Mercure de France (p. 54-55).

XX


Il n’y avait pas de place pour

cui dans l’hôtellerie.

Luc, c. ii, 21.


Ils sont deux qui s’efforcent à vivre mais par des voies si différentes qu’elles ne se rejoignent qu’à l’Infini.

L’un, âgé et pauvre, qui ne moissonna jamais qu’orages, poussières et cailloux, meurt auprès de son chien, au cœur de la paille plus chaud que le cœur des aubergistes à qui elle appartient. Tout plein de la nausée de la terre, il râle. Et, couché sur le flanc, il ramène ses genoux vers sa barbe. Le chien inquiet bat, de la queue, le sol. Ce vieillard va bientôt voir Dieu dont il pressent la pitié dans celle de ce chaume qui console sa dernière douleur.

L’autre, un nouveau-né que l’on abandonna contre une borne, essaye un geste pas bien encore délié du néant. Déjà, et sans même qu’il marche, sa course est commencée.

Il semble que l’un aille à la mort, l’autre à la vie. Mais ces deux routes se confondent au carrefour où se dresse la croix du poteau indicateur.