Mélancolie d’avril

Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 91-92).
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MÉLANCOLIE D’AVRIL

Voici que le soleil d’Avril
Vers les renouveaux nous ramène.
Pourquoi le printemps ne peut-il
Rajeunir aussi l’âme humaine ?

Les siècles, comme des hivers,
Ont posé sur ses destinées
Et dépouillé de rameaux verts
Ses espérances surannées.

Devant ses mornes horizons
Se dresse l’angoisse éternelle,
Et le souffle des floraisons
Ne fait rien refleurir en elle.

Survivant au rêve défunt
Qu’effeuilla le vent de l’aurore,
L’amour est un dernier parfum,
Qu’en mourant elle exhale encore !