Lexique étymologique du breton moderne/Instruction pour l’usage du lexique

Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. xxvii-xxix).
INSTRUCTION POUR L’USAGE DU LEXIQUE

L’orthographe, — alors même qu’une autre eût été légèrement plus correcte, — et l’ordre alphabétique suivis dans ce lexique sont exactement, pour faciliter la recherche, ceux des dictionnaires de Le Gonidec, La Villemarqué et Troude, à savoir : a b k d e f g h ch cʼh i j l m n o p r s t u v w z.

Il y faut joindre les caractères ḷ = l mouillé, ñ = ñ espagnol (gn français) et ṅ = n nasalisant la voyelle précédente. Mais le signe diacritique qui accompagne la consonne ne modifie pas son rang alphabétique.

Les autorités lexicographiques et étymologiques sont citées en abréviation. On reconnaîtra aisément les noms suivants : d’Arbois de Jubainville, Bezzenberger, Dottin, Ernault, Godefroy, Hatzfeld, Le Gonidec, Le Pelletier, Macbain, Thurneysen. Ceux de MM. Ascoli, Duvau, Loth, Meillet, Rhŷs, Antoine Thomas, Whitley Stokes, Windisch, Zimmer, et autres, figurent en toutes lettres.

Les majuscules entre parenthèses (C., L., T., V.) désignent les quatre dialectes du breton moderne[1].

L’astérisque désigne une forme qui n’est nulle part historiquement ou littérairement attestée, mais seulement restituée par conjecture ou induction linguistique, comme le sont, par exemple, toutes les formes indo-européennes, et toutes les formes dites « celtiques » (ou préceltiques), c’est-à-dire appartenant au celtique commun et préhistorique, antérieur à la scission en gaulois, gadélique et brittonique.

Le signe < entre deux formes indique que la première est issue de la seconde : ainsi, br. penn < celt. *qennos. — Le signe > entre deux formes indique que la seconde est issue de la première : ainsi, lat. oinos > lat. ûnus[2].

Le signe = indique que deux formes de langues différentes sont phonétiquement et morphologiquement tout à fait identiques, en tant que remontant à une forme antérieure commune : ainsi, br. pemp = lat. quinque[3].

Voici le tableau des autres abréviations :

adj. adjectif germ. germanique
adv. adverbe got. gotique
ag. anglais gr. grec
ags. anglo-saxon id. même sens
al. allemand i.-e. indo-européen
br. breton moderne inc. inconnu
celt. celtique ir. irlandais moderne
cf. comparer lat. latin
conj. conjecture[4] lett. letton
corn. cornique lit. lituanien
dér. dérivé mbr. moyen-breton
cymr. cymrique mhal moyen-haut-allemand
du. duel mir. moyen-irlandais
empr. emprunt[5] mod. moderne
étym. étymologie msc. masculin
fm. féminin n. pr. nom propre
fr. français nt. neutre
gael. gaélique pf. parfait (temps)
gaul. gaulois pl. pluriel
ppe participe s. v. sous le mot
préf. préfixe V. voir
prép. préposition vb. verbe
rac. racine vbr. vieux-breton
s. f. substantif féminin v. g. par exemple
sg. singulier vhal. vieux-haut-allemand
singul. singulatif[6] vir. vieil-irlandais
sk. sanscrit visl. vieil-islandais
sl. slave voc. vocabulaire[7]
s. m. substantif masculin vsl. vieux-slavon
  1. Il est impossible de confondre la dernière avec l’abréviation « V. = voir », qui généralement n’est pas entre parenthèses et, en tout cas, est toujours suivie d’un complément.
  2. La façon la plus simple de les lire, c’est donc, respectivement « issu de » et « d’où ». On prendra garde de les bien distinguer : la flèche est toujours dirigée vers la forme postérieure et issue.
  3. N. B. Ce signe n’indique jamais un simple emprunt d’une langue à l’autre.
  4. Cette abréviation sert d’appendice à toutes les étymologies qu’une irrégularité phonétique ou toute autre cause d’invraisemblance rend plus ou moins suspectes. Lorsqu’elle n’est suivie d’aucun nom propre, c’est que la conjecture est personnelle à l’auteur, ou du moins qu’il n’a pas eu connaissance qu’elle eût été formulée avant lui.
  5. On prendra garde que l’abréviation qui suit désigne toujours la langue à laquelle l’emprunt a été fait : la meilleure manière de lire « empr. fr. », c’est « emprunté au français », et ainsi des autres.
  6. On désigne ainsi la formation brittonique bien connue dont le type est gwézen « un arbre », en opposition à gwéz « arbre » en général, « arbres ».
  7. La distinction du cornique proprement dit et du vocabulaire cornique n’a pas paru partout indispensable, d’autant que l’index final fournit à ce sujet une information suffisante.