Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730

LOUIS AUBERY FONDATEUR des Ecoles charitables de Moulins

1682-1730. SA VIE. SON ŒUVRE. SON RÈGLEMENT DES ÉCOLES.

PAR J.-J. MORET, LICENCIÉ EN THÉOLOGIE, Curé-doyen de Saint-Menoux (Allier). MOULINS

IMPRIMERIE A. DUCROUX & GOURJON DULAC

1893.

LOUIS AUBERY FONDATEUR DES ÉCOLES CHARITABLES DE MOULINS 1682-1750

LOUIS AUBERY FONDATEUR des Ecoles charitables de Moulins 1682-1730. 8701 SA VIE. SON ŒUVRE. SON RÈGLEMENT DES ÉCOLES. PAR J.-J. MORET, licencié en théologie, Curé-doyen de Saint-Menoux (Allier).


MOULINS

IMPRIMERIE A. DUCROUX & GOURION DULAC

1893.

À mes premiers Maîtres

les Frères des Écoles chrétiennes

de Commentry,

Hommage reconnaissant.
DOCUMENTS UTILISÉS

Manuscrits.



1° Aux Archives départementales de l’Allier :

Règlement concernant la conduite et la direction des écoles charitables établies en la ville de Moulins, sous le tiltre et la protection du Saint Enfans Jésus (11 novembre 1711). Cahier grand in-8º de cinquante pages.
Dessain pour l’établissement des Ecoles publiques dans la paroisse de Saint-Laurens de la ville de Marseille (1705). Série D., Liasse 146.
Information de commodo et incommodo pour l’établissement des écoles charitables de Moulins. Noms des personnes notables favorables au dit établissement.
Ordonnance royale de Louis XIV qui autorise les dites écoles (Juin 1717).
Inventaire de tout ce qui s’est trouvé dans la maison des écoles charitables (15 Novembre 1728).
Contrat du 1er Janvier 1697, entre Louis Aubery et les sœurs de la Congrégation de la Croix. (Registre B. 746, fol. 385-387).

2° Aux Archives de la ville de Moulins :

Lettre de Louis Aubery aux maire et échevins de la ville de Moulins (16 février 1727). Liasse 103.
Acte de décès de Louis Aubery. (Paroisse de Saint-Pierre des Menestreaux (15 mai 1730). — Registre des décès, n° 469.
Nomination du sieur Labanche, successeur de Louis Aubery. (Liasse 103).

3o Aux Archives de Mâcon :

Mémoire sur les écoles charitables de Moulins

4o À la Mairie d’Iseure :

Registres des paroisses Saint-Jean et Saint-Bonnet.

5o Dans nos Archives :

Estat ou histoire raisonnée de l’église d’Iseure, église et paroisse matrice de la ville de Moulins, capitale du Bourbonnois et de ses environs, et continuée jusqu’en l’année 1789.


Imprimés.
Société en faveur des pauvres-honteux, et non mandians, ou Mémoire instructif à l’usage des assemblées de charité de la paroisse de S. Pierre de Moulins, par M. Charles L’Hérondet, docteur en Sorbonne, curé de Moulins (1732).
Archives historiques du Bourbonnais (A. Vayssière) tome II. Armorial pour la généralité de Moulins (édit de Novembre 1696).
État de l’instruction primaire dans l’ancien diocèse d’Autun, pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, par M. Anatole de Charmasse, secrétaire de la société éduenne.
Le Bienheureux de la Salle, fondateur de l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes, par Armand Ravelet.
Annales de l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes (1679-1725).
Vie du vénérable J.-B. de la Salle, par un membre de cet Institut.
Écoles charitables de Moulins, par M. E. Bouchard, rapport de 8 pages lu au congrès de La Rochelle, le 25 août 1882.
Vie du vénérable J.-B de la Salle, par M. l’abbé Blain.
LOUIS AUBERY
FONDATEUR DES ÉCOLES CHARITABLES DE MOULINS
SA VIE, SES TRAVAUX, SES LUTTES
(1646-1730).

« Aujourdhuy seizième may mil sept cent trente, a esté inhumé, dans l’église Saint-Pierre, messire Louis Aubery[1], ancien vicaire de la dite église et directeur des écoles charitables de cette ville, agé d’environ quatre-vingt-quatre ans, décédé d’hyer, muni de tous ses sacrements[2] ».

Ces quatre lignes mentionnent bien sommairement le décès d’un homme, qui, pendant un demi siècle, s’employa tout entier, avec un dévouement que peut seule inspirer la religion, à la plus utile de toutes les œuvres, à l’instruction des enfants pauvres de la ville de Moulins, depuis 1680 jusqu’à 1730.

Tirer de l’oubli la mémoire de cet homme de bien, raconter ses luttes, ses sacrifices, ses travaux, et d’autre part, le succès toujours croissant de son œuvre et son triomphe, définitif, nous a paru un devoir, à une époque surtout où l’on ne cesse de dire que, jusqu’à nous, le peuple a grandi dans l’ignorance, et que notre régime actuel est le premier à lui avoir mis des livres entre les mains.

C’est une sotte calomnie qu’il faut absolument combattre, non par des phrases, mais par des faits. Nous ne contestons pas ce que l’on réalise, depuis quelques années, pour l’instruction primaire ; nous admettons même qu’il y a eu, de la part d’un grand nombre, le désir du bien, une certaine somme de dévouement ; mais nous voulons montrer aussi, que, bien longtemps avant que l’Etat songeât à l’instruction des enfants du peuple, l’Eglise, qu’on accuse aujourd’hui, s’en était occupée ; qu’elle avait ouvert des écoles, imaginé des méthodes, écrit des livres, dicté des réglements, établi des institutions, formé des maîtres et créé de toutes pièces cet enseignement populaire dont ses adversaires veulent aujourd’hui s’attribuer l’initiative et se réserver le monopole[3].

