Mémoires d’un Touriste (édition Lévy, 1854)/Avertissement

Michel Lévy frères (volume Ip. 5-6).


AVERTISSEMENT


(inédit)




Le journal manuscrit de M. L…, commis voyageur pour le commerce des fers, a formé la base de l’ouvrage que l’on se dispose à lire. M. L… a le défaut d’appeler un peu trop les choses par leur nom, ce qui pourrait donner une idée très-fausse de son caractère et le peindre en noir. Il m’a prié de corriger son style, à quoi j’ai répondu que j’aurais grand besoin que l’on corrigeât le mien ; je méprise et déteste le style académique.

M. L…, accoutumé à parler espagnol ou anglais aux colonies, avait admis beaucoup de mots de ces langues comme plus expressifs.

— Expressifs ! sans doute, lui disais-je, mais pour ceux qui savent l’espagnol et l’anglais.

Indiquer ces légers défauts, c’est dire toute la faible part que j’ai prise à la rédaction des pages suivantes. J’ai dû supprimer un quart du manuscrit, qui consistait en anecdotes et en réflexions ; tout cela pourra se hasarder plus tard, si malgré son ton de franchise, ce Voyage en France trouve des lecteurs. J’en doute ; l’auteur ne ménage aucune coterie. Il fallait, suivant moi, supprimer tout ce qui pouvait déplaire au faubourg Saint-Germain, ou tout ce qui pouvait déplaire au National.

Mes opinions politiques sont différentes de celles de l’auteur, et plus sages ; mais il a tenu à n’être point adouci.

H. B.