Lotus de la bonne loi/Chapitre 21

Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 238-241).
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CHAPITRE XXI.

LES FORMULES MAGIQUES.

Ensuite le Bôdhisattva Mahâsattva Bhâichadjyarâdja s’étant levé de son siége, après avoir rejeté sur son épaule son vêtement supérieur, posé à terre le genou droit, et réuni ses mains en signe de respect en se tournant vers Bhagavat, lui parla ainsi :f. 208 a. Combien donc est grand, ô Bhagavat, le mérite que doit recueillir le fils ou la fille de famille qui possédera cette exposition de la loi du Lotus de la bonne loi, soit qu’il l’ait confiée à sa mémoire, soit qu’il la tienne renfermée dans un volume ! Cela dit, Bhagavat répondit ainsi au Bôdhisattva Mahâsattva Bhâichadjyarâdja: Le fils ou la fille de famille, ô Bhâichadjyarâdja, qui respecterait, honorerait, adorerait des centaines de mille de myriades de kôṭis de Tathâgatas, aussi nombreuses que les sables de quatre-vingts Ganges, quel mérite, ô Bhâichadjyarâdja, penses-tu qu’il recueillerait comme conséquence de cette action ? Le Bôdhisattva Mahâsattva répondit : Un immense mérite, ô Bhagavat, un immense, ô Sugata. Bhagavat reprit : Je vais te parler, ô Bhâichadjyarâdja, je vais t’instruire. Oui, le fils ou la fille de famille, quel qu’il soit, qui possédera, qui récitera, qui comprendra ou qui acquerra par la force de son application, ne fût-ce qu’une seule stance à quatre vers de cette exposition de la loi, recueillera, comme conséquence de cette action, un mérite beaucoup plus considérable que celui dont je viens de parler.

Alors le Bôdhisattva Bhâichadjyarâdja parla ainsi, dans cette occasion, à Bhagavat : Nous donnerons, ô Bhagavat, à ces fils ou à ces filles de famille par qui cette exposition de la loif. 208 b. du Lotus de la bonne loi aura été retenue de mémoire, ou renfermée dans un livre, les paroles des Mantras et des formules magiques(208 b), afin de les garder, de les protéger et de les défendre ; ce seront : अन्ये मन्ये । अरौ परौ अमने ममने चित्ते चरिते ॥ शमे शमिता विशान्ते । मुत्के मुत्कतमे समे अविसमसमे । जये क्षये अक्षये अक्षीणो शान्ते शमिते धारणि आलेाकभासे प्रत्यवेक्षणि धिरु विविरु अभ्यन्तरनिविष्टे अभ्यन्तरपारिशुद्चि । उत्कुले मुकुले अरडे परडे सुकांक्षि असमसमे बुद्चिविलेकिते धर्मपरीक्षिते प्रत्यवेक्षणि संघनिर्घोषणि निर्घोषणि भयविशोधनि मन्त्रे मन्त्रक्षयतेरुतकौशल्य अक्षयवनता वक्कुलवलोक अमन्यताये ॥. Ces paroles des Mantras et des formules magiques, ô Bhagavat, ont été prononcées par des Buddhas bienheureux, en nombre égal à celui des sables de soixante-deux Ganges. Tous ces bienheureux Buddhas seraient blessés par celui qui attaquerait de tels interprètes de la loi, des hommes qui possèdent ainsi ce Sûtra.

Alors Bhagavat exprima ainsi son assentiment au Bôdhisattva Bhâichadjyarâdja : Bien, bien, ô Bhâichadjyarâdja ; c’est dans l’intérêt des créatures que les paroles des formules magiques ont été prononcées ; c’est par compassion pour les créatures, afin de les garder, de les protéger et de les défendre.