Nous en avons une preuve à Moulins même, dans cet humble vicaire de Saint-Pierre des Ménestreaux, dont nous allons parler, et que l’on pourrait justement comparer au Bienheureux de la Salle, son contemporain et son ami, parce qu’il reproduisit chez nous son zèle et ses vertus.

En l’an 1675, discrète et vénérable personne, messire Gaspard de Savignac, bachelier de Sorbonne, était curé de la paroisse d’Iseure « Saint-Pierre des Ménestreaux », la principale de la ville, qu’il administrait avec le concours de quatre vicaires.

L’un d’eux était Me Louis Aubery, prêtre très pieux, très austère, rempli de zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Le même souffle de grâce qui avait, en 1682, passé sur le Bienheureux de la Salle et l’avait déterminé à s’occuper de l’éducation des enfants pauvres, avait passé aussi sur l’abbé Aubery.

En cette même année, au moment où le Bienheureux de la Salle ouvrait sa maison aux maîtres d’école, l’abbé Aubery qui n’avait pas encore entendu parler de l’œuvre de Reims, recevait dans sa demeure des enfants pauvres et se mettait à leur faire la classe.

En 1686, l’abbé Aubery commençait à donner son bien aux pauvres et remettait sa maison au curé d’Iseure, à charge pour celui-ci d’y faire tenir les petites écoles. Or, c’était précisément l’année même où le Bienheureux de la Salle faisait un sacrifice du même ordre. Il y a là une analogie qui ne saurait échapper au regard de l’historien, et qui honore grandement notre compatriote[4].

C’est ainsi que du nord au midi, l’instruction des pauvres occupait alors les âmes saintes, et des établissements analogues prenaient partout naissance. La raison qui stimulait toutes les volontés était toujours la même.

« Les enfants d’honnête famille reçoivent l’instruction dans les maisons par leurs parents, dans les écoles par les maîtres qu’ils payent, et dans les colléges par les professeurs que la ville a fondés. Mais les pauvres ne pouvant avoir ces secours, demeurent dans une ignorance extrême de Dieu qu’ils sont obligés de connoître, d’aimer et de servir, s’ils veulent avoir part à son royaume[5] ».

Pour répondre à ce besoin, l’abbé Aubery commença à réunir chez lui tous les petits garçons pauvres que sa charité pouvait attirer, s’appliquant à leur enseigner non seulement les vérités de la foi, mais encore à lire, écrire, compter et chanter. Les enfants ne quittaient l’école qu’après l’époque de leur première communion et ils « estoient un sujet d’édification par leur retenue, leur modestie, et d’instruction pour leurs parents par la lecture de quelques bons livres ».

La transformation de ces pauvres enfants, jusque-là abandonnés, fut un grand sujet d’admiration dans la ville de Moulins, aussi les encouragements ne manquèrent point au zélé fondateur.

Le 8 mai 1698, Mgr Bertrand de Senault, évêque d’Autun, le nomme recteur perpétuel des écoles charitables de Moulins. C’était la plus haute approbation qu’il put recevoir. Deux ans après, en juillet 1700, « pour le bien et utilité publique », le maire et les échevins de Moulins accordent un morceau de terrain sur lequel se trouvait autrefois le mur d’enceinte de la ville, pour y élever de nouvelles constructions et agrandir la maison qu’il avait achetée, lui vicaire, de ses propres deniers, rue Corroirie, le 5 octobre 1686.

De généreux bienfaiteurs lui ouvrent leur bourse.

Ce sont : Dame Estiennette Chrétien, veuve de Messire Philippe Bardon, ancien trésorier de France à Moulins, — le bourgeois Pierre Compost, — Marguerite Vialet, veuve de Messire Charles Legendre, seigneur de Saint-Aubin, conseiller au grand conseil, — M. Claude de Vilhardin et sa femme, Elisabeth Harel, veuve de Jacques Girault, sieur de Changy, — M. Pierre Perrin, doyen des conseillers du présidial.

L’ère des difficultés allait commencer, ou pour mieux dire, l’œuvre des écoles charitables, comme toutes les œuvres qui ont pour but de sauver les âmes et de régénérer le monde, devait être marquée par la croix et passer par tous les genres d’épreuves.

« Ne pouvant suffire seul à cette tâche de recteur des écoles, Louis Aubery chercha des auxiliaires et n’en trouva point. Partout les maîtres faisaient défaut. Il s’associa deux jeunes ecclésiastiques, dont le zèle ne tarda pas à se lasser, et, en 1699, l’école, établie au prix de tant d’efforts, dut être fermée faute de maîtres.

L’abbé Aubery ne se découragea pas. Il profita de cette interruption pour réparer sa maison, l’agrandir et l’approprier au but auquel il la destinait ; puis, en 1701, il rouvrit son école et fit lui-même la classe. Cent cinquante enfants répondirent sur le champ à son appel : il continua ainsi pendant plusieurs années.

En 1709, il était allé à Paris pour tacher d’obtenir des lettres patentes en faveur de son école. Il descendit au séminaire de Saint-Sulpice, où il entendit parler du Bienheureux de la Salle, avec lequel il s’empressa d’entrer en rapports. Dieu mettait enfin devant lui l’homme et l’œuvre qu’il cherchait depuis vingt-sept ans. De retour à Moulins, il s’entoura de renseignements sur les écoles tenues par les Frères. On lui envoya de Marseille, entre autres, un rapport qui constatait les merveilleux résultats de leur enseignement. Depuis l’arrivée des Frères, en mars 1706, était-il dit dans ce rapport, l’école tenue par eux ne pouvait plus contenir absolument le grand nombre d’enfans qui se présentaient, et il estoit nécessaire d’avoir une seconde salle ». — Le 6 avril de la même année, les fondateurs des écoles charitables de Marseille réunis en assemblée générale, avaient fait mander le nouveau Directeur, le frère Albert de l’Enfant-Jésus, « pour le féliciter des progrès que les écoles fesoient sous luy par la grâce de Dieu, et pour l’exhorter et l’encourager de faire de mieux en mieux et de s’attacher principalement à eslever les enfans dans la crainte de Dieu, et de les instruire de tous les devoirs de chrétiens, ce que le dit Frère avait promis avec beaucoup de modestie, moyennant l’assistance du Seigneur »[6].

