ici qu’une inévitable conformité entre plusieurs points principaux des deux relations ne saurait faire peser de plein droit sur l’une les critiques plus ou moins méritées par l’autre.

Pour bien remplir notre métier d’éditeur, peut-être pourrions-nous prendre des armes dans la Revue d’Edimbourg contre l’écrivain qui s’est permis de peindre avant Tanner la vie des tribus errantes de l’Amérique du Nord. Un bon traducteur doit être amoureux de son modèle, et, par conséquent, le plus exclusif de tous les écrivains. Nous ne serons pas bon traducteur à ce prix.

D’ailleurs, il nous tarde de déclarer qu’une lecture attentive de la relation de John Dunn Hunter, comparée à tous les écrits des vieux voyageurs et au récit incontesté de Tanner, nous a convaincu de l’extrême sévérité des critiques dont il ne s’est pas relevé encore. Peut-être, comme l’a soupçonné M. Philarète Chasles, dont l’autorité est d’un grand poids, Hunter n’est-il pas resté chez les sauvages aussi long-temps qu’il voudrait le faire croire ; mais, cette concession faite, nous devons protester contre des accusations fondées sur une expérience trop européenne des secrets de la rhétorique, ou sur des notions savantes fort au dessus de l’expérience des Indiens.

Hunter, comme Tanner, ne sait ni lire ni écrire ; Hunter, il le déclare lui-même, a dicté sa relation à son ami Edward Clark, qui lui a posé des questions ; Tanner a eu la même confiance dans M. Edwin James, écrivain justement estimé. Mais, avec quelque défiance de soi-même que l’on puisse se tenir en garde contre les tentations d’une élégance littéraire, tout à fait hors de saison, comment répondre qu’en écrivant sous la dictée d’un sauvage illettré, en traduisant en quelque sorte son récit, on ne laissera point échapper, nous ne disons pas une pensée, mais une expression purement européenne ?

M. Edwin James, dans une consciencieuse préface, explique avec quel rigorisme il s’est interdit toute altération des souvenirs de Tanner, et cependant, plus d’une fois, le traducteur français a remarqué dans la relation américaine, des mots tels que le cérémonial, la terreur panique et le scepticisme. Tanner, élu chef d’une association momentanée de chasseurs, trouve que ce choix n’était pas impolitique, et M. James le fait parler de parallélogramme et de baguette divinatoire. On découvrirait sans doute encore dans son récit plus d’un autre terme évidemment en désaccord avec la langue, peut-être même avec la pensée des sauvages.

Le traducteur français avait d’abord atténué de son mieux ces fautes bien secondaires ; un peu de réflexion l’a porté à reconnaître qu’il lui en échapperait inévitablement, à lui-même, d’équivalentes, ou de plus fâcheuses encore, et il s’est renfermé dans les limites de ses stricts devoirs sans plus prétendre corriger son modèle.

Mais peu importe au public la conviction toujours suspecte d’un traducteur ! il faut des preuves sans réplique. Par le charlatanisme à la mode, la méfiance n’est que trop légitime ; John Tanner a besoin d’un certificat de vie en forme authentique ; écoutons d’irrécusables autorités.

M. Gustave de Beaumont, dans le tableau de mœurs américaines qu’il vient de publier sous le titre de Marie, ou l’Esclavage aux Etats-Unis, consacre un appendice de près de cent pages à l’état ancien et à la condition présente des tribus indiennes de l’Amérique du Nord. Ce résumé d’un intérêt vivant, non moins remarquable par le talent de l’écrivain que par la force et la noblesse des pensées, ne s’appuie que sur des témoignages incontestés, et M. Gustave de Beaumont invoque au premier rang celui de John Tanner rentré dans la vie civilisée après trente années passées au milieu des peuplades sauvages.

M. Alexis de Tocqueville, compagnon des courses de M. Gustave de Beaumont dans l’Amérique du Nord, vient aussi de faire paraître un écrit d’un rare mérite issu du même voyage. Le livre de la Démocratie en Amérique, déjà placé très haut par l’opinion des meilleurs esprits de la France et de l’Angleterre, est destiné à dominer long-temps toutes les discussions sur les formes gouvernementales que l’esprit du siècle tend plus que jamais à remettre incessamment en question. C’est une méditation politique de l’ordre le plus élevé, dont les moindres détails prouvent autant de conscience que de maturité. M. Alexis de Tocqueville, étudiant, sans esprit de système, la marche de la civilisation en Amérique, examine avec soin l’état actuel et l’avenir probable des tribus indiennes qui habitent le territoire possédé par l’Union. L’autorité de Tanner est invoquée, dans ses pièces justificatives, parmi les témoignages les plus concluans.