Ensuite le Bôdhisattva Mahâsattva Pradânaçûra parla ainsi à Bhagavat : Et moi aussi, ô Bhagavat, dans l’intérêtf. 209 a. de tels prédicateurs de la loi, je leur donnerai les paroles des formules magiques, afin qu’aucun des êtres qui chercheraient l’occasion de surprendre(209 a) de tels interprètes de la loi ne la puisse saisir, que ce soit un Yakcha, un Râkchasa, un Putana, un Krĭtya, un Kumbhâṇḍa, un Prêta ; si un de ces êtres cherche ou épie l’occasion de les surprendre, il ne pourra la saisir. Alors le Bôdhisattva Mahâsattva Pradânaçûra prononça, dans cette occasion, les paroles suivantes des formules magiques(209 a 2) : ज्वले महाज्वले उक्के मुक्के अते अतावति नृत्ये नृत्यावति ॥ इट्टिनि विट्टिनि चिट्टिनि नृत्यावति स्वाहा ॥. Ces paroles des formules magiques, ô Bhagavat, ont été prononcées et approuvées par des Tathâgatas, vénérables, en nombre égal à celui des sables du Gange. Tous ces Tathâgatas seraient blessés par celui qui attaquerait de tels interprètes de la loi.

Ensuite le grand roi Vâiçravaṇa parla ainsi à Bhagavat : Et moi aussi, ô Bhagavat, je dirai les paroles suivantes des formules magiques, dans l’intérêt de ces interprètes de la loi, par compassion pour eux, pour les garder, les protéger et les défendre ; ce seront(209 a 3) : अट्टे हट्टे नट्टे वनट्टे अनडे नाडि कुनडि स्वाहा ॥. C’est avec ces paroles des formules magiques, ô Bhagavat, que je protège ces interprètes de la loi f. 209 b.dans une étendue de cent Yôdjanas ; c’est de cette manière que les fils ou les filles de famille qui posséderont ainsi ce Sûtra, seront protégés et en sûreté.

Alors le grand roi Virûdhaka se trouvait aussi dans cette grande assemblée, entouré et suivi par cent mille myriades de kôṭis de Kumbhândas. Après s’être levé de son siége Virûdhaka, tenant ses mains réunies en signe de respect, et les dirigeant du côté de Bhagavat, lui parla ainsi : Et moi aussi, ô Bhagavat, je dirai les paroles des Mantras et des formules magiques, dans l’intérêt de tels interprètes de la loi qui retiennent ainsi ce Sûtra, afin de les garder, de les protéger et de les défendre ; ce seront(209 b) : अगणो गणो गौरि गान्धारि चण्डलि मातङ्ग पुक्कसि संकुले व्रूलसिसि स्वाहा ॥. Ces paroles des formules magiques, ô Bhagavat, ont été prononcées par quarante-deux fois cent mille myriades de kôṭis de Buddhas. Tous ces Buddhas seraient blessés par celui qui attaquerait de tels interprètes de la loi.

Ensuite les Râkchasîs(209 b 2) nommées Lambâ, Pralambâ, Mâlâkuṭadantî, Puchpadantî, Maṭutatchandî, Kêçinî, Atchalâ,f. 210 a. Mâlâdharî, Kuntî, Sarva­sattvâudjôhârî, Hârîti, toutes avec leurs enfants et avec leur suite, s’étant rendues à l’endroit où se trouvait Bhagavat, lui parlèrent ainsi d’une voix unanime : Et nous aussi, ô Bhagavat, nous garderons, nous protégerons, nous défendrons ceux qui posséderont ainsi ce Sûtra ; nous garantirons leur sécurité, de telle sorte qu’aucun de ceux qui chercheront, qui épieront l’occasion de surprendre de tels interprètes de la loi, ne puisse y parvenir. Alors les Râkchasîs, d’une seule voix et d’un chant unanime, donnèrent à Bhagavat les paroles suivantes des formules magiques(210 a) : इति मे [cinq fois], मि मे [cinq fois], रुहे [cinq fois], स्तुहे [cinq fois], स्वाहा. Qu’aucune créature, se plaçant sur leur tête, ne puisse blesser de tels interprètes de la loi, que ce soit un Yakcha, un Râkchasa, un Prêta, un Piçâtcha, un Bhûta, un Krĭtya, un Vêtâla, un Kumbhâṇḍa, un Stabdha, un Utsâraka, un Autsâraka, un Apasmâraka, un Yakchakrĭtya(210 a 2), un Krĭtya n’appartenant pas à l’espèce humaine, un Asurakrĭtya, un Dvâitîya,f. 210 b. un Tritîya, un Tchaturthakrĭtya(210 b), un Nityadjvara ; enfin, si même des formes de femmes, d’hommes ou de filles lui apparaissant pendant son sommeil, veulent lui nuire, que cela ne puisse avoir lieu.