Louis Aubery écrivit alors au Bienheureux pour le prier de lui envoyer au moins deux Frères, ce qui fut fait.

Les Frères arrivèrent à Moulins en 1710 et commencèrent aussitôt leurs classes. Là, comme partout, le succès dépassa leurs espérances. Ils comptaient plus de trois cents enfants. Les locaux furent insuffisants, il fallut construire de nouveau. Pour presser les travaux, Louis Aubery et les deux Frères travaillaient comme des manœuvres, dans les intervalles que leur laissaient les écoles et leurs exercices de piété. Il employa à cet agrandissement des fonds de rentes qu’il avait sur les Etats de Bourgogne, dont M. l’abbé Languet, pour lors grand vicaire à Moulins, plus tard archevêque de Sens, lui procura le remboursement.

Ici se place un fait qui est tout à l’avantage des auxiliaires que Louis Aubry s’était choisis.

Le grand vicaire, dont nous venons de parler, Jean-Joseph Languet de Gergy, « official de l’évêque d’Autun au détroit de Moulins », avait remarqué, dans les principes de méthodologie des nouveaux maîtres, la facile et féconde application que l’on pouvait en faire aux catéchismes des paroisses.

Cette idée ne resta point stérile en son esprit. Ayant convoqué dans l’église de Saint-Pierre des Ménestraux, tous les jeunes clercs et les autres catéchistes de Moulins, il fit faire devant eux le catéchisme à tous les enfants réunis, par un des Frères des écoles charitables, qui, paraît-il, excellait dans cet enseignement. Cette leçon publique, qui fut renouvelée une autre fois, fut tellement goûtée que le vicaire général félicita publiquement le Frère, et enjoignit aux catéchistes d’apprendre sa méthode et de s’y conformer [7].

Cette méthode est exposée tout au long, au no 65 du réglement que nous donnons ci-après. Il y a, entre autres, ce principe essentiellement pratique : Le maître doit avoir un programme et le suivre, « afin de ne pas s’exposer à répéter toujours la même chose ; il s’appliquera à faire comprendre aux élèves, par jugement et par esprit, ce qu’il leur enseigne autrement ils n’apprennent les choses nécessaires au salut et les vérités de la religion que par mémoire, ce qui est la cause ordinaire qu’ils oublient facilement ce qu’ils ont appris ». Apprendre aux enfants, non pas des mots, mais des choses, en ne leur donnant que ce qu’ils peuvent comprendre et retenir, peu à la fois, suivant la portée de leur intelligence et l’ouverture de leur esprit, avec une exposition brève, simple, lumineuse, qui va du connu à l’inconnu, telle a été et telle sera toujours la meilleure méthode d’enseignement. Les Frères « ignorantins » l’avaient trouvée avant nos pédagogues modernes.

Malgré l’arrivée des Frères, l’abbé Aubery était resté le recteur de l’école. C’était lui qui continuait à la soutenir et à l’administrer ; c’était lui qui en dirigeait l’enseignement. En 1711, il rédigea un réglement qu’il est intéressant de comparer avec la conduite du Bienheureux de la Salle, sur laquelle il est en partie calqué, mais dont il s’écarte en quelques points. Il comprend 70 articles et a pour titre : « Réglement concernant la conduite et la direction des écoles charitables établies en la ville de Moulins, sous le tiltre et la protection du Saint-Enfans Jésus ». Il nous a paru si complet et si sagement combiné, que nous n’avons pas hésité à le publier dans son entier, dans la présente étude. Aujourd’hui, on s’occupe beaucoup de pédagogie ; on a écrit des volumes sur ce sujet. Or, de l’aveu des pédagogues eux-mêmes, « la meilleure pédagogie est celle qu’on se fait à soi-même, et non celle qu’on apprend dans les livres ». (Compayrė). — Combien la méditation qui commence chacune des journées du religieux, frère, jésuite ou mariste, etc., est de nature à lui inspirer les meilleurs procédés pour faire du bien aux enfants ! — « Le cœur est la meilleure des directions pédagogiques ». (Marion). — Or, quel maître aimera davantage les enfants, même les plus délaissés, que celui qui voit en eux Notre-Seigneur-Jésus-Christ lui-même ? — « Le tact, le sens avec le cœur, peuvent tenir lieu de toute la pédagogie ». — C’est ce qui fait encore la supériorité des éducateurs religieux. Ils ont du tact, la prospérité de leurs maisons le prouve assez ; et ils ont du cœur, c’est-à-dire la vraie charité, car ils aiment pour Dieu et avec Dieu, ils aiment en pères, et rien n’est plus sincère dans la bouche des enfants que ce nom de pères qu’ils donnent à leurs maîtres, car ceux-ci n’ont renoncé aux joies de la famille que pour mieux se donner à leurs « chers enfants », à leur famille adoptive.