Mais une disposition au doute, trop bien motivée par les artifices sans nombre de la littérature contemporaine, peut résister encore à l’opinion des deux voyageurs français dont la bonne foi s’est peut-être laissé surprendre par d’adroites apparences de véracité. Hâtons-nous donc de dire que MM. de Beaumont et de Tocqueville ont rencontré Tanner à l’entrée du lac Supérieur : ils ont longuement conversé avec cet Américain, qui leur a paru ressembler bien plus encore à un sauvage qu’à un homme civilisé, et il n’est pas resté dans leur esprit le moindre soupçon contre la sincérité de son récit. Les mémoires ont été traduits d’après un exemplaire qui appartient à M. de Tocqueville, et dont le premier feuillet porte l’annotation suivante ; acheté de Tanner lui-même sur le Steam-boat, l’Ohio, en août 1831.

Un lecteur exercé ne saurait d’ailleurs méconnaître dans les défauts de cet ouvrage la preuve irrécusable de son authenticité. L’absence de toute espèce d’art et la naïveté du récit ont rarement été poussées aussi loin. C’eût été l’œuvre d’une révision facile de grouper plus artistement les personnages, de les mettre en scène plus à propos, de mieux classer les faits. L’éditeur américain s’en est scrupuleusement abstenu, et le traducteur français a su résister à la tentation de rendre la vérité plus évidente par des vraisemblances mieux coordonnées.

Les humbles mémoires de John Tanner paraissent donc tels qu’il les a dictés lui-même. Nous avions lu cent fois le roman de la vie sauvage ; en voici la réalité... Autant que je puis en juger, dit Washington Irving, « l’Indien des fictions poétiques est, comme le berger du roman pastoral, une pure personnification d’attributs imaginaires. » Cette critique générale du spirituel écrivain n’est que trop fondée, mais elle ne saurait atteindre les souvenirs de Tanner ; l’imagination en est sévèrement exclue, il n’y a rien de poétique dans ses mémoires.

Cette relation, telle qu’elle est dans son originale simplicité, contredit presque à chaque ligne le philosophisme du dix-huitième siècle. C’est la réponse la plus péremptoire à tant de soi-disant moralistes qui ont sans cesse confondu l’état de nature avec l’état sauvage, comme le leur a si justement reproché M. de Chateaubriand.

Il semble qu’une véritable fatalité ait poursuivi les écrivains du dernier siècle, toutes les fois qu’ils ont voulu puiser dans l’exemple des Indiens un argument contre le christianisme et l’ordre social. Montesquieu lui-même et Buffon n’ont pas su échapper à cette loi commune. Il serait trop facile de relever ici d’étranges erreurs dans leurs pages éloquentes; et, si l’on voulait remonter jusque Montaigne pour l’appeler en champ clos à une lutte de raisonnemens, il pourrait bien, lui-même, ne pas en sortir victorieux.

Nulle renommée de penseur n’a plus à perdre que celle de J.-J. Rousseau à l’étude des révélations de Tanner. Chaque souvenir reproduit par le naïf autobiographe met à nu un sophisme du grand écrivain. Il n’est presque pas de fait, négligemment rapporté dans ces Mémoires, qui ne devienne une réfutation sans réplique d’un passage du Contrat social ou du Discours sur l’inégalité des conditions. Les félicités de l’état de nature et l’impossibilité d’imposer un joug aux sauvages qui n’ont besoin de rien sont réduites à leur juste valeur par un adversaire d’autant plus dangereux que la démonstration n’est pas en forme, et qu’elle parle d’elle-même à tous les esprits.

Est-il bien nécessaire de dire ici que Raynal, et tant d’autres philosophes à la suite, ne sauraient résister à l’argumentation pressante de ce dialecticien de la nature qui ne les connaît même pas ? Tanner aura rendu un éminent service aux sciences morales, en dégageant leur étude d’une foule de lieux communs sur les sauvages qui vont tout nus, ne vivent que du produit de leur chasse, sont en paix avec toute la nature quand ils ont dîné, et n’ont jamais pu être domptés.

« Le nord de l’Amérique, disait Poivre, dont la juste renommée d’administrateur colonial doit survivre à sa réputation de philosophe, le nord de l’Amérique est habité par de petits peuples sauvages, misérables et sans agriculture, mais hommes, jouissant de la liberté, et par là moins malheureux peut-être que la foule des nations prétendues policées, qui, plus éloignées qu’eux des lois de la nature par la privation des droits qu’elle donne, font des efforts impuissans pour se procurer le bonheur qui est l’effet d’une bonne agriculture. »

La logique n’est pas la partie brillante de cette déclamation, qui se contredit elle-même dans la vaste étendue de sa période ; mais c’est là un type assez exact des raisonnemens que Tanner nous semble appelé à détruire.

