Lettres. — II (1883-1887)
Texte établi par G. Jean-Aubry, Mercure de France (Œuvres complètes de Jules Laforgue. Tome Vp. 184-185).
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CXXXV

À CHARLES EPHRUSSI

8, rue de Commaille
Samedi 9 avril 1887.
Cher Monsieur Ephrussi,

Je viens vous demander un service, et un service d’argent.

N’ayant pu rien faire, paralysé encore par la fièvre avec d’autre part un éditeur qui me traîne en longueur et mon grand article du Figaro qui a dû être renvoyé à samedi prochain[1], je me trouve stupidement pris au dépourvu devant le 15 avril (terme, etc.) et sans issue.

Voulez-vous avoir la bonté de me sauver ? J’aurais besoin de 300 frs. Vous savez que je ne suis pas un vulgaire emprunteur ? Je ne suis pas même un emprunteur du tout. Croyez que si je me suis si aisément décidé à cette démarche d’ailleurs, c’est que je suis sûr de vous rendre et vous rendrai d’une part dans le courant d’avril, de l’autre dans le courant de mai.

Je vous dois déjà trop depuis que je vous connais pour essayer de vous faire des protestations de reconnaissance, vous savez que je n’oublie rien et que je suis votre profondément dévoué

Jules Laforgue.

  1. Cet article, intitulé L’Impératrice (chapitre de Berlin, la cour et la ville), ne parut en fin de compte au Figaro que le 17 septembre 1887, un mois après la mort de Laforgue.