Mémoires d’une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante/01/Correspondance

CORRESPONDANCE


D’abord je dois des remerciements aux personnes qui, pour préserver ma vie de tout danger, m’ont offert l’hospitalité chez elles, ou chez des parents, ou divers autres asiles. J’ai reçu cinquante-trois offres, et j’en suis très touchée ; car la presque totalité est évidemment sincère, désintéressée, ne cachant aucun but de trahison. Ces offres émanent en grande majorité de personnes catholiques ; quelques-unes, de personnes protestantes.

Que tous, sans distinction, sachent que je leur en sais gré du fond du cœur, et que nul ne s’offense, si je n’accepte pas. Dans ma situation, je n’ai de défiance vis-à-vis d’aucun en particulier ; mais on comprendra aussi qu’au point de vue général je ne dois me confier qu’aux personnes qui m’ont déjà, dans d’autres circonstances, prouvé leur dévouement, que je connais bien avec et de près, avec qui j’ai eu des relations suivies.

Donc, que mes nouveaux amis, connus ou inconnus, n’aient aucune inquiétude à mon sujet. Le péril s’est aggravé pour moi, il est vrai, depuis ma rupture même avec le Comité Fédéral Indépendant de Londres ; mais la vérité aussi, c’est que le péril a commencé avec ma déclaration de guerre à Simon, dès le 20 septembre 1893. Or, dès cette époque, j’ai pourvu à ma sécurité.

En dehors des palladistes, j’avais des amis fidèles. J’ai pu aisément choisir entre quelques familles dont les relations avec moi étaient ignorées. Les membres de l’une d’elles me sont dévoués tous, se feraient tuer pour moi, tant ils m’aiment ; d’autre part, ces amis insoupçonnés ayant une grande prudence et possédant les moyens de se déplacer discrètement pour tous les besoins de ma campagne contre le Palladisme, je ne pouvais pas trouver un asile plus sûr que chez eux, en même temps que leur situation de famille et d’affaires me garantit l’accomplissement de toutes mes manœuvres de guerre, sans donner jamais l’éveil aux espions des Triangles.


Je dois mes remerciements encore aux écrivains qui ont annoncé mon heureuse venue à la lumière, dans les termes les plus sympathiques, en divers organes de la presse française, anglaise, italienne, allemande et espagnole. Jusqu’à présent, je n’ai pas connaissance d’autres articles ailleurs.

Ces excellents journaux m’ont valu beaucoup trop de lettres, pour que je puisse directement répondre, en ce moment, à tous mes correspondants me félicitant. Je remercie tous, ici, en attendant que je puisse écrire à chacun un petit mot. Je demande à tous de ne pas m’oublier dans leurs prières, et je ne les oublierai pas dans les miennes.


Plus particulièrement, avant de pouvoir écrire, je remercie les personnes qui m’ont envoyé : Jeanne d’Arc (Maison de la Bonne Presse) ; le Rosaire d’un R. P. Dominicain d’Angers ; le beau livre du chanoine Ribet (je l’ai lu avidement et quels traits de lumière ! c’est certainement un des ouvrages les plus remarquables sur la question du surnaturel diabolique) ; l’admirable crucifix italien ; la Femme et l’Enfant dans la Franc-Maçonnerie universelle, de M. de la Rive (j’avais déjà reçu, il y a un an, ce livre de l’auteur lui-même, et je profite de cette parenthèse pour remercier encore de tout le bien qu’il a dit de moi dans son ouvrage et dans les journaux) ; l’encrier avec statuette de Jeanne d’Arc ; l’Imitation de Jésus-Christ ; les sept volumes de Drumont (je les avais lus déjà, et je suis heureuse de les tenir d’un fervent admirateur du célèbre auteur antisémite) ; le Grand Jour approche ; et la collection des œuvres de Mgr Dupanloup.