Rentré, depuis quelques années, parmi des hommes de sa couleur, l’interprète du saut de Sainte-Marie, qui rêva si long-temps le retour à la vie civilisée, sans pouvoir s’arracher aux liens de la vie sauvage, n’est-il pas, dans cette question de haute morale, le témoin le mieux choisi et le plus désintéressé ? Qui connaît mieux que lui les gens de bien grossiers, que Voltaire se plaisait tant à opposer à la société chrétienne ? Un semblable ouvrage, dicté par un Gaulois ou par un Franc à un Romain de la frontière, serait aujourd’hui le plus inappréciable de tous les trésors historiques. Peut-être n’est-il pas déraisonnable de penser que, pour le moraliste, sinon pour l’historien, les Mémoires de Tanner peuvent permettre quelques inductions sur l’état social de nos aïeux avant les premiers jours de la monarchie française? En étudiant avec Tacite les mœurs des Germains, il se présente à la pensée plus d’un rapprochement curieux entre les coutumes des Barbares du monde romain et celles des dernières peuplades de l’Amérique du Nord : les notes de cette traduction vont en indiquer plusieurs.

Divers journaux ont rapporté que l’Académie des sciences morales et politiques avait confié à une commission l’étude des malheureux Indiens Charmas, qu’une spéculation effrontée livrait après d’infortunés Osages à la frivole curiosité des Parisiens, tandis que de pauvres Chippeways arrivaient à Londres pour être aussi montrés en spectacle. Il est douteux que cette enquête ait pu produire des résultats ; mais voici un livre qui doit remplir les intentions de l’Académie.

Les Mémoires de Tanner sont les dernières annales d’un peuple que la Providence semble avoir condamné à disparaître du sol de ses aïeux. Ces hqmmes, dont la race doit bientôt s’éteindre, sont les descendans des sauvages qui accueillirent et aimèrent les premiers colons français. Du jour où le nord de l’Amérique a été livré, sans aucune rivalité, à la colonisation anglaise, date leur ruine irréparable. Sous la protection de la France, ils passaient lentement, par persuasion et non par force, de leur état social aux mœurs civilisées ; il fallait un siècle encore, peut-être, et le secours du catholicisme pour achever cette pacifique conquête. Resserrés aujourd’hui entre les sujets et les fils émancipes de la Grande-Bretagne, leur sort n’a plus d’incertitudes.

Indiens, il faut mourir !

Ce ne sera pas les armes à la main que périront les derniers représentons de tant de belliqueuses peuplades décimées par l’eau de feu, les maladies européennes et les besoins factices, nés d’un esprit mercantile, si heureusement inconnu de leurs pères.

Depuis la publication des Mémoires de Tanner, des traités, dont la loyauté n’est pas le caractère distinctif, ont imposé de nouvelles frontières aux Winnebagoes, aux Potawatomies, aux Ottawwaws, aux Ojibbeways de cette relation. A peine reste-t-il entre l’Alabama et le Mississipi soixante mille Indiens, tristes débris des nations des Chikasas, des Chactaws et des Crees. En 1831, quelques Indiens déguenillés, demandant l’aumône aux voyageurs, furent rencontrés par MM. de Beaumont et de Tocqueville près du lac Ontario. C’étaient les derniers des Iroquois.

Les tribus indiennes, ce sont elles-mêmes qui le disent, fondent devant la civilisation comme la neige devant les feux du jour. Cette comparaison, toutefois, n’est pas d’une rigoureuse exactitude. Les tribus indiennes ne fondent pas devant un astre lumineux ; elles vont s’éteindre dans les ténèbres du sophisme et de la procédure. C’est ainsi que finissent les nations au dix-neuvième siècle.