On trouve dans le réglement de Louis Aubery pour les écoles charitables de Moulins, ces qualités maîtresses de tact, de bon sens et de cœur. L’enfant y est traité avec fermeté sans doute, mais avec beaucoup de respect et de bonté. Louis Aubery, ainsi que le Bienheureux de la Salle, s’était pénétré de cette affirmation de Jésus-Christ : « Si quelqu’un reçoit en mon nom un enfant tel que ceux-ci, c’est moi-même qu’il reçoit…[8] » Il voyait Notre-Seigneur dans la personne de ces pauvres petits, et cette pensée de la foi soutenait son zèle et rendait sa charité infatigable. De là, le 33e article de son réglement :

« Les maîtres doivent, sur toutes choses, concevoir et toujours conserver un grand zèle pour le salut et l’avancement de leurs écoliers, avoir une charité égale pour tous, souffrir avec douceur et patience leurs imperfections, éviter toutes aversions et inclinations particulières, ne leur disant aucune injure et ne leur parlant jamais avec colère, chagrin, ni mépris, évitant même de les tutoyer, regardant toujours Notre-Seigneur Jésus-Christ en la personne de ces pauvres. »

Le 12 novembre 1711, Jean-Joseph Languet, docteur en Sorbonne, vicaire général de l’évêque d’Autun et son official au détroit de Moulins, « étant d’ailleurs parfaitement informé des avantages que le public avait reçus et recevait chaque jour des dites écoles ; pour perfectionner, fixer et perpétuer une chose si saintement entreprise, et déjà si avancée pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, le saint nom de Dieu invoqué, ordonnait que lesdites écoles charitables seraient tenues et continuées à perpétuité, en la manière qu’elles se faisaient, pour l’utilité des pauvres et la gloire de Dieu ; approuvait à cet effet, les réglements contenant 70 articles ; établissait un bureau perpétuel pour maintenir leur observation, pourvoir au bon ordre desdites écoles et à la conservation des revenus destinés au paiement des maîtres, et désignait les membres de ce bureau, savoir : trois directeurs ecclésiastiques, les sieurs curés de Saint-Pierre et de Saint-Jean, nommés à vie, et Louis Aubery confirmé dans son titre de recteur perpétuel desdites écoles ; puis deux directeurs laïques, Me Estienne Baugy, seigneur de Rochefort, président-trésorier de France en la généralité de Moulins, et Me Sébastien Maquin, bourgeois dudit Moulins, y demeurant. » Ces deux laïques étaient nommés pour six ans et rééligibles.

Du côté de l’autorité ecclésiastique, l’œuvre des écoles charitables était en règle. Il ne lui manquait plus que les lettres patentes du roi. Nous avons dit qu’elles avaient été déjà sollicitées en 1709, lors du voyage à Paris de Louis Aubery. Elles furent enfin accordées, au mois de juin 1717, grâce à l’apostille chaleureuse de tous les fonctionnaires royaux et de toutes les personnes notables de la ville de Moulins, mais grâce surtout à l’intervention de l’abbé de Sept-Fonts, Dom Joseph Hargenvillers, qui se trouvait alors à Paris[9].

Les lettres patentes obtenues, c’était un grand pas de fait. Mais il fallait les faire enregistrer, et c’est alors que les difficultés surgirent de tous côtés. Les maire et échevins de la ville, les directeurs des hôpitaux, et jusqu’au curé qui avait succédé à M. Gaspard de Savignac, « semblaient s’être tous soulevés de concert contre cet établissement[10] »

Une enquête ou information de commodo et incommodo fut demandée et ordonnée par un arrêt de la cour. Dans cette enquête on recueillit 12 oppositions contre 21 dépositions favorables aux écoles.

Voici les noms des opposants avec leurs dires :

Brisson, prestre, ancien directeur, dit l’établissement nuisible aux hôpitaux.

De Loüan de Fontaviol, approuve à condition de modérer le pouvoir d’acquérir 3,000 livres de revenus.

Bezas, prestre chanoine, sortant d’être directeur, dit que l’établissement ne peut avoir que de mauvaises suites, en faisant des libertins. — L’expérience de près de 40 ans est une preuve toute contraire à Moulins et de tout temps ailleurs.

Beraud, fils d’autre Beraud cy-après nommé, formellement opposé à l’établissement, dit que les écoles causent du dérangement.

Beraud, père du susnommé, ancien directeur, dit que l’établissement des écoles, et cela en général, est préjudiciable à l’Etat et aux villes, la ruine des arts et métiers, la source des faussaires, des chicaneurs et des fripons.

Jean-Michel Perrotin, sieur des Moreaux, dit les écoles préjudiciables aux écoles et aux pauvres.

Renanger, prestre chanoine, dit l’établissement inutile et nuisible aux pauvres.

Jean Trochereau, advocat du Roy, approuve l’établissement et borne le temps qu’ils iront à l’école à l’âge de dix ans. — Il est à remarquer qu’on les renvoye aussitôt après leur première communion qui se fait de douze à treize ans.

Gabriel Griffet de la Baume, trésorier de France, approuve l’établissement : il s’en tient à ce qu’il a signé dans le certificat des notables.

Jean Ripoud, marchand de la ville de Moulins, ancien directeur, dit l’établissement inutile.

Soccard, trésorier de France : il n’a demeuré que quelques années à Moulins. Il dit l’établissement inutile, que la lecture et écriture sont nuisibles aux artisans.

Nicolas Tridon, conseiller du Roi, élu en l’élection de Moulins, ancien directeur. Il dit l’établissement inutile et préjudiciable aux artisans qui n’ont pas besoin d’autres instructions que de celles de messieurs leurs curés.

Les 21 qui approuvèrent l’établissement étaient :

Nicolas de Villaines, conseiller au présidial et trésorier de France, ancien directeur.

Cantat, notaire.

Michelet, doyen des procureurs, ancien directeur.

Antoine de la Chaise, conseiller au présidial, ancien directeur.

Thibaut.

Decamp, prestre, l’un des douze de Saint-Pierre.

