Lettres persanes/Lettre 148
LETTRE CXLVIII.
ecevez par cette lettre un pouvoir sans bornes sur tout le sérail : commandez avec autant d’autorité que moi-même ; que la crainte et la terreur marchent avec vous ; courez d’appartements en appartements porter les punitions et les châtiments ; que tout vive dans la consternation, que tout fonde en larmes devant vous ; interrogez tout le sérail ; commencez par les esclaves ; n’épargnez pas mon amour ; que tout subisse votre tribunal redoutable ; mettez au jour les secrets les plus cachés : purifiez ce lieu infâme ; et faites-y rentrer la vertu bannie. Car, dès ce moment, je mets sur votre tête les moindres fautes qui se commettront. Je soupçonne Zélis d’être celle à qui la lettre que vous avez surprise s’adressoit : examinez cela avec des yeux de lynx.