L’argument, par excellence, des Anglais contre les indigènes de l’Amérique du Nord trouve sa date certaine, nous employons à dessein un terme de palais, sa date certaine dans les plus anciennes relations des colons partis de la Tamise. Le premier historien de la Virginie, John Smith, auteur d’une curieuse chronique, disait, il y a plus de deux siècles : « Ils savent si peu tirer parti de leur terre, qu’elle ne peut pas être assez fertile. » Depuis le vieux capitaine, combien de fois et sous combien de formes n’a-t-on pas reproduit cet axiome si facile à contester : Les Indiens chasseurs n’ont droit qu’à l’espace qui leur serait nécessaire pour la vie agricole ? Et naguère encore, à la tribune du congrès américain, un orateur officiel ne disait-il pas : « Dans tous les actes des colonies, et ensuite des États, jamais on ne s’est écarté du principe fondamental que les Indiens n’avaient aucun droit sur le sol ou à la souveraineté en vertu de leur ancienne possession ? »

Les actes sont tous d’accord avec ces étranges principes. Parce que les indigènes n’ont point changé leurs mœurs pour celles d’une autre race d’hommes qui introduisait parmi eux tant de besoins et tant de vices nouveaux, les subtilités d’une législation qu’ils ne sauraient comprendre les déclarent déchus de tout droit, non à conserver intacte, mais à partager la terre de leurs aïeux. Si de loin en loin un magistrat plus formaliste, un administrateur plus habile à sauver les apparences, semble rendre hommage au droit des gens par un mensonge de plus, la guerre de chicane ne connaît pas un seul instant d’armistice ; et les formes de la procédure, cherchant en vain à déguiser l’abus de la force, rendent l’injustice plus révoltante encore, en lui donnant l’hypocrisie pour auxiliaire.

Comment ces peuplades sans défenses pourraient-elles survivre à l’action combinée du sophisme et de la force matérielle ? L’ombrageuse liberté américaine n’est, pour qui ne se laisse pas prendre à de vains mots, que l’expression la plus exacte de la tyrannie de la majorité, et cette tyrannie s’exerce sans contrôle sur les malheureux Indiens.

L’Union américaine a même inventé une subtilité de langage pour légaliser sa conduite envers les enfans des antiques possesseurs du sol. Les mots d’expulsion, de confiscation, de bannissement, d’exil révoltaient son excessive délicatesse. Elle a imaginé le removal, d’après le latin removere : ce n’est pas même un refoulement de peuple ? ce n’est plus guère qu’une translation, un simple déménagement, l’expression est bien plus humaine ; l’honneur national est sauvé.

Quand un peuple puissant en vient à cette duplicité de style officiel, il est déjà familier avec le cynisme des actes. Removal restera dans la langue politique pour flétrir les gouvernemens cauteleux.

Quel compte terrible devra rendre un jour au tribunal de l’histoire la république anglo-américaine qui, placée entre deux races d’hommes et appelée par la Providence à les civiliser par le christianisme, les opprime et cherche à les détruire l’une et l’autre! Et, dans cette œuvre d’extermination, elle veut encore mentir à l’univers ; elle veut, aux yeux des nations, se parer des semblans de la religion et de l’humanité ! Ses esclaves noirs, dans les États où elle est contrainte de les émanciper, elle semble les appeler, par les lois les plus libérales, au partage de tous les droits du citoyen, et par le fait elle les exclut inexorablement de leur moindre exercice, sans les exempter jamais des devoirs qui les compensent : les Indiens. — Nous voyons par quelles fraudes elle les dépouille de la terre de leurs aïeux.

Les apparences mêmes ne sont pas toujours sauvées par la mauvaise foi américaine. Le principal sophisme du removal repose sur de prétendus droits des peuples laboureurs au détriment des peuples chasseurs. Mais il existe une nation indienne civilisée par des royalistes américains du sud, réfugiés au milieu d’elle pendant la lutte de l’indépendance. Il n’y reste guère aujourd’hui d’autres représentans de la famille européenne que des métis qui exercent le pouvoir.

Ces Indiens de race mêlée ont des esclaves noirs comme les républicains de l’Union américaine ; leurs enfans sont élevés avec soin dans des maisons d’éducation : ils combattent par les armes de la presse l’invasion européenne. Le Phénix cherokee et avocat des Indiens est leur journal officiel, écrit et imprimé par des hommes de leur race, dans leur cité naissante de la Nouvelle-Echota.

Les Cherokees ne sont point une peuplade de chasseurs, c’est une tribu devenue agricole. Que demandent-ils à l’Union ? d’être aussi maîtres sur leur territoire que les États sur le leur : et ce territoire qu’ils doivent à des traités solennels proposés par la république et acceptés par eux dans leur bonne foi, ce territoire n’est qu’une faible parcelle de l’empire de leurs ancêtres. Les orateurs du congrès ont cependant peine à trouver des termes pour qualifier d’aussi extravagantes prétentions.