Perret, ancien élu, ancien directeur.

Estienne Baugy, écuyer, seigneur de Rochefort, conseiller du Roy, président trésorier de France en la généralité de Moulins.

Derisseau, prestre, chanoine de Notre-Dame.

Charbon, prestre et chanoine.

François de Culant, écuyer, seigneur de Langère, conseiller du Roy, président des trésoriers de France, ancien directeur des écoles.

Bigorne, prestre, docteur de Sorbonne.

Girault de Mimorin, maistre des eaux et forests.

Durand, docteur en médecine.

Labanche, prestre.

Pierre Chervain, conseiller du Roy et son procureur au grenier à sel de Moulins.

Jacques Hérault, écuyer, conseiller du Roy, lieutenant en la prévôté générale de Moulins, seigneur de Chantemillan

Jacques Vernin, conseiller du Roy, assesseur civil et criminel, ancien maire et ancien directeur.

Gaspard de Savignac, ancien curé.

Sébastien Charbonnier, docteur en médecine à Moulins.

Carré, commissaire de police.

Il y avait eu déjà, avant 1705, une pétition en faveur des écoles charitables de Louis Aubery, signée par les personnages les plus notables de la ville de Moulins.

Outre les noms déjà cités de François de Culant, Vernin, de Villaines, Baugy de Rochefort, Antoine de la Chaise, Girault de Mimorin, Jacques Hérault, Peret, Michelet, Cantat, Pierre Chervain et Carré, nous y relevons les noms suivants :

Nicolas du Buisson, écuyer, seigneur du Beyrat, conseiller du Roy, président au présidial de Moulins.

Bernard de Champfeu, écuyer, conseiller du Roy, ancien maire de la ville de Moulins.

Jacques Faverot de Neufville, écuyer, lieutenant de messieurs les maréchaux de France, à la sénéchaussée du Bourbonnois.

Jean-François Palierne, écuyer, sieur de l’Ecluse.

N., Palierne de la Brene, gentilhomme.

Sébastien Maquin, bourgeois, sieur de Panlou.

Michel, lieutenant à la châtellenie, directeur des écoles.

Fouchier, président à l’élection, directeur en charge.

L’Heureux, président au grenier à sel, directeur en charge.

Gilbert Alarose, procureur du Roy en la chambre du domaine de Bourbonnois.

Pierro Vilhardin, avocat au présidial de Moulins.

Pierre-François Bazin, notaire royal.

Gilbert Michel, procureur.

N., Perret, ancien échevin, maistre des pauvres, ancien directeur.

Henri Mégret, conseiller du Roy et son procureur en l’élection.

N., Gaulme, élu en l’élection de Moulins.

Nicolas Landois, procureur en la sénéchaussée et siège présidial de Moulins et concierge du château dudit Moulins.

Dugour, procureur de la sénéchaussée et siège présidial, et concierge au château de Moulins.

Amy, notaire royal.

Decamp,      id.

Guippon,     id.

Taillefer, marchand grossier, lieutenant de bourgeoisie.

Etienne, huissier.

« Enfin, est-il dit au bas de la pétition, on se lassa de faire signer tous ceux qui y auroient voulu signer ».

Parmi les personnages ci-dessus dénommés, dix-neuf avaient été directeurs des dites écoles. Leur témoignage valait bien celui des cinq directeurs qui figuraient sur la liste d’opposition.

L’Hôpital général de Moulins, qui avait d’abord consenti à la fondation, se ravisa. Il voulait absorber l’œuvre nouvelle, et, pour faire échouer le projet de l’abbé Aubery, il épuisa toutes les ressources de la chicane. Il entraîna dans son parti jusqu’à la ville elle-même, qui conclut à ce que l’abbé Aubery n’eût plus le droit de tenir une école. Le procès dura dix ans et coûta plus de mille livres. Enfin, l’abbé Aubery l’emporta. Les lettres patentes furent enregistrées au mois de mars 1728.

Louis Aubery était à Paris quand fut rendu l’arrêt du Parlement pour l’enregistrement des lettres patentes. Il Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/20 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/21 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/22 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/23 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/24 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/25 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/26 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/27 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/28 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/29

L’ŒUVRE DE LOUIS AUBERY
SON IMPORTANCE.

Après les troubles religieux du xvie siècle et l’anarchie de la Ligue, il y avait en France un désir universel d’ordre et de règle. Sur bien des points, une restauration était nécessaire. Quoique l’instruction primaire fût loin d’être une chose nouvelle, elle manquait de règle, de surveillance et de soutien. Les enfants du peuple, dans les villes surtout, étaient généralement négligés. Leurs parents, pauvres ou peu soigneux de leur éducation, leur laissaient mener une vie vagabonde, libertine et toute pleine de vices. » [11] Dans une « remonstrance à MM. les abbez, doyens et chanoines du diocèse d’Autun, » il était dit :

« L’importance des écoles chrétiennes ne peut être ignorée que par ceux à qui la piété n’inspire aucun sentiment du bien public ; nous voyons, au contraire, que les personnes zélées pour le salut des âmes soupirent depuis longtems après un établissement si propre à procurer la gloire de Dieu.

Nous voyons tous les jours, dans les rues, des fainéans et des vagabons qui ne sachant que boire et manger, et mettre au monde des misérables, produisent cette fourmilière de gueux qui nous accablent ; ces pères des pauvres enfans ayant été mal élevés, et souvent dans une vie libertine, cherchent les moyens de vivre avec leur enfans sans se soucier de leur apprendre à bien vivre et de les instruire des devoirs du christianisme.