Ensuite les Râkchasîs, d’une seule voix et d’un chant unanime, adressèrent à Bhagavat les stances suivantes :

1. Il sera brisé en sept morceaux comme la tige du Mardjaka(210 b 2), le crâne de celui qui, après avoir entendu les paroles de ces formules magiques, attaquera un interprète de la loi.

2. La voie des matricides, celle des parricides, c’est là la voie dans laquelle marche celui qui attaque un interprète de la loi.

3. La voie de ceux qui expriment par la pression l’huile de la graine de sésame(210 b 3), celle de ceux qui battent cette espèce de graine, c’est là la voie dans laquelle marche celui qui attaque un interprète de la loi.

4. La voie de ceux qui trompent sur les balances, celle de ceux qui trompent sur les mesures, c’est là la voie dans laquelle marche celui qui attaque un interprète de la loi.

Cela dit, les Râkchasîs à la tête desquelles était Kuntî, parlèrent ainsi à Bhagavat : Et nous aussi, ô Bhagavat, nous protégerons de tels interprètes de la loi ; nous garantirons leur sécurité ; nous repousserons pour eux les atteintes du bâton et nous détruirons le poison. Cela dit, Bhagavat parla ainsi à ces Râkchasîs : Bien, bien, mes sœurs ; vous faites bien de protéger, de défendre ces interprètes de la loi, dussent-ils ne posséder que le nom de cette exposition de la loi ;f. 211 a. à bien plus forte raison devez-vous défendre ceux qui posséderont complètement et dans son entier cette exposition de la loi, ou qui l’honoreront, quand elle sera renfermée dans un volume, en lui offrant des fleurs, de l’encens, des parfums, des guirlandes, des substances onctueuses, des poudres odorantes, des vêtements, des parasols, des drapeaux, des étendards, des bannières, des lampes alimentées par de l’huile de sésame, par du beurre clarifié, par des huiles odorantes, par des huiles de Tchampaka(211 a), de Vârchika, de lotus, de jasmin, qui, enfin, par cent mille espèces d’offrandes de ce genre, l’honoreront et la vénéreront ; ceux-là, ô Kuntî, doivent être protégés par toi et par ta troupe.

Or, pendant que ce chapitre des formules magiques était exposé, huit mille êtres vivants acquirent la patience surnaturelle de la loi.


Notes du chapitre XXI

CHAPITRE XXI.

f. 208 b.Des formules magiques.] Quoique ce passage ait trait à une des superstitions les plus misérables du Buddhisme du Nord, c’est-à-dire à cette croyance, que certaines paroles ou formules nommées Dhâraṇîs ont une efficacité surnaturelle, et qu’à ce titre on puisse regarder comme à peu près perdu le temps qu’on donnerait à ces formules, j’ai cru cependant nécessaire de rapporter ici les variantes qu’offrent les manuscrits qui sont à ma disposition : le relevé de ces variantes peut être utile plus tard aux savants qui viendraient à rencontrer nos formules chez des peuples Buddhistes étrangers à l’Inde, lesquels se seraient contentés de les transcrire, et auraient pu quelquefois les altérer. Je commence par la version tibétaine qui a reproduit la formule du fol. 208 b.

अन्ये । मन्ये । मने । ममने । चित्ते चिरते । षमे षमेयितावि । षान्ते । मुत्के । मुत्कतमे समे । अविषमे समसमे । जये । काये अकाये । अक्षिणो । षान्ते । षमिते धरणि । आलोकभामे । प्र्त्यवेक्ष?णि । विविर अभ्यन्त । रनिविष्टे । अभ्यन्तरनिविष्टे अभ्यन्तपारिशुडि । उत्कुले । मुत्कुले । अरटे । मरटे । प्रुकाक्षी असमसमे । बुडविलोकिते । अर्मपरीक्षिते । सङ्घनिर्घाषणी । निर्घोषणी । भयाभय । षोधनी मन्त्रमन्त्र । कायते रुतकौशिले । अक्षये अक्षवरहायाविलि । अमन्यनताया ॥

Voici maintenant la version du manuscrit de Londres :