Les Cherokees ne comptent guère qu’une population de douze mille ames. Dans le nouveau droit des gens de l’Amérique, les nations faibles restent sans garantie, et ne trouvent pas de protecteurs. L’Union ne saurait tolérer, comme l’a fait si long-temps l’Europe, une république de Saint-Marin. Cette confédération, d’un demi-siècle à peine, se croit pourtant bien supérieure en civilisation au monarque absolu qui supportait la chaumière du meunier de Sans-Souci. Pourquoi ne pas s’en rapporter au temps pour amener dans sa marche irrésistible une fusion provoquée tôt ou tard par une communauté d’intérêts légitimes ? Ce droit des nations civilisées à faire disparaître de la face du sol les peuples sauvages est devenu, chez la plupart des hommes issus de l’Angleterre, un simple axiome de droit public. Le capitaine Ross lui-même en proclame la justice dans la nouvelle relation de son second voyage de découverte aux régions arctiques; c’est, selon lui, une loi générale et équitable : toutes les lamentations d’une fade (mawkish) philanthropie ne sauraient rien y faire. Mieux vaut mourir lentement par les effets du rhum que d’être exterminé en masse par le fer et le feu de la conquête espagnole; ce n’est plus là qu’une mort volontaire.

A Dieu ne plaise que l’on veuille justifier ici les indignes excès des Cortès et des Pizarre ; mais que l’on compare l’état actuel des Indiens dans l’Amérique espagnole et dans l’Amérique anglaise : lequel des peuples européens obéit le mieux aujourd’hui à la loi de l’Évangile ?

Il est toutefois dans les états de l’Union un petit nombre d’hommes généreux qui protestent, par leur conduite plutôt que par leurs écrits, contre les honteuses manœuvres de cette dépossession, dont le récit deviendra l’un des plus déplorables chapitres de l’histoire des républiques américaines. Mais, dans les États de l’Union, la majorité, qui fait la loi, se réserve le privilége de désobéir à la loi, et ne sait surtout pas tolérer chez la minorité le droit de discussion.

Les amis des Indiens ne hasardent guère en leur faveur que des poèmes, comme M. MacLellan, ou d’incomplètes et timides propositions. L’un d’eux, l’éditeur des Mémoires de John Tanner, M. Edwin James, voudrait que la république s’emparât de l’éducation de tous les enfans des indigènes, et en détruisant leur langue détruisît d’un seul coup leurs coutumes et leurs croyances.

Mais sans discuter ce qu’il y a de sauvage dans cette humanité, qui veut détruire une nation ; si les fils des Indiens pouvaient oublier eux-mêmes leur origine, les préjugés américains la leur laisseraient-ils oublier, eux qui se soulèvent, avec un mépris si passionné, contre le moindre soupçon de descendance africaine ! eux qui se montrent si habiles à retrouver, après plus d’un siècle, les traces les moins visibles d’une alliance avec le sang des esclaves !

M. Gustave de Beaumont, dans toute l’éloquence d’un cœur généreux et d’un rare talent d’écrivain, a flétri les honteux argumens de la déloyauté américaine ; il a fait habilement ressortir les inconséquences et les astuces de cette guerre de procédure. L’avenir jugera comme lui les juges des derniers Indiens ; l’avenir démontrera les nullités de tant d’engagemens extorqués par surprise ; mais les ayant-droit ne seront plus.

John Tanner, dans le grand procès qui sera porté devant le tribunal de l’histoire, ne saurait être entendu que comme témoin ; mais sa déposition sera la plus décisive. Il n’y a pas d’amertume dans les révélations de cet homme, qui a beaucoup souffert, sans bien discerner la cause de ses souffrances. Parfois des lueurs, de vérité lui apparaissent ; il ne refuse pas de les entrevoir, mais elles laissent peu de trace dans ses souvenirs, et aucune préoccupation n’altère la sincérité de son récit.

C’est là un grand mérite de ses Mémoires, et leur extrême simplicité, ajoutant à l’importance du témoignage, en fait un des livres les plus curieux qui aient été publiés par la presse américaine. Le temps approche où l’histoire de l’Amérique sera divisée en deux époques bien distinctes, comme celle de l’Ancien Monde. Les peuplades indigènes du territoire de l’Union appartiendront toutes à l’histoire ancienne, sans plus laisser de traces dans l’histoire moderne. Lescarbot, Charlevoix, Lafitau, la Hontan, Lepage du Pratz, quelques voyageurs et missionnaires français seront utilement consultés par l’annaliste dont les études sur les races qui s’éteignent sont déjà peut-être commencées. L’Angleterre offrira aussi à ses méditations les récits de John et de William Smith, ceux de Lawson, de Stith, de Beverley et de tant d’autres témoins oculaires. L’Union lui livrera des documens officiels dont il saura se méfier, et Tanner lui offrira le tableau le plus complet des derniers temps de la décadence.