Ainsi ces jeunes gens mal élevés tombent dans la fainéantise, source de l’impureté, de l’ivrognerie, des larcins, du libertinage et de toutes sortes de maux. De là nait la difficulté de trouver des serviteurs fidels et de bons ouvriers : car ceux qui manquent à leurs Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/31 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/32 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/33 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/34 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/35 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/36 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/37 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/38 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/39 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/40 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/41 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/42 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/43 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/44 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/45 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/46 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/47 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/48 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/49 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/50 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/51 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/52 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/53 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/54 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/55 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/56 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/57 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/58 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/59 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/60

ABCDEFGH la le lo li lo lu I J K L M N O P Q R ma me mi mo mu fla fle fli flo flu gra gro gri gro gru STUVXYZEE na no ni no nu gla gle gli glo glu 28 08 aoiou et st ss it fi ff ift pa po pi po pu qua que qui quo quu pla plc pra pro pri pro pru pli plo plu

a b c d e f g h i ra re ri ro ru sta ste sti sto stu j k l m n o p q r s t sa se si so su spa spe spi spo spu u V x y z & ta to ti to tu tra tre tri tro tru ba be bi bo bu ua ue ui uo uu vra vre vri vro vru ca се ci co cu ха хе хі хо хu pha phe phi pho phu hac hæc hic hoc huc da de di do du fa fe fi fo fu ga go gi go gu ha he hi ho hu cra cre cri cro cru dra dre dri dro dru urbs nunc tar tras tir za ze zi zo zu bra bre bri bro bru bran bron brin bres brun pher post pan par ples ja je ji jo ju fra fro fri fro fru draps drons fro fer frons

40

Voici la manière de se servir de ces cartes. Ceux que l’on reçoit à l’école, avant qu’ils connoissent leurs lettres, on leur fait dire à chacun une lettre du petit alphabet ; en suite, on leur en fait dire deux lettres, et ainsi en augmenPage:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/62 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/63 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/64 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/65 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/66 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/67 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/68 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/69 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/70 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/71 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/72 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/73 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/74 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/75 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/76 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/77 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/78 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/79 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/80 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/81

CHIFFRES ROMAINS Ι VIII XV XXII XXIX LXXX II IX XVI XXIII XXX LXXXX III X XVII XXIIII XXXI C. IV XI XVIII XXV XL CC. V XII XIX XXVI L CCC. VI XIII XX XXVII LX CCCC. VII XIV XXI XXVIII LXX D. M.

CHIFFRES FRANÇOIS

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

2 fois 2 4 10 20 3 fois 6 18 80 107 100 108 3 fois 5 15 101 109 236 30 102 110 40 3 7 21 103 111 45 20 02 4 8 50 104 112 105 113 60 3824 2 5 10 106 114 5525 70 115

1. 10. 100. 1000. 10000. 100000. etc. Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/83 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/84 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/85

D. — Comment faut-il prononcer les mots qui finissent par une r ?

R. — Il faut les prononcer comme si c’étoit un é latin. Exemple : on prononce il faut aimé, et non pas il faut aimer, etc.

D. — Comment faut-il prononcer les dernières syllabes des mots composés de plusieurs syllabes, qui finissent par un o et un i, même avec d’autres lettres ?

R. — Il les faut prononcer en ait et non pas en oit. Exemple : on prononce connaissez-vous, et non pas connoissez-vous, etc. Les mots qui finissent par un o, un i et un t, et qui n’ont qu’une syllabe, on les prononce en oit et non pas en ait. Exemple : on dit cet homme boit, et non pas cet homme bait, moi et non pas mai, etc.

D. — Comment faut-il prononcer la dernière syllabe d’un mot qui finit par une s, un t, ou une autre consonne, lorsque le mot suivant commence par une voyelle ?

R. — Il faut la prononcer en faisant sonner la consonnance du mot précédent avec la voyelle qui commence le mot suivant, et les prononcer tous deux ensemble. Exemple : on prononce nous avons, et non pas nous, avons ; la prononciation, dans toutes ces rencontres, se fait comme si la consonne qui finit le mot précédent commençoit le mot suivant, bien entendu ce qu’on vient de dire, qu’il faut prononcer les deux mots ensemble et non pas séparément.

D. — Quand une s se trouve seulement entre deux voyelles, comment la prononce-t-on ?

R. — On la prononce comme un z. Par exemple : on prononce maizon, et non pas maisson.

D. — Et si on vouloit dire maisson, comme on dit moisson, que faudroit-il faire ?

R. — Il faudrait mettre deux s, lesquelles entre deux voyelles n’en vaudraient qu’une.

Le maître de la grande école ne manquera jamais de corriger les exemples de tous les enfants, et cela, le matin et le soir. Il les corrigera suivant les règles ci-dessus marquées, pour apprendre à bien écrire. Exemple, il leur demandera : comment faut-il faire une telle lettre ? Après qu’ils auront repondu, suivant les règles de l’écriture, qu’il faut la faire de telle manière, il leur fera voir celles qu’ils ont mal faites, et si cela arrive souvent, ou à plusieurs lettres, il les punira. L’exactitude à ce dernier article a fait voir jusque ici, que plusieurs enfants écrivent mieux que l’écrit qu’on leur donne, pour leur servir d’exemple, en écrivant conformément aux règles qu’on leur a apprises.

Meubles nécessaires pour les écoles, lesquels seront fournis par le bureau, pour la première fois, et entretenus, dans la suite, par les maîtres.

1o Un crucifix en relief, ou en papier, dans chaque école. 2o L’image de la Sainte Vierge, avec le saint Enfant Jésus, de la même manière. 3o L’image de la Sainte Famille, Jésus, Marie, Joseph. 4o L’image du saint Ange Gardien, en grand. 5o Les feuilles des quatre fins dernières, en grand. 6o La feuille de l’école de Jésus et de l’école du démon ; ces deux écoles sont sur la même feuille, il en faut souvent parler aux enfants, leur faire regarder ces écoles, et surtout dans le temps de leurs manquements, en leur demandant lequel des deux est leur maître, Jésus ou le démon, et dans laquelle des deux écoles ils apprennent ce qu’ils font, comme de mentir, de jurer, de dérober, etc. leur faire remarquer la récompense des uns et la punition des autres. Toutes ces images, en relief ou papier, doivent être grandes, afin qu’elles frappent les yeux de ceux qui rentrent, et leur impriment la piété et le recueillement.

