Lettres. — II (1883-1887)
Texte établi par G. Jean-Aubry, Mercure de France (Œuvres complètes de Jules Laforgue. Tome Vp. 103-104).
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XCV

À M. CHARLES HENRY

Coblentz, dimanche
[30 novembre 1884}.
Mon cher Henry,

Nous partons demain matin pour Berlin (toujours la même adresse, Prinzessinen Palais). Figure-toi que j’ai été malade tout ce temps-ci : palpitations, point de côté, etc., et absolument veule. Je me remets et commence à dormir.

J’espère que tu n’as pas été dans le même cas, de quelque côté que ce soit ?

Madame *** comprendra pourquoi j’ai fait traîner en longueur l’adaptation de la Fille des neiges[1] que voici enfin.

C’est ce soir que je lis à l’Impératrice les lettres de d’Alembert.

Nous partons demain matin à 9 heures, et arrivons à 11 ½ heures du soir. De la neige partout.

Heureux homme, à Paris, un Choubersky chez soi, et des besognes. Je crois que tu ne me tiendras au courant de rien. Il faut tant de courage pour écrire un bout de lettre.

Et Kahn ? — Il m’écrivait de Tunisie. — Et de Paris maintenant point. Je vais lui écrire un de ces jours en adressant chez toi.

Au revoir. — Aux pieds de Madame ***. Bonjour à Kahn et à Cros.

T’ai-je dit que j’avais reçu la pipe ? Merci. — Reçu aussi l’article dans le XIXe Siècle — la phrase de conclusion est une trouvaille solide comme le XIXe Siècle n’en imprime pas souvent, même quand il fait de la philosophie de l’histoire.

Ai-je laissé un dict[ionnaire] anglais chez toi ? Dis-le-moi pour me rassurer seulement quand tu m’enverras un mot, mais ne l’envoie pas en tout cas.

Je te serre la main.

Jules Laforgue.

  1. D’Andersen.