Nous l’avons déjà dit, rien, dans les récits de cet autobiographe, qu’on ne saurait classer ni parmi les historiens, ni parmi les voyageurs, ni, bien moins encore, au nombre des moralistes, ne trahit la moindre imagination. Nous connaissons un critique qui débuterait par lui reprocher de ne point appartenir à l’École pittoresque : à quelle école pourrait-il se rallier ? Son livre est de la littérature primitive, s’il en fut jamais, et l’absence de toute prétention littéraire a été le gage de son incontestable originalité. On ne saurait se défendre, à la lecture de cette relation, si véridique et si modeste, d’une vive admiration pour le génie de M. de Chateaubriand, et d’un penchant de plus pour les spirituelles fictions de Cooper. Il n’est pas un fait, pas une observation dans les souvenirs du plus illettré des hommes, qui ne s’accordent parfaitement avec les tableaux du premier de tous les écrivains de notre âge, comme avec les scènes si ingénieusement reproduites par le plus célèbre des romanciers américains.

On avait remarqué déjà combien l’auteur si distingué du Dernier des Mohicans et l’illustre auteur des Natchez étaient en harmonie dans leurs peintures de la vie sauvage. Tanner vient démontrer que l’un et l’autre ont peint d’après nature.

Tout en convenant du peu d’altération que les mœurs des Indiens ont subi depuis les premiers établissemens des Européens, quelques publicistes affirment cependant que la transformation sociale est plus réelle qu’elle ne paraît l’être. Nous avons peine à comprendre, au contraire, comment elle est restée aussi peu sensible, même en prenant pour point de comparaison les deux époques extrêmes.

Les récits de nos voyageurs français, si bons observateurs et conteurs si piquans ; les relations lourdes, mais substantielles, des premiers colons anglais, différent à peine des souvenirs de John Tanner. Il y a plus de privations sans doute, plus de mauvais jours, et quelques vices nouveaux, passagèrement satisfaits ; la population dans laquelle le père Lafitau signalait déjà une fâcheuse disproportion de nombre entre les deux sexes a décru encore, et le contact des plus dépravés d’entre les colons a exercé une fatale influence sur les mœurs des peuplades les plus voisines de la frontière ; mais les croyances, les superstitions, les coutumes de paix et de guerre, les jeux, les constructions, les ustensiles, les vêtemens même sont encore, au dix-neuvième siècle, tels que les avaient légèrement modifiés les premiers temps de la colonisation européenne. Les nations indiennes ont subi des changemens excessifs ; les familles et les individualités sont restées à peu près les mêmes. Pour traduire les descriptions de Tanner, on aurait pu, bien des fois, emprunter plus d’une phrase entière aux relations de Charlevoix et de la Hontan : quelques notes eu donneront la preuve.

Il y a beaucoup plus près des mœurs indiennes de nos jours aux mœurs observées par les plus anciens chroniqueurs des peuplades américaines, que des barricades de 1830 aux barricades de i588. Quelles sont, en effet, les innovations les plus significatives observées par les voyageurs ? Les Indiens se servent, dans leurs chasses, de fusils européens ; ce changement date de plus de deux siècles. Les traiteurs leur fournissent des chaudières de métal et des couvertures de laine ; ce trafic est né le jour où les premiers coureurs de bois ont traversé les forêts séculaires de l’Amérique, et encore le premier historien de la Virginie, le capitaine John Smith, fait-il observer que le vêtement introduit alors parmi les Indiens remplaçait avec beaucoup d’analogie leurs grands manteaux de daim, peu différens des manteaux irlandais.

Quelques ustensiles, dus à leurs échanges avec les Européens, ont simplifié leurs travaux sans ajouter à leur bien-être, parce qu’une somme plus grande de travail est exigée par leurs besoins nouveaux. Avant le voisinage des Européens, l’Indien ne détruisait que les animaux nécessaires à sa nourriture et à ses vêtemens ; il se reposait souvent et laissait le gibier se reproduire sur un vaste continent. Aujourd’hui, son territoire se resserre tous les jours, et l’avidité commerciale des Anglo-Américains, en lui offrant pour appât « l’eau de feu envoyée par le Grand Esprit pour la ruine des hommes rouges, » l’excite à d’immenses dévastations qui aggravent chaque année sa misère. Il lui faut aujourd’hui, pour satisfaire les mêmes besoins, un travail plus rude et plus continu ; aussi les hommes accomplissent-ils maintenant quelquefois par nécessité les tâches qu’ils regardaient jadis comme le devoir exclusif des femmes.

