Liola ou Légende Indienne/Prologue

Imprimerie de l'Institution des Sourds-Muets (p. 1-2).


PROLOGUE




Pensez-vous à ces jours quand l’Inconnu trônait
Sur les sommets blanchis de montagnes rocheuses,
La tête dans la nue, ou qu’il se promenait
Au bord de nos grands lacs, sous les forêts ombreuses ?
Rien ne troublait alors son éternel repos.
Ses pas foulaient toujours une vierge pelouse.
Le silence berçait son sommeil sur les flots
Et sur ses rêves d’or veillait la nuit jalouse.
Seule, ô blanche rosée, en tombant sur les fleurs,
Tu mouillais sa paupière ! Ô chants des solitudes,
Seuls, Saluiez, montant des vastes profondeurs,


Son glorieux réveil de vos divins préludes !
Entre notre Amérique et les mondes connus
S’étendait l’Océan, barrière infranchissable.
Ô longs siècles d’oubli ! Mais ces jours ne sont plus :
L’Inconnu se révèle au courage indomptable.
La voile de Colomb franchit l’immensité ;
Les couleurs de l’Espagne et celles de la France
Sur ces bords inconnus vont flotter à côté
Du drapeau de la Croix, aurore d’espérance !

Ô Lumière d’en haut éclaire mon esprit,
Comme tu rayonnas sur ces plages nouvelles
Que la nuit de l’erreur si longtemps assombrit !
Donne, sainte Harmonie, à ma muse des ailes,
À ma voix des accents aussi touchants que frais :
Je chante de la foi l’émouvante victoire,
Un poème d’amour éclos sous les forêts,
À la Nouvelle-France une nouvelle gloire !