Lotus de la bonne loi/Chapitre 27

Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 282-283).
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CHAPITRE XXVII.

LE DÉPÔT.

Alors le bienheureux Tathâgata Çâkyamuni, vénérable, après s’être levé de dessus le siége de la loi, ayant réuni sur un seul point tous les Bôdhisattvas, et ayant pris leur main droite de sa dextre habile à faire des miracles, prononça en ce moment les paroles suivantes : Je remets en vos mains, ô fils de famille, je vous confie, je vous livre, je vous transmets cet état suprême de Buddha parfaitement accompli, que je n’ai acquis qu’au bout d’innombrables centaines de mille de myriades de kôtis de Kalpas ; vous devez, ô fils de famille, faire en sorte qu’il s’étende et se répande au loin. Une seconde et une troisième fois Bhagavat étendant sa main droite sur l’assemblée tout entière des Bôdhisattvas, leur dit ces paroles : Je remets entre vos mains, ô fils de famille, je vous confie, je vous livre, je vous transmets cet état suprême de Buddha parfaitement accompli, qui est arrivé jusqu’à moi après d’innombrables centaines de mille de kôtis de Kalpas, Vous devez, ô fils de famille, le recevoir, le garder, le réciter, le comprendre ; l’enseigner, l’expliquer et le prêcher à tous les êtres. Je suis sans avarice, ô fils de famille, je ne renferme pas en moi mes pensées ; je suis intrépide ; je donne la science de la Bôdhi ; je donne la science du Tathâgata, celle de l’Être existant par lui-même. Je suis le maître de la grande aumône, ô fils de famille ; aussi devez-vous, ô fils de famille, apprendre de moi cette science ; vous devez, exempts d’avarice, prêcher aux fils et aux filles de famille qui viendront se réunir [autour de vous] cette exposition de la loi, qui est et la vue de la science du Tathâgata, et la grande habileté dans l’emploi des moyens. Et les êtres qui ont de la foi, comme ceux qui n’en ont pas, doivent être également amenés à recevoir cette exposition de la loi. C’est ainsi, fils de famille, que vous acquitterez votre dette envers les Tathâgatas.

Cela dit, les Bôdhisattvas furent remplis d’une grande joie et d’une grande satisfaction par le bienheureux Tathâgata Çâkyamuni, vénérable, et après avoir conçu pour lui un grand respect, inclinant, courbant, penchant leur corps en avant, baissant la tête et dirigeant leurs mains réunies en signe de respect du côté où se trouvait Bhagavat, ils lui dirent d’une seule voix : Nous ferons, ô Bhagavat, selon que le bienheureux Tathâgata l’ordonne ; nous exécuterons, nous remplirons les ordres de tous les Tathâgatas. Que Bhagavat modère son ardeur, qu’il se repose tranquille. Une seconde et une troisième fois la foule tout entière des Bôdhisattvas s’écria d’une seule voix : Que Bhagavat modère son ardeur, qu’il se repose tranquille. Nous ferons, ô Bhagavat, selon que le bienheureux Tathâgata l’ordonne, et nous remplirons les ordres de tous les Tathâgatas.

Ensuite le bienheureux Tathâgata Çâkyamuni, vénérable, congédia tous les Tathâgatas, vénérables, venus chacun de différents univers, et il leur annonça une existence heureuse [en disant] : f. 248 b.Les Tathâgatas vénérables vivent heureusement. Puis il fixa sur la terre le Stûpa du bienheureux Tathâgata Prabhûtaratna, vénérable, et lui annonça aussi une heureuse existence.

Voilà ce que dit Bhagavat. Transportés de joie, les innombrables Tathâgatas, vénérables, venus des autres univers, assis sur des trônes auprès d’arbres de diamant, le Tathâgata Prabhûtaratna, vénérable, l’assemblée tout entière des innombrables Bôdhisattvas Mahâsattvas, ayant à leur tête Viçichtatchâritra, qui étaient sortis des fentes de la terre, tous les grands Çrâvakas, la réunion tout entière des quatre assemblées et l’univers avec les Dêvas, les hommes, les Asuras et les Gandharvas, louèrent ce que Bhagavat avait dit.

FIN DU LOTUS DE LA BONNE LOI.