M. de Chateaubriand résume admirablement cet état d’une race d’hommes dont la civilisation aura un terrible compte à rendre à l’humanité :

« L’Indien, dit-il, a toutes les calamités de l’homme du peuple de nos cités, et toutes les détresses du sauvage... Aujourd’hui des haillons européens, sans couvrir sa nudité, attestent seulement sa misère ; c’est un mendiant à la porte d’un comptoir, ce n’est plus un sauvage dans ses forêts. »

Ce tableau est aussi vrai qu’affligeant. Que l’on compare, toutefois, le récit du baron de la Hontan, ou celui du père Charlevoix, aux Mémoires de Tanner, et l’on trouvera moins d’altérations de mœurs chez les Indiens de l’Amérique du Nord que dans le même espace de temps chez le peuple de l’Europe réputé pour le plus stationnaire.

Qu’opposeront à ces révélations de l’homme le plus étranger à tout esprit de secte les optimistes de la doctrine du progrès ? Ils n’en tiendront probablement aucun compte ; c’est assez l’usage de toutes les convictions exclusives, trop disposées à sacrifier au triomphe très incertain d’une théorie douteuse les générations présentes et des peuples tout entiers. Aussi, l’avènement au pouvoir d’une coterie d’économie politique ou de philosophie devient-il une calamité sociale, même lorsqu’elle se compose d’hommes individuellement dignes d’une estime sans réserve. Voyez ce que font de leur influence actuelle sur les destinées de la France les enthousiastes du système de M. Say, renouvelé d’Adam Smith. La doctrine du progrès est consciencieuse et honorable. Le progrès est un droit à la fois et un devoir ; mais la toute-puissance du fait est-elle en faveur de son infaillibilité ?

Il nous reste à exposer combien de difficultés présentait la traduction de ces Mémoires ; la plus grande de toutes était de résister à la tentation de faire mieux que l’original. Il fallait, comme l’a très bien dit l’éditeur américain, conserver les propres paroles de Tanner, ses impressions, sa manière de voir et de juger. Il fallait respecter l’étrangeté de la pensée, la rudesse du langage, et ne pas oublier qu’on reproduisait les idées d’un homme dont l’esprit de droiture est évident, mais dont les notions du bien et du mal diffèrent souvent de celles des Européens.

Tanner, rentré dans la vie civilisée, affecte une grande tendance à la religion naturelle ; il parle du Grand Esprit, comme les derniers philosophes de petites villes parlent encore du Grand-Tout et, de l’Être-Suprême, ce qui ne l’empêche pas de croire aux songes et aux apparitions ; il ne cherche pas à déguiser ses faiblesses et sa crédulité, mais il veut quelquefois se relever aux yeux de ses lecteurs par de petites: prétentions d’esprit fort, qui forment une. assez comique disparate, dont il serait fort injuste de rendre la traduction responsable.

On s’est efforcé de reproduire les pensées de Tanner aussi littéralement que la différence des deux langues pouvait le permettre ; souvent les phrases se présentaient au traducteur un peu plus ornées, ou, si l’on veut, un peu moins dénuées d’élégance que dans le livre original, et toujours il a respecté le texte, parce qu’il le regardait comme un précieux document historique ; il n’a jamais rectifié, jamais complété les raisonnemens de Tanner ; il s’est seulement permis d’élaguer quelques répétitions qui n’étaient point des traits de caractère, et n’avaient rien d’homérique ; il a aussi transposé un très petit nombre de faits qui demandaient évidemment une autre place, mais il ne leur a fait subir aucune altération. Ces modifications sont si faibles et si rares, qu’une étude approfondie du livre américain les ferait à peine découvrir.

Jamais il n’a été de devoir plus rigoureux pour un traducteur de s’effacer complétement. Vouloir prêter de l’esprit à l’enfant des forêts américaines eût été, à la fois, de la déraison et du mauvais goût ; mais le mérite de l’abnégation ne se comprend guère, même chez un traducteur : celui de Tanner a plus d’un droit à l’indulgence. Le mérite de la vérité est trop rare, aujourd’hui, pour que nul compte n’en soit tenu.