7o Dans la grande école, où on ecrit, il faut une assez grande quantité de bans, pour contenir cent enfants commodément, et néanmoins n’en faire écrire que cinquante le matin et cinquante le soir, afin qu’on puisse observer l’article précédent, qui porte qu’on corrigera tous les exemples matin et soir, ce qui serait impossible, s’ils écrivaient tous à la fois ; sans cela les enfants ne profiteront pas. Pour faire qu’on soit fidèle à cet article, on ne mettra des bans commodes à écrire que pour cinquante écoliers, sur lesquels bans il y aura vingt-cinq écritoires carrées, attachées avec des clous, afin qu’on ne puisse ni les remuer, ni les emporter ; une écritoire doit servir à deux écoliers pour prendre de l’encre.

Dans la petite école, il y faut le nombre de bans nécessaires, pour contenir cent cinquante écoliers commodément ; un maître qui veut s’acquitter fidèlement de son devoir, peut faire dire la leçon et élever un pareil nombre d’enfants.

8o Il faut un seau et un arrosoir dans chaque école, pour arroser avant qu’on balaie, ce qui doit se faire tous les jours.

9o Il y aura un porte-ordures dans chaque école, avec une palletée de bois ou de fer, pour mettre les balayures dans le portoir, avec lequel on les portera fort éloigné des écoles et en différents endroits, afin de n’en pas faire des amas ou petites montagnes.

10o Dans chaque école, il y aura une armoire fermant à clef, pour serrer les livres, les chapelets, le robinet et choses semblables. Les chapelets doivent être dans un panier, pour chaque école, avec lequel on les porte à l’église, pour les distribuer aux enfants avant la messe, et pour les ramasser, après la messe, et les rapporter dans l’armoire de l’école.

11o Dans chaque école, il y aura un grand catalogue sur lequel seront écrits les noms de tous les écoliers, vis-à-vis chacun desquels il y aura six trous, pour marquer, avec des chevilles, les absences des six jours de la semaine.

12o Il y aura dans la maison des écoles, une cloche suspendue du côté que les écoliers la pourront entendre plus facilement ; on la sonnera pour les avertir de l’entrée des classes, aux heures marquées dans l’art. 15me. Les maîtres s’en serviront pour sonner, aux heures de leur coucher, de leur lever, et du reste, qui marque une vie réglée et le bon ordre. Ils auront soin que l’horloge qu’on leur fournira pour une fois, comme le reste des meubles, aille suivant celui de la ville, et d’y régler tous leurs exercices.

Il y aura deux sortes de choses qui s’usent et se consomment, tous les jours, dans les écoles : 1o l’encre, 2o les balais. Pour l’encre, si les maîtres veulent s’en donner la peine et la faire eux-mêmes exprès, pour cinquante écoliers qui écrivent le matin, et les autres cinquante le soir, une pinte d’encre suffit par mois. Pour les balais, on en doit donner, dans chaque école, quatre neufs par mois ; pour les deux écoles, c’est un cent de balais par an, qui coûte cinquante sols.

Tout le reste dure des temps considérables et n’a besoin d’être renouvelé, que parce qu’on manque de soin pour les conserver, par exemple, les bans, les écritoires, le catalogue, etc. Ces choses durent la vie de dix hommes, en punissant exactement les enfants, s’ils y font la moindre raie, ou s’ils les tachent d’encre.

À considérer le nombre des livres qu’il faut à deux cent cinquante écoliers, et dont on doit les entretenir, sans qu’ils fournissent aucune chose pour cela, on croiroit que la dépense en seroit considérable, néanmoins elle ne sauroit monter à cent sols, par an, pour chaque école.

Sur cet article, afin qu’un maître venant à changer le renouvellement des livres, ne tombe pas entièrement sur le nouveau venu, on pourra, si on le juge à propos, car cette dépense est très modique, retenir vingt sols sur chaque quartier, et si le même maître est obligé de faire la dépense du renouvellement des livres, on lui remettra pour cela, ce qu’on lui avait retenu.

On fait venir les livres de Lyon. On se sert de demi-psautiers pour le latin, et du livre des Sept Trompettes pour le françois, ou de quelque autre livre de piété du même prix. La douzaine de ces livres coûte cinquante-quatre sols à Lyon, ce qui est 4s 6d la pièce ; le cent, vingt-deux livres dix sols ; les deux cents, quarante-cinq livres ; les deux cent cinquante, qui est le nombre que l’on espère que le zèle des maîtres et la piété des messieurs du bureau entretiendra ordinairement dans les écoles, montera à cinquante-six livres cinq sols. Les livres, en suivant la règle que l’on a marquée dans l’article trente-huitième pour les conserver, durent plus de dix ans, sans avoir besoin d’être renouvelés. Supposons qu’on les renouvelle tous les six ans, en partageant la somme de cinquante-six livres cinq sols en six, pour chaque année, c’est neuf livres huit sols six deniers pour les deux écoles, et quatre livres neuf sols trois deniers pour chacune. L’expérience de plus de vingt ans a fait voir, que tout l’entretien des écoles n’a jamais coûté une pistole, pour chaque année, cela est donc très modique. Je répète néanmoins, que ce détail ne fait rien à la dépense qu’il sera nécessaire de faire pour cela.