अन्ये मन्ये । अरौ परौ अमरे ममरे चित्ते चरिते । समे समिता विशान्ते । मुत्के मुत्कतये । समे अविसमे समसमे । जये क्षये अक्षये अक्षीणे शान्ते समिते धारणी आलोकभाषे प्रत्यवेक्षणि निधिरचिचिर अभ्यन्तरपिविष्टे अभ्यन्तरापारिशुडि अष्कले । मुकुले अरडे परदे सुकाक्षि असमसमे बुडविलोकिते धर्मपरिक्षिते संघनिर्घसनिनिर्घाषणी भयाभयविशोधनिमन्त्रे मन्त्राक्षयते रतकौशिल्ये अक्षेये अक्षेयवनताये ववकुलवलोतवलोक अमन्यनेताये ॥

Voici la leçon de celui des manuscrits de M. Hodgson qui est transcrit en caractères népalais, f. 168 b.

अन्ये मन्ये । अनौ पनौ । अमने ममने । चित्ते चरिते । समे समिता विशान्ते । मुत्क मुत्कये । समे अविसमे समसमे । जये क्षये अक्षये । अक्षीणे । शान्ते समिते । धारणी आलोकभाषे प्रत्यवेक्षणि । निधि रुचि चिरु अभ्यन्तरपरिशुडि उकुले । मुकुले । अरडे परडे । मुकाक्षि । असमसमे बुडविलोकिते धर्मपरीक्षिते संघनिसंघसनि निर्घाषणि भयाभयविशोधरि मन्त्रक्षयते रुतकौशल्ये अक्षये अक्षये अक्षयवनताये वक्कुलवलात् अमन्यरताये स्वाहा ॥

Le second manuscrit de M. Hodgson, celui qui est transcrit en caractères dêvanâgaris, est tellement semblable au précédent, qu’il suffira d’indiquer le petit nombre de points par où il en diffère. Au lieu de चित्ते, ce manuscrit lit चित्त, et au lieu de अक्षीणे, अक्षीण. La leçon qui résulte de ces deux manuscrits est certainement la plus correcte ; la plus fautive au contraire est celle de la traduction tibétaine du Saddharma puṇḍarîka.

f. 209 a.L’occasion de surprendre.] J’ai déjà parlé de cette expression ci-dessus, chap. vi, f. 80 a, p. 385. Si l’on préfère le second sens que j’ai indiqué pour avatâra, on devra traduire, « l’occasion de perdre. »

Les paroles suivantes des formules magiques.] Voici la leçon de ces formules magiques d’après la version tibétaine du Saddharma puṇḍarîka :

ज्वले महाज्वले । उक्के मुक्के । अते अतावति । नृव्योनृटावनि । इट्टिनि । विट्टि चिट्टिनि । नृटटिनि । नृट्टावति स्वाहा ॥

Voici maintenant la version du manuscrit de Londres :

जवले महाज्वले उकके मुक्के अडे अडावमि नृव्ये नृव्यावति इट्टिनि विट्टिनि चिट्टिनि नृव्यनि नृत्यावनि स्वाहा ॥

Le premier manuscrit de M. Hodgson ne diffère de ce dernier que dans les points suivants : il lit, comme le manuscrit de la Société asiatique, अते au lieu de अडे, विटिनि au lieu de विट्टिनि, et नृट्टिनि au lieu de नृव्यनि.

Le second manuscrit de M. Hodgson lit aussi अते ; इटिनि, विटिनि pour विट्टिनि ; il omet चिट्टिनि, qu’il remplace par नृट्टिनि au lieu de नृव्यनि.

Ce seront.] Voici la leçon des formules magiques de Vâiçravana, d’après la version tibétaine : अगणो गणो । गौरि गन्धारि । चण्डालि । मातङ्गि । पुक्कसि । कुले । स्वाहा ॥.

Les voici, d’après le manuscrit de Londres : अट्टि तट्टि नट्टि वनट्टि अनडे नाडि कुनडि स्वाहा ॥.

Le premier manuscrit de M. Hodgson diffère de celui de Londres dans les points suivants : il omet तट्टे, lit तुनट्टि pour नट्टि ; il omet वनट्टि ; il lit कुटनि pour कुनडि.