On comprendra sans peine que, dans une narration aussi exceptionnelle, il se soit souvent glissé de ces expressions locales, que des particularités de climat ou de relations, une nature nouvelle et des intérêts nouveaux introduisent inévitablement dans une société naissante. Les puristes de l’Angleterre ne veulent pas que la langue nationale ait été comprise dans la déclaration de l’indépendance américaine. Nous laissons aux Reviewers[3] de Londres et de Philadelphie le soin de discuter avec le grammairien américain, M. Noah Webster, le plus ou le moins de légalité des américanismes ; il nous suffit de constater que la langue anglaise s’est mise en rapport, en Amérique, avec des circonstances nouvelles, et d’exposer quels embarras sont plusieurs fois ressortis de ce néologisme pour le traducteur français. Mais, sans entrer dans l’examen de la question, disons seulement que, sans les œuvres fatales de la révolution et de la diplomatie françaises, Saint-Domingue, le Canada et la Louisiane auraient obtenu, dans la nouvelle édition du dictionnaire de l’Académie, droit de nationalité pour plus d’une expression coloniale : le vieux dictionnaire en avait accueilli déjà plusieurs.

Les notes qui suivent la traduction des Mémoires de Tanner sont empruntées, pour la plupart, aux anciens voyageurs : soit qu’elles contredisent, soit qu’elles confirment (circonstance beaucoup plus fréquente ) les récits de cet homme encore à demi sauvage, on a jugé inutile de les accompagner de commentaires ; les ressemblances et les contrastes doivent parler d’eux-mêmes.

Il est à craindre que quelques noms propres, par leur longueur et la bizarrerie de leur orthographe, n’offrent une lecture un peu difficile : le traducteur avait voulu d’abord essayer de les transcrire, conformément à la prononciation française, car il est bien reconnu que les Anglais sont, de toutes les nations, la moins habile à reproduire, par les signes de sa langue, la prononciation des peuples étrangers ; mais il s’est décidé à respecter encore, dans cette circonstance, le texte original.

Les noms des tribus diverses sont imprimés dans cette traduction tels qu’ils ont paru dans l’édition de New-York. Des notes bien peu érudites rapprochent seulement les différentes orthographes des principaux voyageurs. Ce sont des preuves de recherches, et nullement de savoir. On aurait craint d’ajouter encore, par des dissertations, à l’obscurité de toutes les filiations de tant de tribus américaines, dont plusieurs ne laisseront d’autre souvenir de leur passage sur la terre qu’un nom défiguré par les voyageurs.

Un appendice fort étendu, de l’édition de M. Edwin James, renferme divers opuscules de cet écrivain distingué, sur des questions de la vie sauvage. Ces petits résumés se trouvent à la fin du second volume de la traduction française, avec quelques poésies indiennes recueillies par le même auteur.

Il a paru inutile de reproduire en même temps les tableaux comparés de divers dialectes, des séries de noms de nombre, et les traductions de plusieurs passages des livres saints. Si l’institut qui vient de couronner un docte mémoire d’un savant de Philadelphie, M. Duponceau, sur le caractère grammatical des langues de l’Amérique du Nord, propose l’étude des dialectes ottawwaw et menomonie, comme il a proposé celle du leni-lennape, du raohegan et du chippeway, il suffira, pour le petit nombre d’érudits appelés à traiter de semblables questions, que les documens nécessaires existent dans l’édition originale.


  1. A narrative of the captivity and adventures of John Tanner (interpreter at the saut de Sainte-Marie), during thirty years residence among the Indians in the interior of North-America. Prepared for the press by Edwin James, editor of an account of major Long’s expedition from Pittsburgh to the Rocky mountains. NewYork : G. and C. and H. Carvill, 108. Broadway, 1830.
    Récit de la captivité et des aventures de ( interprète au saut de Sainte-Marie ), pendant trente années de séjour parmi les Indiens dans l’intérieur de l’Amérique du Nord. Mis en ordre par Edwin James, éditeur d’une Relation de l’expédition du major Long., de Pittsburgh, aux montagnes Rocheuses.
  2. Manners and customs of several indian tribes located west of the Mississipi ; including some account of the soil, climate and vegetable productions, and the indian materia medica : to which is prefixed the history of the author’s life during a résidence of several years among them. By John D. Hunter. Philadelphie, 1823.
    Mœurs et coutumes de plusieurs tribus indiennes qui vivent à l’ouest du Mississipi ; renfermant quelques détails sur le sol, le climat, les productions végétales et la médecine des Indiens ; précédées de l’histoire de la vie de l’auteur pendant une résidence de plusieurs années parmi ces tribus.
    Une traduction allemande de la relation de Hunter a été publiée à Dresde, en 1824, par W.-A. Lindau.
  3. Reviewer, faiseur de revue. Cette désignation, qui n’a pas encore d’équivalent en français, s’applique surtout, dans la langue des deux Angleterres, aux auteurs de la partie critique des revues.