Il est essentiel que les maîtres soient chargés d’entretenir, à leurs frais, tout ce que nous venons de marquer être nécessaire à chaque école, afin que ces choses et celles que nous mettrons dans la suite, pour avoir été oubliées, étant à leurs frais, ils veillent à ce qu’elles soient conservées, et que, ce qui est arrivé autrefois n’arrive jamais plus, savoir est que les maîtres ne donnent plus les livres, ni les chapelets, qu’ils ne les laissent pas biffer, briser et perdre, sans s’en mettre en peine. On a rapporté plusieurs livres et chapelets que les maîtres auroient donnés ; lorsqu’ils y veilleront pour leur intérêt, la dépense ira à peu de choses, et, au contraire, si le bureau en demeuroit chargé, elle seroit considérable. Les maîtres seront aussi chargés de l’entretien des vitres, des carrelages, chaumurages (afin qu’ils empêchent qu’on ne brise les vitres, qu’on ne décarelle les écoles, qu’on ne laisse tomber les crépissages en poussant fortement le bout des bans contre les murs) blanchissages, et même du nettoiement des lieux communs, afin qu’ils ne souffrent pas qu’on les remplisse des balayures et immondices, que l’on doit porter dehors. On ne sauroit prendre trop de précaution pour la conservation des bâtiments des écoles, toutes les œuvres publiques périssent, par la négligence de ceux qui y doivent veiller ; c’est pour cette raison, qu’il faut que les maîtres soient chargés de cette dépense, à quoi qu’elle puisse monter, ne déterminant rien de fixe pour cela, mais les obligeant que le tout soit dans l’ordre prescrit. Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/92 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/93 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/94 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/95 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/96 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/97 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/98 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/99 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/100 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/101 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/102 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/103 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/104

Plus un contrat de rente de trente livres par an, consenti par les héritiers de dame Estienette Chrétien, leur mère, veuve de messire Philippe Bardon, vivant président-trésorier de France, icelui reçu Clerc, notaire à Moulins, le 9 mars 1694.

Plus un contrat de cent cinquante livres de rente, au profit des écoles, consenti par Me Claude Vilhardin, bourgeois de Moulins, et la demoiselle sa femme, icelui reçu Cantat, notaire, le 22 décembre 1706.

De tous lesquels contrats les copies conformes aux originaux, certifiées par le susdit sieur Aubery et parafées par nous et notre secrétaire, ont été déposées au greffe de notre secrétariat, et jointes aux présentes pour servir ce que de raison. — Fait à Moulins, le douzième du mois de novembre, l’an de grâce mil sept cent onze. Ainsi signé, l’abbé Languet.

Je soussigné, greffier à l’officialité de Moulins et secrétaire de Monsieur l’abbé Languet, Vicaire général de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Charles-François d’Allencourt de Dromesnil, Evêque d’Autun, certifie que les copies ci-devant écrites et employées aux vingt-trois feuilles, par moi cotées et parafées depuis premier jusqu’à vingt-trois et dernier, sont conformes à leurs originaux qui sont par-devant moi déposés par mon dit sieur l’abbé Languet, suivant l’acte ci-dessus ; et, pour donner pleine foi à ces présentes, j’y ai apposé le sceau de ladite officialité aux armes de mon dit Seigneur l’Evêque. — Perrotin.

Registrés, ouï le Procureur général du Roy, pour jouir par le dit Aubery, prêtre, directeur des dites écoles charitables, ses successeurs, directeurs d’icelles, et les dites écoles charitables, de leur effet et contenu, et être exécutés selon leur forme et teneur, aux charges et conditions portées par les dites Lettres patentes, et notamment aux charges, conditions, exceptions et restrictions portées en l’arrêt de la Cour du vingt-neuf janvier mil sept cent vingt-sept, et suivant et conformément à icelui, suivant l’arrêt de ce jour. — A Paris, en Parlement, le dix-huit mars mil sept cent vingt-huit. — Dufranc. Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/106 Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/107

  1. La famille des Aubery est une ancienne famille du Bourbonnais, qui fut très honorablement représentée à Moulins, & Bourbon et à Saint-Menoux.
  2. Archives de la ville de Moulins, registre de la paroisse de Saint-Pierre des Menestreaux, décès de 1691 à 1738, nº 469.
  3. Le Bienheureux de la Salle, par Armand Ravelet. Introduct., page 5.
  4. Hist. du Bienheureux de la Salle, par A. Ravelet.
  5. Document de l’évêché d’Autun.
  6. Archives départementales de l’Allier, série D., no 101.
  7. Vie de M. J.-B. de la Salle, 1733. t. ii, p. 90.
  8. S. Matth. chap. XVIII, v. 5. — Ce verset est suivi de ces paroles bien connues, qui sont à l’adresse des corrupteurs de la jeunesse : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits, il mérite qu’on lui suspende une meule de moulin au cou, et qu’on le précipite au fond de la mer. »
  9. Dom Joseph, 32e abbé de Sept-Fonts, avait succédé au vénérable réformateur de la Trappe, Dom Eustache de Beaufort. Il fut abbé pendant 32 ans, jusqu’au 20 avril 1742, époque de sa mort. Voici ce qu’écrivait Mgr de la Motte, évêque d’Amiens, sur le monastère de Don Joseph : On fait des merveilles à Sept-Fonts. Avec 12,000 livres de revenus, on entretient 150 religieux, on reçoit tous les étrangers, on ne refuse jamais l’aumône ni les remèdes aux pauvres malades, tant le bon Dieu bénit leur travail et leur frugalité. (Sept-Fonts, étude historique sur l’abbaye, p. 99. Imp. A. Ducroux.)
  10. Mémoire des écoles charitables de Moulins, Archives de Macon.
  11. Registres de l’hôtel-de-ville d’Autun, vol. xxxix, fol. 6.