Le second manuscrit de M. Hodgson lit à peu près comme le premier : il omet तट्टि, lit तुनट्टि pour गनट्टि, et कुटनि pour कुनडि.

f. 209 b.Ce seront.] Voici la leçon des formules de Virûḍhaka, d’après la version tibétaine : अगणो गणो । गौरि गन्धारि । चण्डालि । मातङ्गि । पुक्कसि । कुले । कुले । स्वाहा ॥

Voici la version du manuscrit de Londres :

अगणे गणे गौरि गन्धारि चण्डालि मातङ्गि पोक्कसि संकुले ब्रूसलसिसि स्वाहा ॥

Le premier manuscrit de M. Hodgson ne diffère de cette leçon que dans les points suivants : गण pour गणे ; चण्डारि pour चण्डालि ; मंकुले pour संकुले ; कुशलि ब्रूहि pour ब्रूसलसिसि.

Le second manuscrit de M. Hodgson a aussi गण pour गणे ; चण्डारि pour चण्डालि ; मंकुले pour मंकुले, et कुशलि ब्रूहि pour ब्रूसलसिसि.

Les Râkchasîs.] Les noms de ces divinités femelles qui rappellent le système monstrueux des Tantras, si même elles ne lui appartiennent pas exclusivement, sont écrits de la manière suivante d’après le premier manuscrit de M. Hodgson : Lambâ. Vilambâ, Kuṭadantî, Puchpadantî, Mukuṭadantî, Kêçanî, Analâ, Mâlâdharî, Kuntî, Sarvasattvôdjôhârî ; Hârîti est omis. Le second manuscrit de M. Hodgson lit exactement comme le premier tous ces noms féminins, sauf le sixième qui est écrit Kaçanî ; il omet de même Hârîti. On trouvera probablement les noms de ces personnages redoutables dans les Tantras dont Csoma de Cörös nous a fait connaître les titres.

f. 210 a.Des formules magiques.] Au lieu de स्तुहे, que donne aussi le manuscrit de Londres, les deux manuscrits de M. Hodgson, d’accord avec la leçon de la version tibétaine, lisent . Le manuscrit de Londres fait suivre la première formule de la lettre , et les trois autres de la syllabe हृ, qui se trouve ainsi placée avant l’exclamation finale de स्वाहा.

Un Yakchakrĭtya.] Après ce mot, les deux manuscrits de M. Hodgson lisent « un Mânuchakrĭtya, » qu’il faut rétablir à cause du terme qui vient immédia­tement après.

f. 210 b.Tritiya, Tchaturthakrĭtya.] Il faut sous-entendre le mot krĭtya après Tritîya, comme après Dvâitîya ; ces termes composés signifient, « un Krĭtya au second, au troisième ou au « quatrième degré. » Les deux manuscrits de M. Hodgson lisent plus correctement Dvâitîyaka, Trâitîyaka et Tchâturthika. Les Krĭtyas sont célèbres au Kachemire ; ce sont des divinités femelles dont on suppose que le pouvoir est au service des magiciens qu’elles favorisent[1]. Ce nom doit donc s’écrire Krĭtyâ et non Krĭtya.

St. 1. La tige du Mardjaka.] J’ignore à quelle plante s’applique ce nom ; il y a tout lieu de croire que ce doit être un végétal analogue au bananier.

St. 3. Qui expriment par la pression l’huile de la graine de sésame.] Voilà une perspective peu encourageante pour ceux qui fabriquent l’huile du tila, si recherchée des Indiens ; mais cette réprobation vient selon toute apparence de ce que ceux qui tirent l’huile de la graine de sésame ne peuvent le faire sans écraser un plus ou moins grand nombre d’êtres animés. On a d’autres preuves du respect que l’exagération d’un bon principe a inspiré de tout temps aux Buddhistes pour la vie des plus petits vermisseaux.

f. 211 a.Des huiles de Tchampaka.] Il s’agit sans doute ici du parfum extrait des fleurs du Michelia tchampaka, que l’on mêle avec de l’huile de cocotier. Je ne sais ce que peut être l’huile de Vârchika, à moins que par Vârchika on ne doive entendre, « parfum extrait du Varchika ou de l’aloès. »

  1. Troyer, Râdjataranginî, t. I, p. 17 et 367.